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Un monde soumis aux violences
Nombreux sont les pays de la planète qui vivent dans des climats de violence. La violence s'étend dans des proportions variables mais elle est toujours génératrice de désastres humains. La rédaction de La Colombe, composée d'élèves du lycée Jean Moulin, aux Andelys, porte un regard sur notre monde avec des reportages et des interviews réalisés lors du Forum mondial Normandie pour la Paix qui s'est tenu à Caen.
Éditorial
La septième édition du Forum mondial Normandie pour la Paix s’est tenue les 26 et 27 septembre à l’Abbaye aux Dames à Caen autour du thème « Ce monde qui nous échappe ». Plusieurs milliers de participants, dont de nombreux lycéens, se sont donnés rendez-vous pendant ces deux jours riches d’échanges et de débats.
Acteurs de la paix de demain, la jeunesse tient une place importante dans la programmation du Forum. Chaque année, la Région Normandie, en partenariat avec les autorités académiques, déploie de nombreux programmes pédagogiques et temps forts à destination des lycéens normands. Au cours du Forum, plusieurs débats leurs sont dédiés afin qu’ils puissent aborder les thématiques au cœur de cette édition.
En parcourant cette nouvelle édition de la Colombe, vous retrouverez les articles rédigés par des élèves de Première et Terminale du lycée Jean Moulin Aux Andelys. Élections américaines, conflits au Moyen-Orient, désinformation, engagement pour le climat… les élèves reviennent sur les différents sujets qui ont été abordés par une centaine d’intervenants à l’occasion du Forum.
Le projet La Colombe constitue, dans le cadre de l’initiative Normandie pour la Paix, un formidable marqueur d’engagement de la jeunesse normande en faveur de la liberté et de la paix. Je tiens à cet égard, à remercier vivement et à féliciter ces lycéens et leurs encadrants pour le travail qu’ils ont fourni dans la rédaction de ce nouveau numéro.
Bonne lecture à toutes et à tous.
Hervé MORIN
Président de la Région Normandie
Mister Geopolitix, un vulgarisateur à part ...
Prendre du plaisir à informer, pour mieux informer... Ma rencontre avec Mister Geopilitix.
Du 26 au 27 septembre 2024 s'est déroulé à Caen le Forum mondial Normandie pour la Paix. Cette année, le sujet était « Comment gagner la paix face aux nouvelles violences ? ». Une occasion parfaite pour tous les lycéens normands qui leur permet d'assister à des conférences, des ateliers, des expositions photographiques, mais surtout d'échanger avec les intervenants.
Pourquoi Mister Geopolitix ?
C'est à l'issue de la conférence « Décrypter le monde » avec Pascal Boniface et Mister Geopolitix que j'ai voulu m'intéresser aux ressentis qu'avaient les personnes qui se rendent sur le terrain. Et pour cela j'ai interviewé Gildas Leprince, alias Mister Geopolitix.
Qui est ce « Mister » ?
Mister Geopolitix veut vulgariser l'accès à la géopolitique et à l'information. Il n'hésite pas à couvrir des conflits et des guerres à travers le monde. Son mode de communication n'est pas commun. En effet, tous ses reportages et ses analyses sont publiés sous toutes formes de vidéos explicatives sur ses réseaux sociaux et sa chaîne YouTube.
Les grands thèmes de l'interview
Notre entretien a porté sur son engagement en tant que youtubeur, son opinion sur l'information en Europe, sur ses ressentis sur les difficultés du travail de terrain et sur son sujet à venir.
J'ai décidé de partager avec vous ses réponses à mes questions, dans la vidéo que vous pouvez consulter en cliquant ici ou en cliquant sur le pictogramme vidéo sur la photo dans la version numérique de ce journal (sur le site journaldeslycees.fr).
Jasmine BENKALLA,Première Générale
La désinformation : un mal du siècle !
Entre désinformation et mésinformation : un thème de débat au Forum mondial Normandie pour la Paix
Dans un monde où l’information circule à une vitesse fulgurante grâce aux nouvelles technologies numériques et aux réseaux sociaux, il devient de plus en plus difficile de distinguer le vrai du faux. Les fausses informations se divisent en deux catégories : la désinformation- diffuser délibérément des informations erronées pour tromper, manipuler et diviser les sociétés démocratiques, et la mésinformation, diffusion involontaire d’informations incorrectes sans intention de nuire.
Le poids des réseaux sociaux
Aujourd’hui, ces deux phénomènes, désinformation et mésinformation, sont amplifiés par les réseaux sociaux. La circulation de fausses informations, souvent appelées "fake news," contribue à une véritable guerre de l’information. Certains médias vont jusqu’à déformer les faits, en omettant le contexte ou en créant des rumeurs infondées. Un exemple extrême de cette manipulation est le "deepfake", une technique qui vise à nuire à une personne ou à un groupe en fabriquant des images ou vidéos trompeuses.
Face à ces défis, en tant que citoyens, il est essentiel de cultiver un esprit critique pour évaluer la véracité des informations. Cela passe par l’utilisation d’outils transdisciplinaires, comme la zététique, pour évaluer les preuves et juger si une information est digne de confiance ou non. Adopter cette démarche et vérifier les sources sont devenus des réflexes indispensables pour s'informer correctement. Si la démocratie est un espace ouvert à l’information, elle possède également des vulnérabilités face à la propagation de fausses informations, ce qui peut menacer sa stabilité.
L'exemple de l'Estonie cité par les intervenants
Un exemple marquant est celui de l’Estonie, ancienne république soviétique, confrontée à une vague de fausses informations depuis son indépendance, ciblant en particulier les minorités russophones. Par exemple, l’ancienne Première ministre estonienne a été visée par une campagne de désinformation orchestrée par des comptes liés au Kremlin pour entraver son accession à la fonction ministérielle. Un autre exemple est survenu pendant la pandémie de Covid-19, lorsque certains médias russes ont diffusé des informations affirmant que les vaccins occidentaux étaient dangereux. Cette propagande a convaincu de nombreux Estoniens russophones de ne pas se faire vacciner, entraînant ainsi un nombre élevé de décès. L’objectif de ces médias était de déstabiliser la cohésion sociale en Estonie. Pour contrer cette menace, l’Estonie a développé plusieurs stratégies, comme la mise en place de centres de soutien où les citoyens peuvent vérifier la véracité des informations. Elle a également intégré l’enseignement de la « cyberhygiène » dès l’école, afin de sensibiliser les jeunes aux dangers de la désinformation et leur apprendre à s'en protéger. L'Estonie devient alors un modèle que les autres pays pourraient suivre pour lutter contre ces phénomènes.
Madina KHALI,Terminale Générale
Utiliser les webséries pour s’informer
À Caen, nous avons rencontré les concepteurs de webséries de la boîte à bac accompagnés de Bertrand Badie. Ils nous ont présenté cinq épisodes d'une websérie portant sur les nouvelles violences dans nos sociétés.Les webséries, devenues populaires en ligne, servent à informer et sensibiliser sur divers sujets. Faciles d’accès, elles abordent des thèmes variés, souvent en format court pour capter l’attention. Leur création suit plusieurs étapes : choix du sujet, tournage, prise de photos pertinentes et impactantes, témoignages, puis montage avec effets sonores et visuels. Elles sont ensuite publiées sur des plateformes comme YouTube et partagées sur les réseaux sociaux. Avec des budgets souvent modestes, elles permettent aux créateurs de s’exprimer librement et d’atteindre un public large.
Les nouvelles violences
Notre monde est confronté à de nouvelles formes de violence qui sont inédites et plus complexes : conflits identitaires, tensions pour les ressources naturelles, cyberattaques, femmes confrontées aux violences et crises environnementales. Bien que ces violences semblent nouvelles, elles sont souvent liées à des événements historiques comme la guerre froide et la décolonisation. Aujourd’hui, construire la paix nécessite bien plus que des traités ; il faut encourager le développement économique, lutter contre la corruption, promouvoir le dialogue, et respecter les droits humains pour relever le défi de la paix.
Réchauffement climatique
Le réchauffement climatique ne menace pas seulement notre environnement, il y a aussi des conséquences directes sur la paix et la stabilité mondiale. Avec l’intensification des catastrophes naturelles, il provoque des déplacements massifs de populations et exerce des tensions autour des ressources. Par exemple, au Sahel, la désertification pousse les éleveurs à migrer, provoquant parfois des conflits avec les agriculteurs sédentaires pour l’accès à l’eau. Même dans les pays développés, le changement climatique ravive des tensions : les eaux du Colorado suscitent des rivalités entre les États-Unis et le Mexique, et même au sein de régions, entre urbains et ruraux.
Pourtant, la crise climatique peut aussi favoriser la coopération. Des projets tels que la Grande Muraille verte en Afrique et les Parcs pour la Paix démontrent que des initiatives environnementales peuvent rassembler les nations dans un effort commun pour préserver la biodiversité et renforcer la stabilité. En protégeant l’environnement, nous pourrions poser les bases d’une paix durable.
Paul GROSCOL,Première Générale
L'éco-anxiété chez les jeunes
Quand la crise climatique devient une crise intérieure pour toute une génération.
Depuis les années 1950, la crise climatique s'est intensifiée entraînant ainsi de graves problèmes environnementaux et humains dont l'éco-anxiété. Lors du Forum, une conférence consacrée à la lutte contre le réchauffement climatique a abordé le sujet de l'éco-anxiété. Ce thème a été présenté par Taha Hannachi, chercheur en psychologie sociale, qui se concentre principalement sur ce domaine en pleine croissance. Il explore les impacts psychologiques des crises environnementales.
L'éco-anxiété, c'est quoi ?
L'éco-anxiété est une forme de détresse psychologique et physique qui peut provoquer une sensation de paralysie et de désespoir face à l'ampleur des crises environnementales qui affectent directement les individus et les communautés. Cette angoisse persistante face à un avenir incertain peut engendrer du stress, des troubles émotionnels et un sentiment d'impuissance.
Pour atténuer le sentiment d'impuissance lié à l'éco-anxiété, plusieurs solutions existent. Il est important de chercher à agir à notre échelle pour faire face à ce problème : se sentir capable d'agir et de contribuer renforce l'estime de soi et aide à réduire l'éco-anxiété. L'éco-anxiété peut, cependant, se manifester différemment en fonction de plusieurs facteurs, tels que l'âge ou le genre. Chacun ressent ce problème de manière unique.
Le programme Ecoality
Face à la crise climatique, le programme Ecoality propose un projet d'une durée de trois ans : une formation destinée aux enseignants pour mener des séances de sensibilisation auprès des jeunes. L'objectif est de les sensibiliser sur les causes de la crise climatique et sur les actions possibles pour y faire face. Par la suite, chaque jeune repart d'où il vient pour transmettre ce qu'il a appris et contribuer à mettre en place des projets visant à atténuer progressivement les effets du changement climatique.
Ce programme s'adresse également aux associations. Il inclut un événement intitulé National Work Camp, une rencontre régionale où des jeunes issus de différentes associations collaborent pour concrétiser leurs projets. De plus, le programme offre l'opportunité à deux jeunes majeurs de se rendre à Madagascar où ils échangeront avec des jeunes européens et malgaches ayant suivi le même parcours. Cette initiative vise à promouvoir l'égalité face au changement climatique en facilitant les échanges interculturels et en renforçant les actions de sensibilisation et d'adaptation
Mathilde LE FLOHIC, Terminale Générale
Haïti un État qui sombre dans la violence
De nombreux États sombrent dans la guerre et ne parviennent pas à gagner la paix.
La violence est devenue le quotidien des Haïtiens depuis plus de quatre ans, sur cette île de 12 millions d'habitants.
Au Forum mondial Normandie pour la Paix, l’intervenant Jean-Marie Théodat, d’origine haïtienne, géographe et écrivain, nous parle d’une « violence systématique » ayant lieu dans son pays.
Haïti, une île à la merci des bandes criminelles
Des guerres de gangs sont constamment présentes, principalement dans la capitale Port-au-Prince. Haïti fait face aux nouvelles violences du monde, avec des Seigneurs de guerres, des viols comme arme de guerre ou encore des drones avec des nouvelles technologies. De plus, la population souffre de la famine et de nombreuses crises sanitaires.
Les enfants, entre victimes et proies
Jean-Marie Théodat souligne l’inégalité et un certain racisme qui sont « le moteur de certaines pratiques internationales". En effet, pour lui, les enfants haïtiens sont moins aidés que les enfants ukrainiens ; or, ils ont les mêmes besoins et subissent des violences multiples. En 2024, plus de 11 000 enlèvements ont été enregistrés selon l’Organisation des Nations Unies et 300.000 déplacements d'enfants. Les gangs profitent de la vulnérabilité des enfants pour les recruter comme intermédiaires dans leurs trafics ou faire pire encore les inclure dans la violence de leur gang. Les enfants sont aussi souvent confrontés au trafic d’enfants, à des violences sexuelles ou encore au travail forcé.
Haïti, un État failli
Haïti connaît donc un niveau record de violence des gangs. Les assassinats sont nombreux et la police d'État débordée. Face à cela, la classe politique peine à faire face. L'ONU a envoyé 400 policiers kenyans en Haïti mais pour faire face à 7000 membres de gang, c'est bien peu !
Les gangs criminels contrôlent toujours plus de 80 % de la capitale. Cette guerre des gangs se rapproche de plus en plus d'un génocide haïtien d'après J.M.Theodat. Quelle en sera l'issue ?
Noane LIMERY,Terminale Générale
Violences en Équateur et au Vénézuela
Entre taux record d’homicide, emprise des narco-trafiquants et guerre civile.
L'état d'urgence comme solution face aux violences en Equateur ?
L'Equateur autrefois considéré comme l’un des pays les plus stables d’Amérique du Sud, fait aujourd’hui face à une augmentation de la criminalité. Cette vague de violence est en grande partie alimentée par les narco-trafiquants. Les gangs de drogue, venus de pays voisins utilisent le territoire équatorien comme point de passage pour acheminer la drogue vers les États-Unis et l’Europe. Les conflits entre gangs se sont intensifiés, transformant certaines villes en zones de guerre, avec des assassinats et des enlèvements.
Pour tenter de lutter contre cette insécurité, le gouvernement équatorien a pris des mesures drastiques. Il a déclaré plusieurs états d’urgence dans les régions les plus touchées, comme Guayaquil et Esmeraldas. Ces mesures permettent au gouvernement de restreindre certaines libertés individuelles, notamment la liberté de circulation, et de mobiliser l’armée pour aider la police. L’Équateur a signé des accords avec des pays comme les États-Unis pour obtenir du matériel, de la formation et du renseignement afin d’optimiser les actions contre le crime organisé. Le pays essaie de se relever des violences et n'abandonne pas.
Le Vénézuela s'enfonce dans la violence ?
Le Vénézuela, lui aussi, est frappé par une montée de la violence. Cependant, son contexte est différent de celui de l’Équateur. Depuis plusieurs années, le Vénézuela traverse une crise politique et économique profonde, entraînant l’effondrement de nombreuses institutions publiques. La violence y est alimentée non seulement par le crime organisé, mais aussi par les carences de l’État et l’extrême pauvreté dans laquelle vit une grande partie de la population. S'ajoutent à ces violences les arrestations arbitraires du régime de Nicolàs Maduro qui refuse la contestation politique de son régime, comme lors des élections présidentielles de juillet 2024.
Une coopération "douteuse"
Face à cette situation, le gouvernement a parfois choisi de coopérer avec certaines factions criminelles. Ces dernières, notamment dans les quartiers pauvres de Caracas, agissent comme des milices et entretiennent une forme de contrôle social. En échange de ce contrôle, ces groupes ont une certaine impunité.
Par ailleurs, les forces de sécurité vénézuéliennes sont souvent accusées de corruption, et des fonctionnaires sont soupçonnés de fermer les yeux sur les trafics illégaux en échange de pots-de-vin. La violence policière envers les civils et les opposants politiques crée un climat de peur et de méfiance vis-à-vis des autorités.
Les deux pays, bien que confrontés à des violences similaires, adoptent des stratégies fondamentalement opposées et aucun modèle de réponse n’a encore fait ses preuves pour inverser cette tendance.
Viviane MENTAI,Terminale Générale
La paix est-elle possible au Moyen-Orient ?
L'ex-ambassadeur de France en Israël, Éric Danon, répond à nos questions.
Dans le cadre du Forum mondial Normandie pour la Paix, à Caen les 26 et 27 septembre, Eric Danon, ambassadeur de France en Israël, de 2019 à 2023, se trouvait à la conférence "Le Moyen-Orient dans la tourmente" en compagnie d'autres spécialistes sur cette région du monde. Il a bien voulu répondre à nos questions.
Pourquoi la violence occupe une place prépondérante au Moyen-Orient ?
D'abord, le Moyen Orient est le berceau des trois religions monothéistes (Islam, Christianisme et Judaïsme) et a subi de multiples influences culturelles. De ce contexte historique, naissent de très lourdes tensions. Celles-ci ont augmenté au début du XXe siècle. Elles sont le résultat du renversement géopolitique dû à l'effondrement de l'Empire Ottoman. Après la mise en place du mandat britannique sur la Palestine, le territoire devient une terre d'immigration pour les juifs d'Europe du fait de différents pogroms. Suite à la Seconde Guerrre mondiale, en 1947, l'ONU décide le partage de la Palestine en deux États distincts : l'un juif et l'autre palestinien. Seulement la décision n'a pas été acceptée par le monde arabe et ce fut une erreur stratégique.
Y a-t-il des répercussions sur le monde ?
Oui, c'est un "abcès de fixation" : une erreur d'appréciation de la situation géopolitique de cet espace au sortir de la guerre. Il faudrait revenir à la constitution de deux États, à la situation de 1947 et que cette fois-ci, les pays arabes acceptent Israël.
Des accords sont-ils envisageables ?
Bien sûr, les exemples des paix séparées entre Israël, l'Égypte et la Jordanie le montrent. Les accords d'Oslo (Israël-Palestine) ont été un symbole de réconciliation fort entre les Israéliens et les Palestiniens. Ils auraient pu être les premiers d'une grande lignée mais cela n'a pas abouti. Depuis l'attaque terroriste du 7 octobre 2023, la situation se dégrade. On peut espérer que cela change si on regarde l'exemple des relations entre la France et l'Allemagne, elles ont bien évolué au fil du temps.
Depuis cet entretien, les choses se sont envenimées et les théâtres de combat se sont étendus au sud Liban.
Antoine PILON, Première Générale
Quel avenir pour le conflit à Gaza ?
Retour sur la conférence « Le Moyen-Orient dans la tourmente ».
Depuis les accords d’Oslo, entre 1993 et 1995, il existe une autorité palestinienne dans la Bande de Gaza et dans une partie de la Cisjordanie. Ces accords avaient permis d'apaiser les tensions dans le Moyen-Orient. En 2007, l’arrivée au pouvoir à Gaza du Hamas, un groupe islamiste chiite soutenu par l’Iran, a commencé à changer la donne.
Le 7 octobre 2023, l'attaque terroriste du Hamas en territoire israélien relance la guerre. Elle cause environ 1200 morts et 7500 blessés. De plus, le groupe armé fait 251 otages israéliens et d’autres nationalités (dont des Français). Israël riposte et débute alors le conflit Israël-Gaza.
Retour sur la conférence
Cette conférence s’étant tenue le 26 septembre 2024, les intervenants n’avaient pas encore connaissance de tous les actes qui se sont déroulés après cette date.
Eric DANON, ancien ambassadeur de France en Israël, estime que le conflit ne se généralisera pas. Il explique que les pays arabes ne souhaitent pas l’arrêt du conflit, mais plutôt qu’il continue à petite échelle. En effet, la cause palestinienne est un sujet sur lequel tous les pays arabes sont d’accord, ce qui renforce leur proximité. De plus, Israël représente une puissance économique bien supérieure aux pays Arabes. Ce qui leur semble inacceptable.
Fatiha DAZI-HENI, docteur en sciences politiques, nous apporte plus de précisions quant à la position des pays de la péninsule arabique. Elle explique qu’ils restent pro-palestiniens, mais qu’ils tiennent une position plus modérée que les autres pays arabes ; l’Arabie Saoudite est très proche des États-Unis, eux-mêmes très proches d’Israël. Les Émirats Arabes Unis, de même que le Bahreïn, sont les premiers signataires des accords d’Abraham, offrant leur reconnaissance à l’État d’Israël.
Situation actuelle
Aujourd’hui, le conflit Israël-Hamas additionne un lourd bilan humain d’environ 40 000 morts, majoritairement des civils palestiniens. Du côté des otages, 37 sont morts et 117 ont été libérés à la suite d’accords avec le Hamas ou d’opérations militaires. Les bombardements israéliens, eux, ont causé la destruction d’une grande partie de la Bande de Gaza. L’Unosat estime que 66 % des bâtiments auraient été endommagés, voire détruits.
Le Hezbollah, autre groupe islamiste chiite au pouvoir au Liban et soutenu par l’Iran, est également entré en guerre contre Israël et mène une lutte au nord du pays. Tel-Aviv a d’ailleurs lancé une attaque contre ses dirigeants entre le 17 et le 20 septembre 2024 qui a fait 16 morts chez les hauts dignitaires du Hezbollah. De plus, L’Iran a lancé une salve de 200 missiles et quelques drones en direction d’infrastructures militaires israéliennes.
Tout ceci ne fait qu’alimenter les tensions au Moyen-Orient, et attiser la peur d’une généralisation du conflit.
Lucas FLEURY RAISIN,Terminale Générale
Emprisonner la liberté en Iran
En Iran, défendre la liberté n’est pas seulement un acte courageux, mais souvent un chemin vers l’emprisonnement, comme en témoignent les histoires poignantes d’Olivier Vandecasteele et de Narges Mohammadi.
Le sort tragique d’Olivier Vandecasteele
Olivier Vandecasteele, travailleur humanitaire belge, est arrêté en février 2022 en Iran alors qu’il menait une mission avec des ONG. Accusé d'espionnage sans fondement, il est incarcéré à la tristement célèbre prison d'Evin, un symbole de la répression politique du régime iranien. Pendant 455 jours, il est maintenu en isolement et victime de "torture blanche", une méthode consistant à priver un détenu de tout repère, créant un isolement sensoriel total pour provoquer une détérioration psychologique profonde. En janvier 2023, il est condamné à 40 ans de prison et 74 coups de fouet à la suite d’un procès inique.
En mai 2023, après une intense pression internationale, notamment grâce à l'intervention de l'ONU et d'ONG, Olivier est libéré, mais la souffrance qu'il a endurée restera à jamais gravée en lui. Sa libération, en échange d'un diplomate iranien détenu en Europe, montre la façon dont le régime iranien utilise la liberté comme monnaie d'échange. L'emprisonnement d'Olivier révèle une triste réalité : en Iran, la liberté d'expression et la défense des droits humains sont des menaces que le régime tente d'éliminer à tout prix.
Narges Mohammadi : Captive pour avoir défendu la liberté
Narges Mohammadi, militante iranienne, de longue date, pour les droits des femmes et l'abolition de la peine de mort, subit la répression d’un système qui persécute ceux qui osent défier son autorité. Elle est arrêtée plusieurs fois pour avoir soutenu le mouvement "Femme, Vie, Liberté", une lutte pour les droits fondamentaux des femmes en Iran.
Incarcérée à la prison d'Evin, Narges est soumise à des conditions de détention extrêmes : privations, violences physiques et psychologiques, et isolement constant. Elle a récemment écrit un livre, passé en clandestinité, sur ce qu'elle subit : Torture blanche. En 2023, elle a reçu le prix Nobel de la paix, mais cela n'empêche pas le régime iranien de continuer à la persécuter. Narges incarne la résistance à un système qui considère la liberté comme une menace à son pouvoir absolu.
Une réalité sombre : un pays où la liberté devient un crime
Les histoires d’Olivier Vandecasteele et de Narges Mohammadi montrent comment, en Iran, revendiquer la liberté devient un acte subversif qui peut mener directement à l’emprisonnement. Le régime iranien a construit un système où la liberté n'est pas un droit, mais une menace qu'il tente d'éliminer par tous les moyens. Que ce soit pour défendre les droits humains ou contester un régime autoritaire, être libre en Iran est un combat dangereux, une liberté emprisonnée.
Amandine OMENTE,Terminale Générale
Une voix pour porter un combat pour la défense de l'environnement à l'international
Le mortel chemin de l'engagement pour notre planète.
Lors du Forum mondial Normandie pour la Paix, nous avons eu le plaisir de rencontrer des défenseurs des libertés. Ce fut l'occasion de se rendre compte que l'engagement peut mener à la prison, voire même à la mort alors que vous défendez une cause juste.
Berta Cáceres, une militante écologiste assassinée
Berta Isabel Cáceres Flores est née le 4 mars 1971, à La Esperanza au Honduras. Cette militante féministe et écologiste hondurienne issue de la communauté lenca était reconnue de tous.
Elle était militante pour les droits humains et pour ceux de l’environnement, coordinatrice générale du conseil civique d’organisation populaire et indigènes du Honduras en 1993. Pendant des années, Berta Cáceres a défendu le droit à l’environnement au Honduras en dépit des menaces et des attaques à son encontre et pour son organisation. Elle a lutté pour le respect de sa communauté et de son territoire. Sa pugnacité lui a été fatale. Le 2 mars 2016, elle est abattue à son domicile. Opposée à la construction d'un barrage sur le fleuve Gualcarque, dans le département de Santa Bárbara, elle est assassinée à son domicile, après avoir été victime de menaces pendant plusieurs années. L'attaque est commanditée par l'entreprise Desarrollos Energéticos.
Après un combat juridique acharné, les commanditaire de l'assassinat ont enfin été jugés entre 2018 et 2021.
Bertha Zúñiga Cáceres, une fille qui poursuit le combat de sa mère
Née le 24 septembre 1990, Bertha Zúñiga Cáceres est une militante sociale hondurienne. Elle exerce, depuis mai 2017, la fonction de coordinatrice générale du Conseil civique des organisations indigènes populaires (COPINH). Elle est la fille de la militante écologiste Berta Cáceres, assassinée en 2016, elle poursuit le combat que sa mère menait même si elle sait les dangers qu'elle encourt.
Elle a parlé avec beaucoup d'émotions de sa mère et de son combat. C’est avec une voix tremblante que sa fille annonce ces phrases devant la salle le jeudi 26 septembre au Forum mondial Normandie pour la Paix à Caen selon Ouest France : « En 2016, ma mère a été violemment assassinée par des tueurs à gages payés par l’entreprise de construction d’un barrage. En six ans, 109 honduriennes et honduriens ont été tués pour avoir pris position contre des sujets comme ça ».
Laura CAUDRON,Terminale Génerale
Le modèle européen peut-il se calquer ?
Nous avons échangé avec Mélanie Lepoultier sur le thème de la paix et de l'Europe. La présidente de la délégation française au congrès des pouvoirs locaux et régionaux au conseil de l'UE, nous répond.
Constance Cadart : Après la sortie du Royaume Uni, le 31 janvier 2020 à minuit, de l’Union Européenne, peut-on préjuger, dans les années à venir, d'autres candidats au départ ?
Mélanie Lepoultier : Effectivement, c'est ce qu'on essaie d'éviter. Nous cherchons à garder cette cohésion. Nous avons des pays qui sont candidats et nous les accompagnons pour savoir s'ils sont prêts à entrer dans l'Union européenne. Le principal est de conserver ce qui a fait notre socle depuis l'après Seconde Guerre mondiale.
CC : D’après votre analyse, quel est le ciment de la construction européenne ?
ML : Nous oublions souvent que la paix est fragile comme nous avons pu le constater récemment en Ukraine. En réalité, la paix reste le socle et l’envie de bâtir un avenir commun.
CC : Après deux guerres mondiales dévastatrices, la paix avait été durable en Europe. D’après vous, le modèle européen de construction de paix pourrait-il être applicable ailleurs dans le monde ?
ML : Nous voyons que ce modèle est fragile quand même puisque, pour preuve, nous n’avons pas pu empêcher ce qui se passe aujourd'hui en Ukraine. Effectivement, le fait de pouvoir travailler ensemble pour maintenir la paix, mieux se connaître et travailler ensemble sont les meilleurs moyens d'éviter un conflit. Nous pourrions espérer que d'autres régions dans le monde s'en inspirent.
Les diverses responsabilités de Mélanie Lepoultier
Outre le fait que Mélanie Lepoultier soit présidente de la délégation française au congrès des pouvoirs locaux et régionaux au conseil de l'Europe, depuis octobre 2023. Elle a été nommée rapporteure permanente pour les droits humains. Suite au sommet de Reykjavik, le Congrès a renforcé ses actions en matière de démocratie, d’État de droit et de droits humains auprès des 46 pays qui le constituent.
Mélanie Lepoultier est aussi vice-présidente du conseil départemental du Calvados, maire de Sommervieu, une commune rurale d'environ 1 000 habitants, vice-présidente de la communauté de communes Bayeux Intercom ; ce qui lui permet d'avoir une vision politique locale, régionale et internationale.
Propos recueillis par
Constance CADART, Terminale Générale
Quel monde après l'élection américaine ?
Lors de la conférence sous forme de table ronde avec Isabelle Lebon universitaire économiste, Martin Quencez directeur du bureau German Marshall Fund à Paris et Xavier Chemisser rédacteur en chef de France 24, ont débattu sur la question : Quel monde après les élections américaines ?
Ce 5 novembre, Donald Trump, suite aux résultats des votes, a gagné cette élection et l'accès à un deuxième mandat en tant que 47e président des États-Unis.Ce mandat commencera en janvier 2025. Qu'a-t-il envisagé en cas de victoire ?
Trump, entre protectionnisme et isolationnisme
Donald Trump ne semble venir en aide que lorsqu'il est question d'intérêt : « Je te tends le bras et tu me donneras quelque chose ». Son manque de prise de position notamment en refusant que les États-Unis agissent en tant que "gendarme du monde", met en danger le multilatéralisme. Les Ukrainiens s'inquiètent de savoir si les États-Unis soutiendront encore leur pays face à la Russie.
Les Palestiniens savent que Donald Trump est pro Netanyahu. Le protectionnisme économique s'ajoute à l'isolationnisme diplomatique choisi ou, pour le moins, l'unilatéralisme. D'abord, les intérêts américains avant l'intérêt général comme, par exemple, lors de la crise des sous-marins australiens en 2021.
Trump, un président qui veut fragiliser l'Europe ?
Diviser pour mieux régner, voici sa stratégie avec l'Europe. En effet, il entretient des accords bilatéraux avec chaque pays membre de l'Union Européenne de manière séparée. Chaque pays ne possède pas les mêmes intérêts et il en joue. Cela peut causer par conséquence des tensions et une division au sein de l'U.E. Donald Trump compte profiter de ces tensions au sein de l'Europe.
De plus, il menace de se retirer de l'Otan, c'est comme une épée de Damoclès sur la défense en Europe. Effectivement, s'il décide, par exemple, de prendre une décision majeure et que l'Europe s'y oppose, il peut, en premier, dire qu'il ne viendra pas au prochain sommet, puis refuser par la suite que ses soldats nous viennent en aide, dans le but que l'U.E. finisse par céder.
Également, Donald Trump désire mettre en œuvre le protectionnisme, en augmentant les droits de douanes payés par les Américains sur les importations. Des répercussions directes sur l'Europe qui devra trouver d'autres marchés pour ses produits.
Anaïs MONTEIRO CARVALHO,Terminale Générale