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Pages 5-11
Politique & société
Élections européennes, conflit Israël-Palestine, élections amé- ricaines... Entre échéances électorales et tensions géo- politiques, l'actualité politique est riche. En exclusivité, l'interview d'une jeune palestinienne. Et on fera le point sur quelques grands enjeux actuels comme la fin de vie ou le droit à l'avortement.
Page 12
Culture
Le Festival de Cannes terminé, on revient sur la Palme d'or de 2023 et l'engagement du cinéma de ces dernières décennies, avec une suggestion de films propres à changer les consciences. On parle aussi de la révélation musicale de l'année : Zaho de Sagazan et sa Symphonie des éclairs.
ÉDITO : Un journal pour le lycée !
"Cela semble toujours impossible, jusqu’à ce qu’on le fasse" Nelson Mandela
Ça y est, vous l'avez entre les mains pour sa version papier, ou devant les yeux pour sa version web. Le tout premier exemplaire du Mond'est là est enfin sorti des presses, tout chaud, tout pimpant.
Nous sommes fiers de vous le partager aujourd'hui, après plusieurs mois d'efforts, de pas mal de travail et la concrétisation de presque toutes nos envies. Presque, car monter un journal, c'est faire des choix et les assumer. Les thèmes abordés ont donc d'abord été débattus en réunion avec tous les membres. Derrière tout ça, une idée : faire découvrir les coulisses méconnus de Mandela et évoquer des sujets d'actualité qui nous touchent. Constatant la difficulté rencontrée par notre entourage pour comprendre un flot d'informations complexes et en continu, nous avons voulu faire de ce journal un outil de vulgarisation clair et fiable, accessible à tous.
Méconnaissants des rudiments d'un travail d'investigation, nous nous sommes appuyés depuis le mois de janvier sur l'association du "Journal des lycées", un programme d'éducation aux médias piloté par Ouest-France. Deux regards croisés ont guidé nos plumes : ceux du journaliste Bruno Saussier et de M. Guignard, professeur documentaliste au lycée.
Nous espérons que ce premier numéro sera le précurseur d’une longue série. Nous avons pris beaucoup de plaisir pour le réaliser, tous nos articles ont fait l'objet d'un investissement complet de la part de chaque rédacteur et le résultat final est à la hauteur de nos espérances.
En vous souhaitant une très bonne lecture !
La rédaction
Pages 2-4
Mandela News
Plongeons ensemble dans l'effervescence de Mandela ! Découvrons les dernières initiatives du CVL qui dyna- misent notre quotidien. Picorons les infos clés avec "Mandela en bref". Enfin, explorons les coulisses de notre lycée lors du dernier forum des élèves. Sans manquer les secrets de la cuisine et les mots croisés !
Je t'écris de Cisjordanie...
.Une lycéenne palestinienne raconte son quotidien. Retrouvez son témoignage et notre dossier dans nos pages centrales (p. 6-9) (Ce dossier et l'interview ont été réalisés avant la période électorale du mois de juin 2024.).
N° 1 - Juin 2024 | https://nelson-mandela.paysdelaloire.e-lyco.fr/ |
CVL, outil ou gadget ?
Créé en juillet 2000, le Conseil de la Vie Lycéenne est un outil essentiel dans les lycées, mais sous-utilisé et peu valorisé.
Offrant aux lycéens une plateforme pour s'exprimer, le CVL est un pilier pour la démocratie lycéenne. Il permet d'intégrer de jeunes citoyens responsables et conscients de leur rôle dans la société, en leur offrant la possibilité d'avoir un rôle actif dans le fonctionnement de leur école.
"On lutte contre les discriminations"
La lutte contre les discriminations est inscrite au sein du CVL en favorisant l'inclusion et le respect de la diversité. "Il est nécessaire d’impliquer chaque élève dans le CVL" informe Alissa, membre du conseil depuis 2023. En organisant des actions de sensibilisation et des événements, il contribue à créer un environnement éducatif, inclusif et respectueux, où chaque lycéen se sent reconnu et valorisé.
Censée représenter tous les élèves, l'instance fait cependant l'objet de critiques quant à sa composition. Son processus de sélection souvent opaque est critiqué. "On y retrouve les élèves les plus populaires, les intellos, les lycéens proches de l'administration" reproche Joseph.
Entre élitisme et inclusion
En mars 2024, un sondage réalisé auprès de plusieurs élèves sur les réseaux sociaux mettait en évidence la part prépondérante des lycéens des filières "élite", créant un déséquilibre entre voies Générale, Technologique et Professionnelle. Une opinion partagée qui met à mal la représentativité de l'instance.
"À quoi servent-ils réellement ? Ils ne sont pas mis en avant, on ne sait pas ce qu’ils font ?", indiquent Florian et Ayhan. Ces témoignages soulignent la nécessité de repenser les pratiques du CVL pour garantir une représentation équitable et inclusive de tous les lycéens.
Le CVL à Mandela
Ces perceptions parfois négatives n'empêchent pas le Conseil de la vie lycéenne de faire son possible pour représenter au mieux les préoccupations et les intérêts de tous.
Ainsi, Kalie aimerait que le CVL soit plus transparent et équitable, reconnaissant les efforts déployés par le conseil pour offrir un environnement meilleur aux lycéens. Cependant, certains défis subsistent, comme en témoigne l'échec de l'événement de la Saint-Valentin en raison de contraintes de temps, malgré une organisation minutieuse.Soraya Yakete
Forum des associations en toute intimité
Educ@, les règles : stop au tabou !
Pour le forum, se sont réunies plusieurs associations dont Educ@, qui a choisi de seulement représenter la commission Précarité menstruelle. Ce stand proposait plusieurs activités en rapport avec le cycle menstruel. À disposition des élèves se trouvaient toutes sortes de protections : serviettes réutilisables ou non, tampons, culottes menstruelles, cups et éponges ; un kahoot ; le Period quizz, un jeu dont le but est de trouver quelle publicité parmi trois parle des règles ; une vidéo où témoignaient deux femmes souffrant d'endométriose ; le Memory des quéquettes et des foufounes avec des dessins d'appareils génitaux variés (une initiative des élèves hors du cadre principal).
Jeu qui choque : un mal pour un bien ?
"Je trouve ce Memory super, on peut observer beaucoup de diversités !" (formes, tailles, couleurs, pilosités) précise un élève. Bien que suprenant ou même choquant pour beaucoup, ce jeu a beaucoup fait rire en conservant un but ludique tout en transgressant les moeurs de la société !
Quand la technique avance, les habitudes persistent
Il a été observé que la majorité des élèves utilisaient quotidiennement serviettes jetables, tampons et culottes sans connaître les alternatives aux tampons plus écologiques : cups et éponges. Le lycée, qui procure déjà serviettes en tissu et culottes bio/locales, doit donc continuer dans cette veine et s'en inspirer !
"Tu reçois souvent des insultes ?" – Pas vraiment, un peu plus d'une fois par semaine"
Enfin, puisqu'il y avait une association pour les droits LGBTQIA+, nous avons pu les interroger sur les remarques ou insultes subies quotidiennement : "Ils disent que ce sont des blagues... Ce n'est pas drôle", "Ce sont pratiquement toujours des mecs", "Seuls ils ne font rien mais en groupes ils prennent confiance."
La tolérance et le respect envers ces personnes est définitivement un défi primordial au XXIème siècle qu'il faut poursuivre sans relâche !
Charlotte Pigeaud
Mandela en bref
Une nouvelle spécialité en classe de première
Tu es en classe de seconde et intéressé par la traduction, les relations internationales, le tourisme, la communication, ou le marketing ? La spécialité LLCER Espagnole, est peut-être faite pour toi ! Accessible dès la rentrée 2024, elle propose au programme : l'étude complète de deux oeuvres, la production d'écrits et d'oraux, permettant de développer une maîtrise de la langue et des connaissances culturelles sur le monde hispanique. Tout comme son homologue anglaise, si elle est conservée en terminale, l'élève devra constituer un dossier de documents artistiques et littéraires à présenter pour l'épreuve de Grand Oral.
Bal de Promo des terminales
Quelques nouvelles informations concernant le bal de fin d'année. Contrairement à celui de l'année dernière, il ne pourra pas se tenir dans l'enceinte du lycée. En effet, lors du précédent événement, deux personnes ont fini la soirée alcoolisées et de légères dégradations ont été constatées. Après un refus de la direction, le Conseil de Vie Lycéenne est à la recherche d'une nouvelle salle, en dehors du lycée...
Stage des secondes
Pour la première fois cette année, tous les élèves de seconde générale de France vont réaliser un stage d'observation en entreprise. Ils auront lieu sur la période du 17 au 28 juin, durant laquelle les élèves de première et terminale effectueront leurs épreuves de baccalauréat. L'idée était surtout d'occuper ces lycéens, au moment où les heures de cours ne sont plus toutes assurées (professeurs correcteurs ou surveillants d'examens) et la charge de travail fortement réduite.
Clara Auray
Les dessous du lycée : les cuisines
Chaque jour ou presque, nous mangeons au self. Ce n'est qu'un repas dans notre plateau, mais pour que tout le monde puisse l'avoir, ce sont 1000 couverts qui doivent être préparés.
1000 repas, ce nombre à de quoi impressioner ! c’est pourtant le fruit du travail quotidien de toute une équipe, qui derrière les murs de la cuisine, oeuvre pour nourrir le lycée. Si nous reconnaissons quelques visages qui nous servent ou qui ramassent les pichets, l’équipe cuisine du lycée Nelson Mandela reste plutôt mystérieuse.
Mais alors qui sont-ils ? Combien ? Que font-ils toute la journée ? Comment est-ce possible de nourrir autant de personnes ?
Nous sommes alors allées à la rencontre de M. Colin, le chef cuisinier du lycée, qui nous a fait visiter son espace de travail, et nous a expliqué grâce à quelle organisation l’exploit de nourrir presque 1000 personnes par jour est mené à bien.
À la rencontre des cuisiniers
L’équipe est composée d’un responsable de cuisine, M.Colin, de deux adjoints, d’un cuisinier, de trois aides-cuisines et d’une magasinière. Le responsable n’a, d'après lui,"pas tant un rôle de cuisinier que de coordinateur". En effet, c’est lui qui s’occupe d’encadrer l’équipe, de faire leurs emplois du temps et de passer les commandes à de nombreux fournisseurs. Chaque mois, il passe 4h à réaliser les menus, qui sont ensuite validés par une diététicienne. Les trois cuisiniers, eux, sont aux fourneaux, tandis que les trois aides-cuisines alternent entre le froid, le dessert et la plonge. La magasinière, comme son nom le laisse à penser, s’occupe de l’entrée des marchandises, qu’elle prend en charge chaque matin. Elle sort également les aliments des chambres froides, qui seront utiles aux préparations du lendemain.
Une journée type
Une journée type en cuisine n’est pas de tout repos :
6h15 : tous les employés sont à leur poste. M. Colin s’occupe de préparer les petits-déjeuner tandis que les légumes, les entrées et les desserts sont déjà en cours de préparation pour le repas du midi.
6h30 : M.Colin sert le petit-déjeuner aux internes, pendant ce temps là, le travail continue en cuisine
10h00 : Après une courte pause de 20 minutes dans la matinée, tout est terminé. C’est alors que, restauration collective oblige, les cuisiniers se chargent d’enregistrer leurs tâches effectuées sur une tablette, avec des relevés des températures des produits en temps et en heure, les repas témoins,… Ce travail est très chronophage, et occupe environ 10 à 15 % du temps du cuisinier, mais il est essentiel pour respecter l’organisation et les normes sanitaires.
15h15 : La journée est officiellement finie, sauf pour le cuisinier s’occupant du repas du soir, qui achève sa journée à 20h
S'adapter au grand nombre
La préparation en grande quantité nécessite une bonne organisation, et divers moyens pour les cuisiniers, à l’échelle de la demande. Par exemple, pour la préparation d’un couscous pour 800 personnes, ce sont 25 kg de carottes, 15 kg de navets, 15 kg de céleri, 10 kg de courgettes et 10 kg d’aubergines qui sont désinfectés avant d’être épluchés et coupés dans la cellule “légumerie-déboitage” à l’aide de gros robots. Puis ils sont cuisinés, ajoutés à la préparation avec 50 kg de semoule.
Cependant, bien que les quantités soient importantes, le lycée propose des produits frais et non transformés, qui sont cuisinés sur place. Les importations sont locales et de saison, alors que tous les légumes et fruits sont BIO et/ou local (les cuisines du lycée sont donc pionnières par rapport à la loi qui demande minimum 1 repas BIO par semaine et 50 % de provenances locales minimum). Les cuisiniers disposent également de beaucoup de matériel à disposition : 3 sauteuses (poêles) de 150 L et de 300 L , trois énormes fours, des sauteuses électriques, 4 friteuses… Mais la cuisine possède également plusieurs chambres froides, une cellule de refroidissement pour préserver la qualité de tous les aliments. Grâce à toute cette technologie : "l’équipe peut être réduite du tiers, même si cela n’enlève en rien au travail fourni chaque jour", nous dit le chef.
Halte au gaspi !
Une attention particulière est apportée à l’exploitation de la nourriture : "Il n'y a jamais de pertes", nous affirme le chef cuisiner. On peut par exemple repasser les aliments jusqu’à J+3, s’ils ont été bien conservés au frais. L’expérience du responsable cuisine lui permet également de gérer l’argent et les quantités pour limiter les pertes. Depuis un peu plus d’un an, on peut même congeler certains aliments, selon une méthodologie très précise. Lors de la première ouverture annuelle de la sandwicherie, les sandwichs non achetés ont été transformés en “bruschettas” et mangés au repas du soir.
Concernant le gâchis des élèves eux-mêmes, on dénombre un retour des assiettes à 300 kg/semaine. Nombre pouvant être grandement amélioré, mais ces pertes sont plutôt faibles, équivalentes à une moyenne de 120 g par personne en un repas. Mais le plus gros problème reste, d'après M.Colin, celui du pain : "le gâchis de pain, qui n'est pas mangé est énorme, il représente 15 kilos par semaine". Un meilleur tri et le pain pourrait être redistribué par les boulangers dans un circuit, transformé en farine pour les animaux. Ce n’est pas le cas, les cuisiniers retrouvant chaque semaine dans la panière des yaourts, des opercules, des sachets de sucre, rendant son recyclage impossible. Si les usagers du restaurant scolaire se mettaient à diminuer leur gaspillage, des économies seraient faites et le prix du repas par personne pourrait être diminué, et le lycée pourrait ajouter sa pierre à l'effort de sobriété général.
Clara Auray et Léonie Marcon
Quand le lycée prend la pose
Chaque mardi, à l'heure où le lycée commence à se vider, quelques élèves attrapent pinceaux, crayons et pots d'encre, pour croquer leur environnement en 90 minutes.
Ces élèves font partie de l’atelier architecture, instauré par Monsieur Lepabic depuis 3 ans. Professeur d'histoire, il a cependant fait des études d’architecture. L'idée de l'atelier lui est venue car selon lui “on ne soupçonne pas la beauté du bâtiment”. Pour ce lycée qui est “ l’un des plus beaux”, il serait dommage de ne pas le laisser se dévoiler sous la plume des jeunes. Il ajoute “c'est à cet âge-là que le sentiment de beauté nous mange” !
Arts pluriels
Le principe de l’atelier est simple : le professeur donne un thème, les élèves choisissent où l’interpréter, en observant le lycée sous tous ses angles. Ils optent, parmi le matériel fourni, pour ce qui les inspire le plus. À disposition : différents types et tailles de papiers, des feutres, des pinceaux. Les élèves ont des profils différents. Certains visent des écoles d’architecture ou de design, d’autres ne sont motivés que par leur passion. Tous sont ravis de participer à cette activité après une longue journée de cours, et ce temps “passe en réalité très rapidement” selon un élève.
L’atelier exposera ses œuvres durant l’année dans le cadre du festival Mandel'art.
Clara Auray et Léonie Marcon
Mots croisés
1. Technique de handball qui consiste à feinter le tir en suspension
2. L’auteur des poèmes affichés sur nos fenêtres
3. Mettre de beaux habits (en Espagnol)
4. Le “Secret Santa” des Allemands
5. Un caractère chinois en plus facile
6. L’événement vécu par le lycée le 5 septembre 2014
7. Mouvement de danse où les deux jambes s’écartent et se rapprochent simultanément
8. L’association d'élèves présente au forum des associations en décembre
9. “Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends”
10. Plus basse note d’un accord ou d’une gamme, elle donne le ton
11. Deux divisions cellulaires des eucaryotes, permettant la formation de la cellule-oeuf
12. Le nom botanique d’un arbre du jardin d’hiver
13. Le meilleur magasin du lycée
14. “Je pense, donc je suis”.
Européennes : le paradoxe des 18-24 ans
Taxés d'irresponsable et accusés d'alimenter le vote d'extrême droite, les jeunes sont plus avisés que l'image renvoyée par beaucoup. Analyse d'un récent sondage Ipsos.
On dit souvent que les jeunes seraient désintéressés de la politique, et qu’iels voteraient massivement pour le Rassemblement national (ex-Front National). Cependant, le sondage Ipsos de mars 2024 pour le CEVIPOF et Le Monde («Enquête Ipsos pour le CEVIPOF, Le Monde, la Fondation Jean Jaurès et l’Institut Montaigne») dresse un panorama bien plus nuancé.
Des jeunes europhiles
D’abord, concernant l’intérêt pour les élections européennes : les 18-24 ans ne sont pas ceux qui s’intéressent le moins aux élections européennes (6/10, 10 étant l’intérêt maximal), puisque les 25-49 ans s’intéressent autant qu’eux à ces élections et les 35-49 ans sont la tranche d’âge qui s’intéresse le moins aux élections européennes (5,8/10). Par contre, les 18-24 ans sont ceux qui, avec les 25-34 ans, ont le moins l’intention de voter : 30 % pour les 18-24 ans et 29 % pour les 25-34 ans. Autre chiffre démontrant ce paradoxe entre forte abstention et pourtant adhésion au projet européen, seul 19 % des 18-24 ans trouvent que l’unification européenne est allée trop loin, contre 35 % des 50-59 ans. Alors pourquoi une si forte abstention ?
Un vote différent du reste de la population
Une des raisons avancée notamment dans le sondage est le fait que les listes politiques ne soient pas représentatives de l’opinion des 18-24 ans.
Il est vrai que les 18-24 ans ne votent pas comme le reste de la population : ainsi les partis de gauche y sont surreprésentés et l’extrême droite est au même niveau que dans la population. De plus, Renaissance y est incroyablement sous-représenté : seulement 4 % d’intention de vote pour le parti présidentiel. Encore un paradoxe : rarement le pouvoir a été aussi jeune, avec un premier ministre qui a 35 ans et un président 46, et pourtant sur 100 électeurs de Renaissance, les deux tiers ont aujourd’hui plus de 60 ans. Il faut dire que les projets “pour” la jeunesse portés par le pouvoir n’ont pas grand chose de jeune : l’uniforme obligatoire à l’école, les classes de niveau et le Service National Universel (SNU) sont tant de reliquats d’un passé fantasmé (l’uniforme n’a jamais été imposé en France) et des mesures réactionnaires destinées à séduire surtout les retraités, de préférence des classes les plus aisées, comme le démontre le sondage. Aussi, elle marque un virage à droite – l’uniforme avait été proposé par Marine Le Pen et les classes de niveaux par Éric Zemmour – qui peine à séduire auprès des 18-24 ans, qui lui préfèrent le RN.
Par contre, les partis de gauche, sauf le Parti socialiste (PS) engrangent des intentions de vote bien supérieurs auprès des jeunes qu’auprès du reste de la population : 18 % pour Les Écologistes (anciennement EELV) au lieu de 8,5 % dans l’ensemble de la population et 17 % pour la France Insoumise (LFI) au lieu de 7 % dans l’ensemble de la population.
Forte adhésion aux luttes environnementales
Sur la question climatique aussi, les moins de 25 ans sont en rupture avec les autres générations. Ainsi, 35 % des moins de 25 ans veulent prioriser l’environnement par rapport à la croissance économique, contre 16 % des plus de 70 ans ! C’est la catégorie d’âge qui adhère le plus à la protection de l’environnement.
Une génération divisée
Cependant, il est difficile de considérer les 18-24 ans comme un groupe homogène. Il y a d'abord les différences socioculturelles entrant dans cette catégorie d'âge. Mais il y a un nouveau phénomène qui n'existait pas il y a six ans : le global gender divide, la division globale en fonction du genre. En effet, les jeunes hommes se tournent de plus en plus vers des mouvements d'extrême droite ou masculinistes alors que les femmes se tournent de plus en plus vers les mouvements progressistes, c'est ce que révèle une enquête du Financial Times. En Allemagne par exemple, les femmes de moins de trente ans sont 30 points plus libérales (au sens américain du terme, c'est-à-dire de gauche) que leurs congénaires masculins.
Un backlash – alors que l'égalité est loin d'être atteinte
Même si il n'y a pas d'enquête assez complète pour analyser le gender gap chez les jeunes pour les européennes, on remarque que dans l'ensemble, les femmes votent 6 points de moins pour l'extrême droite et 5 points de plus pour le PS et EELV que les hommes. Le fait que les femmes aient une inclinaison progressiste s'explique par exemple par leur niveau de diplôme souvent plus élevé que celui de leurs homologues masculins – 46 % des Européennes de 25-34 ans étant diplômées du supérieur, contre 35 % des Européens, selon Eurostat. Or les plus diplômés ont tendance à voter plus progessistes que le reste de la population.
Autre facteur qui favoriserait cet écart : le backlash, le retour de bâton. En effet, la – toute relative – libération de la femme et la quête d'égalité font que certains hommes pensent être désavantagés. Pourtant, les inégalités persistent : le salaire moyen des françaises est en 2022 toujours 23,5 % inférieur à ceux de la gent masculine, la responsabilité de quatre familles monoparentales sur cinq incombe aux mères. En dépit d'inégalités persistantes, les hommes frustrés, désavantagés par la mondialisation, tourneraient leur colère – voire leur haine – contre les femmes.
Ulysse Lemaire
Je t'écris de Cisjordanie...
Cela fait plus d’un an maintenant que je corresponds avec une jeune Palestinienne du nom de Tasneem. Elle a 17 ans et elle vit en Cisjordanie occupée, à Jénine plus précisément, ville dans laquelle les habitants et l’armée israélienne se livrent à de violents affrontements. Dans le cadre de ce journal, elle a accepté de répondre aux questions de notre équipe de rédaction au fil de ces derniers mois.
Propos recueillis et traduits par Anouk Eon--Perrono et photos (sauf mentions contraires) de Tasneem.
De Jénine, mars 2024
Anouk : Peux-tu nous dire, Tasneem, quelle est ta religion, et si tu t’associe à ceux qui revendiquent les attaques du 7 octobre ?
Tasneem : Ma religion est l’Islam. Je ne m’associe pas à ceux qui revendiquent les attaques, mais je suis pour le fait de se défendre car c’est ce que ferait n’importe qui s’il était attaqué.
Comment le début du conflit a-t-il impacté ton quotidien ?
Le conflit a évidemment un impact sur ma vie et sur celle de tous les autres Palestiniens. C'était déjà le cas avant l’attaque du 7 octobre, mais l'impact est aujourd'hui plus fort que jamais. Quand l'armée israélienne entre dans ma ville, ce qui arrive souvent, les jours d’écoles sont annulés. Ça peut arriver n’importe quand et on ne peut rien y faire. Parfois, les soldats israéliens font irruption dans ma ville quand nous sommes à l’école, et il est impossible de savoir si l'on sera en sécurité en sortant du lycée. Ça oblige aussi les professeurs à endosser la responsabilité de chacun des élèves. Il m’est arrivé deux fois de rester enfermée dans notre école. Une fois, dans une autre école, élèves et professeurs sont restés coincés toute une nuit.
Étais-tu déjà consciente des divisions et tensions au sein du pays ?
Bien sûr que oui. Ce n’est une chose nouvelle ni pour moi, ni pour le reste de mon peuple. Je pourrais même dire que nous sommes habitués aux attaques israéliennes et aux tentatives de ripostes des combattants Palestiniens.
Est-ce que tu es témoin de la colonisation israélienne ?
Oui nous en sommes tous témoins. Tsahal (ndlr : l'armée israélienne) attaque des propriétés publiques comme privées, et je vois comment les rues et les immeubles sont détruits. Les soldats détruisent aussi des maisons et leurs habitants n’ont plus nulle part où aller. Mais ils ne font pas que détruire : ils tuent aussi. Ils se fichent de l’âge que tu as, et on le voit davantage aujourd’hui car c’est ce qui se passe à Gaza. Je suis soulagée de voir que le monde entier en prend davantage conscience maintenant. C'est vraiment difficile, pour nous, de voir le monde regarder et ne rien faire. J’aimerais pouvoir aider les victimes gazaouies (1). Je prie pour eux tous les jours et j’espère qu’ils vont bien.
As-tu déjà été victime d’agressions ?
Je n’ai jamais été victime d’agressions mais beaucoup de gens de mon âge et de ma ville l’ont été. Y compris des élèves de mon âge.
As-tu peur au quotidien ?
Je n’ai pas peur mais je ne suis pas en sécurité. Il y a beaucoup d’attaques dans toute la Cisjordanie et spécifiquement dans ma ville, "Jénine" si vous tenez à le savoir. Donc ce n’est pas la première fois qu’une attaque comme celle du 7 octobre et ses représailles arrivent. Espérons que ce soit la dernière.
Penses-tu qu'une solution de paix soit envisageable ?
Peut-être… Je suis loin d'en être certaine car nous avons déjà essayé des solutions de paix et cela ne (-- > suite p. 7)
-- > suite de la page 6.
semble pas fonctionner. Personnellement, je crois que les plus forts gagneront. Et que tant que les USA supporteront Israël, l'idée même d'une paix n'aura aucune réalité. Si la paix aidait les Palestiniens à Gaza, je serai bien sûr pour. Mais je ne pense pas que nous pourrions libérer la Palestine de cette façon. En fait, le plus souvent, notre gouvernement (2) ne nous représente pas. Certains croient en des solutions pacifiques ; d'autres en la riposte.
Qu’est-ce que tu souhaites à l’avenir ?
Pour mon avenir, je veux une vie normale. Vivre comme n’importe qui d’autre, vivre dans un endroit où je sais que je suis en sécurité. J'ai beaucoup de rêves et d’objectifs : je veux faire quelque chose de ma vie et être quelqu’un. Enfin, je veux que la Palestine soit libre.
*
De Jénine, juin 2024
Le conflit s'enlisant et l'opinion israélienne manifestant contre cette guerre, j'ai recontacté Tasneem il y a quelques jours :
Quel est ton sentiment maintenant après tous ces mois passés depuis le 7 octobre et la riposte ?
Ça me rend vraiment triste de voir tous ces gens et ces enfants mourir dans mon propre pays, pendant que le monde regarde et n'agit pas. C’est vraiment un sentiment bouleversant et cela me désespère de l'humanité.
Quels sont tes sentiments vis-à-vis des israéliens ? Vis-à-vis d'Israël ? Te crois-tu capable un jour de nouer une amitié avec un/une Israélien/ne ?
Pour être honnête, je ne me sens pas vraiment bien à l’égard des Israéliens. Les voir voler nos terres, tuer notre peuple, ou même de voir des civils soutenir le meurtre d’innocents. Est-ce que je nouerais une amitié avec un/e Israélien/ne ? Je pense que non. Sauf si cette personne ne soutient pas ce que fait son « pays ». Pour être honnête, je ne crois pas qu'Israël soit un pays. Mais si cette personne pense que ce pays est le nôtre, et que le judaïsme n'est qu'une religion, comme certains juifs le croient, alors je pourrais être ami avec elle.
Trouves-tu du sens à ce conflit ? Et tes proches ?
En tant que musulmane, oui, je trouve un sens à ce conflit car il a été mentionné dans le Coran (livre sacré des musulmans), donc nous savions déjà que Israël occuperait la Palestine. Il y a aussi une bonne chose que nous savons, c’est qu’il est en fait certain que la Palestine sera libre un jour. Mais nous ne savons simplement pas quand.
As-tu accès à des structures sportives ou culturelles (terrain, médiathèque, etc.) ?
Oui, nous y avons accès, mais pas aussi librement que dans d’autres pays. Car cela pourrait être empêché par l’armée israélienne lorsqu’ils entrent dans une ville palestinienne par exemple (ils n’entrent pas dans un bon but).
Que penses-tu des autres pays comme la France ? Aimerais-tu y vivre ?
Oui, je suis en paix avec les autres pays. Le pays ne représente pas tous ses habitants. Si un pays soutient une croyance, cela ne veut pas dire que tout ceux qui y vivent doivent y croire aussi. Et oui, je vivrais bien dans d'autres pays comme la France.
Quels sont les passe-temps d'une jeune palestinienne ?
Je ne parlerai que pour moi, car les autres filles palestiniennes ont bien sûr de nombreux passe-temps différents. Personnellement j'aime lire, tenir mon journal, et parfois jouer du piano :).
Anouk Eon--Perrono
(Mise en page, Pierre Guignard et relecture, Bruno Saussier.)
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(1) Au 8 mai 2024, l’ONU publiait le nombre de 34 844 personnes tuées à Gaza.
(2) Principalement composé du Hamas (surtout présent dans le Bande de Gaza) et du Fatah (en Cisjordanie). Ce dernier appartient à l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et est le deuxième parti du Conseil législatif palestinien (CLP) après le Hamas. D'autres partis sont présents au sein du CLP mais très minoritaires.
C'était en... 2008 : Un attentat meurtrier à la pelleteuse à Jérusalem
Quand la presse (r)appelle l'histoire. Exemple avec cet épisode du conflit israélo-palestinien.
Ce 3 juillet 2008, Jérusalem est sous le choc. Un palestinien employé sur un chantier vient d'utiliser une pelleteuse pour perpétrer son attentat. Il s'est engagé dans une folle course en contresens sur une des plus grandes voies de la ville, avant d'être abattu. Trois Israéliens tués et une quarantaine de blessés.
Des titres à la pelle
Tandis que Le Figaro titrait "Attentat à la pelleteuse à Jérusalem : trois morts et quarante blessés", Libération insistait sur l'image, "Attentat sanglant à la pelleteuse". Le Monde est plus engageant ("Nouvel attentat anti-israélien à Jérusalem") et a raison d'insister : il s'agissait du second attentat depuis mars 2008 où huit étudiants israéliens avaient été tués par balles par un Palestinien.
Ce tragique fait-divers permet au Monde de faire le point sur le conflit ("le « business » des tunnels clandestins" du Hamas). Les autres journaux sont moins bavards. Toutefois Libé donne une importante photo du terroriste.
Proche-Orient en chantier
Les quotidiens rapportaient les craintes qui embrasaient alors le Proche-Orient : attentats, Hezbollah déclaré organisation terroriste et fuite des Gazaouis vers Rafah pour at- teindre l'Égypte... 2024 fait tristement écho à 2008. L'histoire se répète-t-elle ? Mais la presse peut l'éclairer. Des outils (Retro- news par ex.), disponibles ici au lycée, permettent l'accès à cette presse devenue histoire.
Pierre Guignard
Les dates clefs
16 mai 1916 : Les accords de Sykes-Picot : Proche-Orient découpé en zones d'influence par la France et le Royaume-Uni. Après la défaite de l'Empire Ottoman, la Palestine restera sous mandat britannique jusqu'en 1948.
29 novembre 1947 : Vote de la résolution 181 par l'Assemblée générale de l'ONU, séparant le territoire en trois : un État juif, un État arabe et une zone sous contrôle internationale (avec Jérusalem).
14 mai 1948 : L’État d’Israël déclare son indépendance ce qui provoque le conflit israélo-arabe.
1993 : Les accords d'Oslo : L’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) de Yasser Arafat accepte le découpage temporaire de la Palestine en trois zones dont une sous contrôle israélien.
4 novembre 1995 : Assassinat de Yitzhak Rabin par un militant de l’extrême droite israélienne, alors qu’il avait prononcé un discours à Tel-Aviv sur la paix.
2006 : Le Hamas remporte les élections législatives, précipitant le conflit entre ce dernier et le Fatah. Affrontements violents et évincement du Fatah et de l'OLP de Gaza. Depuis, le Hamas "gère" la bande de Gaza et le Fatah la Cisjordanie.
À partir de 2007 : En réaction, Israël impose avec l'appui de l'Égypte le blocus de la bande de Gaza et ses deux millions d’habitants.
2014 : Guerre de Gaza.
7 octobre 2023 : Attaques terroristes menées principalement par le Hamas depuis Gaza vers les zones frontalières israéliennes. 1139 Israéliens et étrangers tués.
Depuis octobre 2023 : Réponse israélienne et début de la Guerre Israël-Hamas. Nombreuses mani- festations pro-palestiniennes pour la bande de Gaza.Charlotte Pigeaud
La sélection d'ouvrages du CDI
Les conflits, on le sait, c'est moche. Pourtant la littérature peut s'en emparer et nous livrer des textes forts, essentiels et brillants. Notre sélection :
Herzl, pour comprendre
Lorsque Theodor Herzl publie en 1896 L'État des Juifs, la France est en pleine affaire Dreyfus. Lire ce texte aujourd'hui, c'est se rappeler cette époque et mettre la nôtre en miroir. Le penseur du sionisme nous livre ici un texte fondateur nous permettant (peut-être ?) d'y voir plus clair.
La poésie de Darwich...
Avec Mahmoud Darwich (1941-2008), la Palestine accouche d'un poète. Son poète. Solitude, chant d'exil et difficile retour — le Homère palestinien ? — sont au cœur des vers de Darwich. "Le ciel et l'air sont les mêmes pour vous et pour nous." (Palestine mon pays)
... et le théâtre de Hanokh Levin
Parti trop tôt d'un cancer à 55 ans en 1999, le dramaturge israélien n'y est pas allé de main morte ! Sa critique contre la société israélienne est violente. Tantôt absurde, tantôt réaliste, il oscille entre comédies et tragédies. À lire : ses courtes pièces (saynètes) où l'on rit jaune.
Joseph Kessel, le reporter
Le grand reporter français, et académicien, Joseph Kessel (1898-1979) a vu beaucoup. Notamment Israël depuis ses premiers instants jusqu'aux années 70 et à ses conflits. Terre d'amour et de feu est tout à la fois reportage d'un témoin et prose d'un romancier. "Un chœur, rythmé par un accordéon, m'arrêta un instant. (...) Les chants étaient d'une beauté large comme des hymnes guerriers."Pierre Guignard
Texte
Le billet de notre journaliste !
Joe Sacco, père du reportage en BD
Quand j'ai su que Charlotte et Anouk joignaient leurs plumes pour évoquer la Palestine dans ces pages, j'ai immédiatement songé à lui. Pour nous autres, journalistes, Joe Sacco est plus qu'une référence : un mythe, rien de moins.
Tout comme Hunter S. Thompson (autre figure majeure de mon Panthéon journalistique), c'est tout simplement l'inventeur d'un style qui a élargi la palette mise à la disposition des rédacteurs pour écrire un article. Joe Sacco a non seulement "inventé" le reportage en bande dessinée, mais il l'a d'emblée porté à son apogée. Un peu comme si, parmi l'équipe de chasseurs-cueilleurs ayant esquissé les chevaux sur les murs de Lascaux, l'un d'entre eux avait pris ses pigments pour créer La naissance de Vénus.
Joe Sacco ne fait rien en vitesse. Il se rend longuement sur les sites de ce qu'il veut mettre en lumière (Bosnie, Malte, Irak, Caucase, Palestine, Canada…), il rencontre l'autre, prend des notes, puis dessine. Une page par jour, c'est son rythme. Alors plongez dans les 285 pages de Palestine ; et voyez tout ce que l'on peut raconter quand on a un œil, une oreille attentive, et un sacré coup de crayon. C'est bluffant. C'est instructif, rigoureux, carré. C'est indubitablement du journalisme.Bruno Saussier
Make America Great Again : spectacle démocratique ou dramatique désillusion ?
C'est un moment crucial pour les États-Unis et leur histoire politique. Election Day aura lieu le 7 novembre prochain et s'annonce comme le match retour de l'élection de 2020.
Le système électoral américain est complexe, il se démarque par sa décentralisation. Les électeurs américains participent aux primaires de chacun des partis pour choisir des “délégués” qui s'engagent ensuite à soutenir le pré-candidat désigné lors des conventions nationales de leur parti. S’ensuit l'élection générale où le collège électoral élit le futur président américain. Les américains votent dans chaque État pour ses électeurs. Plus l'État est peuplé, plus il bénéficie d'un nombre important de grands électeurs.
Division américaine
Condamné le 16 février 2024 à une amende de 355 millions de dollars (329 millions d'euros) pour fraudes financières, Donald Trump perd le quelque peu de crédibilité qui lui restait. En face, les interrogations sur la santé de Joe Biden, 81 ans, affectent la confiance de l’électorat américain concernant sa capacité à endosser la plus haute fonction des USA. Malgré un bilan économique solide, Biden se retrouve derrière Donald Trump dans les sondages en partie en raison de sa gestion de la guerre en Ukraine souvent décriée par l’opposition et la population américaine bien qu’elle soit applaudie à l’international.
Pourtant vaincu aux dernières élections, Donald Trump n'a cessé de s'autoproclamer vainqueur rejettant la faute sur un système "corrompu". Les primaires lancées le 15 janvier ont signé la division du parti républicain : d'un côté ceux qui valident le résultat de l'élection, passant pour plus modérés et de l'autre ceux qui le contestent. Nikki Haley et Ron DeSantis, les seules alternatives crédibles proposées par le parti républicain, ont retiré leur candidature en raison de problèmes de collecte de fonds et de soutien insuffisant. Trump affirme alors son statut fragile de candidat "naturel" tandis que Biden s'efforce de positionner son expérience politique et sa stabilité comme des atouts pour la présidence.
Une résonnance mondiale
Alors que l'équilibre mondial est mis à mal par le conflit en Ukraine et la riposte israélienne en territoires palestiniens, la géopolitique américaine joue gros. En offrant des politiques internationales diamétralement opposées, les deux candidats inquiètent la communauté internationale. Avec un Donald Trump à la Maison Blanche, l'Europe craint un retour à une politique archaïque et obsolète, ce qui pourrait entraîner des conséquences tragiques suite aux élections américaines.
Ibtissem Oualhani
Comment protéger sa peau (et celle de la planète) !
Ça y est, après un temps de mois de mai plus que douteux, le soleil est enfin là ! Avec son stock d'UV puis de mélanine. Alors on sait tous que vous rêvez d'avoir un bronzage "PUNTA CANA", de ressembler à ces stars d'Instagram au teint caramel, mais par pitié, ne tombez pas dans le piège et... protégez-vous !
Chaque année en France entre 141 200 et 243 500 (oui c'est une grande fourchette) cas de cancer de la peau sont diagnostiqués, et ce n'est pas par hasard : selon Santé Publique France, "Une exposition excessive au soleil chez les enfants et les adolescents contribue à la survenue d’un cancer de la peau à l’âge adulte". Alors dès maintenant : protégez-vous !
Protégez la planète !
Et si vous pouviez le faire en étant respectueux de l'environnement ça serait encore mieux ! En effet, on estime que chaque seconde, 1 litre de crème solaire se dilue dans les océans, soit entre 6000 et 14000 tonnes chaque année, alors avant d'acheter votre indispensable bronzage, vérifiez qu'il ne retournera pas sa veste en tuant une famille de sardines après avoir protégé votre belle peau caramel. Dernière info : la crème solaire ne vous empêchera pas de bronzer ! Alors les jeunes, cet été : protégez-vous (et la planète) !
Rose Collier
Féminisme, yes we Cannes
Depuis 1946, la ville de Cannes se transforme en capitale mondiale du cinéma. Fin mai, la Croisette se pare de tapis rouges pour un festival accueillant étoiles montantes, stars internationales et les plus grands réalisateurs.
Pour la 14e fois de son histoire, le festival a bénéficié d'une présidence féminine. C'est Greta Gerwig, réalisatrice américaine du film Barbie, qui a décroché ce rôle prestigieux, et s'est vue entourée, entre autres, de l'acteur français Omar Sy, la scénariste turque Ebru Ceylan, ou encore le réalisateur japonais Kore-Eda Hirokazu pour départager les 22 films concourant pour la Palme d'or.
Make way for WOMEN
Avec cinq femmes pour quatre hommes, la composition du jury de cette 77e édition a marqué un signal fort dans l'histoire du festival. Cependant, malgré ces progrès, une ombre est venue ternir cette avancée car sur les 22 films en compétition, seulement quatre étaient réalisés par des femmes.
Frappé par les controverses
Sept ans après les débuts de l'affaire Me Too, le cinéma n'en finit pas de dénombrer ses répercussions sismiques après que Judith Godrèche (voir p. 12) ait dénoncé deux figures du milieu. Abordée dès la soirée d’ouverture, par l'actrice française Camille Cottin qui assurait les cérémonies d'ouverture et de clôture, elle a promis de ne pas oublier « les remises en question profondes » du métier.
Soraya Yakete
Euthanasie : la question qui tue
En France, contrairement à la Belgique et la Suisse, le choix personnel d'une mort instantanée est interdite en raison du principe de non-malfaisance.
L’euthanasie suscite de nombreux débats éthiques et moraux dans les sociétés. Mourir "dignement" devant être pour certains une liberté et un droit individuel. Dans un sondage de l'IFOP pour le JDD (30 et 31 mars 2023), 70 % des Français sont favorables à promouvoir l’aide active à mourir. Le chiffre augmente au fil des années et montre un changement de mœurs sur le choix de la mort.
Cumul de contraintes
Solution : sortir de l'hexagone. Avec ses contraintes comme les conditions de trajet épuisantes et rudes. Les croyances personnelles ou religieuses du médecin peuvent aussi être un frein, mais il a le devoir d’orienter le patient vers d'autres professionnels.
Le journaliste Thomas Misrachi expose dans son livre Le dernier soir, l’acte militant de Jacqueline Jencquel, qu’il a accompagnée lorsqu’elle a mis fin à ses jours. Celui-ci a été poursuivi en justice pour “non-assistance à personne en danger” alors qu'elle-même lui avait demandé de l'assister.
Dans la vidéo Euthanasie : s’exiler pour mourir du média Vakita, Allan Henry révèle l’histoire bouleversante de Sandra, qui a accepté d'être suivie tout au long de sa démarche. Il y est dévoilée l'existence de passeurs, ces bénévoles qui accompagnent les mourants jusqu'au bout.Eva Garcia
IVG : drame intime et droit fondamental
Le 4 mars dernier, 780 parlementaires ont inscrit le droit à l'avortement dans la constitution. Une première mondiale et un grand pas pour le droit des femmes.
“Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l'avortement. (...) Cela restera toujours un drame.” clamait en mars 2010 Simone Veil. Quatorze ans plus tard, l'icône de la lutte féministe n'est plus là pour voir l'ultime victoire de son combat : l'adoption du droit à l'avortement dans la constitution, mais elle est plus que jamais applaudie par les 925 parlementaires qui se lèvent, saluant le travail de toute une vie et pour toutes les femmes.
Un long combat
L'avortement a toujours existé, mais il n'a pas toujours été protégé ; Aurore Bergé rappelait fin février que 47 000 femmes mouraient chaque année dans le monde des suites d'un avortement clandestin. Il faut attendre 1971 et le procès Bobigny, pour que la société se réveille. À cette époque, Marie-Claire Chevalier, 17 ans, est jugée pour avoir avorté à la suite d'un viol. Défendue par Gisèle Halimi, elle est relaxée, et son histoire contribuera à faire changer la loi.
Quatre ans plus tard, Simone Veil prononce son emblématique discours à l'assemblée nationale qui dépénalisera l'Interruption Volontaire de Grossesse... Mais non sans conditions. Par exemple, à l'époque, la femme enceinte souhaitant avorter doit se trouver en situation de détresse (condition retirée en 2014).
Le droit se renouvelle
Si depuis 1975, la loi Veil a bien évolué, avec notamment la supression de l'autorisation parentale obligatoire pour les mineures, la société se veut encore divisée, et l'Institut français d'opinion publique estime qu'environ 19 % des Français étaient opposés à l'accès à l'IVG dans la constitution.Rose Collier
AYA aux JO : débat enflammé
La participation de la chanteuse franco-malienne aux Jeux Olympiques suscite de nombreux débats complexes, mettant en lumière des tensions sociales et culturelles.
Entre acclamations et critiques
Pressentie par le président de la République pour interpréter une chanson d’Édith Piaf lors de l'ouverture des JO, Aya Nakamura est devenue la cible de propos racistes en quelques heures à peine. À tel point que le parquet de Paris a décidé, le 18 mars dernier, d'ouvrir une enquête, selon l'AFP.
Deux camps se forment
Les hostilités finissent par se cristalliser, créant ainsi deux factions : ceux du parti d'extrême droite, "Les Natifs", qui la contestent, et ceux qui la soutiennent, soulignant le fait qu'elle incarne la diversité et la richesse de la culture contemporaine française.
"Ça me critique de partout. On dit que je ne sais pas chanter..."
La star est fortement critiquée pour ses musiques qualifiées de "mauvaises" par de nombreux Français, estimant qu'elle ne représente pas la chanson française (73 % selon un sondage mené par Odaxa). "Elle ne chante pas en français", indique Marion Maréchal-Le Pen. Les chiffres témoignent du contraire, avec 6 Mrd de streams sur Spotify, dont 8,5 M en provenance de Français. Étonnant pour une chanteuse utilisant un langage imaginaire.Soraya Yakete
Justine Triet : le procès dont la France est fière
Cinéaste renommée, Justine Triet est devenue une star internationale grâce à son film judiciaire Anatomie d'une chute, lauréat de 6 César et 1 Oscar. La Palme du festival de Cannes 2023 a su conquérir le public, en faisant naître une grande réflexion chez les spectateurs qui, en sortant de la salle, ne manquent pas de se poser la question "L'a-t-elle tué, oui ou non ?" Une question à laquelle Justine Triet a promis de répondre d'ici une dizaine d'années, donnant sa propre version de l'histoire. Un final cut, qui ne vous empêchera pas de vous ruer dans les salles de cinéma afin de (re)découvrir le film français de l'année.
Cinéaste militante !
Le scénario : un petit garçon trouve le cadavre de son père au pied de leur maison. Meurtre ou suicide ? Le proçès tente d'élucider l'affaire mais Justine Triet mêle amour, justice, vérité et vanité au point de brouiller les pistes. Militante, la réalisatrice a profité de la tribune que lui offrait sa Palme d'or pour conspuer la réforme des retraites. Un casus belli pour le Centre National du Cinéma qui refusera de sélectionner son film pour l'Oscar du meilleur film étranger.
Rose Collier
Quand le cinéma s'engage...
Petit panorama de films qui font vibrer les consciences
Les cérémonies de remises de prix offrent une tribune de choix pour les artistes, leur permettant de partager des messages importants à un public planétaire. Aux derniers César en France, Judith Godrèche a d'ailleurs proposé un discours poignant pour faire réagir le monde du cinéma face aux violences sexuelles. "Depuis quelques temps, je parle, mais je ne vous entends pas" a-t-elle regretté.
Cet exemple montre que l'industrie du cinéma n'est pas seulement un monde de glamour et de divertissement, mais aussi un terrain fertile pour l'expression artistique et le plaidoyer social. Les acteurs et réalisateurs, en tant que personnages clés de cet univers, détiennent un pouvoir particulier : celui de captiver les esprits et d'influencer les opinions.
Si ces engagements se ressentent dans leurs discours, ils se ressentent aussi dans leurs choix de rôles et dans l'écriture de leurs films.
Marvel : blockbusters à messages
En 2023, la "Maison des Idées" sort le troisième et dernier opus des Gardiens de la Galaxie. Dans ce volet, Marvel tacle le transhumanisme et dénonce les maltraitances animales, en retraçant le passé de Rocket, un raton laveur génétiquement modifié, ayant une intelligence accrue et la capacité de parler. Le film reçoit un prix et est salué par l'association de défense des animaux américaine PETA.
Et ce n'est pas la première fois que les Studios Marvel abordent des sujets importants : en 2014, ils prennent position contre la surveillance globale avec Captain America : le soldat de l'hiver. En 2015, le film Avengers : l'ère d'Ultron alerte sur les dangers de l'intelligence artificielle. En 2018, Marvel est salué pour sa représentation positive des Noirs dans Black Panther, qui dénonce aussi les effets du colonialisme. Et en 2021, c'est le sujet du trafic de femmes qui est abordé dans Black Widow.
Trois films pour changer de regard
Le Cercle des Poètes disparus : bible de l'anticonformisme
À travers l'histoire d'un professeur iconoclaste et de ses jeunes élèves, ce film, sorti en 1989, invite les spectateurs à penser par eux-mêmes et à suivre leur propre voix, quitte à défier les conventions et à remettre en question les idées préconçues.
La Couleur Pourpre : symbole de résilience
Adaptation du roman éponyme d'Alice Walker, La Couleur Pourpre, sorti en 1983, retrace la vie tumultueuse d'une jeune femme noire, Celie, dans le sud des États-Unis du début XXème, proposant une représentation franche et émouvante des luttes contre le sexisme et le racisme.
120 battements par minute : briser le tabou
Sorti en 2017, ce film se déroule dans les années 90 et suit les membres de l'organisation militante Act Up-Paris dans leur lutte pour faire avancer la cause des personnes atteintes du VIH/SIDA.
Anouk Eon--Perrono