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N° 3 - Juin 2024 | https://www.ism-lapro.fr/ |
CHERES LECTRICES, CHERS LECTEURS
Bonjour,
Mon sentiment est partagé en ouvrant ce journal : tout d’abord la joie, éprouvée par toute l’équipe, de vous accueillir pour ce cinquième et dernier numéro de l’année.
Vous pourrez y retrouver les différentes rubriques habituelles, notamment le “Que pasa” avec la Soirée des talents, la célèbre rubrique “Un professeur ne devrait pas dire ça” avec l’interview de Mme Lemare, la “Revue de presse” ou encore la réponse au jeu du journal précédent suivie de deux articles s’inscrivant dans le dossier spécial portant sur les européennes, avec un article sur l’abstention et l'influence des réseaux sociaux.
Vous pourrez aussi retrouver une interview du célèbre skipper Fabrice Payen que nous avions eu l'honneur de rencontrer avant son départ pour la route du Rhum 2022, à retrouver en page 16 et 17.
Les “rediffusions” ne sont pas habituelles pour le Kelaouenn mais celle-ci a été jugée pertinente car M Payen a porté ce premier juin à Saint-Malo, la flamme olympique .
Pour passer à quelques innovations, vous l’aurez vu, le Kelaouenn possède maintenant une chaîne YouTube ainsi qu’un site internet, tant de nouveautés que vous n'avez pas encore pu apprécier profondément. Le projet est néanmoins lancé et créé et sera disponible pour l’année prochaine. La chaîne YouTube sera alimentée par des contenus d’interviews longs, contrairement au site internet avec des articles brefs mais plus réguliers.
Il me vient ensuite une autre pensée, de la mélancolie, comme bons nombres de rédacteurs : c’est en effet notre dernier numéro, nos derniers articles et mon dernier éditorial à vos côtés.
Nous remercions chacun d’entre vous pour vos lectures, remarques et participations aux interviews. Réelle source de motivation pour nous rédacteurs, vous avez répondu présents durant cette année et nous espérons avoir été à la hauteur de vos attentes.
L’équipe sortante est importante. Le kelaouenn recrute donc, l’occasion pour vous de passer de lecteur à rédacteur, passer de l’autre côté du miroir afin de vivre une aventure très forte, intéressante et essentielle dans la vie d’un lycée. Pour cela, rien de plus simple. Vous n’avez qu'à vous présenter sur le stand du Kelaouenn lors de la semaine des associations. La porte est ouverte et la rédaction n’attend que vous !
Comme disait Peter Drucker, "La meilleure façon de prédire l'avenir, c'est de le créer." . Si vous voulez prédire l’avenir de cette rédaction, engagez-vous !!
Vous pourrez bien sûr retrouver des membres de l’équipe de cette année qui sauront vous partager leurs passions et je suis déjà heureux de vous nommer les prochains rédacteurs en chef.
Vous pourrez ainsi retrouver Elsa Buan et Louis Lessirard, fidèles au poste afin de vous concocter éditoriaux et articles. Je leur souhaite bon courage et de belles aventures pour accompagner cette équipe qui fait peau neuve.
Pour ce numéro nous avons voulu faire quelque chose de spécial : vous pourrez retrouver un trombinoscope de toute votre équipe ainsi que différents petits messages qui vous sont adressés.
Pour conclure je souhaite à tous les élèves de première et terminale la réussite de leurs examens et plus particulièrement pour ces derniers de s’épanouir dans leurs nouvelles vies d’étudiants ou de travailleurs.
Je vous quitte donc en vous souhaitant de belles vacances, mais avant cela il vous reste un numéro à dévorer !
Au revoir et bonne lecture,
Alexis de Maulde
Rédacteur en chef
¿Que pasa ?
Dans cette rubrique, vous pourrez découvrir les événements que vous avez peut-être manqués, ceux en cours ou à venir.
Pour commencer, nous allons revenir un peu en arrière.
Sport :
Côté sportif, nos athlètes ont eu la chance de pouvoir participer à deux championnats : le premier de natation (du 21 au 23 mai) à Lens et le deuxième d'athlétisme (du 28 au 30 mai). La course contre la faim s’est déroulée l'après-midi du vendredi 24 mai. L'événement organisé par l’HumanISM a permis de lever énormément de fonds pour l'association Action contre la Faim.
Concours classe de l'année :
Cette année a eu lieu pour la première fois le concours de classe. Les classes voulant participer se devaient de créer une vidéo afin de prouver qu'elles méritaient le titre. De plus les gagnants se sont vus offrir la possibilité de choisir les sonneries du 3 au 6 Juin.
Éco-délégués :
En parlant de nos éco-délégués, une manifestation s'est tenue le vendredi 31 mai à la plage de la Hoguette, près des Thermes de Saint-Malo, avec au programme plusieurs activités proposées afin de sensibiliser le public aux déchets sur les plages et à la pollution marine.
Sorties scolaires :
Au cours des dernières semaines, plusieurs élèves du lycée ont pu partir en sortie notamment à l’université de Rennes en partenariat avec BRIO, afin de découvrir les lieux. Quant à nos éco-délégués, ils se sont rendus à Océanopolis à Brest le lundi 3 juin en vue de leur intervention éco-conseiller de l'océan.
Soirée des talents :
La célèbre soirée des talents a été un grand succès, salle pleine pour de multiples représentations de nombreux élèves. Du théâtre avec des scènes poignantes à un DJ set de folie. Cela a été l’occasion de partager un moment de convivialité entre lycéens.
ATISM :
L'ATISM a mis en vente de merveilleux t-shirts en Mai. Cartons pleins une fois encore. Ces t-shirts seront l'occasion de toujours nous rappeler de cette magnifique année 2023-2024.
Revue de presse
L’été arrive, les vacances approchent
On ne peut évidemment pas passer à côté de cet événement. C'est celui que tout le monde a attendu avec impatience. Il s'agit bien évidemment du passage de la flamme olympique. En effet, samedi 1er juin, celle-ci est passée à Saint-Malo et en prenant un trajet bien défini de 4,2 km. Partant du Grand-Bé à 8h10, elle a fait ensuite le tour d'Intra-Muros, avant d'entamer une partie du Sillon pour se diriger vers le stade de Marville à 9h. Plusieurs animations gratuites ont été proposées, parmi lesquelles de l'animation musicale, des démonstrations de football freestyle et de break dance, ainsi que la présentation des porteurs de la flamme malouins. Ils étaient 17 et ont porté la torche entre 3 à 6 minute. Parmi eux, on peut citer le skipper Fabrice Payen, la navigatrice et cheffe d'entreprise Servane Escoffier-Burton ou l'athlète handisport Géraud Paillot, qui a couru avec un exosquelette.
La flamme olympique est restée jusqu'à 12h. Elle est ensuite repartie pour Rennes, et est arrivée le soir. La veille, la flamme a notamment fait un passage au Mont-Saint-Michel. Son parcours va continuer jusqu'au 26 juillet. A son arrivée à Paris, marquant le début des Jeux Olympiques 2024. Cela va aussi marquera la fin de son périple à travers la France, qui avait commencé le 8 mai à Marseille.
Et pour ceux qui auraient raté la flamme olympique, il sera possible de se rattraper ! En effet, le 25 août, Saint-Malo accueillera l'une des 12 flammes paralympiques. Mais ce ne sera pas qu'un simple accueil. C'est chez nous, que la flamme s'allumera avant de commencer son voyage vers Paris afin de rejoindre les 11 autres flammes qui seront allumées un peu partout en France. Un "double privilège ", comme ils disent à la mairie, "que peu de villes auront la chance de connaître" (Le Pays Malouin).
Du côté de la culture, la ville de Saint-Malo a accueilli le festival Étonnants voyageurs durant le weekend du 18 au 20 mai. Pour sa 34e édition, le festival a présenté quelques nouveautés. Une exposition a été consacrée à l'illustrateur américain Mikes Hyman, qui a réalisé l'affiche de cette édition. Cette édition a aussi la particularité d'avoir invité 12 auteurs et autrices québécoises. On y a vu des noms comme Audrée Wilhelmy ou Véronica Rioux. Mais plus que la littérature, c'est aussi le cinéma québécois qui s'est invité. Car contrairement à ce que l'on pourrait croire, le festival Étonnants Voyageurs parle aussi de cinéma. A été visionné par exemple le film Québékoisie de Mélanie Carrier et Olivier Higgins. Enfin, chose exceptionnelle, cette édition a aussi accueilli un prix Nobel. Olga Tokarczuk, prix Nobel de littérature en 2018, et auteure polonaise la plus traduite au monde, fait rarement des apparitions. Mais pour cette édition (ainsi que son seul déplacement en France cette année), elle a accordé un grand entretien le samedi. On pouvait aussi dialoguer avec sa traductrice en français, Maryla Laurent. Enfin, dernière nouveauté, et non des moindres, la partie "salon du livre" était cette année en accès libre, ce qui, semblerait-il, aurait augmenté la fréquentation. Comme tous les ans, les files d'attente ont été très longues et les visiteurs ont dû patienter un moment avant de pouvoir rencontrer leurs auteurs favoris.
Jade Lessirard
Voilà, c’est fini…
Vendredi 17 mai, le mandat 2022-2024 du Conseil Régional des Jeunes s’est clôturé avec émotion au sein de l’hémicycle. C’est la fin d’une aventure collective riche et formatrice pour 153 jeunes bretons engagés.
Une session pas comme les autres
À peine entrés dans l’Hôtel de Courcy, les jeunes élus montrent leur nostalgie de pénétrer dans l’hémicycle une dernière fois après 15 sessions plénières.
Ce sentiment se lit aussi sur les visages des adultes chargés d’accompagner les lycéens dans leur engagement. Chacun relate ce qu’il retient de cette expérience, les meilleurs moments, des anecdotes…
L’heure du bilan
Ce travail de récit de ces deux années au CRJ, se poursuit dans chaque commission. En communication, les jeunes ont réalisé une frise chronologique avec des photos et post-it collés sur quelques feuilles de papier. « Le résultat est top ! On se rend bien compte de tout ce qu’on a fait ! » s’exclame une élue de la commission. L’occasion aussi de se souvenir de certaines actions : « On a fait tellement de choses ! Les micro-trottoirs et le plateau TV m’ont vraiment marqué » poursuit un autre jeune. La présentation au Président de Région, Loïg Chesnais-Girard, des réalisations de la commission, est indubitablement un des moments les plus forts pour toutes les commissions. « On se sent écoutés et reconnus par le Conseil Régional » précise une élève de terminale.
Des projets concrets
Pour ce mandat, les 153 conseillers régionaux jeunes ont fait le choix de porter 10 projets qui s’inscrivent dans le temps. Parmi eux, la création du prototype d'une application nommée Breizh'pass, comportant une carte interactive des lieux et événements culturels bretons ; la mise en place d'une carte de fidélité, Breizh'imoine, pour faire évoluer le regard des jeunes sur le patrimoine breton ; la réalisation d'une série de podcasts s'intéressant au rapport des Bretons au littoral ; la mise en place d'une semaine des projets pour favoriser le bien-être des lycéens au sein de leur établissement, mais aussi la conception d'un jeu de société Sexpérience pour sensibiliser sur les IST, l'orientation sexuelle, la contraception, etc...
Une expérience riche
Gaby Cadiou, conseillère régionale en charge du CRJ, s'adresse une dernière fois à la jeune assemblée : « J'espère que vous allez repartir, comme moi, plus riches de cette expérience ». Ce que confirment de nombreux élus : « Nous avons le sentiment d’avoir beaucoup appris à tous les niveaux. Nous avons gagné en maturité et en confiance en nous. Se confronter aux points de vue de nos camarades venus de toute la région, nous a permis de faire évoluer nos opinions, de comprendre les attentes de chacun et d’adapter nos projets pour qu’ils conviennent au plus grand nombre ». Par ailleurs, le Président de Région, lors de sa venue le 15 avril, a tenu à féliciter les jeunes non seulement pour les projets réalisés, mais aussi pour leur aisance à l’oral.
« Les jeunes ont beaucoup évolué, ils ont acquis de nombreuses compétences qui leur serviront tout au long de leur vie. Grâce aux nombreuses personnalités qu'ils ont rencontrées, ils possèdent un carnet d'adresses précieux pour leur vie future. Je serai toujours présente pour les accompagner, en politique ou ailleurs », poursuit Gaby Cadiou, lors d'un échange en bilatéral.
Place à la relève
Il est temps de passer le flambeau à d’autres jeunes. « Foncez, osez ! », chacun semble vouloir transmettre les mêmes encouragements.
« N’ayez pas peur du côté institutionnel, au CRJ, on monte des projets ensemble, comme des amis, et tout le monde est bienvenu ! » souligne la co-présidente, dans une interview accordée à la Région.
La flamme du CRJ ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas. Rendez-vous en septembre pour de nouvelles élections !
Hortense Benoist
Interview du Maire de Saint-Malo, M Lurton
« La politique a toujours été pour moi un engagement. »
Pourriez-vous, en quelques mots, vous présenter ?
Bonjour, je m'appelle Gilles Lurton, je suis maire de Saint-Malo depuis juillet 2020. Avant cela, j'étais député à l'Assemblée nationale et je suis également président de Saint-Malo agglomération.
Quelles ont été vos études, du lycée jusqu'aux études supérieures ?
J'ai étudié au lycée Jacques Cartier à Saint-Malo où j'ai passé un bac D, une filière presque scientifique. Ensuite, j'ai étudié à la faculté des sciences économiques à Rennes, obtenant une maîtrise d'administration économique et sociale avec une option en droit public. Par la suite, j'ai préparé des concours administratifs pour les grandes écoles.
La politique a-t-elle toujours été un rêve pour vous ?
La politique a toujours été un engagement pour moi. Dès l'âge de 16 ans, je me suis engagé dans un parti politique et j'ai eu la chance d'être repéré par un homme politique, l'ancien maire de Saint-Malo. J'ai gravi les échelons progressivement, devenant conseiller municipal, adjoint au maire, conseiller départemental, député et enfin maire de Saint-Malo.
Quel était votre quotidien en tant que député ?
Mon quotidien était passionnant, partagé entre le travail à l'Assemblée nationale, où je votais les lois et travaillais sur des sujets comme la retraite, le handicap, et la sécurité sociale, et le travail dans ma circonscription, où j'étais proche des gens, les aidant à résoudre leurs problèmes et participant à de nombreuses réunions et manifestations.
Adhérez-vous au principe de non cumul des mandats ?
Non, je n'y adhère pas car cela m'a privé de mon mandat de député, ce qui a été un crève-cœur pour moi. Même si j'aime ma fonction de maire, abandonner mon mandat de député a été difficile car j'avais une passion pour ce que je faisais à l'Assemblée nationale.
Préférez-vous la fonction de député ou de maire ?
Les deux fonctions ont leurs attraits. Être maire est très concret et gratifiant car on est en contact direct avec la population et on réalise des projets tangibles. Cependant, j'aimais aussi beaucoup ma fonction de député.
Votre emploi du temps est-il typique chaque semaine ou très variable ?
Mon emploi du temps est très variable mais toujours très rempli. Je suis constamment sur le terrain, que ce soit pour des réunions, des manifestations ou des projets municipaux. Par exemple, ce week-end, j'ai assisté à plusieurs événements et, aujourd'hui, j'ai eu une réunion de directeurs, un conseil d'adjoints, des cérémonies de commémoration, et plusieurs autres engagements.
Pensez-vous que les fonctions de maire ou de député soient suffisamment bien rémunérées en France ?
Ce sont des fonctions et non des métiers. À Saint-Malo, ça va à peu près car c'est une grande ville, mais pour les élus de petites communes, il est souvent difficile de faire vivre une famille avec les indemnités qu'ils touchent.
Quelle est votre principale préoccupation en tant que maire ?
Tout est une préoccupation : le sport, les affaires sociales, la jeunesse, les écoles, la culture, et le développement durable. Par exemple, nous avons créé un skate park et nous travaillons à végétaliser les cours d'école et à décarboner les transports publics.
Comment fonctionne la prise de décision à Saint-Malo et comment les citoyens peuvent-ils proposer des choses ?
Nous avons un conseil municipal des jeunes et faisons beaucoup de concertations avec la population. Je tiens à écouter les propositions des jeunes et des habitants lors de réunions de quartier. Les décisions sont ensuite validées par le conseil municipal.
Vous avez évoqué la nécessité de réduire l'artificialisation des terres à Saint-Malo. Pouvez-vous nous en dire plus sur cet objectif
Absolument. Notre objectif est de parvenir à une zéro artificialisation nette d'ici 2031, ce qui signifie réduire de moitié les surfaces consommées par rapport à la période précédente, entre 2011 et 2021. Ensuite, entre 2021 et 2031, nous devrons nous limiter à la moitié de la consommation précédente, et à partir de 2031 jusqu'en 2050, atteindre zéro artificialisation. Cela implique de repenser notre urbanisme, en densifiant certains quartiers tout en préservant d'autres, notamment les quartiers pavillonnaires et balnéaires qui font le charme de Saint-Malo.
Comment envisagez-vous cette densification urbaine tout en préservant l'identité et la qualité de vie des quartiers ?
Notre approche consiste à concentrer la densification sur des quartiers existants qui nécessitent une revitalisation, tout en préservant les espaces naturels et les quartiers traditionnels. Par exemple, nous allons réaménager des secteurs comme l'avenue de Marville, la rue d'Alsace et l'avenue Aristide-Briand pour augmenter la densité de logements, tout en préservant les espaces pavillonnaires et en développant un mix de logements sociaux et accessibles à la propriété.
Vous avez évoqué la montée du tourisme à Saint-Malo. Comment gérez-vous cet afflux touristique tout en préservant la qualité de vie des habitants ?
Le tourisme est un pilier économique de notre ville, mais il est essentiel de gérer son impact sur l'environnement et la vie quotidienne des résidents. Nous cherchons à diversifier les attractions touristiques et à décongestionner les zones les plus fréquentées en développant des pôles d'attraction alternatifs. Par exemple, nous encourageons la visite du musée maritime pour déplacer l'affluence loin des zones les plus encombrées.
Parlons de votre engagement européen. Quelle est votre position sur les élections européennes et les enjeux actuels de l'Union européenne ?
Je soutiens François Xavier-Bellamy aux élections européennes en raison de son expérience et de ses convictions qui correspondent aux miennes. L'Europe joue un rôle crucial dans la résolution des problèmes actuels, notamment sur le plan économique et sécuritaire. Il est essentiel de maintenir une coopération solide entre les pays membres pour faire face aux défis communs.
Comment envisagez-vous la gestion de l'immigration en Europe ?
Il est nécessaire de réguler les flux migratoires de manière coordonnée entre les pays européens, tout en respectant les droits fondamentaux des migrants. Il faut trouver un équilibre entre l'accueil des personnes en situation de détresse et la préservation de la sécurité et de la stabilité de nos sociétés.
Quel est votre point de vue sur l'écologie et les normes environnementales européennes ?
Je considère que la transition écologique est indispensable pour assurer un avenir durable. Cependant, il est important de trouver un équilibre entre les impératifs écologiques et les réalités économiques, notamment pour les secteurs comme l'agriculture et la pêche. Il faut éviter les extrêmes et privilégier des politiques qui préservent l'environnement tout en soutenant les activités humaines.
Vous avez évoqué l'importance de la solidarité envers l'Ukraine et le maintien du drapeau ukrainien sur les remparts de Saint-Malo. Pourquoi cette position et quelles actions concrètes avez-vous entreprises en soutien à l'Ukraine ?
Saint-Malo a accueilli un nombre significatif d'Ukrainiens, offrant logements et soutien dans nos écoles. Nous avons ouvert un centre d'hébergement pour les Ukrainiens isolés à Notre-Dame-des-Chênes, à Paramé. Cet engagement envers les Ukrainiens déplacés par la guerre est une priorité pour notre ville. Le maintien du drapeau ukrainien sur nos remparts est un symbole de solidarité et de soutien à ceux qui ont fui leur pays en raison du conflit. Nous devons continuer à les accueillir et à les soutenir du mieux que nous pouvons.
Quelle est votre position sur le conflit actuel à Gaza et notamment la décision de la Cour Pénale Internationale de mettre en cause à la fois les dirigeants du Hamas et le premier minsitre israëlien Nétanyahou ?
Je n'ai pas d'avis là-dessus. Je pense que mon devoir est de rester neutre à l'échelle municipale, la symbolique des drapeaux est ici très forte !
En tant que maire, j'ai reçu des demandes contradictoires concernant l'affichage des drapeaux palestinien et israélien à Saint-Malo. Cependant, je préfère ne pas prendre position dans des conflits internationaux. Plutôt que de diviser, je choisis de maintenir la neutralité sur les murs de notre ville.
Sébastien Baslé, Alexandre Lepage, Océane Loret-Leonard, Gaëtan Echasserieau et Alexis de Maulde
Les élections européennes version 2.0
A l'ère du numérique, candidats comme partis tentent de tirer l'avantage des nouvelles technologies... pour le meilleur ou pour le pire ?
50 millions : c'est le nombre de Français qui utilisent les réseaux sociaux aujourd'hui, en 2024, soit près de trois Français sur quatre (selon l'étude Digital Report 2024). Toujours selon cette étude, nous passons en moyenne 1h38 par jour sur ces mêmes réseaux.
Ce qui en fait un terrain de jeux pour les personnalités politiques, pour leurs campagnes notamment...
Tous ces enjeux, les candidats l'ont bien compris, surtout que "62 % des Français s’informent via les réseaux sociaux, et c’est d’autant plus le cas chez les plus jeunes générations" (selon une enquête d'ARTE menée en juin 2022).
Les candidats se mettent à la page du numérique
Si l'on s'attarde, par exemple, sur les comptes Instagram des différentes têtes de listes pour les élections européennes, on remarque que la plupart d'entre eux sont massivement suivis : R. Glucksmann (PS) compte 756,000 followers, quand J. Bardella (RN) en compte 539,000. M. Maréchal (Reconquête), quant à elle, culmine à 172,000 abonnés. F. Bellamy (LR), lui, en possède 52,000. Seule "anomalie" de ce classement, V. Hayer, tête de liste de la majorité (Rennaissance), qui compte "seulement" 11,500 folllowers.
Cette popularité modérée pourrait expliquer, en partie du moins, les résultats peu engageants de sa liste pour le 9 juin. Ces chiffres sont très intéressants puisqu'ils permettent de mesurer quel candidat est plus ou moins populaire chez les jeunes, mais pas seulement, puisqu'aujourd'hui beaucoup de monde utilise les réseaux sociaux. A partir de ces comptes, donc, les candidats publient continuellement du contenu -des stories, des publications, mais également des réels, ces vidéos courtes façon TikTok, qui rencontrent un grand succès, notamment chez les plus jeunes, certaines étant visionnées jusqu'à plusieurs millions de fois. Chaque tête de liste innove à sa façon, pour tenter d'attirer la plus grande audience !
Les partis politiques optent pour la pub
Tout comme les candidats, les partis politiques tirent également partie des nouvelles technologies pour tenter de gagner des votes, pour les élections qui arrivent ce 9 juin. Le 29 mai dernier, Euronews a analysé quels sont les partis politiques en Europe qui paient le plus en vue des élections européennes. Par exemple, on apprend que le parti du premier ministre hongrois Viktor Orbán a dépensé plus de 60,000 euros pour une seule publicité, qui a tout de même été visionnée en 11 jours, plus de 10 millions de fois ! (soit plus que la population hongroise...). La Hongrie est loin d'être le seul pays où l'on peut observer ce genre de cas de figure, puisqu'il se passe la même chose dans plusieurs autres pays européens, comme en Belgique, où le parti d'extrême droite Vlaams Belang a dépensé entre 50,000 et 60,000 euros pour un spot de seulement 33 secondes...
Ces publicités sont-elles réellement utiles, ont-elles réellement un impact ? Ou au contraire, est-ce simplement de l'argent jeté par les fenêtres ? La réponse sera donnée le 9 juin !
TikTok, un réseau réellement neutre ?
Sur le très célèbre réseau social chinois, la plupart des utilisateurs sont jeunes : en effet, 55 % des 18-29 ans l'utilisent régulièrement en 2023, quand les chiffres atteignent 30 % chez les autres catégories d'âges (infographie Statista Consumer Insight). Ces jeunes sont pour la majorité des "primo-votants", c'est-à-dire qu'ils n'ont jamais voté auparavant, ou qu'ils se sont abstenus durant les précédentes élections. De plus, TikTok serait "la source d’information préférée des jeunes" selon une étude du Pew Research Center. Un terrain propice pour les candidats, qui peuvent donc "motiver" ces citoyens à aller voter pour leurs propres listes. Quand on regarde les chiffres des différentes têtes de listes des élections européennes sur TikTok, on remarque quelque chose de frappant : les têtes de listes de partis d'extrême droite sont les plus populaires, et de loin : ainsi, J. Bardella (RN) possède 1,3 millions d'abonnés sur la plateforme, et M. Maréchal (Reconquête), 155,000. Derrière eux, M. Aubry (LFI) avec 56,900 abonnés, F-X. Bellamy (LR) qui en a lui 9,449, et M.Toussaint (EELV) avec ce maigre score de 2,252, complètent ce classement.
De plus, en se rendant sur la dernière vidéo publiée par Bardella (RN) sur TikTok, qui a été vue plus de 500,000 fois en 20 heures, on remarque tout de suite que la vidéo tend à être la plus "dans l'ère du temps" possible (format portrait, vidéo plutôt courte, musique de fond, etc...) pour intéresser le plus possible le jeune public. Et quand on jette un oeil aux commentaires, on y découvre, assez étonnamment, qu'une grande majorité sont élogieux (cf. capture d'écran) à l'égard du candidat, et sont enthousiastes à l'idée d'aller voter pour sa liste le 9 juin. En tout cas, cette stratégie (entre autres) se révèle payante, puisque le candidat du parti d'extrême droite culmine à 35 % dans les derniers sondages (en date du 4 juin), devant la liste de V. Hayer (Rennaissance) à 15 %, et de R. Glucksmann (PS) à 15 %.
Serait-ce donc cela la formule gagnante, pour remporter une élection en 2024 ? Casser les codes traditionnels pour que cela parle mieux au jeune public ?
Réponse à suivre également ce dimanche, le 9 juin...
Louis Lessirard
Sources :
Statista, Euronews, TikTok, Instagram, WeAreSocial, TF1info, ARTE
Abstentionnisme, une démocratie en déclin ?
La baisse de participation depuis 20 ans est inquiétante en France.
La participation électorale est désignée comme symbole distinctif de vie dans une démocratie. Elle ne cesse cependant de s’amoindrir dans plusieurs pays d’Europe au profit d’une abstention significative.
En effet, depuis plusieurs décennies, hormis l’explosive élection de 2007, le paysage électoral français est marqué d’une tâche noire.
Mais alors, voit-on un déclin du civisme et un dégoût de la politique chez les Français et Européens ?
Cependant, la question de savoir si l'abstention signifie un déclin de la démocratie est complexe et multifacette. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette tendance croissante à l'abstention.
D'abord, le désenchantement vis-à-vis de la classe politique joue un rôle majeur. Les scandales, la corruption, et les promesses non tenues par les élus ont contribué à une perte de confiance des citoyens dans leurs représentants. Cette désillusion se traduit souvent par une forme de protestation passive : ne pas voter.
Ensuite, il y a le sentiment d'impuissance. De nombreux électeurs estiment que leur vote ne change pas grand-chose, que les choix offerts ne sont pas réellement diversifiés, et que les politiques mises en place sont souvent similaires, quelle que soit l'issue des élections. Ce cynisme peut mener à un désengagement complet du processus électoral.
Il est également important de considérer l’évolution des modes de vie et des attentes des citoyens. Les jeunes générations, en particulier, peuvent percevoir le vote comme un outil parmi d’autres pour exprimer leurs opinions politiques. Les manifestations, les pétitions en ligne, et les actions directes sont parfois perçues comme plus efficaces ou plus pertinentes.
Enfin, les conditions matérielles et pratiques de la participation électorale jouent un rôle. Des difficultés logistiques comme l’accès aux bureaux de vote, les horaires de travail, ou le manque d’information sur les élections peuvent dissuader certains électeurs de se rendre aux urnes.
Toutefois, il serait réducteur de conclure que l’abstention est uniquement synonyme de déclin démocratique.
En réalité, elle peut également refléter un besoin de réinvention de la démocratie et de ses modes de fonctionnement. Certains voient dans cette abstention une opportunité pour repenser et revitaliser les institutions démocratiques, en les rendant plus inclusives, transparentes, et participatives.
Par exemple, des initiatives comme le vote électronique, les consultations citoyennes, ou encore les budgets participatifs gagnent en popularité et offrent des voies alternatives d’engagement politique. Ces innovations montrent que les citoyens ne sont pas nécessairement désintéressés de la politique, mais qu’ils cherchent des moyens plus adaptés à leur époque et à leurs préoccupations pour s’impliquer.
L'élection européenne du 9 juin a montré un autre visage, avec un taux d’abstention de 48,6 %, en baisse par rapport aux scrutins précédents. Cela pourrait indiquer un regain d'intérêt pour les enjeux européens ou un succès des initiatives visant à encourager la participation électorale.
En conclusion, si l’abstention électorale peut sembler alarmante, elle doit être analysée dans un contexte plus large de transformation des pratiques démocratiques. Plutôt que de voir en elle un signe de déclin, il peut être plus constructif de la considérer comme un indicateur de la nécessité de renouveler et de moderniser nos systèmes politiques pour mieux répondre aux attentes et aux besoins des citoyens d’aujourd’hui.
Le test pourra avoir lieu le 30 juin et le 7 juillet après la victoire du Rassemblement National aux européennes et la dissolution de l'Assemblée Nationale annoncée par le président Emmanuel Macron. L'occasion pour les Français de s'exprimer aux urnes pour un nouveau scrutin législatif.
Alexis de Maulde - Rédacteur en Chef
sources : BFMTV, CNEWS, LE FIGARO et LCI
Entretien avec M. Dolowy sur la démocratie.
M. Dolowy enseigne les Sciences politiques au lycée. Dans ce contexte d'élections européennes, il a généreusement répondu à nos questions sur la démocratie.
Pourquoi voter est un droit et non pas un devoir en France ?
Dans une démocratie représentative, le vote est une invitation à se prononcer sur qui l'on juge plus compétent pour conduire les affaires de la communauté. On nous demande donc de faire un choix, c'est-à-dire d'exercer sa liberté. En cela, nous retombons sur la définition d’un droit qui est un principe de liberté accordé aux individus par la loi, tandis qu'un devoir est une obligation ou une responsabilité que les individus doivent remplir, tout au moins ici, envers la société. Votre question en arrière-fond interroge sans doute l’abstention grandissante dans nos sociétés, mais imaginez que l'abstention soit réprimée par la loi, cela en reviendrait à nous contraindre d'être libre, c'est un pas que nos amis belges ont franchi.
En revanche, il est vrai que vivant dans la cité, mon vote renvoie à une responsabilité morale envers les autres et cette dernière est consubstantielle de la liberté. Agir en sens inverse (ou plutôt ne pas agir), cela en revient à s'abstenir comme un idiot, au sens où les Grecs l’entendaient, à savoir se prendre pour le nombril du monde.
Selon vous, l'éducation à la démocratie dans le milieu scolaire est-elle suffisante ?
Je pense qu'il ne faut pas se contenter d'éduquer à la démocratie mais qu'il faut voir plus large et éduquer au politique. En effet si l'on se contente d'éduquer à la démocratie, cela en revient à déjà partiellement choisir pour l'élève et futur citoyen. Il vaut mieux que ce dernier se rende compte par lui-même des avantages et des éventuels inconvénients de ce système, sinon, en cas de temps difficiles, il pourrait être tenté de le rejeter.
Je vous invite à méditer cette citation de Brecht :
« Le fascisme n'est pas le contraire de la démocratie, mais son évolution par temps de crise ».
On nous apprend que la désinformation est de plus en plus présente dans nos sociétés. Si c'est bien le cas, selon vous une démocratie pourrait-elle y survivre ? Et si oui, par quels moyens ?
Littéralement, informer cela revient à mettre en forme, c'est-à-dire bâtir un narratif autour d'événements qu'il s’agit de restituer. En cela, je me méfie des éventuelles tournures que peuvent prendre la lutte contre la désinformation. Soit, une nouvelle est fausse (on aurait vu le monstre du Loch Ness dans la Rance) soit elle est vraie (un équipage envoyé par la NASA a aluni le 20 juillet 1969) et cela relève avant tout du sens critique de chacun et surtout de sa capacité à l'exercer et cela, quelle que soit l'époque. Une information, c'est donc la restitution d'une nouvelle, exposée d'un certain point de vue.
Aujourd'hui, il y a une multiplication des informations, mais peut-être pas des points de vue. Attention à ne pas instrumentaliser la lutte contre la désinformation pour discréditer tous point du vue dissidents et finalement arriver à une pensée unique, poison mortel pour une démocratie. D'autant que cette désinformation est bien moins dérangeante quand elle est tarifée. Ainsi Total peut s'acheter une réputation de défenseur de la planète, ce qui semble bien moins émouvoir les chaînes chargées de cette lutte contre la désinformation, mais dont les moyens de subsistance proviennent avant tout des recettes publicitaires.
De plus, une grande quantité d’informations ne garantit en rien sa qualité ; bien au contraire, en devant redoubler de vigilance on peut même épuiser cette dernière. Ce qui peut faire le lit des démagogues de tous poils de moustaches.
S'abstenir ou voter en étant mené par nos peurs : ces actions peuvent-elles être considérées comme des outils permettant une démocrature ?
Oui, ce système est la destination toute trouvée où peut mener l'idiotie. Cerise sur le gâteau : on a malgré tout l'impression d'être ailleurs.
Pourquoi la démocratie est-elle importante ?
On peut paraphraser Churchill à savoir que « la démocratie est le pire des systèmes, à l'exception de tous les autres ». Cependant, je n'ai pas souvenir qu'il ait dit pourquoi. On peut tenter une hypothèse, Si l'essence de l'homme c'est la liberté, il est sans doute le système politique qui lui laisse le plus de place. En cela, il est le milieu adéquat pour que l'individu puisse s'épanouir. Mais dans un monde où certains tiennent la dérégulation comme un horizon indépassable, attention à ce que la liberté des uns ne s'assoit pas sur celles des autres, sinon…
Nous remercions M. Dolowy pour sa participation.
DuguayTrouin1
« L'insoutenable légèrete de l'être », l'évanescence du sens et de la vie
Es muss sein !
"Qu'est-il resté des agonisants du Cambodge ?
Une grande photo de la star américaine tenant dans ses bras un enfant jaune.
Qu'est-il resté de Tomas ? Une inscription : Il voulait le Royaume de Dieu sur la terre.
Qu'est-il resté de Beethoven ?
Un homme morose à l'invraisemblable crinière, qui prononce d'une voix sombre : "Es muss sein !"
[...] Et ainsi de suite, et ainsi de suite."
Ces quelques lignes résument bien, si ce n’est le propos, du moins l’état d’esprit du chef d'œuvre de Milan Kundera. Le cinquième roman de l’écrivain tchéque, publié en 1984 raconte l’histoire de différents personnages pris dans le maelstrom de l’histoire dans les années 60 et 70 en Tchécoslovaquie, sous le joug communiste.
La force de ce roman, est de savoir allier à la fois littérature et réflexion, art et philosophie. Le roman commence ainsi par nous parler de Parménide, de sa façon de diviser le monde entre caractères positifs et négatifs, et en particulier sur la dichotomie entre “légèreté” et “pesanteur” :
“Une seule chose est certaine. La contradiction lourd-léger est
la plus mystérieuse et la plus ambiguë de toutes les
contradictions.”
Pour étayer sa réflexion, il introduit différents personnages, tous aux prises avec ces deux “pôles” de l’existence :
- Tomas est un chirurgien. Intelligent et séduisant, il mène une vie de libertin et ressent un profond vide intérieur. Figure de l'ambiguïté, il se débat avec ses propres contradictions et ses sentiments pour Tereza.
- Tereza est la jeune épouse de Tomas. C'est une femme douce et fidèle, elle incarne la morale, prônant l’amour pur.
- Sabine est une artiste peintre, maîtresse de Tomas. Elle est une femme indépendante et rebelle qui rejette les conventions sociales et s'engage dans des relations sans attaches. Sabine représente la légèreté et la modernité.
- Franz est un intellectuel idéaliste genevois, amant de Sabine. Politiquement engagé et en constante quête de la vérité, il se débat avec des dilemmes moraux. Englué dans un mauvais mariage, il représente la pesanteur et l'attachement à l'ancien monde.
Il faut vraiment comprendre que ce roman, se lit au prisme de cette distinction, à l’instar du contexte politique, autour du printemps de Prague notamment, également très important pour Kundera : l’Occident est vu comme une incarnation de la légèreté, et le monde soviétique, l’incarnation de la pesanteur, qui, poussée à l’extrême, confine au ridicule, à une esthétique de la vie de mauvais goût, le “kitsch”, un autre concept développé par Kundera, désormais entré dans le langage courant.
"Le kitsch, par essence, est une négation totale de la merde"
Le kitsch exclut de son champ de vision tout ce qui est intrinsèquement inacceptable dans l'existence humaine.
Le kitsch se présente comme une réalité parfaitement acceptable, mais artificielle, rendue possible seulement par des manipulations artistiques ou autres. Kundera le dépeint comme un voile de pudeur jeté sur la merde du monde, utilisé par toutes les grandes idéologies : kitsch catholique, protestant, juif, communiste, fasciste, démocratique, féministe, européen, américain, national, international.
L'antithèse du kitsch, c'est le doute : "Au royaume du kitsch totalitaire, les réponses sont données à l'avance et excluent toute question nouvelle. Le véritable adversaire du kitsch totalitaire, c'est l'homme qui interroge."
La troisième grande réflexion philosophique de ce roman concerne le temps, pour Kundera, le fait que la vie ne puisse se vivre qu’une seule et unique fois rend tout ce que nous faisons profondément évanescent. Il reprend à cet égard le proverbe allemand : “Einmal ist keinmal”, “une fois, c’est jamais”. Ainsi, Tomas, se reproche son indécision, mais finit par accepter que ne pas savoir ce qu'on veut est normal car « on n’a qu’une vie et on ne peut ni la comparer à des vies antérieures ni la rectifier dans des vies ultérieures.
Milan Kundera est existentialiste, et quoique très différents, semble, à l’instar des Frères Karamazov de DostoÏevski, objet de la précédente rubrique littéraire, tenter, à sa manière de donner du sens à la vie de personnages où les valeurs morales relatives et “kitsch”, les confine à se débattre entre deux appels distincts : la légèreté et la pesanteur.
Finalement, l’Insoutenable légèreté de l’être se révèle être semblable à la musique de Beethoven, que l’on retrouve tout au long du roman, et notamment, à son leitmotiv “Es muss sein !”, “Il le faut !”, c’est cela que se répètent les personnages, pour avancer, l’art est le dernier refuge pour ne pas succomber à la folie. À bien des égards, nous sommes tous un peu Tomas, Tereza, Sabina et Franz, à la fois, apprenons d’eux, et avançons. Es muss sein !
Alexandre Lepage
Concours photos
Bonjour a tous,
Je suis heureux de ces deux années passées à organiser le concours photos, cala aura été une réelle expérience et un très bon moment à vos côtés. Avec le jury, nous n’oublierons pas les chefs d’œuvres que vous nous avez proposés. Nous ne vous remercierons jamais assez pour ces deux belles années.
La relève est désirable, je compte sur vous ! Une occasion pour vous de devenir jury et de voter pour de très belles photos.
Au plaisir,
Dégainez vos appareils !
Alexis de Maulde
L’Eurovision 2024
Le 68eme concours Eurovision de la chanson s’est déroulé le samedi 11 mai 2024 à Malmö en Suède, suite à la victoire de la chanteuse suede Loreen grâce à son titre Tattoo l’année dernière à Liverpool. Cette édition 2024 est remportée par Nemo, artiste suisse grâce à sa chanson “The code”, abordant la non binarité de ce dernier ainsi que les difficultés rencontrées lors de son cheminement autour de son identité de genre. Son chant mêlant différents genres de musique tels que le rap, la pop et l’opéra a été fortement appréciée par le jury.
Ce dernier est suivi du croate Baby Lasagna, pourtant désigné comme le favori par les bookmakers. Il a cependant obtenu le plus de votes de la part des téléspectateurs. L’Ukraine est quant à elle à la troisième place suivi du français Slimane qui donne à la France la quatrième position !
Alannah Henry
Sorties ciné
The Fall Guy :
Sortie en salle le 1er mai 2024, le jour de la fête du travail, coïncidence, je ne crois pas pour ce film qui met le métier plus que dangereux de cascadeur en lumière. Cette fois-ci, ce n’est pas Brad Pitt, mais Ryan Gosling qui se prête au jeu du réalisateur américain David Leitch, qui avait conquis le public avec son précédent “Bullet Train”. Dans ce film, nous pouvons suivre les péripéties de Colt Seavers sur le tournage d’un futur blockbuster. Leitch, en tant qu’ancien cascadeur, réussit à nous proposer des cascades bluffantes et ambitieuses. Dans ce film, nous pouvons aussi retrouver Emily Blunt, Aaron Taylor-Johnson et Hannah Waddington
Furiosa : une saga Mad Max
Réalisé par Georges Miller, cet opus, sorti le 22 mai 2024, a pour vedette Anya Taylor-Joy et Chris Hemsworth. L’univers inspiré de la crise de pétrole de 1973 qui avait marqué le jeune étudiant de médecine à rempiler pour un cinquième film. Celui-ci, se situant avant Fury Road (le précédent film), nous apporte des effets spéciaux originaux et une mise en scène époustouflante.
JEU - MOTS MÉLÉS
Retrouvez le nouveau jeu de ce numéro et les réponses du dernier.
Réponse en page 19.
« J'adore dire que j'ai été cheffe crêpière ! »
Rencontre avec Madame Lemare, professeure en STMG, avec un parcours très divers !
Pourriez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Géraldine Lemare. Enseignante en filière STMG, enseignante depuis 11 ans. J’enseigne le Management, les Sciences de gestion et du numérique en classes de première et terminale. Je fais aussi la spécialité Ressources humaines pour les terminales STMG. Cette année, j’ai commencé à faire de la SES en seconde. Je suis également professeure principale en terminale STMG. Je suis ravie d’être arrivée cette année à l’institution.
Pourriez-vous nous décrire votre parcours, formations…
Alors c’est un peu compliqué.
J’ai eu un bac A1 qui correspond à un bac Littéraire/Maths, mais je détestais les Maths.
Les profs ont insisté pour que j’aille dans cette spécialité : ils disaient que j’étais fainéante. J’ai tout de même eu mon Bac avec mention, mais avec un 4 de moyenne en Maths, avec un coefficient équivalent aujourd’hui à 10. Heureusement, j’avais de très bonnes notes ailleurs. Ensuite, j’étais perdue, je ne savais pas vers quoi m’orienter. J’ai donc fait mine de m’inscrire à la fac, mes parents s’en sont rendu compte et ils m’ont envoyée en Allemagne en tant que fille au pair en Bavière. Quand je suis revenue en France, je ne savais toujours pas ce que je voulais faire. Je me suis donc dirigée vers une fac d’allemand, mais le souci était que j’avais appris le patois, le bavarois, je ne savais pas parler allemand ; cela n’a pas fonctionné. Puis, j’ai essayé en Psychologie : j’ai fait un an et j’avais l’impression de voir tout le monde malade ; je me suis rendue compte que ce n’était pas pour moi non plus. Je me suis orientée ensuite en Arts du spectacle, option Théâtre. Encore un échec. A l’origine, je voulais faire un bac A3 avec une option Théâtre mais mes parents s’y sont opposés ; c’est une vraie déception pour moi d’avoir fait Maths. Après ces années à la fac, j’ai tout arrêté. Je suis partie travailler en tant que saisonnière et je suis devenue cheffe crêpière. L’été à la mer, l’hiver à la montagne. Super expérience ! Après quelques années, j’ai voulu reprendre des études : à 27 ans, j’ai fait un DUT Techniques de commercialisation en accéléré en un an à la fac de Caen, avec des cours du lundi au samedi sans vacances. C’était génial, j’étais vraiment heureuse, je suis sortie major de promo. Ensuite, j’ai décidé de poursuivre mes études avec Erasmus. J’ai donc continué mes études en Irlande et j’y ai vécu 6 ans. J’ai fait mon Bachelor, mon Honours et mon Master en Irlande en Business management spécialité Entrepreneuriat et Marketing. J’ai ensuite travaillé en tant que directrice Marketing dans une maison d’édition au Trinity College de Dublin, pendant 1 an et demi. "Il faut aller en Irlande absolument allez y, c’est génial !"
Puis, je suis devenue formatrice en gestion des médias sociaux auprès d’entrepreneurs, mais avec la crise des Subprimes, tout est devenu compliqué. J’ai décidé de rentrer, car il y avait de gros soucis d’emplois en Irlande ; j’avais la sensation de prendre le boulot des Irlandais. En rentrant, un ami prof en BTS Electro-technique m’a suggéré de faire des remplacements de professeurs en attendant de trouver autre chose, et après un an de remplacement j’ai passé le concours du CAPET que j’ai eu et depuis je suis professeur. J’ai été prof à Granville en BTS Banque, ensuite je suis allée 4 ans à Bordeaux avec des premières et terminales STMG et maintenant à Saint-Malo avec des secondes, premières et terminales.
Vous avez eu un parcours très divers. Vous n’avez pas de regret par rapport à ce choix de devenir professeur ? Qu’est ce qui vous plaît le plus en tant que professeur ? Et le moins ?
J’ai tellement changé de métier que si mon métier ne me plaisait pas, je ne me prendrais pas la tête, je changerais, direct.
Je fais un peu de théâtre en classe, je monte sur scène devant ma classe tous les jours et ça, ça me tient vraiment à cœur.
J’adore transmettre aux autres, le monde de l’entreprise, le management, réellement j’adore ça. Je suis une fan de management, d’économie, de droit, des ressources humaines. J’ai réellement faim d’actualité tout le temps.J’étais d’ailleurs déjà une élève très curieuse et avec le temps, je ne change pas, je peux écouter la radio en lisant un article de presse. En revanche, ce que je déteste le plus dans mon métier c’est la discipline : c’est là où je suis la moins bonne ; je déteste la faire et ça se voit parce que je vais être de mauvaise humeur. J’estime aussi être avec des lycéens, pas des enfants. C’est pas simple.
Maintenant, pouvez-vous nous décrire la STMG ? On entend souvent circuler des rumeurs sur cette filière. Que pouvez-vous nous en dire ?
La filière STMG est victime d’énormément de préjugés.
C’est une approche différente de l’enseignement. Mais elle est vraiment précieuse !
En filière générale, on enseigne la théorie et, à partir de la théorie, on va donner aux élèves des exemples concrets.
En STMG, on présente plutôt des cas pratiques et, à partir de là, on fait naître la théorie.
En STMG, on n’est pas dans la soif de connaissances pour la connaissance ; on est dans la soif de connaissances pour mieux comprendre le monde, la pratique, la gestion des organisations, l’actualité.
C’est vrai que depuis quelques années, on a eu tendance à orienter les élèves un peu perdus en STMG. Mais nous savons aujourd'hui qu’il faut avoir une fibre pour la gestion, l’actualité, l’économie, le droit et le management, pour réussir dans cette filière unique et très enrichissante.
Si je reprends mon exemple personnel, si j’avais été orientée en STMG dès la seconde. j’aurais fait directement mon DUT, sans me chercher pendant 10 ans.
La STMG aujourd’hui, ça change : le rectorat veut en faire une filière d’excellence et, personnellement, ça fait longtemps que je dis à mes élèves qu’ils sont dans la filière d’excellence, je leur répète qu’ils sont les décideurs de demain.
La STMG, c’est la filière qui va former aux métiers du management, de la gestion (finance, marketing, ressources humaines, système d’information). Des métiers qui sont aujourd’hui les plus porteurs au niveau du PIB, car ils sont au cœur même du capital productif de nos sociétés..
En filière générale, nous sommes dans le savoir. En STMG, nous sommes dans le savoir -aire, on applique le savoir !
Dans notre économie, les deux filières sont toutes aussi importantes, car elles sont interdépendantes ; elles se nourrissent l’une de l’autre.
Le métier de vos rêves quand vous étiez enfant ?
Je voulais être actrice au théâtre ou prof d’Anglais.
Si vous pouviez choisir une autre matière à enseigner, le feriez-vous et si oui laquelle serait-ce ?
L’anglais : je suis presque bilingue, je regarde des films en anglais, j’écoute la BBC. D’ailleurs , il faut absolument aller en Irlande, c’est génial, allez y vraiment. C’est un peuple et un pays exceptionnels. Je fais aussi l’enseignement management en anglais, en ETLV.
Quels sont vos loisirs, vos passions ?
J’ai plein de loisirs : lire la presse, les sports de mer comme la voile, le longe côte, je me baigne toute l’année. La photo aussi, même si j’ai arrêté depuis 5 ans, j’aimerais m’y remettre :, j’adore passer des heures sur une photo, je retouche beaucoup mes photos, j’aime qu’on ne puisse pas savoir ce que j’ai pris en photo tout en inspirant une curiosité dans le regard. J’aime faire à manger, des crêpes par exemple, et je vais à l’aquatonic 3 fois par semaine ! Je fais aussi beaucoup de vélo : aller au travail en longeant le sillon reste le plus grand luxe à mes yeux !
Comment vous voyez-vous dans 10-15 ans ?
Alors là, je ne sais pas. Pour le coup, je ne suis pas une gestionnaire sur le long terme. Enseignante, je ne pense pas ; je me suis toujours dit que je serais une vieille psy. Je sais qu’à la retraite j’aimerais faire de l’accompagnement psychologique des jeunes. Continuer à travailler, mais plus dans l’enseignement, plutôt dans l’écoute, l’accueil, ce dont je ne suis pas encore tout à fait capable de faire, j’avoue. Je ne me vois pas rien faire à la retraite. Peut- être monter ma boîte, parfois j’y pense : j’aurais bien aimé avoir un petit bar avec des mix de DJ, de la bonne musique. Je ne me vois pas forcément voyager non plus à travers le monde. J’adore l’Europe, mais je n’aime vraiment pas les pays chauds, je ne supporte pas la chaleur. Pour moi, on a une des plus belles régions du monde, je ne vois pas pourquoi je partirais voir ailleurs, je suis bien ici.
Vos auteurs préférés ?
Tout le monde devrait lire Maupassant, Zola et Giono en termes de romans c’est vraiment très philosophique et hautement sociologique. En ce moment, je lis beaucoup Junji Ito. C’est du manga graphique d’horreur hautement philosophique et sociologique aussi. Je suis en train de faire la collection et je le conseille vraiment. Donc, si j’ai réellement un style littéraire favori, en ce moment, ce serait le roman graphique ; c’est ce qui me permet de me détendre vraiment.
Retrouvez une interview exclusive sous le format 1 min de Madame Lemare sur notre Tik Tok et notre Instagram (le.kelaouenn )
Alexandre Lepage, Elsa Buan, Erwan Lanoë, Alexis de Maulde
Interview de Fabrice Payen
Porteur de la flamme olympique à Saint- Malo
Le vendredi 14 Octobre 2022, le lycée accueillait le skippeur malouin Fabrice Payen pour évoquer sa participation à la Route du Rhum édition 2022. Cette interview a été réalisée en collaboration avec les élèves de Seconde de l'ensemble scolaire Maîtrise de Massabielle, situé à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. Ces derniers nous ont aimablement demandé de poser leurs questions à Monsieur Payen, ne pouvant le faire convenablement en Visio depuis la Guadeloupe.
Fabrice Payen, 54 ans aujourd'hui, est né le 18 novembre 1968 à Maison Alfort. Elevé à Saint-Malo, il a notamment étudié au lycée Institution. Pratiquant la voile dans son enfance, il devient capitaine dans la Marine marchande pour un total de 20 ans d'expérience de navigation professionnelle.
Victime d'un accident en 2012 et ne pouvant plus exercer son activité professionnelle, il décide d'être amputé et prend une nouvelle direction de carrière. C'est ainsi qu'en 2018, il participe pour la première fois à la Route du Rhum.
Cette année, il retente l'expérience et fait cap vers l'inclusion avec son association « Team vent debout ».
Pour quelles raisons participez-vous à la Route du Rhum et quelles sont vos ambitions sur cette édition de la course ?
En 2018, lors de ma première participation, j'étais dans le cadre d'un projet personnel, un élan d'égo, de vouloir me montrer que j'étais encore apte à quelque chose. Ça faisait partie de mon processus de résilience : cet élan vital qui donne envie de se surpasser. Cette année le projet est différent : il est de l'ordre de l'intérêt général, l'idée étant de faire évoluer les regards sur le handicap, apporter ma contribution à faire changer la situation en France an niveau du handicap (première cause de discrimination en France) et de l'inclusion. Cela je le fais à travers mon association « Team vent debout » et des partenaires qui m'accompagnent. J'ai d'ailleurs la chance d'avoir le département comme partenaire qui me soutient dans ce projet. Puisque je ne suis pas parvenu à finir la course en 2018, je voudrais déjà réussir à le faire cette année. L'idée est de porter un message encourageant pour une meilleure inclusion des handicapés et personnes âgées dans la société.
En parlant d'inclusion, trouvez-vous que la voile est un sport inclusif ?
Oui, c'est certain. C'est une des rares disciplines à l'être puisqu'il s'agit d'un sport mécanique. En 2018, lorsque je me suis mis en tête de participer à la course je craignais la réticence de l'organisation, car une telle traversée équipée d'une prothèse comme la mienne, ça n'avait jamais été fait auparavant. Cependant dès lors que l'on prouve qu'on peut naviguer dans les critères de course et que l'on passe les qualifications, il est tout à fait possible de faire ce sport. Je peux citer mon exemple, moi qui navigue avec une jambe artificielle ou celui de Damien Seguin qui a fini 10ème du Vendée Globe en n'ayant qu'une seule main, donnant du crédit à d'autres participations handisports.
Parlez-nous un peu de votre vision du handicap et de ce que le vôtre a eu comme impact sur votre vie ?
Puisque vous êtes tous étudiants, j'aimerais d'abord vous donner un chiffre : 50 % des enfants en situation de handicap sont scolarisés dans des établissements liés à l'Education Nationale et peu d'aide est mise en place en réalité, ce qui rend très compliqué l'accès à l'éducation en réalité, idem pour le travail. Pourtant le handicap peut être une force dans les valeurs qu'il apporte, notamment pour ce qui est de l'échange et de l'évolution communautaire.
Pour ce qui est de ma situation, l'accident que j'ai vécu et le handicap qui a suivi a eu un certain impact sur ma vie, d'abord parce qu'il faut faire le deuil de qui j'étais et qu'il m'a fallu considérer ce qu'il me restait... ce qui a été forcément très difficile. Enfin et vous vous en doutez, le regard des autres souvent déplacé ou juste curieux est très pesant et n'aide pas à évoluer.
Comment ça se passe lorsque vous naviguez en solo, notamment avec une telle contrainte ? Y-a-t-il une journée-type ?
D'abord, c'est quelque chose de particulier la navigation en solo, il faut vraiment aimer ça et malgré le fait que les skippers y soient généralement habitués. Dans mon cas, j'écoute des podcasts et de la musique pour passer le temps.
Autrement il n'y a pas vraiment de journée-type, puisque l'on agit énormément en fonction de la météo ; elle peut nous mettre dans des situations très compliquées en quelques heures, le rythme est toujours différent.
Si je devais donner des éléments qui se répètent dans les journées de traversée, je dirais des phases de repos, de manœuvres, des moments où je prévois ma navigation en étudiant la météo et il arrive que nous ayons des interviews pendant la course.
Enfin, comme vous le voyez pour pouvoir me déplacer j'ai ici une prothèse qui a plusieurs fonctionnalités électroniques. Elle a été fabriquée par un prothésiste rennais et a connu plusieurs améliorations afin d'être parfaitement adaptée à mes besoins notamment liés à la navigation (étanchéité, batterie...). Malgré tout, les déplacements sur le bateau restent difficiles.
Ce n'est pas votre première course, vous avez en effet participé à la Route du Rhum 2018. Quels souvenirs en gardez-vous ?
Je garde un excellent souvenir de la première route du Rhum notamment du départ qui a été pour moi un moment magique avec beaucoup d'émotions. La météo était en plus très favorable, ce qui a rendu le départ encore meilleur.
Seulement, je n'ai pas pu finir la course, car le mât de mon bateau s'est cassé rendant la poursuite de la traversée impossible. J'ai réussi malgré tout sans voile ni moteur à regagner les côtes et ainsi sauver mon bateau, qui est toujours là aujourd'hui, mais j'ai été sidéré de voir ça et j'ai alors éprouvé un vrai sentiment de gâchis : tout s'arrête sur une casse matérielle.
Pouvez-vous nous parler un peu plus de votre bateau ? Ses spécificités ? De quelle manière l'avez-vous financé ?
Alors le bateau que j'ai là, c'est un très vieux bateau, il a presque 35 ans. C'est un trimaran que j'entretiens de la manière la moins polluante possible, selon le principe de commerce triangulaire en réutilisant des matériaux inutilisés. Depuis l'incident de 2018, je fais plus attention et navigue avec plus de souplesse. Je concours dans la catégorie Rhum Multi.
Pour ce qui est du financement, et bien, c'est un vrai métier à temps plein ; je suis en quelque sorte auto-entrepreneur. Faire la route du Rhum est un projet qui coûte cher et il faut trouver des sponsors et autres partenaires. Contrairement à ce à quoi l'on pourrait s'attendre, le handicap m'a en quelque sorte permis de faire la course car j'avais une histoire à raconter et des valeurs fortes et inspirantes à véhiculer, ce qui a intéressé les entreprises.
Que pensez-vous de la tournure que prend l'édition 2022 sur l'afflux de touristes attendus et sur les inquiétudes de certains sur les aspects écologiques et environnementaux ?
Il est vrai que la Route du Rhum est un événement victime de son succès qui devrait déranger pendant une bonne période la circulation dans Saint Malo, mais d'un autre côté c'est très intéressant pour les commerçants qui sont contents.
D'un point de vue environnemental, je comprends les inquiétudes notamment vis-à-vis de la Pointe du Grouin et du Cap Fréhel qui se retrouvent abîmés lors du départ et je dois reconnaître que la voile n'est pas un sport aussi vertueux et vert que cela par la course à la technologie qu'elle engendre.
Néanmoins, certaines associations sont engagées sur ces points et on ne peut qu'espérer que tout se passe bien.
Comment voyez-vous la suite ? Participerez-vous à d'autres courses ?
Non, ou du moins je ne l'espère pas. Je souhaite en premier lieu finir ce projet et je reste concentré sur le présent et cet objectif là. A la suite de cette aventure, je pense que j'essaierai de me poser et de me recentrer sur ma vie de famille. À l'avenir, je n'espère que des victoires.
Comment vous êtes-vous préparer pour cette édition 2022 ?
Je ne me considère pas comme un sportif de haut niveau. Cependant, j'essaye de me maintenir en forme sans forcément suivre d'entraînement spécifique hors de ce qui concerne la navigation en solitaire.
Ce sont les seuls points sur lesquels je me suis concentré avec notamment la pratique de la méditation afin de compenser le sommeil fractionné.
Si vous deviez donner 3 mots pour décrire votre état d'esprit, lesquels choisiriez-vous ?
Pas la performance assurément (rire), mais je dirais Partage, Communication et Contribution. Je désire apporter ma pierre à l'édifice de la lutte en faveur du handicap. J'aborde cette course avec plus de sérénité, j'ai appris à appréhender certains aspects de la préparation, de la course.
Pour terminer, auriez-vous des conseils à donner à nos lecteurs ?
On a tous en nous des capacités qu'on ne connaît pas : c'est une chose que l'on peut découvrir en pleine mer ou à n'importe quel moment dans notre pratique sportive ; on possède une énergie insoupçonnée.
Dès qu'on a une passion, il faut y aller : il faut se garder du temps pour assouvir sa passion sans forcément en faire un métier.
Interview réalisée en octobre 2022 par Thomas Fourel, Erwann Crohin, Alexandre Lepage, Arthur Lecomte et Alexis de Maulde
RESULTAT JEU
Parlement
Eurodéputé
Commission
Conseil
Europe
Parti
Politicien
Démocratie
Strasbourg
Bruxelles
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