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Une jeunesse engagée dans la communauté
Texte
Construire du lien
Dans un contexte plutôt anxiogène lié à la pandémie, à la guerre à nos portes en Ukraine et au dérèglement climatique, le repli sur soi et le risque d'isolement social sont des dangers à combattre.
Pour faire mentir cette fatalité que la conjoncture impose aux jeunes générations, pour déconstruire le mythe du jeune insouciant et égocentré, quelques lycéens ont voulu nous raconter des histoires de partage, de rencontre et de générosité désintéressée qui les concernent et les animent parfois.
Les histoires racontées dans ce numéro ne sont qu'un extrait des nombreux projets relevés par nos jeunes rédacteurs, mais qui reflètent leur volonté de s'impliquer, de mutualiser, de communiquer, d'apprendre les uns des autres, finalement de grandir ensemble. Ainsi, Juliette nous parlera-t-elle du service civique qui permet aux jeunes de s'engager, au service de la communauté ou de la nation ; elle s'est également penchée sur la précarité étudiante renforcée depuis la covid, et des initiatives qui tentent de l'alléger ; elle a enfin choisi de nous sensibiliser au rapport intense que nous entretenons aux réseaux sociaux virtuels, à la fois outils de socialisation mais aussi de fragmentation et d'isolement physique. Mattéo quant à lui, nous parle d'une initiative de "vivre ensemble" qui combine à la fois fragilité économique et psychologique, isolement des personnes âgées et déclassement social étudiant, à travers le programme d'habitat intergénérationnel.
Ce qui émerge et transparait de tous ces projets, c'est la volonté énergique et communicative de cette "génération Z" de s'inscrire dans une société qu'elle souhaite reconstruire différemment : une société plus humaine, plus solidaire et bienveillante.Un projet utopique ou terriblement nécessaire ?
P. Maignant

N° 0 - Avril 2023 - N° spécial Concours Vivre Ensemble | www.college-lycee-saintjoseph.anjou.e-lyco.fr |
Les réseaux sociaux : témoins d'un nouveau vivre ensemble ?
Création ou destruction du lien social ? Des réseaux sociaux incontournables dans nos sociétés.
Les réseaux sociaux, depuis leur création, ont grandement fait évoluer notre manière d'interagir en société ainsi que notre rapport au vivre ensemble. Si nos interactions sociales consistaient jusqu'alors principalement dans des échanges physiques, leur existence a révolutionné le lien social virtuel.
Un engouement pour le lien social virtuel
L'utilisation de ces derniers nous permet l'accès à une communauté virtuelle résidant aux quatre coins du monde. Ce faisant, chacun peut échanger et partager avec l'intégralité de leurs membres, qu’importe où ils se situent. Le monde a alors vu une partie des personnes isolées géographiquement interagir avec d'autres, faisant augmenter les liens sociaux virtuels. Mais cette dimension collective virtuelle a également des impacts sur des mouvements sociaux bien réels. En effet, ils sont le lieu de nombreuses contestations sociales, généralement menées par les jeunes générations, résultant de ces actions virtuelles et réelles. Aussi, des mouvements sociaux tels que des rassemblements militants voient le jour sur les réseaux sociaux, qui permettent leur expansion à des différentes échelles. Ils nous apparaissent alors comme des moyens de création et d’actions de mouvement citoyens, ou plus simplement de partage.
Mais sont-ils vraiment si bons pour nous ?
Il serait alors facile de n’évoquer que ses avantages, seulement il faut comprendre qu’ils présentent des effets néfastes sur la vie en communauté. Effectivement, certains individus malveillants ont vu en ces derniers une façon de harceler plus discrètement sur les réseaux. Cela mène ainsi à des situations d’isolements virtuels, qui peuvent être également générés par d’autres éléments, et qui impactent la vie des individus. Par-dessus le marché, leur utilisation amène au slacktivisme, une forme de militantisme sur Internet consistant à cliquer pour participer à un mouvement collectif virtuel sans s'engager plus activement, et donc à demeurer plus passif dans des situations demandant du soutien et des actions. Enfin, nous ne pouvons pas négliger cette perte d’une partie du lien social réel, qui constitue tout de même une grande partie de notre vie en communauté.
La société a donc vu apparaitre, du fait de l’influence des réseaux sociaux, une nouvelle forme de vivre ensemble. Celle d’un vivre ensemble séparé, où les individus vivent chacun de leur côté mais se retrouvent et interagissent à travers et grâce à ces réseaux sociaux.
Juliette Macé
Le Service Civique : un engagement citoyen
Une autre manière pour les jeunes de s'engager dans la société.
Le Service Civique,
qu'est-ce que c'est ?
Créée en mars 2010 et grandement soutenu par la sphère politique, le Service Civique mobilise les jeunes, pendant une période de 6 mois à minima, sur les défis sociétaux et environnementaux par un engagement volontaire et citoyen dans la société. Engagés, ils peuvent ainsi s'investir dans un projet collectif au service des populations, tout en réfléchissant en parallèle à leur projet d'avenir en tant que citoyen et travailleurs. Dans ce cadre, les jeunes peuvent donc vivre une expérience humaine unique où ils mûrissent, prennent confiance, s'engagent et s'impliquent dans des projets reposant sur les principes suivants : intérêt général, citoyenneté, mixité, accessibilité, complémentarité, initiative, accompagnement bienveillant et respect de statut.
S'engager à quelle(s) condition(s) ?
Le Service Civique appelle les jeunes de 16 à 25 ans, et jusqu'à 30 ans pour ceux en situation de handicap, à s'engager volontairement dans le projet. Cela représente bien le seul véritable critère d'engagement puisque aucune formation, compétences particulières, expériences professionnelles ou bénévolats préalables n'est nécessaire. Seule la motivation est prise en compte, permettant ainsi à quiconque d'y accéder.
Quelles missions sont disponibles ?
Elles sont regroupées dans les 10 domaines suivants : Solidarité, Santé, Éducation pour tous, Culture et Loisirs, Sport, Environnement, Mémoire et Citoyenneté, Développement international et action humanitaire, Intervention d’urgence en cas de crise et Citoyenneté européenne. Des opportunités très nombreuses donc afin de satisfaire le plus grand nombre. Elles s’effectuent toutes dans des organismes à but non lucratif ou de droit public tels que des associations, fondations, services de l’État et entreprises solidaires d’utilité sociale. Également, les jeunes volontaires ne sont pas limités à la France, mais peuvent effectuer leur Service Civique en Europe et dans le monde, et ainsi de se confronter à différentes cultures et environnements.
En rencontrant des réalités différentes de leur vie quotidienne, les jeunes vont ainsi à la rencontre de certains de leurs préjugés afin de les dépasser. Ils contribuent aussi à venir en aide à des populations et individus qui leur étaient jusqu'alors inconnus, et qu'ils apprennent à découvrir au cours de leur mission. Enfin, l’expérience de Service Civique permet de renforcer tant le lien social que la cohésion, à la fois entre les jeunes engagés et avec les personnes rencontrées, quel que soit le lieu où se déroule la mission. Ainsi, depuis 2010, plus d'un demi-million de jeunes ont effectué une mission, montrant l'engouement d'une jeunesse entière à s'investir dans leur société, celle de demain.
Juliette Macé
AGORAé, une épicerie incomparable
Elle aide les étudiants face à la précarité : à la découverte d'une épicerie sociale et solidaire.
Depuis la rentrée 2021, une nouvelle épicerie a vu le jour dans la ville d’Angers. Mais AGORAé, n’est pas une simple épicerie. Derrière l’ouverture de ce local se cache le travail de dizaines d’étudiants membres de la FAGE (Fédération des Associations Générales Étudiantes) sur le plan national et qui, depuis 2011, collaborent pour mettre en place des épiceries sociales et étudiantes aux quatre coins de la France. Soutenus par Fédération étudiante des Associations d'Anjou, la Fé2A, la première AGORAé de la région Pays-de-la-Loire a ainsi vu le jour.
Lutte contre la précarité
Les objectifs de cette épicerie sociale et solidaire sont multiples mais elle souhaite surtout lutter contre la précarité des étudiants angevins en leur permettant l'accès à des prix réduits sur divers produits en fonction des critères sociaux et des moyens de chacun. Gérée par des étudiants et pour des étudiants, le local se veut également être un lieu de vie où les jeunes se retrouvent autour de jeux de société, d’activités et d’ateliers. Ce faisant, elle souhaite à la fois favoriser le lien social entre jeunes et notamment avec les jeunes en situation d’isolement social, tout en encourageant l’entraide au sein d’une génération très affaiblie depuis quelques années.
Ce projet solidaire et sociale est une belle preuve du vivre ensemble présent à l’intérieur d’une génération de jeunes qui subit tout à la fois la crise sanitaire et l’inflation, voyant ainsi leurs moyens pour vivre être grandement réduit. Cette volonté est d’autant plus remarquable si l’ont s’attarde à la précarité grandissante que subissent les étudiants et étudiantes angevins. Réunis au cœur d’un même lieu, ils ont alors la possibilité de s’entraider afin de faciliter ensemble la vie des étudiants dans le besoin qui franchisse la porte de ce local.
Ainsi, 27 AGORAé ont déjà vu le jour dans les principales villes françaises, avec de nombreux projets d'ouverture en cours. Avec déjà près de 15 000 bénéficiaires, ce beau projet de vie met en lumière une jeunesse plus soudée que jamais.
Juliette Macé
Le vivre ensemble intergénérationnel
Aujourd'hui, le logement, la précarité étudiante et la solitude des seniors sont des problèmes latents de la société. Voici une alternative pour tenter de les résoudre.
La cohabitation intergénérationnelle : créer du lien et du partage
La cohabitation intergénérationnelle consiste pour un(e) senior à héberger un(e) jeune qui donne en échange du temps et sécurise par sa présence. L'étudiant dispose alors de sa propre chambre en payant des frais de participation peu élevés (de 30 à 250 euros par mois). Cela répond au problème de précarité étudiante mais, cela reste avant tout une riche expérience de vivre ensemble. La plupart des repas sont partagés et il y a un véritable dialogue et échange de compétences. L'étudiant rend des services et fait des activités avec son hébergeur pour apporter une présence bienveillante. Le but est aussi de remédier à la raréfaction du contact entre les générations. C'est donc un échange se basant sur la solidarité, le respect et le savoir-vivre. Cette situation est réglementée par la loi Elan du 24/11/2018 qui donne un cadre juridique à la cohabitation intergénérationnelle solidaire.
Les associations pour les Pays de la Loire
La mise en relation d'un propriétaire de plus de 60 ans et d'un jeune de moins de 30 ans se fait généralement par le bais d'une association qui cherche un binôme compatible en examinant les dossiers des candidats. Passer par une association permet d’avoir un référent pour être conseillé et écouté. Aujourd'hui la demande est plus importante que l'offre. Les deux associations en Pays de Loire sont « Nantes'Renoue » pour Nantes et « Le temps pour toiT » pour Angers, Saint Nazaire et Nantes. Nantes’Renoue est adhérent du réseau Cohabilis mettant en avant la cohabitation pour optimiser les grands logements. Le « le temps pour toiT » agit de la même manière et cherche à promouvoir « une société inclusive où chacun à sa place ».
Un contexte actuel favorable
Ce système exige de l'étudiant de passer la majorité des nuits dans sa chambre d'habitation, cela pouvait sembler contraignant mais le semble cependant moins aujourd'hui. En moyenne, les étudiants privilégient de moins en moins les sorties et se focalisent sur des activités à l'intérieur. Ainsi la génération Z (personnes nées entre 1997 et 2010 correspondant actuellement aux 13-26 ans) fréquentent de moins en moins les boîtes de nuit. Le problème de la précarité étudiante favorise également l'extinction d'activités non alimentaires. On parle de « génération indoor » pour désigner la tendance des jeunes à privilégier l'intérieur plutôt que l'extérieur. Ce déclin de la fête et cette envie de rester chez soi semblent indiquer que les cohabitations intergénérationnelles seront sûrement de plus en plus prisées.
Mattéo Etzel
