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N° 1 - Février 2023 | www.accoord.fr/nc_centre/m-q-breil/ |
Édito
En mettant l'ici et l'ailleurs à l'honneur et par l'écriture, TERRES DE BREIL est un espace d'expressions et d'échanges entre habitants d'un même quartier : Breil-Malville.
C'est également, la rencontre entre un journaliste, un groupe d'habitants et des professionnels du quartier pour écrire et animer un nouvel espace de dialogue et de partage d'informations locales. Une manière de promouvoir et de fédérer des habitants autour d’un projet d’écriture participatif, d’information et de communication.
Concrètement, de la conception, à la rédaction des articles, aux prises de photos, il s’agit de mettre les habitants volontaires dans la « peau » d’un(e) journaliste professionnel(le), pour regarder son quartier autrement, rencontrer ses voisins, échanger avec les commerçants, les professionnels : interpeller ceux qui agissent pour l’avenir et l’évolution du quartier.
Comme des passeurs d'histoires individuelles et collectives, les membres du comité de rédaction ont cherché, pour ce premier numéro à croiser leurs pratiques du quartier, leurs regards sur des sujets de préoccupations quotidiennes : le cadre de vie, l'emploi, l’accès aux droits, la culture, les solidarités, l'actualité locale, bref le vivre-ensemble.
Dans ce premier numéro, vous trouverez différentes rubriques qui illustrent cette volonté commune de parler du Breil-Malville autrement.
Bonne lecture !
Tahir THIAM
Directeur de la Maison de quartier
Un comité de rédaction féminin et motivé
Début octobre, des journalistes en herbe se sont lancés dans l'aventure « Terres de Breil ». Ils se réunissent chaque semaine à la Maison de Quartier.
Le mercredi après-midi est devenu synonyme de comité de rédaction et d’écriture d’articles pour cinq habitantes du quartier.
Elles troquent leurs tenues de lycéenne, bénévoles dans diverses associations ou retraitées pour prendre la plume et vous faire découvrir leurs coups de cœur et la vie du quartier du Breil. Elles n’ont ni le même parcours, ni les mêmes motivations, mais toutes sont animées par leurs envies de partager et d’échanger et voient le journal comme un« créateur de lien social ».
Pour Ndeye, « l’écriture est une passion », il en va de même pour Mireille. Toutes deux « écrivent lorsqu’elles en ressentent le besoin » des textes, de la poésie.
Ndeye nous raconte :« le journalisme (...) faisait partie de mes multiples choix de métiers quand j'étais petite. Cette aspiration est partagée par Alizée qui se destine à des études de journalisme lorsqu’elle aura fini le lycée.
Née ici lorsque « les boulevards n’étaient que des chemins », une autre habitante souhaite faire découvrir aux lecteurs l’histoire de « ce quartier qu’elle aime et qu ‘elle n’a jamais quitté » et sa transformation. Elle est comme une « passeuse de mémoire ».
Natacha aussi aime ce quartier et s'investit beaucoup dans la vie locale. L’écriture n’était pas pour elle une évidence au début mais son énergie et sa curiosité sont des atouts pour s’intégrer pleinement dans l'équipe.
Michel Tanneau, journaliste retraité de Ouest-France, les accompagne assidûment, les conseille et relit les articles. Il a également soutenu le groupe « Français au quotidien » dans l’écriture de leurs articles. Grâce à lui, l’équipe du journal a aussi pu assister à une réunion de rédaction de Ouest-France en novembre et découvrir les dessous du journalisme professionnel.
Si vous souhaitez rejoindre l’aventure, prenez contact avec Anne-Lise Flageollet à la Maison de Quartier du Breil.
Quelques coups de cœurs littéraires...
Plus les années passent, plus les Français semblent se désintéresser de la lecture, soit par manque de temps ou alors de contenu. Pourtant, les genres et styles littéraires se multiplient, donnant l’opportunité à chacun de trouver ce qu’il lui convient. Pour donner envie de lire, la bibliothèque du Breil a choisi ses coups de cœurs qui permettront peut-être à certains de (re)-prendre goût à la lecture ou de (re)-découvrir certains ouvrages.
Bob & Marley : Le cadeau de Thierry DEDIEU et Frédéric MARAIS
Seuil jeunesse Album
Deux amis ours ont une importante différence de taille : Marley décide d’offrir un tabouret à son ami Bob, sous prétexte que c’est un cadeau parfait pour les petits. Bob se vexe, mais pour autant, le tabouret lui aurait bien été utile pour cueillir une belle pomme, tout en haut, dans l’arbre.
Tsoin-Tsoin de Christophe PERNAUDET et Julia WEBER
Tom Poche Album jeunesse
La mouche Tsoin-Tsoin pense faire plaisir à tout le monde en bourdonnant. Mais en réalité, tous sont excédés et font tout pour mettre fin à son récital.
Le fils de l'Ursari de Xavier-Laurent PETIT, Cyrille POMES et Isabelle MERLET
Rue de Sèvres BD jeunesse
Avec un père montreur d'ours, cette famille n'a pas une vie simple. Réfugiée sur Paris à la suite de harcèlement par les policiers et chassée par les habitants, son destin change tragiquement... Et encore plus pour Ciprian qui découvre le jeu d'échecs ....
Une vie avec Alexandra David-Néel de Mathieu BLANCHOT et Fred CAMPOY
Bamboo Eds BD adulte
Marie-Madeleine est engagée par Alexandra David-Néel, première femme européenne à être entrée au Tibet en 1924. Tout au long de l'histoire, les deux femmes nouent des liens profonds.
Les enfants sont rois de Delphine de VIGAN
Gallimard Roman adulte
Mélanie, mère de deux enfants Sammy et Kimmy qu'elle met en scène sur sa chaîne Youtube, va voir sa vie changer à la suite de la disparition de Kimmy, 7 ans. Clara, enquêtrice, va se retrouver plongée dans la violence des réseaux sociaux et l'univers des influenceurs.
Na.A
Années 60, quand les boulevards n'étaient que des chemins : une habitante raconte
« Mon enfance, je l’ai vécue à la campagne…. au Breil Malville.
Environnement boisé, propice aux jeux… grimper aux arbres, construction de cabanes. Pas besoin de vacances. L’évasion est là !
Peu de tentations, un camion bazar passe chaque semaine, la laitière avec son cheval et sa charrette dépose ses bidons chaque matin devant la porte. Quelquefois ils disparaissent… avec la monnaie !
Un autre siècle !
Les commerçants « complémentaires » se trouvent boulevard des Anglais ou route de Vannes.
Pas besoin de vétérinaire… la pharmacie Coco de Sainte Thérèse soigne également les animaux et contrôle nos cueillettes de champignons.
Vers 1960, nouveau terrain de jeux. Les arbres sont arrachés et les champs creusés… des montagnes de terre nous permettent de fabuleuses glissades sur des cartons ou des caisses à roulettes de notre fabrication.
Le moins drôle, ce sont les chemins défoncés par les engins de travaux. Ils sont pleins d’ornières et les jours de pluie, c’est la catastrophe !
Les constructions sortent de terre… Stupéfaction ! On apporte de gigantesques plaques de béton et on les dispose comme un château de cartes, c'est la « méthode Balency ». Le résultat nous laisse dubitatifs… la façade étant mise en dernier !
Et pourtant lorsque les premières familles arrivent, c'est l'enthousiasme ! Ces logements ont toutes les commodités manquant parfois dans leurs précédentes habitations (salle de bain, toilettes...). Puis, avec les événements douloureux d'Algérie, arrivent les rapatriés, une ouverture sur le monde, d'autres cultures, musiques et saveurs. J’en suis ravie… plein de nouveaux amis.
Au printemps, le 1er mai, le quartier est animé par un grand défilé du club omnisport de la Lætitia et des écoles.
Il y avait aussi la grande fête du Parc de Procé.
Dans le quartier, se trouvaient deux châteaux et un manoir, On les a vu se faire démanteler :
château du Breil, château de Carcouët, manoir de Malville. Bon, c’était pas toujours la vie de château ! Une réflexion a été menée pour conserver le château de Carcouët lors de la construction du lycée, qui était un collège à l’époque.
Les immeubles bâtis, un centre commercial est inauguré. Un supermarché, une boucherie chevaline, une pâtisserie avec dépôt de pain, une poissonnerie, un primeur, un charcutier-traiteur, une maroquinerie, une teinturerie, une mercerie-bonneterie, une maison de la presse, une pharmacie, un coiffeur… Quels changements, tout à notre porte !
Et puis ouvre un centre social. Que de souvenirs avec Daniel Asseray. Toujours présent, il ne comptait pas ses heures… Une vrai fourmilière ! Les activités sont tellement nombreuses que chacun y trouve sa place (judo, danse classique, moderne, gymnastique, yoga, atelier photo, émaux, peinture sur soie, modélisme….)
Et puis au rez-de-chaussée, la PMI, les assistantes sociales, les cours de cuisine, de couture.
Que de beaux souvenirs ! »
Une habitante née ici
Ils apprennent la langue de Molière
Ces femmes et ces hommes viennent du monde entier et se retrouvent deux fois par semaine avec un même objectif : le français.
• Elle s’appelle Nancy, elle a 56 ans et elle est brésilienne. Elle est venue en France pour rejoindre son mari français. Elle prend des cours de français pour comprendre et parler correctement afin de pouvoir se débrouiller seule au quotidien et surtout se sentir libre. Elle aime la musique et la poésie française et elle aimerait habiter au bord de la mer.
• Elle s’appelle Hend, elle a 35 ans et elle habite en France depuis 9 ans. Elle est chanteuse et elle est venue en France pour chanter avec un groupe nantais. Elle a décidé de commencer les cours pour apprendre à mieux parler et comprendre la langue française. Son objectif est de pouvoir communiquer avec les gens et le public. Elle a commencé à chanter à l’âge de 14 ans.
• Il s’appelle Chris, il a 25 ans et il est d’origine congolaise. Il est en France depuis 3 ans. Son projet est d’entrer en formation professionnelle en France. Il aime beaucoup le sport et le pratique assidûment, il aimerait travailler dans le milieu sportif.
• Il s’appelle Eflatun, il est Azerbaïdjanais et il a 68 ans. Il était chauffeur dans son pays. Il est marié et il a 5 enfants. Il est en France depuis 2016 et il vient à l’atelier de français pour parler. Il habite à Orvault.
• Il s’appelle Ramazan, il est de nationalité turque et il habite en France depuis 35 ans. Il a beaucoup travaillé et occupé des postes très variés. Il a été électricien automobile, puis maçon et plâtrier. Il a travaillé dans une scierie et il a aussi été restaurateur. Ses 3 enfants sont nés en France, ils sont maintenant tous adultes et travaillent tous les trois. L’aîné est garagiste, la deuxième travaille dans le commerce international et le troisième est électronicien. En septembre, Ramazan a décidé de s’inscrire aux cours de français du Centre Socio-Culturel du Breil-Malville pour mieux lire et écrire.
• Christa est venue des Philippines pour partager la vie de son mari français Gaëtan. Ils ont trois enfants, deux garçons et une fille. L’aîné a 7ans, le deuxième 5 ans et leur petite fille 3 ans. Gaëtan travaille et Christa est mère au foyer. Elle aime la France, sa cuisine et sa discipline « routière » ainsi que la gentillesse des gens. Elle vient à l’atelier « Français au quotidien » pour apprendre à parler, lire et écrire français.
• Han est chinoise, elle a 33 ans et elle est née à Pékin. Elle habite à Nantes. Si elle est venue en France c’est pour accompagner son mari qui y travaille. Il est chercheur à l’université depuis un peu plus d’un an. Elle trouve que Nantes est une très belle ville. Elle a décidé d’apprendre le français pour pouvoir communiquer dans un premier temps puis pour trouver un travail. Elle a été traductrice anglais/chinois dans son pays pendant 5 ans et aimerait travailler dans ce secteur en France.
• Elle s’appelle Karima et elle est d’origine marocaine. Elle a 37 ans et elle est mariée. Elle a deux garçons, le grand a 10 ans et le petit 5 ans. Son mari est chauffeur de taxi, il travaille dur et est très occupé. Karima s’occupe de sa famille, maintenant elle est femme au foyer, mais en Italie elle a travaillé dans le secteur de l’habillement. Elle a habité en Italie pendant 21 ans, elle y est arrivée à l’âge de 15 ans avec ses parents. Elle y a aussi rencontré son mari. Plus tard Karima et son mari ont déménagé en France pour offrir à leurs enfants un meilleur avenir. En effet, ils estiment qu’il y a plus d’opportunités d’emploi en France et que les études y sont plus prometteuses.
• Ruzan est arménienne et elle a 57 ans. Elle aussi est venue en France pour accompagner son mari qui y travaille. Elle est en France depuis 2009, sa fille a 21 ans et désormais Ruzan est grand-mère. Elle est femme au foyer et participe à l’atelier « Français au quotidien » depuis 3 mois. Elle veut apprendre à mieux parler, lire et écrire le français. Elle aime beaucoup Nantes, c’est une grande et jolie ville. Il y a beaucoup d’activités et elle va souvent se promener jusqu’au Château des Ducs de Bretagne ou voir l’Eléphant.
Les apprenants de l'atelier "Français au quotidien"
L'atelier « Français au quotidien »
A la Maison de quartier du Breil, l'atelier "Français au quotidien" se tient tous les mardis matin et jeudis après-midi.
17 apprenants, originaires de 15 pays différents, viennent toutes les semaines apprendre le français avec Laurence Allard, animatrice spécialisée à l'ACCOORD depuis 24 ans.
Dans cet atelier, "on apprend à parler, comprendre, lire et écrire la langue française", résument les apprenants. "On y rencontre des personnes et des cultures différentes. On y découvre le fonctionnement de la société française et sa culture, à travers des sorties au musée des Arts, aux Machines de l'Ile ou au château des Ducs de Bretagne".
Laurence s'appuie sur des situations du quotidien pour travailler le vocabulaire, la conjugaison et la grammaire dont ont besoin les apprenants aussi bien à l'écrit qu'à l'oral.
L'article publié ci-contre, a été écrit par les apprenants de l'atelier. Ils ont réalisé des interviews deux par deux pour se présenter à vous. Cet exercice a été effectué dans le cadre de leur atelier et s'inscrit dans leur parcours de formation.
Laurence ALLARD et les apprenants de l'atelier "Français au quotidien"
Si vous souhaitez rejoindre l'atelier, vous pouvez prendre contact avec le secrétariat de n'importe quelle Maison de quartier ou centre socio-culturel nantais. Vous serez ensuite orientés pour toutes les démarches et inscriptions.
Moïse, un sculpteur engagé et inspiré
Son nom vous échappe peut-être, mais sa présence chaleureuse durant tout l'été vous a sans nul doute interpellés. Il a composé pour le quartier une œuvre symbolique...
Moïse Marthely, 53 ans, antillais et breton, père de quatre fils, sculpteur de son état, est ce personnage digne d'un roman, œuvrant place du carré gris, à l'intersection des rues du Breil et Feyder. Son objectif : « Offrir au quartier une sculpture à vocation humaine et paisible ». Multiples sont les cordes à son arc. Comme tout parcours non linéaire, son histoire de vie est riche en enseignements et rebondissements.
"J'avais soif de liberté"
Enfant, il passe des journées entières à dessiner. En l'observant, sa grand-mère antillaise avait coutume de lui répéter : « En toi sommeille une âme d'artiste ! » Mais avant que ne s'exprime pleinement son côté créatif, bien des chemins contrastés s'offrent à lui :Il passe son enfance et son adolescence dans le quartier nantais de Bellevue, dont il garde d'agréables souvenirs. « Par contre, je n'aimais pas l'école que j'ai quittée après le collège. Me sentir enfermé dans un système éducatif classique ne correspondait, ni à mon tempérament, ni à ma soif de liberté. »
Durant les années 1980/1990, période de sa jeunesse, Moïse se cherche, mais ne manque pas d'idées pour mettre à profit son potentiel à venir.
Plusieurs cordes à son arc
Par amour des défis et du dépassement de soi, il devient sportif de haut niveau (athlétisme, musculation). Une endurance qui, mêlée à son intérêt pour les autres et au bien-vivre ensemble, l'amène à embrasser la carrière de gendarme durant trois années.
Il devient par la suite ferrailleur/brocanteur, amateur avant l'heure dans l'art de donner une seconde vie à des objets hétéroclites. Il exerce différents métiers, épris de la rencontre avec d'autres cultures, d'autres manières de voir le monde. Puis, son art et son talent pour la sculpture s'expriment à son image, modestement.
Durant plusieurs années, Moïse propose sur les marchés ses colliers ethniques, sculptés sur galets. Inspirés de sources culturelles diverses, ils remportent un vif succès. « Mais, cette vie nomade n 'était pas vraiment compatible avec ma vie de famille. »
Son travail reconnu
Déjà initié de manière autodidacte à la sculpture sur galets, Moïse Marthely choisit alors de se former à la taille et la sculpture de pierre. Ses qualités et l'originalité de sa démarche lui permettent d'obtenir en 2007 une nomination : le prix de l'innovation du salon des maires et collectivités. Un prix décerné pour son concept novateur et durable du mobilier urbain au sein des parcs et jardins. L'atelier de Moïse se trouve désormais près d'Ancenis. On peut y admirer plusieurs de ses créations.
Mireille DUVAL
Son œuvre, un hommage au vivre-ensemble
Située au cœur du Carré gris, la sculpture de Moïse Marthely nous frappe par sa symbolique forte : huit mains tendues vers le ciel et entourant un globe.
Mains tendues ensemble vers le ciel dans un message révélant que la somme de nos différences contribue à notre unité. « Il s'agit d'une statue hommage au vivre ensemble. » Il est d'ailleurs prévu qu'elle soit baptisée « Vivre Libre Ensemble » en référence à l'association VIVRE LIBRE 44 dont Moïse est un membre actif.
Ce projet a pu être réalisé grâce aux subventions de la Ville et de la Métropole : achat de la matière brute, frais de transport et rémunération de l'artiste.
Avec la pierre de Sireuil
En juin dernier, Moïse MARTHELY débute par un tracé. Armé de ses outils (couteaux à sculpter, maillet, poinçon, meuleuse, scie à pierre...), il lisse, ponce et exécute la maquette à l'échelle 1/17ème. Maquette à l'image de ce qui deviendra son œuvre future en août 2022.
Le matériau brut utilisé : 2,5 tonnes de pierre de Sireuil. Il s'agit d'une pierre originaire de Sireuil en Charente (parfois nommée pierre de Brétignac). Il en existe toutefois de même composition en Mayenne, d'où elle a été acheminée à cette occasion.
La pierre de Sireuil, roche calcaire plus dure et pérenne que le tuffeau, de couleur ocre pâle, absorbe et réfléchit la lumière du soleil et de la lune. La forme courbe de l'oeuvre, sa rondeur accentuent le sentiment de douceur qui émane d'elle.
"Former des jeunes"
Cette œuvre est inspirée d'une autre existant au Bénin, à Bohicon : « La Jarre Trouée » de l'ancien roi Abonney GUEZO (1818-1858). Elle y représente la paix et l'unité. Elle s'harmonise donc parfaitement avec l'idée du « Vivre ensemble » chère à Moïse MARTHELY. L'oeuvre qu'il nous est donné d'admirer aujourd'hui dans le quartier du Breil est née de sa volonté d'intégrer les quartiers au reste de la ville.
C'est un symbole fort qui plaît à ce sculpteur empreint d'humanité. Sa sculpture nous rassemble aussi dans l'expresssion de toutes nos diversités. Elle représente l'idée du vivre ensemble.
Dans un futur proche, Moïse MATHELY souhaite pouvoir récupérer les matériaux résiduels de son œuvre afin de créer des ateliers dans le quartier. « Je suis attaché à l'idée de transmission et j'aimerais pouvoir former des jeunes afin que l'art de la sculpture perdure ».
Mireille DUVAL
On peut admirer ses créations sur son site : www.moise-amenagement-urbain-parc-jardin.fr
A la rencontre de ... Moustapha, musicien
Cette rubrique vient vous présenter deux artistes qui par leur engagement, leur détermination, et surtout leurs talents, ont attiré notre attention. Nous avons le plaisir de vous les faire découvrir dans ce premier numéro de « Terres de Breil. »
Interview :
Moustapha Chefai. 40 ans, musicien nantais, originaire d’Algérie.
Comment vous êtes devenu le musicien que vous êtes aujourd'hui ?
« Je suis né dans un village algérien qui s'appelle Moustaghane.
Ma mère se prénomme Boikoira Bakhta, mon père s’appelait Mohamed .
Je n'ai pas été à l'école. Je ne suis pas le seul dans cette situation. Dans mon village, il y avait beaucoup d'enfants comme moi qui ne fréquentaient pas l'école.
Je me souviens quand j'étais petit, et lorsque les autres enfants étaient à l'école. Moi et mes autres camarades qui n'étions pas scolarisés, nous passions le plus clair de notre temps dans les rues du village à jouer au foot et à d'autres types de jeux de chez nous.
Mais moi particulièrement je chantais tout le temps. Tout ce que je faisais, je l'accompagnais par des chansons du terroir. »
Donc, depuis ta plus tendre enfance tu savais déjà chanter. Est ce que tu as été inspiré par quelqu'un en particulier ?
« Moi-même je ne peux pas te dire comment j’ai chopé le virus de la chanson, de la musique. Je me souviens, étant jeune, des voisines m'appelaient pour que je chante des berceuses à leurs enfants afin qu'ils s'endorment. A onze ans déjà, je faisais du free style dans les quartiers, toujours en Algérie. »
Donc si je comprends bien tu chantais sur scène quand tu étais en Algérie ?
« Non. Mais parfois je chantais en amateur. J'aimais reprendre les sons des grands rappeurs. Depuis toujours, je sais que c’est la musique que je veux jouer quand j'en aurai l'opportunité.
Et c'est dans ce but qu'en 2020 je me suis lancé dans l'aventure de venir en France, afin de pouvoir poursuivre et concrétiser mon rêve. Je me suis toujours dit qu'en France, je pourrais rencontrer des gens qui aiment ce que je fais et qui pourraient m’aider. »
Depuis ton arrivée en France, as-tu déjà rencontré ces bonnes volontés ?
« Je peux dire que non. Pour le moment je me débrouille tout seul dans mon petit logement. Mais je suis arrivé à m'acheter quelques outils de travail tels qu’une table de mixage, trois ordinateurs , et un double micro.
Là , j'essaie tant bien que mal de composer avec ce matériel. Je ne suis pas pessimiste, j’espère un jour trouver un créneau. Avant tout, je fais de la musique pour moi-même avant les autres. Je suis mon premier fan. J'écris mes morceaux, je compose et même parfois je mixe.
J'ai beaucoup de singles que j’écoute seul dans mon mini-studio. »
J’en ai écouté plusieurs, à mon avis ces morceaux pourraient cartonner sur le Net. Pourquoi ne pas les mettre en ligne ?
« Il y a trop de travail derrière : je n'arrive pas pour le moment à assurer tout seul à la fois l’écriture, les arrangements, le chant et le mix, la création du site et la diffusion. C'est pour cette raison que je vais profiter de cette tribune qui m’est offerte pour lancer un appel aux acteurs des musiques actuelles. »
On sait que le hip-hop est une musique avec beaucoup de clashs, de paroles osées. Comment comptes-tu faire la différence ?
« Quand je pense aux jeunes générations, à mes parents et à tous les autres, je ne peux que faire de la musique propre. Je veux dire que je fais très attention aux mots et aux phrases quand j'écris. »
Donc, tu composes de la musique engagée ?
« Je chante en arabe, en français et en anglais, et je profite toujours de mon stylo quand j'écris pour faire passer des messages bienveillants. »
Que dirais-tu en conclusion, Moustapha ?
« Aimez-vous et croyez en vos rêves et votre talent. Un jour ça finira par payer. »
Ndeye KEITA
Sudoku
Quatre niveaux de difficulté pour expérimenter ou jouer en famille.
Saurez-vous remplir ces grilles ?
En Breil
Votre bulletin d'information "en Breil", réalisé par la Direction de Quartiers Nord, a été distribué dans vos boîtes-aux-lettres et reste disponible à la Maison de Quartier, au Restaurant Inter Générationnel, à Nantes Métropôle Habitat, au "38" et à la direction de Quartiers, 19 rue des Plantes.
Il vous permet de vous informer sur le projet global du Breil-Malville et est complémentaire de notre nouveau journal "Terres de Breil".

A la rencontre de...Tuta, un rappeur prometteur
Notre 2ème talent nous a gratifié d'une prestation de haut niveau lors du concert de clôture de la semaine du numérique, avec une présence scénique et une capacité à enflammer la foule qui nous a tapé dans l’œil.
Bonjour Tuta. Je te laisse te présenter aux lecteurs de "Terres de Breil".
Je m'appelle Batistuta. J'ai 28 ans. Je suis français. J'habite à Port-Boyer.
Ma mère, Stéphanie est française et mon père Guy est italien de Sicile. J'ai aussi une partie de ma famille qui est hollandaise.
Tu as le même prénom que le célèbre joueur de foot argentin Gabriel Batistuta
Effectivement ! D'ailleurs quand j'étais gosse, je jouais très bien au ballon. Je faisais de beaux dribbles à la Batistuta et du coup, les camarades m’appelaient comme le joueur argentin. C'est comme ça qu'est venu ce surnom Tuta que j’ai gardé comme nom d'artiste.
Parle-nous un peu de ta relation avec la musique.
De base, je peux vous dire que la musique m'accompagne depuis très jeune, 12-13 ans à peu près.
J'écoutais plein de styles de musique. Et dès mes 12-13 ans, je commençais à rapper avec mes potes du quartier. A ce moment-là davantage dans l'improvisation. C'est seulement vers 14 ans que j'ai commencé à écrire mes premiers textes.
Les grands de mon quartier écoutaient du rap, tout le monde écoutait le rap autour de moi. Et moi, ça m'a plu et c'est comme ça que j'ai commencé à écrire et depuis j'ai jamais arrêté.
Est-ce-qu’en ce moment tu fais de la scène ? Tu sors des singles ou autres ?
Oui là, j'ai mon 4ème projet qui va arriver fin décembre. J'ai sorti un clip la semaine du 7 novembre, j'ai aussi fait pas mal de scène : Stéréolux sur Nantes, pour des maisons du quartier sur Paris aussi. Pour le moment, j'ai pas d'autres scènes de prévues mais je fais tout pour avoir des contacts, avoir des scènes parce que c’est compliqué sur Nantes au niveau du rap. Le but est de montrer ce que je fais à fond .
A quel moment t’est venue l'idée de te concentrer sur la musique ?
Quand j'étais plus jeune, je m'amusais, je faisais du free style mais c'est quand j'ai commencé à faire le festival SPOT avec la ville de Nantes, qu’après j'ai monté un dossier CLAP, c'est ainsi que j'ai reçu de l'argent. J'avais envie d’entrer en studio et je m'étais dis qu’une fois que je réussirai à faire un clip, il faudrait que j'en fasse plein. Donc c'est comme ça que depuis trois ans je me concentre à fond à fond.
En ce moment, es-tu en studio ou as-tu des scènes en vue ou quelque chose au chaud ?
Oui là, j'ai mon 4ème projet qui va arriver fin décembre. Mais puisque c'est toujours difficile avec le rap à Nantes, je cherche à fond à avoir des scènes.
J'ai écouté quelques-uns de tes morceaux lors de la clôture de la semaine du numérique. Tu parles sur des thématiques très engagées. D'où tires-tu ton inspiration ?
Moi l'inspiration, ça me vient beaucoup sur la mélodie. Du coup, quand j'écoute une mélodie ou un instrumental, ça m'inspire des choses par rapport à mon vécu, à mon quotidien. Du coup, ça me permet de dire des choses que je pouvais pas dire sans la musique.
Comment fais-tu par rapport au langage du rap qui on le sait est moins ........
La musique, je la compare à quelqu'un qui prend un ballon de foot et qui joue dehors.
La musique est un kiff, une passion. Mon but c'est d'en vivre. Je prends tout ce qui est à prendre. Je ne suis pas dans les trucs de se prendre la tête avec quelqu'un ou de se faire des clashs. Je suis plutôt dans le partage. Après dans ma musique tu as des choses qui ne sont pas toujours... Voilà la vie n'est pas toujours rose de toute façon, tout ce que je raconte, c'est ma vie hein ! Après j'ai ma famille qui m'écoute, ma mère aussi c'est évident ! J'ai une sœur ! Même dans mes clips, j’essaie de montrer de bons exemples, même si je ne suis pas l'exemple à prendre (rires).
Moi dans mes sons, je parle plus de ma famille, mes ressentiments, comment agir par rapport à la vie. Et je rappe en français. J'aime bien l'espagnol peut-être un jour je chanterai en espagnol pourquoi pas.
Est-ce-que tu as un staff, un manager, des gens qui s'occupent de tout ce qui est concert, comme ça tu n'es que sur la musique et sur l'écriture des morceaux ?
Non, je suis en total indépendant. Après, j'ai des collègues qui me donnent des avis et des conseils comme ça. J'ai un collègue qui mixe mes sons, des instrumentaux ... J'ai aussi quelques contacts. J'ai des gars qui me font mes clips, j’ai un studio où je vais souvent. Par contre, j'ai pas de producteur, je m’autofinance. C'est pour cette raison d'ailleurs que j'ai arrêté de travailler pour me consacrer à la musique. C’est un peu difficile parce que derrière je ne touche pas de paye, c'est pas rien quand même ! Faut manger, se loger et autres. Donc le but, c'est un jour pouvoir avoir quelqu'un qui puisse m’aider, m'accompagner, des gens qui connaissent et sont vraiment dans la musique, qui peuvent vraiment m'apporter des choses. Sinon, je fais mon chemin tout seul. Je suis quelqu'un de créatif, j'écris tous les jours. Ce n'est pas les sons qui manquent.
Quel message voudrais-tu faire passer aux lecteurs de cet article ?
Je dirais juste, faites l'amour pas la guerre. Un message de paix. Voilà. Que les gens puissent être tous tranquilles en ce moment même si c'est un peu dur financièrement et à tous les niveaux même. Faut pas baisser les bras. Il faut avancer et croire en ce qu'on veut faire parce qu’un jour ça peut arriver.
Ndeye KEITA
Retrouvez ses clips sur Youtube : https://www.youtube.com/@Tuta44