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Édito
Dernier trimestre, dernière ligne droite avant les vacances d'été... et dernier numéro de l'année scolaire.
La Plume d'Hermès s'ouvre sur deux pages consacrées à la vie du lycée. On se glisse tout d'abord dans les coulisses de « l'événement tant attendu », le bal de promo 2025, occasion de rendre hommage aux nombreuses petites mains qui feront de cette soirée un moment juste parfait et inoubliable. Puis nous partons en voyage en Irlande avec les Terminales. Nous évoquons aussi l'opération Bol de riz qui, comme chaque année, remporte un franc succès au lycée. Enfin, l'animateur et pilote du Journal des lycées, Monsieur Edouard Maret, nous fait part de la disparition en mars dernier de Jacques Amyot d'Inville, ancien élève du lycée auquel La Plume consacre un article.
En page Sport, nous découvrons l'infernale et mythique course cycliste Paris-Roubaix.
Dans ce numéro, il sera aussi question de la déclassification des archives consacrées aux criminels nazis réfugiés en Argentine après la Seconde Guerre mondiale.
Une page entière suffit à peine pour aborder les multiples questions posées par la toute-puissante intelligence artificielle, dont on commence tout juste à mesurer l'impact dans nos existences quotidiennes.
Dans les pages dédiées à la culture, on poursuit d'ailleurs la réflexion sur l'IA en s'interrogeant sur son utilisation sauvage dans l'art. Notre numéro reste décidément ancré dans son époque avec le portrait du talentueux styliste camerounais Imane Ayissi et la critique du film controversé Emilia Perez de Jacques Audiard.
Toute l'équipe de la rédaction souhaite aux Premières et aux Terminales succès et réussite aux examens. Et à tous nos lecteurs, de bonnes et reposantes vacances d'été ! Jane ETIENNE,
rédactrice en chef, Quartier Ste-Anne.
L'événement tant attendu
Chaque année, le bal de promo est l'événement phare des Terminales. Sous les tenues soignées et la décoration scintillante se cache le travail colossal d'élèves volontaires.
Le vendredi 16 mai 2025, le lycée se transforme pour une soirée en véritable piste de danse, ambiance boules à facettes et looks étincelants. Pour la première fois, le bal de promo se tient dans l’enceinte même de l’établissement.
Les Terminales sur leur 31
Ce sont jusqu'à 400 élèves de Terminales qui sont attendus pour cet événement unique. Et cette fois-ci, oubliez les sacs de cours de 10 kg, les feuilles volantes et les stylos 4 couleurs : l’essentiel de la soirée se traduit par robes à sequins, costumes brillants, lunettes vintages et chaussures étincelantes : chacun est invité à jouer le jeu du thème Disco Chic alors que l’enthousiasme est déja palpable
C'est le moment ou jamais pour briller - littéralement.
Derrière cette soirée scintillante se dissimule une vraie mission logistique. Depuis plusieurs semaines, en toute discrétion (ou presque), un groupe d'élèves motivés travaille d'arrache-pied pour métamorphoser Saint-Martin en véritable salle de réception, un travail qui surpasse le collage de deux-trois boules à facettes dans le foyer.
Comme le souligne Lilou Lecrosnier, élève en Terminale ST2S mauve et membre du comité d’organisation : « On veut vraiment que les élèves soient surpris en entrant, le but est qu'ils ne se sentent pas au lycée mais dans une vraie salle de bal en leur honneur. » En effet, au-delà d'une simple fête, ce bal est la récompense de trois années de dure besogne.
Le comité se penche minutieusement sur les moindres détails du projet, une tâche loin d’être anodine. En effet, chacun d'eux, même le plus infime, a été pensé spécialement pour ce moment très particulier.
Diviser pour mieux briller
Avec tant de choses à penser, le comité s'est réparti chaque aspect de la soirée.
Entre une infrastructure à installer, la décoration, la nourriture et les boissons, élément clé d'une telle soirée, le comité n'a pas fait les choses à moitié, avec côté musique, un DJ professionnel pour l’intégralité du bal . À tout ça s'ajoute la sécurité, avec des agents présents tout au long de la soirée, le comité a donc su manipuler avec succès un budget serré et un temps limité.
Derrière tous les préparatifs et un dur labeur, une seule promesse pour ce dernier au revoir : faire de cette soirée un souvenir gravé à jamais.
Maelys ROUAUD, TD, Quartier Ste-Anne.
Dix jours au vert : « Irlande en vue ! »
Partis de Bretagne, les élèves de 1re s'attendaient à retrouver la pluie un peu plus au Nord, en Irlande !
Immergés dans la culture irlandaise pendant 10 jours, nous nous sommes vite acclimatés. Chacun dans une famille d'accueil avec nos correspondants, nous avons découvert ce petit bout de terre celtique.
« Un moment qui vous a particulièrement marqués ? » « Nous pourrions en citer beaucoup... beaucoup trop ! » me répondirent mes camarades. On pourrait mentionner la découverte de Dublin et de ses monuments emblématiques pour le côté historique et architectural. Paysages et sportsEn revanche, l'Irlande telle que nous l'imaginons, c'est bien souvent avec de grandes plaines dans lesquelles pâturent de petits moutons blancs. Ainsi la découverte de Mahon Falls, une cascade bordée de ses plaines et de grandes falaises correspond à notre plus fidèle représentation de « l'Île Verte ».
L'Irlande est également une terre de sportifs. Nous avons eu l'occasion de participer à un match de football improvisé après l'école, mais surtout de découvrir tous les sports qui enrichissent la culture irlandaise. Le football gaélique et le hurling sont des incontournables.
Néanmoins, après avoir tenté de jouer, la complexité de ces sports s'est imposée !
Dernier élément marquant, un fait amusant ! Lors de notre journée d'immersion à l'école, nous avons pu découvrir des cours que nous n'avons pas chez nous, comme le cours de cuisine par exemple. Nous avons même eu l'occasion de participer !
Vous devez sûrement vous demander quelle spécialité irlandaise nous avons pu cuisiner. La gatronomie bretonne étant fortement appréciée outre-Manche et peut-être par envie de nous rappeler notre terre natale, ce sont des crêpes que nous avons préparées !
C'est sur cette note sucrée que nous sommes repartis, tristes à l'idée de les quitter, heureux de penser à notre retour parmi eux !
Clémence LAMOUREUX, 1F, Quartier Ste-Anne.

Un bol de riz pour un enfant
Cette année, deux associations bénéficieront de cette opération caritative, pour venir en aide aux enfants dans le besoin.
Cette année, l'opération Bol de riz, organisée par le bureau des élèves, en partenariat avec l'espace Pastorale, a été menée au profit de deux associations luttant pour une cause commune. Toutes deux se battent pour l'amélioration de la situation des enfants.
Des luttes de longue haleine
La première est connue sous le nom de Crèche d'Arequipa, qui vient en aide aux enfants défavorisés, vivant dans la pauvreté et les bidonvilles au Pérou.
La seconde association, Enfants du Mékong, permet de parrainer un enfant en Asie du Sud-Est, afin de lui permettre d'aller à l'école et d'avoir une éducation de base.
En leur offrant le prix d'un bol de riz à la tomate, ce fut l'occasion de découvrir ces associations, et d'en apprendre plus sur leurs objectifs.
Un engouement collectif
Nombreux sont ceux qui se sont engagés pour cet événement. Monsieur Boulant, le responsable Pastorale a déclaré : « Le bol de riz est une occasion de rassembler l'immense majorité des élèves autour d'une action caritative. C'est parce que nous sommes chaque année près de 1 000 élèves à vivre ce temps fort que nous pouvons récolter des sommes importantes. » Cette action montre donc l'investissement de tous. Adèle RENAUD, TD,
Quartier Ste-Anne.
Un ancien de Saint-Martin s'en est allé
Les obsèques du Père Jacques Amyot d'Inville ont été célébrées le 25 mars à Bry-sur-Marne. Portrait d'un ancien élève.
Né à Brest, en 1936, Jacques Amyot d'Inville était l'aîné d'une fratrie de cinq enfants. Son père officier fut tué lors de la Seconde Guerre mondiale en 1943.
Sa mère est encore très jeune, aussi Jacques endosse-t-il le rôle du grand frère qui montre toujours le bon exemple.
Il est d'ailleurs tête de classe à l'institution Saint-Martin, comme s'en souvenait le journaliste ancien élève Philippe Gildas, où il est scolarisé avant de préparer Saint-Cyr au Prytanée militaire de La Flèche.
Mais il choisit de devenir prêtre, Père blanc. Son premier pays de mission fut la Zambie où il resta 23 ans, puis ce fut le Maroc, l'Algérie, l'Afrique du Sud.
Il passe plus d'un demi-siècle en Afrique, où on l'appelait « le porteur de joie ».
En 2007, rentré en France, il devient responsable de sa communauté des Pères blancs à Billière, puis à Paris. Il parle plusieurs langues et ne termine jamais une messe sans une bénédiction en zoulou ou en une autre langue qu'il est le seul à connaître. « Tout le passionnait : les autres et le monde entier » se souvient son frère Jean.
Il reste actif, engagé dans ses missions. Mais la première d'entre toutes est auprès des jeunes qui le questionnent et l'écoutent avec attention.
Il aime séjourner auprès de ses neveux et nièces. À 80 ans, il est imbattable au ping-pong !
En 2015, il publie pour son jubilé d'or Envahis par Dieu, recueil d'une centaine de textes, ses préférés étant Paul le missionnaire, Thérèse d'Avila, Thérèse de Lisieux, Jean Bosco et Philippe Néri pour son sens de l'humour. Car il aime beaucoup plaisanter ! Il s'éteint à 88 ans, dans la maison des Pères blancs de Bry-sur-Marne, rejointe un an plus tôt.
Le Père Amyot d'Inville, une belle figure, inspirante pour ceux qui l'ont rencontrée.
D'après le document transmis
par Jean Amyot d'Inville,
frère du Père Amyot d'Inville.
L'Urban Trail à Saint-Martin ou un lycée dans la ville
Le 27 avril dernier, des vagues de sportifs rennais découvraient au pas de course l'établissement, par un beau dimanche ensoleillé et festif. Retour en image.
Participer à l'Urban trail
Guides ou coureurs, de nombreux élèves et adultes du lycée se sont investis dans la course.
L'Argentine face à son passé
Quatre-vingts ans après la Seconde Guerre mondiale, le pays devrait déclassifier des documents relatifs aux criminels nazis qu'il a accueillis.
Durant l’après-guerre, de nombreux criminels de guerre nazis ont fui l’Europe, souvent grâce à des réseaux organisés appelés « ratlines ». Plusieurs d’entre eux ont trouvé refuge en Amérique du Sud, en particulier en Argentine, alors dirigée par Juan Domingo Perón.
Or, le 25 mars 2025, Guillermo Francos, le chef de cabinet du président argentin Javier Milei, a annoncé la prochaine déclassification des documents concernant les nazis réfugiés en Argentine au terme de la Seconde Guerre mondiale. Cette annonce a été vivement commentée, puisqu'elle soulève des enjeux tout à la fois historiques, sociaux, politiques et diplomatiques.
Quelles conséquences ?
De cette façon, le Centre Simon Wiesenthal, qui a pour objectif d'entretenir la mémoire de la Shoah, pourrait appronfondir ses recherches et mieux sensibiliser aux dangers de l'oubli, ce qui est également mis en avant par la communauté juive et Israël.
Ainsi, ce projet interroge sur la société argentine ainsi que sur l'efficacité de la justice internationale mise en place à la fin de la guerre. Une annonce concrétisée ?
Néanmoins, certains émettent des doutes quant à la concrétisation de cette annonce, déjà faite par de précédents gouvernements. Même si, pour le Jérusalem Post, ce projet du président Javier Milei « s’inscrit dans le cadre de son engagement plus large en faveur de la transparence du gouvernement et de la responsabilité historique ».
Enfin, le projet possède une dimension diplomatique car il pourrait permettre d'établir la manière dont les États-Unis ont relocalisé certains scientifiques nazis pour les intégrer à d'ambitieux programmes de recherche.
Zoé LALLICAN, TA,
Quartier Ste-Anne.
Paris-Roubaix : une course mythique
Alors que « l'Enfer du Nord » vient de connaître sa 122e édition, retour sur les origines et l'histoire de cette épreuve aussi légendaire que spectaculaire.
Les 12 et 13 avril 2025 se déroulait la 122e édition de Paris-Roubaix, qui a vu gagner Mathieu van der Poel, chez les hommes, et l'héroïne des JO Pauline Ferrand-Prévot, chez les femmes. Il s'agit du troisième succès consécutif du coureur néerlandais et de la première victoire française en cinq éditions de la course féminine.
Ce nouvel épisode de « la dure des dures » nous permet de nous replonger dans son histoire et son rayonnement. Les origines
Paris-Roubaix est créé en 1896 par un natif de la région, le mécène sportif et homme d'affaires Théodore Vienne, à l'occasion de la construction du vélodrome de Roubaix qui accueille traditionnellement les 750 derniers mètres de la course. L'épreuve se déroule chaque année (hors exceptions), c'est une classique flandrienne d'environ 260 km.
Le parcours est constitué de plusieurs secteurs pavés qui sont à l'origine de conditions dantesques pour les 175 cyclistes professionnels qui s'y engagent.
Effectivement, il s'agit bien souvent de « chemins de traverse conçus à l’origine pour la vie agricole ou ouvrière, comme la mythique Trouée d’Arenberg », selon le journal L'Équipe.
C'est ainsi que les pavés sont « souvent grossiers, avec beaucoup d'ornières ». Le temps, le manque d'entretien et la météo n'améliorent pas la qualité du revêtement. Une fête populaire La « reine des classiques » du calendrier UCI (Union cycliste internationale) provoque une véritable liesse et déchaîne les passions de milliers de spectateurs sur le bord des routes et de près de 2,5 millions de téléspectateurs en 2025.
Sa difficulté est confirmée par le champion slovène Tadej Pogacar qui s’exclamait après sa première participation en 2025 : « C'est l'une des courses les plus difficiles de ma carrière. » Thomas BOURIEL, TD, Quartier Ste-Anne.
L'intelligence artificielle, on en pense quoi ?
Depuis le lancement de ChatGPT en novembre 2022, les intelligences artificielles envahissent notre quotidien : deepseek, copilot, mistral... Mais que cachent-elles ?
Nous sommes de plus en plus nombreux à nous en servir pour se renseigner, travailler, discuter, créer...
Mais au fur et à mesure que leur utilisation se démocratise, les remises en question apparaissent. On vous a donc interrogés sur celle-ci.
Politique de confidentialité
Sur le plan de la vie privée et des politiques de confidentialité, l’Union européenne a commencé à encadrer l’usage de l’intelligence artificielle. Ainsi, le 1er août 2020, est entré en vigueur un règlement visant à garantir une IA respectueuse des droits fondamentaux, en luttant contre les discriminations, les atteintes à la vie privée, ou encore les usages répressifs.
Cependant, la réglementation reste encore limitée : les législations peinent à suivre le rythme rapide de développement de ces technologies. Mais peu nombreux sont ceux qui ressentent une insécurité. « J’utilise les IA seulement pour des questions de cours ou autres, nous confie Manon, élève. Et je ne lui fournis pas directement des infos sur moi. »
Emploi
Au niveau professionnel, l’IA représente une menace pour de nombreux métiers. Elle s’inscrit dans ce que Schumpeter appelait un « processus de destruction créatrice » : elle supprime d’abord des emplois peu qualifiés pour en générer de nouveaux, souvent plus spécialisés.
Toutefois, l’IA bouscule ce schéma en touchant aussi des professions qualifiées, ce qui rend son impact encore plus profond. Par exemple, les traducteurs sont désormais en concurrence contre ces technologies. Pour l’instant peu perçoivent l’IA comme une menace imminente, mais au contraire plutôt éloignée comme le dit Manon : « Je pense que cela prendra du temps avant de remplacer des métiers. Pour l’instant, on l’utilise davantage comme un outil, une aide au quotidien. »
Mathilde GUERIN, TC, Quartier Ste-Anne.
Faut-il déjà repenser notre usage de l’IA ?
L'utilisation de l'IA a également des répercussions écologiques.
Les data centers, qui stockent les données nécessaires à chaque requête, sont énergivores, notamment en eau utilisée pour refroidir les circuits. Selon une étude de l'université de Riverside (Californie) publiée en novembre 2024, une requête sur ChatGPT consommerait 500 ml d'eau.
En outre, en 2023, l’Agence internationale de l’énergie a estimé que les data centers représentaient environ 1 à 1,5 % de la consommation électrique mondiale.
Souvent les utilisateurs peinent à concevoir cet aspect, comme le dit Claire : « Je n’ai pas conscience de polluer au moment où j’utilise ChatGPT, lui demander quelque chose prend peu de temps et est si accessible que gaspiller un demi-litre d’eau à chaque question semble irréel. Je n’ai pas l’impression de réaliser ce gaspillage à l’instant T, c’est pour cela qu'émettre les requêtes les plus précises possibles évite les questions superflues, et de polluer sans même s’en rendre compte. » Les IA soulèvent aussi des questions éthiques. Quelles utilisaitons ? Déléguer des tâches à une intelligence artificielle, au détriment de l’humain, est-ce réellement souhaitable ? Certes, cela peut être bénéfique en éliminant les tâches répétitives et en libérant du temps pour des activités plus créatives.
Cela interroge aussi sur le risque de rendre l’homme plus oisif et dépendant de la technologie. La question ne se pose pas lorsque ces technologies permettent des progrès considérables, comme en médecine, mais l’usage de l’IA n’est-il pas parfois une régression plus qu'un avancement ?
Les IA nous apportent un progrès évident, mais elles ont aussi leurs défauts. L’essentiel est d’en avoir conscience pour concevoir dès le début une utilisation responsable de l’IA.
Mathilde GUERIN, TC, Quartier Ste-Anne.
Art et IA, danger pour les artistes !
Du côté artistique, l’IA interroge. Les tendances récentes, comme « l’effet Studio Ghibli » (lire page 6) ou le « Starter Pack » (1), menacent le travail des artistes et leurs droits d’auteur.
L'IA s'inspire des créations déjà existantes pour parfaire ses algorithmes afin de “créer”. Elle ne menace pas seulement les graphistes mais aussi les scénaristes, les comédiens de doublage et de nombreux autres métiers artistiques.
Comme le souligne Claire : « Lors de la tendance starter pack, des artistes ont aussi pris position contre cet engouement en dessinant eux-mêmes le leur. Malgré le geste, je ne pense pas que cela ait éveillé beaucoup de consciences... »
(1) Il s’agit de créer une figurine en 3D sous emballage plastique, accompagnée d’accessoires représentatifs du personnage choisi. Mathilde GUERIN, TC, Quartier Ste-Anne.
Ghibli face à la concurrence déloyale de l'IA
Utiliser l'intelligence artificielle pour générer des images, une mode qui fait fureur sur les réseaux, mettant en colère de nombreux artistes.
Une mise à jour chez OpenAI a permis aux utilisateurs de générer des images inspirées du style de dessin du studio Ghibli.
Ce dernier fondé en 1985 par Hayao Miyazaki et Isao Takahata, est particulièrement connu depuis une trentaine d'années pour son histoire attachante et son art particulier. De plus, il est réputé pour dessiner ses animations à la main et n'utilise aucune intelligence artificielle (IA), quelle qu'elle soit.
Problème de droits d'auteurs
Chaque élément visuel a un sens, une certaine philosophie. L'utilisation de l'IA enlève le côté magique de ces œuvres. Il y a aussi un probléme en ce qui concerne les droits d'auteurs. Il faut en effet savoir que le style Ghibli est protégé par des droits d'auteurs.
Cependant, la plupart des images générées par IA sont faites sans permission, ni crédit. Cela revient donc à exploiter le travail de ces artistes sans les rémunérer, sachant que le style des animations du studio Ghibli a été longtemps travaillé.
L’IA imite le style mais trahit l'esprit du studio
Outre le fait que de nombreux artistes y voient un plagiat, les fans du studio considèrent cela comme une forme de trahison envers Hayao Miyazaki, cofondateur du Studio Ghibli et connu pour détester l'IA. Ils voient dans ces images générées tout le contraire des œuvres originelles, célèbres pour leur respect du vivant, de la bonté, du rêve, et leur joie de vivre.
Alors les artistes répondent à ces images générées par des œuvres d'art taggées avec « No AI », prouvant qu'elles sont dessinées par des artistes. Ils poussent les non-artistes à essayer de dessiner par eux-mêmes ou à demander à un artiste de dessiner pour eux dans le style de Ghibli.
Neussayba OUALI, 1J, Quartier Ste-Anne.
« Emilia Perez », un conte face à la réalité
Le nouveau film d'Audiard est un réel succès mais il provoque l'indignation mexicaine.
Sorti le 21 août 2024, Emilia Perez, de Jacque Audiard, a récemment été récompensé, notamment à Cannes. Ce film narre une sorte de « conte », dans lequel un chef de cartel Manitas (Karla Sofía Gascòn) souhaite devenir une femme et renoncer à son passé à l’aide d’une avocate Rita Mora Castro (Zoé Saldana).
« Emilia Perez est une histoire d’ogre qui se transforme en princesse. Un conte mais pas pour enfants (...) » (Première).
La polémique
La sortie du film a fait polémique au Mexique où le sujet du narcotrafic, ayant entraîné la disparition de 114 069 personnes et la mort de 350 000 autres, est très sensible.
Le film est à la foi accusé de perpétuer des clichés sur les Mexicains, de manquer de réalisme et de traiter de manière inappropriée un sujet tragique. Par ailleurs, Rodrigo Prieto, célèbre directeur de la photographie, trouve « problématique » que le film n’ait pas été tourné au Mexique, et qu’aucun Mexicain n'est été impliqué dans la production.
Témoignages et réactions Ainsi, offusqués par ce film, de nombreux Mexicains ont réagi, notamment Rodrigo Prieto, lors d’un entretien au magazine Deadline : « Le film reflète mal le Mexique (...) Tout semble inauthentique. ». Ou encore Jorge Volpi, écrivain mexicain, qui qualifie Emilia Perez de « l’un des films les plus grossiers et trompeurs du XXIᵉ siècle ».
On retrouve ensuite la journaliste Sofia Otero qui écrit dans la revue féministe Volcanicas « Personne n’utilise un ordinateur portable dans les marchés nocturnes, comme le fait Zoe Saldana (...) ».
Enfin, Cecilia Gonzalez, journaliste mexicaine, a déclaré sur X : « Emilia Perez est tout ce qu'il y a de mal dans un film : stéréotypes, ignorance, manque de respect, exploitation d'une des crises humanitaires les plus graves au monde (les disparitions massives au Mexique). Blessant. Frivole. »
Pour exprimer leur désapprobation, de nombreux Mexicains ont quitté les salles en réclamant un remboursement de leur place.
On note que la chaîne de cinémas mexicaine Cinepolis s’est engagée à rembourser les spectateurs « insatisfaits ».
Enfin, en réponse à Emilia Perez, la réalisatrice mexicaine trans Camila Aurora a tourné le court-métrage Johanne Sacreblu el musical, critiquant la France et ses stéréotypes en faisant notamment référence à Ratatouille, Miraculous, ou encore au Mime Marceau.
Lucie MAES, 2A
Quartier Ste-Anne.

Imane Ayissi, l'esthète en haute-couture
Véritable architecte du vêtement, il a réussi à s'imposer face aux plus grands et à devenir le premier designer africain durant la Fashion week de Paris.
Né dans une famille d'artistes, le jeune Imane Ayissi, originaire de Yaoundé, au Cameroun, commence sa carrière comme danseur au ballet national du Cameroun.
Très prometteur, en 1991, lors d'une tournée en France, il découvre des opportunités pour poursuivre ses objectifs à Paris, et tenter l'aventure européenne.
Une mère inspiranteAprès de nombreuses difficultés, il réussit à se construire une carrière dans le mannequinat pour des grandes marques de luxe, telles que Dior, Lanvin, Yves Saint Laurent mais également Valentino, un don hérité dès l'enfance par sa mère, première Miss Cameroun après l'indépendance. Elle sera d'ailleurs sa première muse, et à l'origine de son rêve de création et de la valorisation de la femme noire. Imane Ayissi se met désormais à rêver plus grand : il veut devenir couturier.
Entrée dans le prêt-à-porterMalgré son manque de moyens, il commence à confectionner près de 120 pièces avec du tissu provenant du marché et une machine à coudre rudimentaire. Ses premières créations présentaient déjà des influences africaines à travers leurs motifs et leurs coupes, associées à l'élégance française. Sa première apparition publique en tant que designer aura lieu dans les rues de Paris, où il exposera sa toute première collection. Ce défilé sauvage marquera le début d'une ascension fulgurante pour Imane Ayissi.
À partir de 2020, Imane Ayissi marque un nouveau tournant dans sa carrière : il devient le premier Africain subsaharien à être invité au calendrier officiel de la Haute Couture de la Fashion week de Paris.
Il obtient alors une reconnaissance majeure dans le monde de la mode et porte également haut ses revendications concernant sa vision du stylisme.
Il souhaite promouvoir une meilleure représentation du savoir-faire africain, en misant sur des textiles de qualité, rendant ainsi hommage à des siècles d'histoire et de traditions, souvent bafouées ou déformées par les regards occidentaux.
La journaliste spécialisée Emmanuelle Courrèges remarque : « Il apporte autre chose, un peu comme les créateurs japonais il y a une vingtaine d’années. »
Rihanna DODOO, TA,
Quartier Ste-Anne.