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Transidentité, entre amalgames et reconnaissance

Une circulaire est parue fin septembre pour une meilleure prise en compte de la transidentité à l'école. Mais pour quelles réalités en fait ?
Rayonnage santé sexualité égalité au CDI (Crédit photo : Lycée P. Sérusier)
L'Organisation Mondiale pour la santé (OMS) a enlevé la transidentité de la liste des maladies mentales dans sa 11ème version de la classification internationale des maladies effective en 2022.
La France, en février 2010, avait été le premier pays au monde à retirer « le transsexualisme » et les « troubles précoces de l’identité de genre » de la liste des affections psychiatriques. De son côté, la chaire Unesco Santé sexuelle et droits humains interpelle notre président le 14 juillet 2021 sur l'urgence de développer une génération de citoyen.e.s éduqué.e.s à interagir sans violence de genre, sexuelle et sexiste. La France ayant ratifié tous les traités internationaux sur ces questions, elle se devait de traduire ces intentions en actions.
Mais de quoi parle-t-on ? Comme le rappelle l'association Transat, " l’identité de genre est un donné psychologique, elle ne dépend donc ni du comportement, ni de l’apparence, ni du corps, ni des goûts ou de l’orientation sexuelle de la personne. L’identité de genre de quelqu’un, c’est simplement la façon dont elle se pense, et elle s’identifie ".
Transexuel ? Le terme transgenre s'est imposé pour remplacer le terme transsexuel psychiatrisant et donc devenu inadéquat et péjoratif. D'autre part il évite toute confusion avec la sexualité. En effet, rappelons-le l'identité de genre n'a rien à voir avec l'orientation sexuelle (hétérosexualité, homosexualité, bisexualité etc).
Donc une personne trans est une personne qui ne s'identifie pas au genre qui lui a été assigné à la naissance. Donc rien à voir avec le ou la travesti.e qui aime s'habiller dans le genre différent de celui qui lui est assigné.
Et la non-binarité ? Lorsque l'on ne s'identifie pas à un genre c'est aussi parce qu'on peut se sentir non-binaire. Soit par l’absence de genre (être " agenre "), ou le fait d’avoir un genre " neutre " en dehors des genre homme et femme, d’être " bigenre " donc de plusieurs genres à la fois, ou " genderqueer " en rejetant le système de catégorisation homme/femme, ou encore être du genre " fluide " quand son genre varie au cours du temps.
A ne pas confondre non plus avec les personnes intersexes lorsque le développement biologique ne correspond pas à la norme sociale mâle ou femelle (1.7 % de la population). Si on applique cette statistique à notre lycée, on aurait 12 à 15 personnes concernées ! Et pourtant cette situation n'a jamais suscité de circulaire... Peut-être parce que la France est adepte des traitements ou des opérations tôt dans l'enfance. Ce qui est considéré comme des mutilations infantiles par la Cour européenne des droits de l'Homme puisque l'enfant n'a pas la possibilité d'y consentir et pour lesquelles la France est régulièrement condamnée.
Mais combien ? Difficile en revanche de chiffrer le nombre de personnes trans car seuls les chiffres de l'hôpital public sont connus et ne concernent pas la majorité des cas puisqu'on évalue à seulement 1/3 de personnes qui se font suivre médicalement. Si on a l'impression d'une augmentation du nombre de personnes trans c'est surtout parce que la parole se libère notamment sur les réseaux sociaux et que les médias s’intéressent davantage à ces questions. On trouve le nombre de 15 000 pour l'association ORTrans (Objectif Respect Trans), des études d'autres pays de l'OCDE indiquent une fourchette de 0,1 % à 0,3 % et 3 % pour la Belgique.
Mais est-ce si important ? Quelque soit leur nombre, elles ont toutes le droit à être traitée sans discrimination.
Une société transphobe Si on en croit les remontées de terrain, 8 personnes trans sur 10 auraient été victimes de transphobie et 64 % l'auraient été de la part du monde médical et 44 % de la part de l'administration publique. Ces violences sont diverses : physiques, verbales, psychologiques, symboliques..., harcèlement, discrimination, invisibilisation, fétichisation... Le mégenrage est l'une des toutes premières, c'est le fait de ne pas respecter le pronom, les accords que la personne demande d'utiliser, de même pour son prénom. L'outer quand vous en parlez à d'autres sans son consentement. Sans compter toute la bienveillance maladroite ou déplacée comme en témoignent ces réflexions : " il y en a de plus en plus comme vous " , " ça a du être dur toutes vos opérations " , " si tu t'habillais vraiment comme une fille, on pourrait davantage y croire ".
Rappelons que c'est seulement depuis 2016 qu'il n'est plus obligatoire de fournir des preuves médicales de réassignation sexuelle (modifications des organes génitaux) pour obtenir un changement de sexe sur son état civil.
Et dans notre lycée Suite à une réunion du conseil pédagogique où la circulaire a été évoquée, j'ai discuté avec la conseillère principale d'éducation, Grâce-Laëtitia Le Grand, référente égalité fille-garçon dans notre lycée. Suite à ses échanges avec des élèves, elle pourrait avancer le nombre de cinq élèves trans. Mais pour autant pas d'aménagements demandés à l'internat. Mais le proviseur assure que les collectivités locales se penchent sur la question d'espaces non genrés. Peut-être pas à temps pour notre nouveau gymnase. Alors quelle prise en charge à part le rappel aux professeurs à la loi et notamment de l'obligation d'utiliser le prénom d'usage quand celui-ci est accepté par les parents. Quid quand cela se passe mal dans la famille ? Sur cette question de l'autodétermination, la circulaire est d'ailleurs très contestée dans le milieu trans. Mais tous s'accordent à dire que c'est un premier pas.
Et au CDI En tant que centre d'information, le CDI a organisé un rayon " Prenez soin de vous " centré sur la santé sexualité genre et discriminations où chacun.e peut trouver les réponses à ses questions au travers de BD, documentaires, témoignages etc. Un poster sur l'éducation à la santé et à la sexualité vous permettra aussi de repérer des sites internet, des chaines YouTube ou des comptes Instagram à suivre.
Reconnaitre la transidentité n'a donc rien à voir avec la morale, c'est la simple expression des droits humains. Et si vous y réfléchissiez... le premier pas serait peut-être d'arrêter de véhiculer des stéréotypes et préjugés de genre mais cela a plus à voir avec le sexisme...
Un numéro 0 810 20 30 40 pour dénoncer l'homophobie et la transphobie.
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