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N° 1 - Mars 2023 - Numéro spécial - Festival Atlantide | carcouet.paysdelaloire.e-lyco.fr |
Édito
Une cinquantaine d'auteurs et d'autrices des quatre coins du monde étaient conviés ce premier week-end de mars au festival Atlantide à Nantes.
Retour sur ces moments d'échanges, riches en interactions et en découvertes.
Atlantide, les Mots du Monde est un festival de littérature nantais. Quelques jours privilégiés auprès d'auteurs des cinq continents auxquels ont pu participer les étudiants de la classe PPPE du lycée Carcouët. Dans l'optique de devenir professeur des écoles, les étudiants ont découvert une nouvelle façon d'aborder la littérature, propice aux rencontres.
Depuis sa création, le lauréat du prix de littérature jeunesse Bermond-Boquié est nommé lors du festival Atlantide. Cette récompense tend à permettre aux jeunes Nantais de découvrir, lire et échanger autour de quatre romans sur des thèmes de société. Une occasion pour ces élèves d'aller à la rencontre des auteurs qu'ils connaissent.
Exclusivement rédigé par les étudiants de PPPE, ce numéro vise un public très large. De la présentation de l'Atlantide, à la rencontre avec les auteurs, découvrez dans ce numéro exceptionnel, un festival tout aussi... Exceptionnel !
Bonne lecture !
Floriane AURAY
Atlantide de 2013 à nos jours
Les mots mis en lumière chaque année lors d'un festival nantais.
Depuis sa création en 2013, c'est au Lieu Unique que se déroule le festival littéraire Atlantide Les Mots du Monde qui permet la diffusion de la littérature internationale à travers des rencontres. L'idée de cet événement est de convier des écrivains à échanger sur notre monde. Cet événement accueille près de soixante auteurs chaque année.
La naissance du festival
En 2013, la ville de Nantes a eu l'idée de créer un festival des Littératures en référence au grand mythe littéraire de l'Atlantide. La première édition, portant sur le thème des mythes dans le présent, était sous la direction artistique d'Alberto Manguel, un écrivain argentino-canadien. Son créateur le présente de la manière suivante : « On veut organiser un événement autour de chaque auteur invité, qui peut mêler une lecture à un spectacle de danse ou une représentation de théâtre. La Folle journée m'a beaucoup inspiré avec sa manière de faire interpréter une oeuvre dans des formes différentes. ». Jusque-là les thèmes portaient sur des questions d'écologie, d'expression et d'imaginaire. Depuis 2018, le directeur artistique est Alain Mabanckou, un écrivain et enseignant franco-congolais. Il choisit dès sa première année le thème de la liberté d'expression, qui est un sujet important dans le monde actuel.
Cependant, le festival a dû comme tant d'autres événements faire face à la pandémie du Covid-19, qui l'empêche d'avoir lieu lors des années 2020 et 2021. Il a repris de plus belle en 2022 en évoquant des sujets actuels. En effet, le thème de l'exil et de l'Europe en décomposition sont au coeur de l'actualité.
L'édition de cette année est quant à elle destinée à des thèmes tels que le changement rural, le deuil, le handicap et le vivre ensemble. Grâce au festival Atlantide, le prix Bermond-Boquié a la chance de délivrer ses premiers prix. Vous en apprendrez davantage dans les prochaines pages.
Allya et Emilie

Des enfants au coeur du Festival Atlantide
Le vendredi 3 mars 2023, des enfants âgés de 8 à 12 ans ont eu la chance de discuter avec les auteur.trice.s des œuvres qu'ils ont lues dans le cadre du prix Bermond-Boquié.
Les rencontresLe Lieu Unique a accueilli ce vendredi, pour la journée scolaire du festival, des enfants de CM1, CM2 et 6ème. Ils sont venus poser leurs nombreuses questions aux auteur.trice.s sélectionné.e.s pour le prix Bermond-Boquié. Tout au long de cette journée placée sous le signe de la littérature, les rencontres se sont succédées permettant aux jeunes lecteur.trice.s de partager leurs impressions de lecture.
Hormis cette journée scolaire, d’autres rencontres ont eu lieu permettan au grand public de participer à des conversations ou dédicaces avec une cinquantaine d’auteur.trice.s et artistes provenant des cinq continents.
Deux lieux pharesLes lecteur.trice.s ont pu accéder au Grand Atelier où se trouvaient les ouvrages des écrivain.e.s et un cabinet de curiosité : chaque auteur.trice a apporté un objet qui lui tenait à cœur. Au même endroit, ils se sont relayés pour des séances de dédicaces très attendues par les élèves.
Un Salon de Lecture est installé à l'entrée du Lieu Unique. Il permet aux visiteur.euse.s de se plonger dans la littérature pour un moment de lecture unique. Son décor séduit petits et grands grâce à ses objets divers et variés. Ce lieu permanent fait rayonner la littérature dans le Lieu Unique.
Les autres conférencesLe plaisir de découvrir cette richesse littéraire s'est poursuivie sur 4 jours : du jeudi 2 au dimanche 5 mars, jour de remise du prix Bermond-Boquié tant attendu par les jeunes lecteur.trice.s. Des conférences se sont suivies, jour après jour, dans les différents “espaces de liberté et d’échanges” offerts par le lieu unique mais aussi dans d'autres lieux de la ville de Nantes tels que les librairies, les médiathèques ou les centres sociaux. Elles ont abordé des thèmes variés, plus particulièrement des sujets sociétaux actuels comme les droits des femmes ou les migrations.
Chaque année, le Festival Atlantide réunit auteur.trice.s, élèves et passionné.e.s de lecture pour des rencontres enrichissantes nous rappelant à quel point la littérature est fondamentale pour comprendre l’humanité.
Héloïse LEAU
et Angèle TRICOIRE
Alerte ! Disparition de Piou-Piou !
L'envol d'Osvaldo au cœur de la jungle.
Que s'est-il passé ?
Osvaldo vivait une vie bien tranquille, avec son seul ami : Piou-Piou, son oiseau de compagnie.
Ils vivaient tous les deux en harmonie dans un petit appartement cossu. Piou-Piou accueillait son maître tous les jours avec joie.
Mais un jour, celui-ci s'arrête de chanter... Oslvaldo essaye en vain de réconforter son ami pour l'aider à aller mieux. Rien n'y fait. Il tente alors la dernière solution qui s'offre à lui : une plante magique. Le commerçant lui promet que celle-ci peut rendre heureuse chaque personne qui la voit. Osvaldo l'offre à son ami. Rien ne se passe.
Au petit matin, l'appartement et la ville toute entière se sont transformés en jungle ! Piou-Piou a disparu ! Osvaldo part à sa recherche, mais va-t-il le retrouver ?
Un album jeunesse
Cet ouvrage est un album destiné à un jeune public (entre 4 et 7 ans), produit par la maison d'édition Flammarion Jeunesse. Il s'agit du premier livre écrit en 2016 par l'illustrateur Thomas Baas qui avait déjà illustré près d'une centaine d'ouvrages .
Ici, les couleurs qui illuminent les pages du livre sont uniquement dérivées du vert et du rouge. C'est un choix très important pour l'auteur puisqu'elles sont directement inspirées de son voyage en Equateur. Elles lui rappellent les notes de rouge qu'il pouvait apercevoir en forêt, qui étaient des plantes tropicales confondues dans la verdure de la jungle amazonienne. Le rouge et le vert sont des couleurs qui se complètent, mais elles symbolisent aussi la complémentarité de deux individus. Dans l'album, Osvaldo est en vert et Piou-Piou en rouge ce qui représente donc leur harmonie.
Avis de la rédaction
Il s'agit d'un album très intéressant sur de nombreux points.
L'illustration travaillée et soignée donne envie d'être regardée, mais permet aussi d'être interprétée par les enfants en laissant libre cours à leur imagination, ou encore de participer à la recherche de l'oiseau en scrutant chaque page. .
Le message transmis dans l'ouvrage est, selon les mots de l'auteur : "personne n'appartient à personne". Ici, le rapport à l'autre est traité de façon légère et agréable et pourtant il garde son impact moral, ce que nous avons beaucoup apprécié.
Vous pensiez qu'on allait vous raconter ce qui est arrivé à Piou-Piou ? Eh bien, non, il faudra lire l'album vous-même !
Coline ORTHION
et Audrey MARY-JOUSSEUME
Un premier envol vers la littérature !
Nous sommes partis à la rencontre de l'écrivain et illustrateur de l'album jeunesse « L'envol d'Osvaldo ».
Rencontre avec un écrivain
Lors de notre arrivée sur les lieux, des sièges étaient installés et de nombreux enfants les occupaient déjà. Au total, trois classes composées de grande section et de CP étaient attendues. Il s'agissait donc d'un public jeune mais qui semblait néanmoins très enthousiaste à l'idée de rencontrer l'auteur de l'album qu'ils avaient étudiés en classe.
Thomas Baas a commencé à parler de son parcours d'auteur, et de la manière dont il a commencé à écrire pour les enfants. Au commencement de sa carrière, il exerçait le métier d'illustrateur. En effet, il nous a confié que, depuis tout petit, il était animé d'une passion pour le dessin. Il raconte aux plus jeunes que le dessin n'est pas forcément un don mais surtout le fruit de l'expérience et de l'apprentissage. L'auteur a ensuite expliqué que chaque histoire qu'il écrivait était basée sur une expérience personnelle ou une anecdote de la vie réelle.
Après cette introduction, l'écrivain a pris le temps de répondre aux questions des jeunes lecteurs présents. Les enfants avaient l'air ravis ! Il a répondu à des questions sur ses personnages, ses sources d'inspirations, mais aussi sur ses choix esthétiques en tant qu'illustrateur. Par exemple, les enfants lui ont demandé pourquoi il avait choisi le personnage de Piou Piou. A cela, il a répondu que, pour lui, les oiseaux étaient symboles de liberté et d'évasion. Il a également partagé avec nous son processus d'écriture, et, pour le plus grand bonheur des jeunes spectateurs, il a dessiné Osvaldo, protagoniste de son histoire.
Suite à cette séance de questions-réponses, Baas a commencé à dédicacer des exemplaires de son livre. Les enfants se sont précipités pour obtenir une dédicace, tandis que l'auteur prenait le temps de parler à chaque enfant. Il a pris des photos avec les enfants et a discuté avec eux de leur expérience de lecture.
Le fin mot de l'histoire
Ce que nous avons trouvé particulièrement touchant chez l'auteur, c'est son dévouement pour ses lecteurs. Il a pris le temps de parler à chaque enfant et de répondre à leurs questions, bien qu'elles aient parfois été saugrenues et inopinées : "Pourquoi t'as pas dessiné un chat/crocodile/lion" alors qu'il n'y avait pas ces animaux-là dans l'histoire. Ce festival était inspirant et enrichissant. L'auteur nous a rappelé l'importance de la littérature jeunesse et l'impact qu'elle peut avoir sur la vie des jeunes lecteurs. Les auteurs d'albums jeunesse comme Thomas Baas ont la capacité de captiver l'imagination des enfants et de les inciter à lire davantage, à explorer de nouveaux mondes et à grandir en tant que personnes.
Blanche GRIVAUD
et Solenn LERROL
A la découverte d'un métier dans l'ombre
Rencontre avec la traductrice d'Alaska, Emmanuèle Sandron.
Un parcours de traductrice
Emmanuèle Sandron a d'abord commencé à apprendre l'anglais à onze ans. C'est à quatorze ans qu'elle commence l'apprentissage du néerlandais, avant de s'intéresser à l'allemand, puis au Letton grâce à un voyage en Lettonie.
Durant ses années au lycée, elle fait part de son envie de devenir écrivaine à ses professeurs qui l'en dissuadent.
Quelques années plus tard, après la parution de son premier roman, elle décide de devenir traductrice grâce à son éditrice qui lui a confié sa première traduction. Durant sa carrière, elle a traduit plus de 120 livres.
Le déroulement d'une traduction de livre
Lors de la conférence d'Emmanuèle Sandron, nous avons appris qu'une traduction de livre peut prendre deux à six mois voire plus selon la taille du livre. Par exemple, la traductrice a confié qu'elle travaillait sur la traduction d'Alice au pays des merveilles depuis ses quinze ans, et qu'elle y réfléchissait sans cesse, encore aujourd'hui.
En effet, ce livre est écrit dans les années 1800 avec des poèmes et chansons qui sont transformés afin de faire rire le lecteur. Il faut aussi traduire l'esprit du livre, se mettre à la place de l'auteur et de ses intentions.
Le métier de traductrice prend beaucoup de son temps, en effet, elle y consacre huit à dix heures par jour. En plus de ses heures de travail, elle y pense constamment, dans ses activités quotidiennes, par exemple, lorsqu'elle fait ses courses, ou encore quand elle dort.
Une fois la traduction du livre, choisi par son éditrice, effectuée, elle la lui renvoie, et attend sa validation.
La traduction d'Alaska
Alaska est écrit en néerlandais par Anna Woltz, l'auteure et la traductrice ne s'étaient jamais rencontrées avant le festival Atlantide. Ce n'était pas déroutant pour Emmanuèle Sandron pour traduire le livre car elle se focalise seulement sur les personnages, ce qu'ils ressentent, ce qu'ils pensent, leur histoire.
Afin d'en savoir plus sur Alaska, ainsi que Sven, atteint d'épilepsie, elle s'est renseignée sur les chiens d'assistance et sur l'épilepsie avant de se lancer dans la traduction du livre. Ses recherches lui ont permis d'interpréter au mieux ces deux personnages et de les comprendre.
Son passage préféré du livre est lorsque Parker et Sven s'éloignent chacun de leur côté et demandent à Alaska de suivre l'un deux. Ce moment lui a fait penser au divorce de ces parents qui incitent leur enfant à choisir l'un des deux, ce qu'elle trouve bouleversant.
Lily PRIEURE
et Charlotte RAMBAUD
Alaska, un véritable héros
Découvrez le livre qui a conquis le cœur des enfants !
Le commencement...
Tout a commencé dans une petite librairie néerlandaise où Anna Woltz fait la rencontre d’un petit garçon épileptique accompagné de son chien d’assistance. Ainsi naît le livre Alaska mettant en scène la vie difficile de Sven, souffrant d’épilepsie, et de Parker, une jeune fille ayant vécu un traumatisme. Au premier regard, les deux se détestent. Cette haine s’amplifie lorsque Parker, récemment séparée de son chien, Alaska, découvre que Sven est le nouveau propriétaire de son meilleur ami. Parker se donne une nouvelle mission : récupérer Alaska coûte que coûte. Peu à peu, les adolescents vont se confier et leur rivalité va se transformer en une belle amitié.
Les messages inclusifs de l'écrivaine
L’autrice innove avec des thèmes difficiles à aborder, tels que le handicap ou les agressions et qui sont très peu évoqués dans la littérature jeunesse. Si les jeunes lecteurs ont élu ce livre au prix Bermond-Boquié, c'est avant tout car il met en lumière des difficultés que l’on peut tous rencontrer un jour dans sa vie. Sven et Parker ne sont pas parfaits. Comme nous, ils ont des défauts et des difficultés. Ainsi, les enfants arrivent à s’identifier aux personnages et à leurs problèmes. Par exemple, au début de l’histoire, Sven et Parker sont angoissés à l’idée de faire leur rentrée en 6ème. Anna Woltz met aussi en exergue le mal que peut engendrer les réseaux sociaux chez les jeunes par le biais de Sven, qui est confronté au regard des autres, lorsqu'une vidéo tourne sur le net. C’est un sentiment que les jeunes lecteurs ont pu aussi éprouver.
L'écrivaine aborde les notions de réconciliation et d'acceptation de soi, de ses différences. Elle expose, avec l'amitié qui se crée entre les personnages, l'importance du soutien et de l’entraide afin de vaincre leurs traumatismes.
Notre avis de lectrices
En résumé, Alaska est un livre touchant qui prône de belles morales et particulièrement l’amitié qui permet de dépasser des difficultés. On a beaucoup apprécié sa lecture car c’est un livre dynamique où les points de vue entre les deux personnages alternent. Selon nous, le roman permet de sensibiliser et d'en apprendre sur la maladie. C'est notamment notre cas avec la découverte des chiens d'assistance qui prédisent l'arrivée d'une crise chez une personne atteinte d'épilepsie. Grâce au personnage de Sven, on comprend mieux le ressenti d’une personne atteinte de ce handicap et donc on peut éviter de la stigmatiser.
Erine L. et Keyça A.
Un hymne à la résilience et à l'amitié
Comment se relever de la mort d'un parent ?
De quoi ça parle ?
Clémentine, jeune violoncelliste, a 12 ans lorsqu'une nouvelle vie commence pour elle. Dans l'espoir de rejoindre le prestigieux conservatoire de musique de Bordeaux, elle déménage, laissant derrière elle ses amies. A peine installée et alors qu'elle peine à trouver sa place, Clémentine va traverser la douloureuse épreuve du deuil. Mais une amitié aussi forte qu'inattendue pourrait bien lui faire retrouver des sensations qu'elle pensait perdues à jamais.
Briser les tabous : parler du deuil aux enfants
Regard des autres, deuil, intégration : des thèmes essentiels à aborder avec les enfants.
La perte d'un proche peut toucher tout le monde, y compris les plus jeunes. Le fait de pouvoir s'identifier à un personnage vivant une période similaire, pleine de tristesse, de doute et parfois de remords, peut permettre d'aider l'enfant. En effet, il se sent moins seul et peut mettre des mots sur des émotions indescriptibles qui le traversent. Malgré ce thème très sombre, un vrai message d'espoir se dégage du roman. Le fatalisme y est exclu : il persiste toujours " le reflet d'une petite lumière qui luirait quelque part" comme l'affirme Charlotte Erlih dans son livre.
Un livre difficile émotionnellement mais nécessaire
Ce livre transmet de façon complète les émotions ressenties par les personnages. On est porté par l'histoire de cette jeune fille vivant une immense douleur. On veut qu'elle se relève plus forte de cette épreuve. De plus, l'autrice introduit un problème de santé peu évoqué en littérature, et encore moins en littérature jeunesse : l'AVC. Elle explique précisément de quoi il s'agit, tout en faisant de manière subtile de la prévention : une prise en charge rapide peut permettre de sauver quelqu'un d'un AVC.
Cependant, le livre est très dur émotionnellement. Les différents éléments liés à la mort comme la mise en bière ou l'incinération sont abordés avec une précision pouvant être pesante pour un jeune lectorat.
Louna TAVERSON
et Justine GAUDIN
Une rencontre sans fausse note
Entre deuil et reconstruction, l’autrice revient sur la création de son roman jeunesse.
Des élèves de CM1, CM2 et Sixième ont rencontré Charlotte Erlih, l’autrice de La dernière fausse note. Ils l'ont interrogée sur l’histoire du livre et sont allés au-delà en amenant l'autrice à parler de sa carrière.
Pourquoi avoir
écrit un tel livre ?
Une des grandes interrogations que nous avions en tant que lecteur a fait l'objet d'une des questions des enfants : "Pourquoi avoir choisi d'écrire sur le thème de la mort ?" À cela, l'autrice répond en corrigeant : elle a plus exactement choisi d'écrire sur le deuil. Elle souhaitait, à travers ce roman jeunesse, aborder la question du deuil, une expérience sensible que l'autrice a elle-même traversée. Ce livre est entre autre une façon d'exprimer ses sentiments, ce qu'elle fait à travers le personnage principal : Clémentine. La jeune collégienne permet aux enfants de s'identifier et ainsi mieux comprendre le processus du deuil. À la question demandant si elle n'écrit que des livres tristes, elle répond que, pour elle, le roman n'est pas seulement triste mais formateur. Il explique le point de vue de "ceux qui restent" et fait avant tout passer un message d'espoir. Ce livre lumineux montre le chemin de l'acceptation de la mort, nécessaire afin de retrouver goût à la vie. Elle explique avec humour avoir fait preuve de "sadisme" vis-à-vis de ses personnages en les faisant souffrir. Elle justifie ce "sadisme" comme étant nécessaire pour tenir en haleine le lecteur : "s'il n'y a pas de problème, il n'y pas d'histoire". Enfin, à la question "est-ce une histoire vraie ?", elle répond en restant évasive qu'un roman est "toujours faux et toujours vrai". Les personnages sont, certes, inventés, mais les sentiments, eux, sont bien réels.
Une autrice
aux multiples facettes
Les enfants ont aussi interrogé Charlotte Erlih sur ses autres œuvres. À la question : "Pourquoi écrivez-vous des romans et pas des bandes dessinées ?", l'autrice répond que si, elle a également écrit des bandes dessinées. Mais, créative et loin de se limiter à cela, elle s'adonne aussi à l'écriture de scénarios, qui ont pour certains été adaptés en films. Elle finit par préciser que l'écriture n'est pas le seul aspect de son métier. Elle insiste notamment sur l'importance du lien avec les lecteurs, avec qui elle aime échanger. À travers des pointes d'humour, l'autrice passionnée nous montre la beauté du métier d'écrivain.
Louane BOUVIER
et Anaëlle QUINTARD
Voyage au LU : rencontrez un duo de choc
Nous avons eu l'occasion de rencontrer l'auteur et l'illustrateur de « Du Voyage ». Une rencontre qui fut très enrichissante et instructive.
L’entrevue s'est déroulée dans le grand atelier du LU. Une heure de mains levées, les élèves enchainent les questions auxquelles les créateurs de Du Voyage répondent depuis une estrade.
Gros plan : Emmanuel BOURDIER
L'auteur de Du Voyage, Emmanuel BOURDIER est instituteur en CE2. Il nous explique que chaque jour, il lit une histoire à ses élèves et que ça lui a donné envie, à lui aussi, d'écrire des livres jeunesse. Pour ce faire, Emmanuel nous déclare prendre un carnet pour chaque nouvelle ébauche de livre, il écrit alors à la main son premier jet. Il se confie : "J'ai la chance d'écrire du premier coup chacun de mes livres, mes premiers jets sont aussi mes versions finales, fautes d'orthographe exclues". Pour Du Voyage, il s'est inspiré d'une situation qu'il a personnellement vécue, en tant que professeur. En effet dans sa classe, il a eu l'occasion de s'occuper d'un "enfant du voyage extraordinaire" d'après ses mots, à qui est arrivé une des mésaventures dont il est question dans le roman, la scène de la cour, dans laquelle l'enfant est harcelé par d'autres élèves. La réaction du maître dans le livre fut la sienne dans la vraie vie. "Mais pourquoi le titre Du Voyage ?" demande une élève. Emmanuel répond qu'il a appelé son roman ainsi puisque : "Ca parle d'un voyage, mais de plusieurs à la fois. On a l'impression qu'il manque un mot, on veut rajouter "enfant" devant, mais non, mon titre est bien complet comme ça".
Quant à l'illustrateur : Thomas BAAS
Thomas BAAS a déjà réalisé plusieurs livres avec différents auteurs, il affirme avoir "la chance de pouvoir vivre de sa passion". Thomas a eu l'occasion de travailler avec Emmanuel par pur hasard, c'est la maison d'édition qui les a fait travailler ensemble et selon leur dire " Ca a très bien marché, on se complète vraiment !". Pour Du Voyage, Thomas a lu le texte et les croquis lui sont venus instinctivement. Pour dessiner Geronimo, il voulait quelque chose qui ferait de ce personnage un enfant "extraordinaire", comme le décrit l'auteur. Il fallait donc un accessoire atypique, il a alors choisi le foulard. Comme vous avez pu le remarquer en lisant le roman, tout est en bleu et noir, cela s'explique par le coût de l'imprimerie en couleur, de plus, cela sert de transition entre l'album jeunesse et le roman ado. C'est donc un choix qui vient de Thomas, ils ont essayé plusieurs couleurs et c'est le bleu qui rendait le mieux.
Lola LIBOUBAN
et Noémie PINEAU
Une journée dans la peau de Geronimo
Voyage à l'école.
De quoi ça parle ?
Du voyage retrace l'histoire d'un petit garçon prénommé Geronimo. C'est un enfant du voyage, qui, accompagné de sa mère, s'apprête à faire son premier jour dans une nouvelle école. Tout au long du livre, Emmanuel Bourdier nous fait réfléchir sur l'intégration des enfants du voyage dans les écoles où ils passent. Geronimo arrive à dépasser les moqueries et les préjugés de certains élèves, notamment grâce à un enseignant bienveillant, et quelques gentils élèves qui n'ont pas d'aprioris sur lui. Le roman est écrit de telle sorte que le lecteur se mette à la place de Geronimo et ressente ses émotions.
On en pense quoi ?
Chacun d'entre nous a déjà vécu une rentrée dans une nouvelle école, avec de nouvelles personnes. C'est un moment délicat, et pour les enfants du voyage ça l'est davantage car c'est très récurrent. Ils se retrouvent dans une nouvelle classe à chaque fois que leur campement change de ville. Nous avons apprécié la réaction du professeur lorsque Geronimo subit les moqueries des autres enfants. L'enseignant joue un rôle dans l’acceptation de Geronimo par ses camarades, et prend du temps pour lui expliquer qu’il a sa place partout, et que c’est un enfant comme les autres. Grâce à lui, Geronimo aime cette nouvelle école, et a envie d’y retourner. C’est un sujet très peu abordé dans la littérature jeunesse, et il est très bien amené dans ce livre. Ce livre est vecteur d'un vrai message de fraternité et de volonté de briser les préjugés.
Pourquoi Du voyage ?
Emmanuel Bourdier a choisi le titre Du voyage pour plusieurs raisons. Lorsqu'on lit ce titre, on entend "enfant du voyage" sans même lire le mot "enfant". A plusieurs reprises, Geronimo nous partage sa vision du monde et des autres. Pour lui, le rêve et les voyages sont une carapace, derrière laquelle il peut se réfugier, notamment pour se protéger des préjugés.
Et Thomas Baas ?
Dans ce roman, il y a un réel équilibre entre le texte et les illustrations. L'illustrateur, Thomas Baas, a travaillé à partir du texte et a créé des illustrations en gris et blanc, avec quelques touches de bleu. Les dessins complètent le texte, et ont une place bien définie dans le livre. Par exemple, au début du roman, Emmanuel Bourdier n'explicite pas le fait que Geronimo est un enfant du voyage. En revanche, le dessin de Thomas Baas représentant des caravanes nous permet de faire le lien et de comprendre à quelle communauté appartient Geronimo.
Julie MALARD
et Léa DECREUS
Rencontre avec l'autrice de Bulldozer
Aliénor Debrocq : une rencontre émouvante, qui change notre vision du livre.
Ce vendredi 3 mars, le Lieu Unique accueillait Aliénor Debrocq, ainsi que trois classes de CM1/CM2/6ème, pour une rencontre concernant son livre Bulldozer.
Question : Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Aliénor Debrocq : Quand on demande à Aliénor Debrocq de se présenter, voici ce qu'elle répond.
C'est à 12 ans qu'elle écrit sa première histoire, lors d'un cours de sixième, où son instituteur avait proposé à la classe d'écrire une nouvelle. C'est alors que sa passion pour l'écriture est née.
À 16 ans elle participe à son premier concours de nouvelles, mais arrête peu après pour ses études. Aujourd'hui elle donne des cours de littérature et d'écriture à Bruxelles, tout en s'adonnant à sa passion.
Q : Qu'est ce que cela fait de voir que son livre a été lu par autant de lecteurs ?
AD : À cette question d'un enfant de CM2, l'autrice répond qu'aujourd'hui elle se rend compte de l'étendue qu'a pris la publication de son livre, "Cela me fait extrêmement plaisir, c'est comme si tout se matérialisait, c'est très beau et impressionnant ".
Ce n'est que lors de cette rencontre qu'Aliénor Debrocq a mesuré le succès du roman.
Q : Pourquoi avoir choisi une fin triste ?
AD : "C'est vrai que souvent, le retour que j'ai du livre c'est, "Pourquoi avoir choisi une fin comme celle-ci, alors que c'est un roman jeunesse." Il semble que c'est quelque chose qui tracasse les petits comme les grands."
La présentatrice : "Mais vous pouvez comprendre cette question ? Que répondez vous à cela ?"
AD : "Souvent on dit que pour les enfants, il ne faut pas de fin triste. Mais à travers mon roman je voulais montrer à la fois l'espoir et la tristesse. Parfois, dans la vie, on vit des choses dont la fin n'est pas celle qu'on espérait. Mais ce que je veux que l'on retienne, c'est que le trajet : lui, a été beau."
Q : Qu'est ce que cela vous a fait de voir le livre avec les dessins ?
AD : "Le moment où j'ai pu voir la maquette avec les dessins a vraiment été révélateur. J'ai pu voir mes personnages prendre forme, eux qui n'étaient qu'imaginaires. Textes et dessins entraient en résonance pour faire vivre l'histoire."
Ce qui ressort donc de cette entretien, c'est l'importance pour Aliénor Debrocq de l'ajout des illustrations.
Q : Avez-vous prévu de publier un tome 2 ?
AD : "Ce n'était pas prévu, mais c'est peut-être une idée..."
La rencontre s'est conclue par une séance de dédicaces où les enfants ont pu échanger avec Aliénor Debrocq.
Lilou et Maxence
Un livre à la réalité écrasante
Aliénor Debrocq, en s'inspirant de la ville de Détroit, met en scène les conséquences désastreuses d'une crise économique et sociale à travers son livre Bulldozer.
Que raconte ce livre ?
Bulldozer retranscrit l'histoire de la ville de Detroit, aux États-Unis avec la marche du Nain Rouge. C'est un roman jeunesse où l'on suit l'histoire d'une famille vivant dans une ville en pleine évolution : Motor City, capitale de l'automobile et du progrès. Malheureusement, cette évolution est loin d'être positive pour les familles les plus précaires. En effet, cette famille risque l'expulsion et c'est plus particulièrement le chemin de la fille ainée qui va nous intéresser ; une petite héroïne dont nous ne connaissons pas le prénom, qui est engagée et qui décide d'agir.
Quel est le public visé ? Quels objectifs ?
Ce livre assez court, s'adressant aux enfants âgés de 9 à 12 ans, évoque la transformation d'un quartier en dévoilant tout l'aspect économique, social et environnemental qu'il comporte. Ces thèmes d'actualité amènent à réfléchir sur nos actes menés aujourd'hui, pour nous donner envie de mieux construire un lendemain. L’héroïne principale invite de ce fait les enfants à s'engager d'avantage sur des sujets sensibles tels que ceux qu'ils ont pu découvrir dans le roman.
Les multitudes de thèmes
Les thèmes abordés touchent beaucoup de personnes, de ce fait, certains enfants peuvent être amenés à s'identifier et à comprendre d'autant plus ce genre de combat. De plus, l'héroïne et sa famille sont des personnes de couleurs. De ce fait, il est également important de parler des différences faites entre les personnes blanches et les noires outre-Atlantique car c'est parfois un sujet tabou dont les enfants ne sont pas assez informés. Enfin, le sujet de l'environnement est évidemment mis en avant et très bien traité car la crise économique entraîne des constructions de building non écologique. C'est donc un excellent choix de thème puisque depuis plusieurs années, les changements climatiques et leurs conséquences sur les grandes villes sont d'actualités. D'ailleurs, le livre propose des solutions comme le potager dont s'occupe la mère de l’héroïne.
Et les illustrations ?
Elles sont à la fois simples et très intéressantes. Elles permettent au lecteur de se représenter un peu plus facilement l'histoire et d'animer la lecture. De plus, ces illustrations résultent de choix venant de l'autrice et sont des moments clés importants. C'est le cas pour cette représentation d'un bulldozer vandalisé par l’héroïne et un de ses amis. Cette action est un symbole montrant que malgré leurs jeunes âges, ils souhaitent tout de même se battre contre certaines décisions jugées injustes.
Ludivine MARIAUD
et Elisa LEDROIT
Qu'est-ce que le Prix Bermond-Boquié ?
Diffusion et valorisation de la littérature jeunesse.
Un peu d'histoire...
Le Prix Bermond-Boquié est un prix littéraire créé en hommage à Monique Bermond et Roger Boquié. Dans les années 1990, ces deux critiques littéraires à la retraite ont donné l'ensemble de leurs travaux critiques et leur bibliothèque, soit près de 25 000 ouvrages, à la ville de Nantes. Ils ont initié la création de l'association Nantes Livre Jeune et du centre de recherche Bermond-Boquié. Désormais intégré au service Patrimoine de la Bibliothèque Municipale, ce centre permet à tous, petits et grands, de consulter de vieux ouvrages. Le centre de recherche Bermond-Boquié vise également à promouvoir la littérature jeunesse.
Évoquer des thèmes sociétaux
Ce prix littéraire permet de découvrir, lire et échanger autour de quatre romans abordant des thèmes de société. Les romans sont choisis tous les ans par les bibliothécaires de la Bibliothèque municipale de Nantes. Ils sont en lien avec le Festival Atlantide « Les mots du monde ». Cette année, ils évoquent des thèmes d'actualité tels que l'écologie, le deuil, le handicap, la relation parent-enfant et le vivre ensemble.
En pratique
Ce prix littéraire s'adresse aux jeunes de 9 à 12 ans qui participent aux clubs de lecture organisés par les bibliothèques du réseau ou qui sont scolarisés dans les classes de cycle 3. Les élèves échangent leurs opinions sur les différents livres en classe avec leurs enseignants. Ils peuvent également rencontrer des auteurs lors de la journée scolaire programmée dans le cadre du festival Atlantide, organisé par la Cité des congrès et ainsi voter pour leur auteur préféré. Le Prix a été décerné dimanche 5 mars 2023 au lieu unique à Anna Woltz pour son roman Alaska. Il offre au lauréat une récompense à hauteur de 2 000 euros.
Clara PERSOUER
et Lisa PAIMPARE
Les PPPE s'incrustent au festival Atlantide !
Dans le cadre de leur formation, les étudiants de PPPE rencontrent des auteurs de littérature de jeunesse.
C'est quoi les PPPE ?
Le PPPE est le Parcours Préparatoire au Professorat des Ecoles. C'est une formation de trois ans pour les étudiants qui veulent devenir professeurs des écoles. Elle offre une solide base de connaissances et de compétences pédagogiques pour passer le concours. Les étudiants suivent des cours théoriques pluridisciplinaires au lycée et à la faculté, ainsi que des stages pratiques en école primaire. C'est une formation à considérer si vous souhaitez devenir professeur des écoles.
Une première immersion
Les rencontres avec les auteurs ont permis aux étudiants de PPPE de découvrir l'univers de la littérature de jeunesse, car ceux-ci seront amenés à utiliser et étudier ce genre littéraire avec leurs futurs élèves. De plus, cela leur a permis de voir l'intérêt des enfants pour la littérature de jeunesse, ainsi que leurs réactions face aux auteurs. En effet, les élèves de primaire et collège ont su soulever plusieurs interrogations et apporter de nombreuses interactions, aussi bien avec les auteurs qu'avec le personnel présent au sein du festival. "En tant qu'étudiant au professorat des écoles, il est intéressant de pouvoir se projeter et observer les différentes pédagogies", explique un élève de PPPE. Cette rencontre représente donc une expérience enrichissante pour les étudiants, qui leur a apporté de nombreuses connaissances sur la littérature de jeunesse.
Linda MALKIA
et Nolan MARIE