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N° 1 - Septembre 2024 | https://www.ecole3a.edu/ | E3AR |
Le festival Cassava's Land a réuni plus de cent-cinquante personnes
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Dans le cadre de leur formation de management responsable et solidaire au campus The Land de Rennes, les élèves de première année de Bachelor ont participé à l'organisation d'une journée-festival autour du manioc, Cassava's Land, samedi 8 juin. Ils ont clôturé leur année scolaire en musique, en sensibilisant le public à l'utilisation de cette ressource alimentaire durable.
Un monde plus raisonnable
L'éditorial du journal, avec les élèves de B1 de l'école 3A et de l'école ESAM.
Dans dix ans, où seront les étudiants de première année des écoles 3A et ESAM, après leurs études en management responsable et durable ou en droit international ? Quels seront leurs métiers et à quoi ressembleront leurs quotidiens, dans un monde marqué par les déplacements de populations causés par le réchauffement climatique et les défis de la souveraineté alimentaire ? Ils ont 20 ans et ils formulent des souhaits, mais évoquent surtout des incertitudes à court terme. Elles sont évidemment liées au changement climatique.
L'école 3A est née au milieu des années 1980 pour déployer des dispositifs en faveur de l'environnement ou pour venir en aide aux populations. Du côté de la presse, les rédactions tendent également au journalisme de solutions. Exposer et dénoncer ne suffit pas, et cela depuis longtemps. Il faut sensibiliser, se faire l'écho des initiatives et des pratiques qui changent le quotidien et qui sont accessibles au plus grand nombre. Cela demande d'invoquer, souvent, le souvenir de pratiques respectueuses – et anciennes – que l'agriculture intensive ou la densification des zones urbaines, notamment, ont fait oublier.
À The Land, et dans le cadre de l'exercice d'écriture d'un journal par les étudiants, il y a de nombreuses initiatives vertueuses dont ils avaient envie de parler. Que ce soit par l'intermédiaire d'un intervenant en cosmétologie, qui vient parler des mérites de produits naturels pour différents types de cheveux, de l'incubateur Enzyme, qui soutient les projets inscrits dans le développement durable et l'inclusivité, ou alors la culture bio de fraises dans la serre... Chaque lieu est pensé pour être utilisé intelligemment et collectivement.
C'est avec ce même esprit que les élèves de première année de l'école 3A et ESAM, qui décidément ne savent pas trop où ils seront dans dix ans (mais c'est sans doute normal, voire rassurant), ont entrepris leur cursus scolaire et la fabrication de ce journal. Dans une démarche d'ouverture et de partage.
Avec Cassava, l'école 3A a fait son festival
Une centaine de personnes a assisté à la journée de festival du manioc organisée par les élèves de 3A à The Land, samedi 8 juin.
Le cassava, autre nom utilisé pour désigner le manioc,, renvoie aux fondations mêmes de 3A puisqu'il est consommé en Afrique, en Amérique latine et en Asie, continents où l'école développe ses projets humanitaires depuis les années 1980. La plante comestible était le fil rouge de la journée de festival montée par les élèves, samedi 8 juin. Dans le campus rennais de The Land, les tables et stands étaient dressés pour proposer aux participants des glaces, des plats et des crêpes à base de manioc.
Travail de sensibilisation
"La pâte à crêpes n'est pas faite à 100 % avec du manioc, sinon ça ne tient pas ! Mais l'avantage, c'est qu'il n'y a pas de gluten", précise Flavie, élève de deuxième année. Toutes les crêpes ont été vendues au cours de la journée à plus de 150 visiteurs qui se sont rendus au festival, dans le parc du campus. "J'ai trouvé cette journée très réussie, résume Youna, en première année. Les gens étaient contents d'être là et je n'ai eu que des retours positifs. Il n'y a pas eu d'imprévu trop important à gérer donc tout le monde a pu profiter du festival. Nous aurions aimé un peu plus de monde, mais au final c'était une très belle journée."
Le travail des élèves consistait à sensibiliser le public à l'utilisation du manioc comme ressource alimentaire durable. Résistant à la sécheresse et peu exigeant, ce tubercule est par exemple de plus en plus cultivé pour nourrir les populations du Sahel. Des millions de personnes en consomment dans le monde.
Les contes interactifs d'Afrique de l'Ouest de l'association L'Arbre à palabres ont ouvert l'après-midi d'animations. "Une découverte intéressante et haute en couleurs", sourient Pia et Marina, invitées par une amie, étudiante à 3A.
Cheick Tidiane Dia sur scène
Malon, Christmoul et Seth Djonnas, qui accompagnaient le conteur, ont introduit les instruments tels que la sanza (percussions) ou le ngombi (petite harpe) au public. Des présentations qui ont annoncé la venue de Cheick Tidiane Dia sur scène. C'est un grand joueur de kora, un instrument traditionnel comparable au luth. Le musicien malien, qui a joué avec Ali Farka Touré, était accompagné du Mande blues band. "C'est un musicien qui doit connaître les thèmes musicaux du passé, du présent et du futur", présente Philippe Launay, membre du groupe. Grâce aux élèves de 3A, le public est entré en contact avec une culture encore trop peu connue en France.
Marie Moussié, avec les élèves.
Le Connect, une résidence étudiante entre ville et campagne
Située à la périphérie de Rennes, le Connect est la nouvelle résidence étudiante du campus The Land, ouverte en 2023.
La résidence étudiante Le Connect, c'est d'abord un projet à quatre millions d’euros, financé à 50 % par The Land et à 50 % par l’entreprise Bardon. Le bâtiment a été entièrement éco construit et il a ouvert ses portes en octobre 2023.
Un atout pour The Land
La résidence compte 84 logements, mais c’est aussi un espace dédié aux séminaires. "Nous avons trois salles, qui peuvent accueillir entre quinze et vingt-cinq personnes", mentionne Ilyana, la gestionnaire de la résidence. Ils ont aussi investi dans un dôme pour accueillir de plus grands séminaires de presque 100 personnes, qui est en construction. Son inauguration était prévue pour juin 2024.
Le Connect accueille à ce jour 76 personnes, principalement des étudiants du campus, mais il est également ouvert aux personnes extérieures. "Les gens découvrent souvent le Connect par le biais des écoles présentent sur le campus ou alors grâce à des sites comme Le Bon coin ou Se Loger, mais également grâce au bouche à oreille", poursuit Ilyana.
La salariée peut compter sur l'aide de stagiaires, qui participent à la gestion de la résidence. L’année prochaine, ils prévoient d’employer un alternant pour la gestion et la mise en avant des espaces de séminaires. Ils envisagent de développer ces espaces et espèrent pouvoir accueillir au moins quinze réunions par mois.
Mais le Connect, c’est surtout un lieu convivial avec un espace détente très apprécié, équipé du Wifi. "Cet espace de coworking est parfait pour les étudiants", affirme Gédéon Okitav, étudiant à l'école 3A, qui en bénéficie.
Marius L., Aubane L., Youna M.
Végédream ramène la soupe à la maison
Le 16 mai, la Glaz Arena de Cesson-Sévigné a accueilli le festival des mini-entreprises. Végédream, projet des élèves de 3A, a raflé plusieurs récompenses.
Végédream est une entreprise montée par les élèves B2 de l'école 3A, à la rentrée 2023. Lors du festival organisé par "Entreprendre pour Apprendre", à la Glaz Arena de Cesson-Sévigné, jeudi 16 mai, le projet des étudiants a été particulièrement remarquée et a remporté des récompenses comme le Label d'Argent Commercialisation, le Label d'Argent Innovation, et le Label de Bronze Engagement Citoyen.
Paniers de producteurs, défis végétariens...
Végédream a pour mission de sensibiliser les collaborateurs des entreprises à une alimentation saine et durable. Pour ce faire, elle propose des défis végétariens de deux semaines, facturés 1300 € aux entreprises. Ce programme inclut des ateliers d'une heure animés par un chef cuisinier et une diététicienne, des newsletters hebdomadaires avec des recettes, ainsi que des ressources pédagogiques sur l'alimentation végétarienne. De plus, Végédream offre des paniers de producteurs locaux et organise la venue d'un food truck végétarien sur le site de l'entreprise. "Ces récompenses mettent en lumière le travail que Végédream fait pour promouvoir une alimentation durable en entreprise", apprécie la direction de 3A.
Aubane Lebeurrier
Enzyme, terreau de projets engagés
L'incubateur de The Land voit naître des projets de petites entreprises depuis 2019.
Depuis 2019, l’incubateur Enzyme permet de poser les bases de la création de l’entreprise en proposant une formation entrepreneuriale gratuite.
Anaïs Guéguen, la responsable, suit chaque année une promotion de huit porteurs de projets durant neuf mois, en collectif ou en individuel. Ses missions consistent à gérer les entretiens de sélection, les candidatures, à s’occuper de la communication vers l’extérieur de l’incubateur et aussi du recrutement d’intervenants. Ces derniers permettent d’accompagner les porteurs de projets suivant les envies de chacun. Anaïs permet aussi d’être le lien entre les entrepreneurs et le Campus de The Land, qui héberge Enzyme.
Un projet d'équithérapie adaptée
Pour qu'une idée prenne vie, elle doit répondre à quelques critères. "Il doit être au stade de l’étude de marché pour que l’incubateur vérifie qu’il y ait bien un besoin derrière le projet. Le but est d’avoir un impact social, sociétal et environnemental au cœur des territoires ruraux de Bretagne. Aucun critère social, de parcours, de formation ou d’âge n’est requis", précise Anaïs Guéguen
« Le Gorille joueur » est l’un des projets qui a éclot à Enzyme. Créé par deux amis, c’est un café ludothèque ambulant qui sillonne les routes d'Ille-et-Vilaine et s’arrête dans des structures de petite enfance, des Ehpad, des foyers. Leur objectif est, plutôt que de faire venir leur public, d’aller à sa rencontre afin de leur faciliter l’accès aux services, qui sont adaptés à chacun. . Exemple : avec des gros dés pour faciliter la motricité des petits, ou des cartes de jeu conçues pour les malvoyants.
Anaïs Guéguen a été particulièrement marquée par le projet « L’Equipier » de Camille Roger. Cette dernière a fait une formation en design global. Elle est aussi passionnée par les chevaux et dédie son mémoire autour de ce domaine : « Comment utiliser le design pour faciliter l’équithérapie ? ». L’objectif est d’utiliser ses compétences en design pour accompagner les thérapeutes en équithérapie, car pour l’instant aucun matériel ou outil n’existe pour la discipline, mais Camille compte bien y remédier. Elle a alors créé des gants, une brosse, des tapis, des montoirs pour les personnes porteuses de handicap, et d'autres outils conçus spécialement pour répondre à différentes problématiques.
Flore Garsmeur et Lila Jouin
Pour une cosmétologie inclusive
The Land accueillait, vendredi 26 avril, une soirée masterclass de cosmétologie.
Une trentaine d'étudiants du Bachelor de 3A et de l'école ESAM ont assisté à une conférence sur les cheveux, fin avril, dans l'amphithéâtre du campus. Ce projet est né d'une initiative de la présidente du Collectif Ubuntu et des étudiants B1 de l’école de management responsable, 3A. Son objectif était de sensibiliser aux différents types de cheveux et peau, avec la nécessité que l’industrie cosmétique et nous-mêmes adaptions les produits utilisés suivant les caractéristiques de chacun.
"J'en ai beaucoup appris"
Nsibentum est intervenu en tant que cheveutologue, c’est-à-dire expert du cheveu, ainsi que Narcisse, étudiante B3 à 3A, qui est venu témoigner des effets négatifs de certains produits capillaire utilisés sur sa peau et ses cheveux. Elle a expliqué comment elle a pu y remédier en changeant de routine cosmétique. L’évènement a rencontré un fort succès avec une prise de conscience à la clé. "C’était assez captivant, je croyais avoir des connaissances et j’en ai beaucoup appris avec une très belle approche et bonne maitrise du sujet", commente Nadiany, étudiante à l’ESAM. Les étudiants B1 de 3A espèrent pouvoir reconduire des projets avec des thématiques similaires pour continuer à sensibiliser le public.
Chacun peut faire son beurre à la micro-usine de The Land
Le Ceta fonctionne comme une mini-usine pour aider étudiants et particuliers à transformer les aliments. 3 questions à Livia Caremel, ingénieure d’études.
Qui a recours au matériel du Ceta ?
On travaille avec des élèves 3e, des étudiants d’école d’ingénieurs, des étudiants de faculté et les BTS Sciences et Technologies des Aliments de The Land. Il y a aussi des salariés qui viennent d’être recrutés et qui ont besoin d’une formation.
Quelles prestations le Ceta offre-t-il ?
Il permet principalement la mise au point d’un produit. Les clients peuvent être des industriels (OLGA, Lactalis), des auto-entrepreneurs, des fermiers qui ont juste une idée ou transformer et créer un produit avec leur lait. On a des équipements comme dans l'industrie mais avec des petits volumes de matière première. On peut utiliser les machines avec 40 L de lait, par exemple.
On y fabrique quoi ?
On y fabrique du saucisson, du lait, des yaourts, des plats préparés... Parfois, on a de trop grandes productions : on les donne si la date de conservation est dépassée, et on met le reste en vente en prenant les espèces et les chèques.
Clémence Dufour
et Flavie Lebastard
Anthony et Cynthia voyagent en roulotte depuis quatre ans
Du Sud-Ouest à la Bretagne en passant par la Belgique, le couple a choisi un mode de vie itinérant lent et écologique, presque coupé du monde contemporain.
A chaque lever de soleil, le même manège. Anthony Van Hille et Cynthia, tous deux trentenaires, originaires d’Ille-et-Vilaine et de Normandie, « rangent » leurs poules dans une remorque et préparent Chook, leur cheval de trait, pour reprendre la route.
« Un moyen de réduire ses coûts de vie »
Anthony ouvre la voie en vélo, sa compagne conduit la roulotte pour une distance quotidienne de… 5 km ! A midi, l’endroit où passer la nuit est souvent trouvé. Reste à remonter l’enclos de Chook et sortir les poules. Rien ne presse ! I Voilà quatre ans qu’ils ont décidé de sillonner les routes de France et d’ailleurs.
Partis d’Aveyron en 2019, ils ont fait une incursion en Espagne via le Pays Basque avant de remonter en Bretagne, puis de prendre la direction de la frontière belge, . Pour un total de plus de 400 étapes dans les pattes, pour une nuit ou même plusieurs jours, avec tout ce qu’il faut dans leur roulotte : un coin cuisine, un petit lit et un système de chauffage. Rien de plus. « La roulotte est un excellent moyen de réduire ses coûts de vie, de découvrir des activités intéressantes et rencontrer de nouvelles personnes », assure le trentenaire.
Lui, ancien plombier-chauffagiste, et elle, ex-employée dans la restauration rapide, doivent trouver des ressources financières malgré leur volonté de s’extraire au maximum de la vie citadine. « On se débrouille comme on peut, détaille le Brétilien. On travaille comme saisonniers la plupart du temps. Les fermiers nous accueillent assez facilement et ces destinations favorisent le bien-être de notre cheval. » Le couple vend aussi des produits alimentaires sur des marchés.
« On va voyager un maximum et on finira par s’installer dans l’endroit qu’on a le plus apprécié », précise Anthony Van Hille. Après la Belgique viendront donc les Pays Bas, puis les pays de l’Est.
Mattys Van Hille
La Serre, un centre horticole innovant
Poumon vert du campus, la Serre accueille des étudiants en les familiarisant avec des modes de production vertueux pour l'environnement.
Dans un cadre verdoyant, la Serre du campus offre un espace de travail unique, alliant innovation et pédagogie. Construit dans les années 2000, avec une superficie de 1 200 m² cet édifice est dédié à la formation et à la production agricole, en particulier dans le domaine de l’horticulture et du paysage.
Le hall d’entrée accueille les visiteurs et mène à la serre à massifs, où se développent des plantes aromatiques, des potagers, ainsi que divers arbres et arbustes servant de supports pédagogiques pour les élèves en spécialisation paysagiste. Des formations variées, allant du lycée aux brevets professionnels pour adultes, sont proposées pour répondre aux besoins éducatifs de ce secteur.
La serre de collection, une chapelle végétale impressionnante par sa hauteur, est équipée de technologies automatisées pour réguler le volume d’air chaud pendant la journée. Un système de chauffage à planches et des voiles d’ombrage assurent le confort thermique des plantes. L'irrigation est optimisée grâce à la récupération des eaux de pluie, stockées dans une mare.
La Serre fleurit des communes
Une section est dédiée aux plantes destinées au fleurissement communal. Cette initiative est soutenue par un partenariat avec huit communes du département, permettant la livraison de 6 500 plantes chaque année. La serre abrite également une production de fraises, exploitée en culture intérieure et extérieure, favorisant la biodiversité. Des champignons y sont également développés, ajoutant une dimension unique à ce jardin de production à la fois esthétique et pédagogique. "Je souhaite faire un jardin de production pour la partie aromatique. Il aura une vocation pédagogique pour les élèves et une vocation esthétique pour les formations en paysage", précise Benoît Ripault, responsable de la Serre. Ce projet ne se limite pas à l’horticulture. Il intègre également des aspects inclusifs, en favorisant l’emploi de personnes en situation de handicap.
Mariah et Nadiany
Leurs chevaux apaiseront les traumatismes de missions humanitaires
Aux portes de la forêt de Brocéliande, Florence Peissard et Bertrand Groussard développent une offre de soin par l’équithérapie pour travailleurs de l'humanitaire.
Les grandes fenêtres du club house des Chevaux de Brocéliande donnent sur une pinède baignée de soleil. Une petite brise brosse les arbres qui isolent le centre équestre des communes de Tréhorenteuc et Néant-sur-Yvel, dans le Morbihan. C’est dans ce havre de paix que Florence Peissard et Bertrand Groussard, enseignants à l’école 3A, continuent de bâtir le projet de leur vie. Avec une innovation majeure : développer un service d’équithérapie pour les travailleurs humanitaires.
« Ca existe chez les militaires »
« Ils partent sur des terrains où il y a de la misère, des zones de conflits qui peuvent traumatiser et il n’y a pas de prise en charge à leur retour, observe Bertrand Groussard, diplômé de l’école lyonnaise Bioforce. Il y avait un sacré souci au retour de missions, même sur celles qui se passaient bien. Cette prise en charge existe chez les militaires : pendant deux ou trois jours, ils ont des SAS de décompression avant de retourner chez leurs familles, dans des hôtels. Cet aspect psychique, ce serait bien de l’appréhender dans notre écolieu. »
Un groupe de chevaux surgit du fond du vaste terrain à l’appel de Florence et Bertrand. Une petite pouliche noire bondit autour de ses aînés. Les plus doux aideront les traumatisés de terrains sensibles à reprendre la main sur leurs émotions. Les autres sont mis à contribution par Florence et Anna Zaccai, monitrices de sport équestre, pour des balades à cheval ou l’école d’équitation pour enfants et adultes. L'équipe accueille également des groupes via des associations et des foyers pour permettre à différents publics de reprendre confiance.
Psychologie, gestion de projets humanitaires, économie sociale et développement durable… Le couple joue de ses nombreuses compétences, depuis plus d’un an, pour faire des Chevaux de Brocéliande un centre équestre à vocation touristique, thérapeutique et de loisirs qui valorise ce coin de campagne.
Des chevaux Le Bon Coin
« On n’a pas de grands chevaux de sport mais un troupeau polyvalent, où tous les équidés ont un rôle à jouer auprès des humains. Ils sont curieux, à l’écoute de l’homme et pas conditionnés et calmes. On en a trouvé la majorité sur Le Bon Coin, s’amuse Florence Peissard. Ce sont principalement des chevaux sans historique traumatique. » Et des alliés dont le comportement est étudié de près, pour s’en inspirer.
« Il y a tout un tas de choses qu’on peut apprendre grâce aux chevaux, reprend la monitrice. La communication non violente, par exemple. Énoncer clairement ses besoins et ses envies à son entourage… Et trouver sa place au sein d’un groupe en se connaissant mieux. »
L’équipe lance, en outre, une activité d’équi-coaching destinées aux employés d’entreprises. Elle devrait compter des séminaires dès la fin de l’année pour développer les compétences émotionnelles grâce au contact du cheval. « Le point faible de notre projet, pour l’instant, c’est l’hébergement, mais heureusement, nous avons des partenaires dynamiques à Tréhorenteuc et sur le territoire », conclut Bertrand Groussard. Une yourte a été installée au centre équestre : elle servira de « SAS » de décompression des humanitaires et permettra d’accueillir notamment des touristes ou des randonneurs à cheval.
Flavie Lebastard
et Clémence Dufour
Il y a 12 ans, le cauchemar à Brazzaville
Le 4 mars 2012, l'explosion d'un dépôt d'armes a fait plus de 200 morts dans la capitale de la République du Congo. Une jeune femme témoigne.
Dans plusieurs quartiers du nord de Brazzaville, la capitale de la République du Congo, deux énormes détonations ont résonné vers 8 h 15, le matin du 4 mars 2012. En cause : le dépôt d'armes et de munitions d'une caserne a explosé, dévastant le quartier de Mpila et faisant près de 200 morts. Les conséquences de l'accident sont encore visibles et le traumatisme est encore vif.
Ce matin-là, les habitants, paniqués à cause des explosions qui ont causé l’effondrement de nombreux bâtiments, se sont précipités pour quitter les quartiers sans regarder derrière eux. Les uns ont décidé d’aller se réfugier dans la basilique Saint-Anne car c’est “la maison de Dieu”. D'autres ont décidé de se rendre au plateau des Quinze ans, car c’est l’une des zones les moins exposées de Brazzaville, où se trouve l’aéroport. D’autres, encore, sont allés dans les quartiers sud de la ville, qui étaient épargnés.
17 000 sans-abris
Cette explosion a fait plus de 2 300 blessés dont 114 invalides et 17 000 sans-abris.
“Ce jour-là , j’étais chez moi, se souvient Christy, qui avait 7 ans à l’époque. Je venais de me réveiller quand le premier coup a retenti. Ma mère m’a éloignée des murs et des fenêtres. On entendait notre voisine qui criait que le bâtiment à coté de nos maisons venait de s’effondrer. Ma mère a essayé d'ouvrir la porte centrale de la maison mais elle s'ouvrait pas. Nous étions bloquées avec des fenêtres en miettes et un plafond menaçant de s'effondrer."
Sortie de sa maison, la famille de Christy est entraînée par d’autres habitants qui fuient le danger. Ils couraient tous, sans savoir où ils allaient.
"Les gens arrivaient de partout en criant "courez". On pouvait apercevoir des gens sévèrement blessés, poursuit-elle. Apres plusieurs heures de marche , on trouve refuge chez une de ses amies ."
La mère de Christy a tenté d’appeler des membres de la famille, mais le réseau ne passait nulle part. “Voir tous ces corps blessés, les gens en larmes… C’était traumatisant. Je n’étais qu'une enfant, et une survivante”, conclut-elle .
Mariah Mabiala