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Les COP, un outil institutionnel dépassé ?

La COP 27 de Charm El-Cheikh qui s'est déroulée en novembre dernier a illustré les faiblesses du système onusien et accentué l'écart entre l'attente sociale et la réponse politique donnée à la crise climatique.
Feu de forêt (Crédit photo : Pxhere.com - CC0 Domaine public)
"Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu'il ne nous prenne par la gorge" annonçait l'emblématique Premier ministre britannique Winston Churchill. Si la réalité du changement climatique est aujourd'hui enfin admise par les dirigeants politiques, il apparaît cependant que la gravité de la situation n'est pas toujours considérée à sa juste mesure.

Aujourd'hui, nos sociétés ne prennent pas le "changement par la main" mais ne font que l'effleurer avec des mesures superficielles et sans réel impact sur celui-ci pour la plupart.

Cet échec de la prise en considération par le politique du changement climatique et de ses conséquences sur la terre est illustré par l'incapacité des "Conferences Of Parties", les fameuses COP, à fédérer la communauté internationale autour de l'objectif commun de lutte environnementale. Le modèle onusien, bien que pionnier dans son domaine et noble par ses objectifs, semble effectivement dépassé par la situation actuelle où se confronte l'impératif de baisse des émissions de C02 avec l'omnipotence d'une croissance économique.


L'ONU et la question climatique, une histoire ancienne La prise en considération des changements climatiques par l'Organisation des Nations Unies (ONU) n'est pas nouvelle. En effet, dès 1987, l'organisation publie le rapport Bruntland également baptisé "Our Common Future". Ce document fonde l'existence d'une modification des caractéristiques du climat à l'échelle planétaire et expose les fondements du concept de développement durable tel que nous l'entendons encore aujourd'hui. La publication de ce rapport marque véritablement les débuts de l'action onusienne relative au climat, même si les "Sommets de la Terre" , conférences internationales et multilatérales, existent depuis les années 70, sans résultats significatifs cependant.

C'est néanmoins lors d'une de ces rencontres, le Sommet de la Terre de Rio en 1992, que prend forme le programme climatique des Nations Unies avec la signature d'une convention fondatrice, la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) qui régit encore de nos jours l'action onusienne. Il s'agit de la première structure de coopération internationale sur la question environnementale, reconnaissant l'existence et les impacts du changement climatique. Ratifiée de manière quasi-universelle, puisque l'on compte actuellement 195 pays membres de cette convention, 195 "parties".

Sur fondements de cette convention sera élaboré un concept de grandes conférences internationales, en complément des Sommets de la Terre, réunissant l'ensemble des "Parties" mais également des acteurs socio-économiques majeurs, des entreprises et des ONG, pour réfléchir aux réponses et actions à mettre en œuvre dans la lutte climatique. Le concept de COP est né.

La COP 1 a lieu à Berlin en 1995 dans un contexte où les enjeux climatiques apparaissent comme secondaires et où le maître mot reste le développement économique des pays du Tiers-Monde. 27 ans et autant de COP plus tard cette structure peine à évoluer et son bilan reste plus que contrasté. En effet, à l'exception d'accords emblématiques comme le Protocole de Kyoto en 1997 qui prévoit un programme de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour les pays développés (non ratifié par les États-Unis, plus gros pollueur quantitatif de l'époque), et les Accords de Paris de la COP 21 en 2015 où sous l'égide de Laurent Fabius, les "parties" s'étaient entendus pour limiter le réchauffement climatique d'ici à 2100 sous les 1,5°C par rapport à l'époque préindustrielle, le bât blesse pour les COP. Et ce surtout lorsqu'il apparaît que les États signataires ne respectent pas les conditions édictées par les accords en toute impunité, la CCNUCC ne disposant pas de pouvoir coercitif.
De 1995 à aujourd'hui, un modèle en échec Aujourd'hui, dans un contexte d'urgence climatique plus présent que jamais, il semble impératif pour l'ONU de faire évoluer ses structures dédiées afin de les rendre plus adéquates à la situation. De plus, nous devons nous poser la question de la pertinence de la consultation de l'ensemble des agents économiques lorsque l'on s'aperçoit de la présence de plus de 600 lobbyistes de firmes d'exploitation des énergies fossiles lors de la COP 27, selon un décompte réalisé par trois ONG environnementales.

Le paradoxe pourrait cependant se trouver encore davantage accentué puisque la COP 28 se déroulera à Dubaï, l'émirat ultra-pollueur, qui en plus d'être un des principaux paradis fiscaux de la planète est également le symbole de la surconsommation et du gaspillage énergétique. Selon des informations du Conseil mondial des communications stratégique, le PDG de la compagnie pétrolière nationale de l'émirat sera le président de cette COP.
Cete présence paraît pour le moins surprenante dans le cadre d'une conférence tendant justement à limiter l'utilisation des énergies fossiles...
Malo Gentric-Lepage
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