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Au lycée s'écrit la diversité
Ils sont Afghans, Ukrainiennes, Ivoiriens, Italiens, Colombiens. Certains ont fui leur pays, d’autres ont déménagé en France. Dans notre lycée, ils suivent quelques heures de français renforcé pour pouvoir suivre une formation et vivre ensemble, au-delà des frontières et des conflits. Reportage p.5.
Sommaire
Page 2
Le harcèlement un sacré problème.
Plus de mixité dans les maths.
Page 3
Ils sont au service du handicap.
Les gars pensent aussi à l’IVG.
Page 4
Les pompiers au service des autres.
Le sport adapté favorise l’inclusion.
Page 5
Des réfugiés accueillis au lycée.
Ils suivent des cours de français.
Page 6
A Granville le carnaval fédère.
Ensemble sur les réseaux sociaux.
Page 7
L’internat resserre les liens.
Les autres, un enfer nécessaire ?
Page 8
Le vivre ensemble au cinéma.
Le regard de notre dessinatrice
Sexisme et vivre ensemble
Le 23 janvier dernier, à deux jours de la journée nationale de lutte contre le sexisme, le Haut Conseil à l'Égalité a publié un rapport accablant.
Aujourd'hui, le sexisme gangrène notre société et nuit à notre vivre ensemble. Et ce ne sont pas les chiffres du dernier rapport sur "l'état des lieux du sexisme en France" du Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes qui le contrediront...
Les chiffres sont en effet édifiants : 23 % des hommes des 15-34 ans pensent qu'il faut parfois être violent pour se faire respecter, 37 % des Françaises ont déjà subi un rapport sexuel non-consenti, 21 % de victimes de violence conjugale supplémentaire entre 2020 et 2021. Outre ces constatations d'une grande brutalité, les membres du HCE affirment que "Les clichés sexistes et le sexisme ordinaire sont de plus en plus banalisés" : femmes à la cuisine, hystériques, tentatrices.
"Le sexisme, on ne sait pas toujours quand ça commence mais on sait comment ça se termine". Ce slogan de la campagne du Haut Conseil à l'Égalité témoigne de l'ancrage de ces discriminations et des conséquences parfois dramatiques qui en découlent. Tant et si bien que selon Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU, il faudra encore 300 ans pour atteindre l'égalité. Pourtant c'est une condition sine qua non pour vivre ensemble que la moitié de la population ne soit pas niée et c'est pourquoi la lutte pour les droits des femmes est plus que jamais d'actualité. Et la journée du 8 mars, parfois rebaptisée à tort journée de la femme, est plus que nécessaire même si les droits des femmes, c'est toute l'année.
Dans cette édition spéciale, on pourra lire des articles présentant de telles atteintes au vivre ensemble mais aussi de belles initiatives qui montrent que tout n'est pas perdu.
Léa COUSIN

N° 6 - Avril 2023 | https://julliot.etab.ac-caen.fr/ |
« Le harcèlement, moi, je l'ai vécu ! »
Ce fléau est un phénomène de plus en plus fréquent entre élèves.
TÉMOIGNAGE
Être un adolescent harcelé, c'est être brisé à l'intérieur de soi. C'est se laisser tomber, se renfermer, se détruire, tout refouler sans pouvoir y mettre un terme. Au fond, c'est exister en étant cassé au plus profond de son âme. C'est comme servir le harceleur, lui laisser sentir son emprise. Il acquiert un pouvoir nourri par sa propre frustration. Il n'a aucune compassion, est avide d'approbation et d'admiration.
Toucher le fond
Dans un élan d'égoïsme, les harceleurs ne me prennent pas en compte, me laissent sombrer et toucher le fond. Ils commencent par ce qu'ils appellent une blague :"Sale arabe", "Ferme-la, le nègre", "Sale chinois", "Bougnoule". Ce refus de ma différence se propage insidieusement en moi, prend toute la place, enchaîné dans ce monde sans chaîne. Ces petites phrases que tu penses insignifiantes ne me laissent plus d'odeur, plus de goût, plus de bonheur. On n'en voit pas le bout. Je me sens comme Jésus portant sa croix, brisé, malgré tout ce qu'il a donné.
Nous sommes pareils
Pourtant on pourrait bien vivre ensemble ! Regarde, je ne suis pas malade, pas fou, pas un animal. Regarde, nous sommes pareils. Regarde comment est ton regard. Regarde moi, si tu me traitais comme toi. Imagine-toi, si je te traitais comme ça !
Six conseils pour lutter contre le harcèlement :
1- Parlez-en à quelqu'un de confiance : un ami, un membre de votre famille ou un professionnel de la santé. Il est important d'avoir quelqu'un à qui parler pour vous soutenir et vous aider à trouver des solutions.
2- Conservez les preuves. Si possible, conservez toutes les preuves de harcèlement, y compris les messages électroniques, les textes, les courriers, les notes ou tout autre document qui pourrait aider à prouver le harcèlement.
3- Évitez le contact : si le harcèlement vient d'une personne en particulier, essayez d'éviter tout contact avec cette personne. Si cela n'est pas possible, demandez à un tiers de vous accompagner lors de chaque rencontre.
4- Signalez le harcèlement : si le harcèlement a lieu à l'école, signalez-le à un responsable de l'établissement.
5- Obtenir de l'aide professionnelle : si vous êtes dépassé ou que le harcèlement a eu un impact important sur votre santé mentale, n'hésitez pas à consulter un professionnel de santé.
6- Protégez votre santé mentale : prenez soin de vous et de votre santé mentale en faisant des activités qui vous plaisent, en pratiquant une activité physique et en parlant à des personnes de confiance.
Noé JIMENEZ-GREVERENT
Pour plus de mixité dans les maths
Un accès équitable dans toutes les filières est impératif pour faire communauté, des initiatives aident à percer le plafond de verre.
J'ai eu la chance de pouvoir participer au programme RJMI - Filles et Maths ou "Rendez-vous des jeunes Mathématiciennes et Informaticiennes". Ce dispositif est une véritable opportunité de découvrir des domaines et des débouchés ayant trait avec les maths et l'informatique. Au programme ? Trois ateliers autour des mathématiques et de l'informatique : cryptographie, arithmétique ou géométrie et pourcentages, des séminaires de vulgarisation et une sensibilisation face aux inégalités entre les sexes. Se déroulant sur 2 jours dans une ambiance conviviale et rassemblant un groupe presque exclusivement féminin - à l'exception de 2 animateurs-, ce projet a pour but de permettre aux femmes d'oser poursuivre dans le domaine scientifique en dépit du faible pourcentage qu'elles représentent au sein de ce milieu. Par exemple : sur l'année scolaire 2020-2021, seulement 22,7 % des étudiants des établissements membres de Talents du Numérique à niveau Bac+5 étaient des étudiantes (selon talentsdunumérique.com). Ce programme propose un concept innovant : réduire les inégalités de genre dans le milieu des sciences. Un projet essentiel pour garantir justice et compréhension.
Eva GIROT

Accompagnants au service du handicap
Maillons essentiels de l'école, ces accompagnants fournissent un travail colossal mais souvent peu reconnu.
Le métier d'Accompagnant En Situation de Handicap consiste à suivre les élèves à besoins particuliers, de la maternelle au BTS. Être AESH, c'est également s'intégrer au groupe classe afin de ne pas être un poids, en plus du handicap, pour l'enfant ou l'ado, ses enseignants et ses pairs. C'est surtout grâce à eux que tous les élèves peuvent être intégrés.
Un travail très prenant
Les AESH doivent en permanence s'adapter à des situations diverses : autisme, problèmes de motricité, d'audition, malvoyance, dyslexie, dysorthographie, etc. Ils prennent de leur temps pour se renseigner sur les clés, les méthodes pour faciliter les apprentissages, la plupart du temps en autodidacte.
Une véritable vocation
Rassurer, réassurer, reformuler, encourager, chercher des stratégies de compensation, c'est aussi un engagement quotidien. Pendant le confinement, Candy, accompagnante depuis huit ans, a passé des heures au téléphone avec un élève non-lecteur, non-scripteur pour ne pas l'abandonner pendant la pandémie. Aujourd'hui encore, elle s'investit pour les jeunes.
La gratitude des élèves
Peu rémunérés, parfois confrontés à de la violence, les AESH trouvent souvent leur satisfaction dans la prise d'autonomie des élèves qu'ils accompagnent. "Riche !" c'est l'adjectif que Candy emploie pour qualifier son métier. En partie grâce à eux, Jean-François a eu son bac avec mention en ne pouvant quasiment ni lire ni écrire, Lilou a pu aller à l'école... Et moi, Candy m'a aidée à écrire cet article.
Les prénoms des élèves ont été changés par souci de confidentialité.
Aglaë BLANCHARD
I.V.G, les garçons y pensent aussi
Pour la journée des droits des femmes, des actions ont été menées au lycée, associant garçons et filles.
Jeudi 9 mars, Sébastien Duchemin, slameur de l'association Slam va bien est venu animer des ateliers d'écriture, sur la thématique de l'IVG avec deux groupes de 2ndes spécialisés dans le numérique et l'électricité ; sous le regard attentif de M. Gandanger, président de l'association et Mme Ange pour le Comité Manche des droits des femmes. Sujet encore parfois tabou pour les hommes, il a pourtant inspiré ce groupe de garçons. Ils avaient préalablement réfléchi à partir du documentaire "Comme Xavière" de Alexandra Fleurantin et Martin Benoist. Une soirée-débat Leurs textes ont été mis en avant lors d'une soirée spéciale lors de laquelle les réalisateurs du film, l'infirmière du lycée et la sage-femme de l'hôpital de Granville sont intervenus pour débattre du sujet. Ponctué de textes poignants slamés par Marion Chaussette, l'événement a aussi mis en lumière la plaidoirie de notre journaliste Léa Cousin. Un beau moment qui a rassemblé toutes les générations autour d'un combat toujours d'actualité. Aglaë BLANCHARD
En Bref
Histoire triste, happy end
Olivier, 10 ans, jeune autiste, a été exclu en novembre de son école lors du temps méridien. Après un long combat, Il a pu réintégrer la cantine et profiter à nouveau de ce temps de jeu avec ses camarades.
Congé menstruel
Grande nouvelle ! L'Espagne a accordé, le 16 février 2023, un congé menstruel pour les femmes qui souffrent durant leur cycle. La France semble vouloir suivre cet exemple puisque la marie de Saint-Ouen propose à ses salariées de mettre rapidement en place ce congé menstruel.
Seins nus
Les femmes peuvent dès à présent nager seins nus dans les piscines municipales de Berlin et ce depuis le jeudi 8 mars 2023 afin de lutter contre les discriminations entre les hommes et les femmes.
Toilettes neutres
L'université François-Rabelais à Tours va ouvrir des toilettes neutres afin que les étudiants trans et non-genrés se sentent intégrés et considérés.
Récompense tardive
Michelle Yeoh a remporté le 12 mars l'oscar de la meilleure actrice. C'est la première actrice asiatique à recevoir ce trophée depuis 95 ans !
La musique est la vie
En 2020, au Royaume-Uni, une campagne nommée "Music for Dementia 2020" a mis en lumière l'effet bénéfique de la musique sur les personnes atteintes d'Azheimer afin de pousser les médecins à préconiser ce traitement naturel.
Une surprise inattendue
À Strasbourg, étudiants et enfants de maternelle partagent un moment de convivialité en soignant des doudous. Cela permet aux enfants de dédramatiser la situation et de mieux appréhender les soins.
Eva GIROT avec l'AFP
Au sport adapté, on tire dans le même sens
Comme Danielle (photo), des personnes handicapées peuvent rivaliser avec des personnes valides dans certaines disciplines sportives. Explications.
"Je m'appelle Florent Desfaudais, je suis conseiller technique fédéral en sport adapté depuis 2007. Je suis chargé d'organiser, développer et promouvoir les activités physiques et sportives adaptées sur le département de la Manche.
Toutes les activités physiques et sportives peuvent et doivent permettre la pratique partagée entre personnes valides et personnes en situation de handicap. C'est évidemment plus facile à mettre en œuvre sur des sports individuels. Sur le secteur de communauté de communes Granville Terre et Mer (32 communes), les Archers Donvillais, Donville Karaté et Horizon Vertical sont 3 associations affiliées sport adapté. Elles permettent ainsi aux sportifs en situation de handicap de pratiquer un sport de manière inclusive.
Différent du handisport
La Fédération française du sport adapté (FFSA) multisports est au service des personnes en situation de handicap mental et/ou atteintes de troubles psychiques. À ne pas confondre avec la Fédération française handisport (FFH) qui s'adresse aux personnes atteintes d'un handicap physique ou sensoriel. Pas de difficultés particulières dans la pratique du sport adapté, il faut simplement respecter quelques principes en lien avec une pédagogie adaptée : consignes simples, aménagement matériel, aides à la compréhension et au repérage dans l'espace, offrir à toute personne en situation de handicap mental/psychique, quels que soient ses désirs et ses capacités, la possibilité de vivre la passion du sport de son choix dans un environnement voué à son plaisir, sa performance, sa sécurité et à l'exercice de sa citoyenneté.
Non ce n'est pas difficile. C'est avant tout une question d'envie et de volonté."
Propos recueillis par
Gabin GEFFRAULT
Les pompiers s'engagent pour les autres
Le métier de pompier est en grande partie assuré par des volontaires qui l’exercent en plus de leur métier ou de leur activité. Parfois au détriment de leur vie de famille.
« La majorité de la population pense que les pompiers interviennent principalement sur des feux d’habitations et les accidents de la route. Dans la réalité cela représente seulement 12 % des interventions. La profession de pompier est principalement constituée d’assistance aux personnes, notamment aux personnes âgées, comme nous le raconte un pompier volontaire : "Nous intervenons principalement pour des personnes âgées dépendantes ou sur des chutes ou encore quand des personnes sont bloquées dans un ascenseur. On se déplace aussi pour des animaux, notamment pour des goélands accidentés ou entrés dans des maisons. ». Cependant un autre côté du métier est important : « Nous avons également affaire à des personnes souvent seules qui ont besoin d’écoute, ainsi nous nous devons de les écouter. ». Ainsi le pompier se doit d’être à l’écoute de la population et de faire preuve d’empathie.
Vivre ensemble en caserneLe métier de pompier ne consiste pas seulement à intervenir auprès de la population. Les formations doivent être quotidiennes pour maintenir les acquis et répondre au mieux aux besoins des interventions. Ainsi au sein de la caserne chacun se forme avec les autres et la cohésion de groupe est primordiale pour intervenir au mieux lors des interventions.
Dès l'âge de 12 ansUn des points forts de cette profession est qu’elle est une grande école de la vie. Accessible à partir de 12 ans en tant que JSP (jeune sapeur-pompier) puis à 16 ans en tant que pompier volontaire, elle permet d’appréhender la cohésion de groupe, le travail en équipe, la rigueur tout en se formant aux gestes qui sauvent. Cependant la durée de l’engagement des pompiers volontaires est de plus en plus courte... Voilà pourquoi je suis pompier volontaire.
Baptiste BON CHARBONNIER
Réfugiés au lycée, ils ont fui leur pays
Sofia, 16 ans, a quitté l'Ukraine envahie par la Russie en 2022. Ahmad, 17 ans, a fui les Talibans en 2019. Aujourd'hui, il suivent les cours à nos côtés. Voici leur histoire.
Ahmad, 17 ans, Afghan
« Je viens de Barlan en Afghanistan. Je suis parti avec ma famille en 2019. On a traversé le Pakistan à pied. Au bout d'une semaine, quasiment sans manger ni boire, on est arrivés en Iran. Il nous a fallu 5 essais pour passer en Turquie et 3 pour aller en Grèce par la mer, sur un "bateau en plastique". On y est restés environ 1 an. On est ensuite passés par la Bosnie, la Croatie, la Serbie, l'Italie avant de rejoindre la France en train. On est arrivés à Caen en novembre 2021 et à Avranches en 2022. J'ai été plutôt bien accueilli. J'ai commencé à apprendre le français. Je n'étais jamais allé à l'école avant. Aujourd'hui, je suis en seconde pro électricité. Pour moi, le plus dur dans l'apprentissage du français, c'est la phonétique. Je suis vraiment désolé pour les filles en Afghanistan qui ne peuvent pas aller à l'école, à l'université. J'espère qu'un jour, elles pourront y retourner. »Sofia, 16 ans, Ukrainienne« J'habitais à Kyiv (Sofia ne voulait pas de Kiev car c'est russe). On est parties avec ma mère en train jusqu'à Lviv, on a traversé la frontière avec la Pologne où l'on a été accueillies dans un hôtel réservé par l'employeur de ma mère. On y est restées environ une semaine, puis on a pris un avion pour Paris. Enfin, on est arrivées en Normandie, à Bréhal. Au lycée depuis début avril, je suis en première, je vais donc passer le bac de français. Cela ne m'inquiète pas trop car j'ai eu 12 au premier devoir de 4 h et j'ai toujours eu de bonnes notes. Je parle 4 langues : ukrainien, russe, anglais et français. Apprendre le français m'a pris beaucoup de temps car je ne le parlais pas.. J'apprends aussi l'espagnol. Je suis toujours en contact avec des amis qui sont restés en Ukraine. Je suis reconnaissante envers mes camarades de classe, mes amis français qui sont gentils avec moi, qui m'ont bien accueillie. Je commence à m'habituer à la vie ici. Je ne sais pas comment je vois l'avenir car je ne sais pas où je serai dans 6 mois, dans un an. Je vois la guerre comme un cauchemar, mais, même si c'est difficile, je crois ou plutôt je sais que nous gagnerons. » Ces propos ont été traduits.
Une immigration choisie ?
Malgré certains points communs, Ahmad et Sofia ont des histoires très spécifiques qui montrent une profonde différence de traitement. Pourtant quand on les croise dans les couloirs du lycée, ce sont des élèves comme les autres.
Léa COUSIN
En classe avec les élèves étrangers
L'UPE2A, Unité pédagogique d'élèves allophones arrivants, est une classe où on apprend la langue française aux étudiants étrangers qui sont en France depuis peu.
Fonctionnement
Au lycée, ce dispositif existe depuis 4 ans. Les élèves sont répartis en trois groupes selon leur niveau : le niveau A1 avec 4 h 30 de cours par semaine, le niveau A2 avec 3 h de cours et B1 avec 1 h 30 de cours. Ces cours sont assurés par Mme Valérie Boiteau, enseignante spécialisée, dans une salle près du CDI. Une vingtaine d'élèves assiste aux cours. Parfois, du fait de déménagement, certains partent en cours d'année.
Déroulement des cours
Les cours commencent par un rituel : dire et écrire la date, la saison, et la météo, en français bien sûr. Les élèves sont attentifs. Selon eux, le plus dur dans le français, c'est la phonétique, les lettres muettes et la grammaire. Ils travaillent sur différents documents afin de mettre en oeuvre toutes les compétences en langue (compréhension de l'oral, de l'écrit...). La bonne ambiance, les blagues et l'humour sont très présents dans cette classe.
Scolarisation
Quand les élèves arrivent en France, ils sont rarement scolarisés tout de suite, il y a souvent un temps de vacance qui peut être de plusieurs mois. Les élèves de moins de 16 ans sont scolarisés dans un collège puis font des tests pour intégrer l' UPE2A qui est située dans un lycée. Certains élèves scolarisés en collège ne peuvent intégrer ces cours car ils sont trop éloignés du lycée. Plusieurs lycéens sont pensionnaires..
Orientation
A la fin de l'année scolaire, les élèves passent un niveau (A2, B1...) du diplôme d'études en langue française (DELF). Certains ont plus de facilités que d'autres. Deux élèves ukrainiens en première générale passent cette année le bac de français. Les autres ont intégré des bacs professionnels.
Flora COUSIN
Le carnaval, un événement qui fédère
L'édition de février 2023 n'a pas dérogé à la règle en rassemblant des milliers de gens.
Quoi de mieux pour créer des liens que de faire la fête. C'est ce que permettent les carnavals à travers le monde depuis des siècles. Bien que précédant le Carême, le carnaval existe bien avant le catholicisme. Dans l'Antiquité, il a lieu pour fêter l'arrivée du printemps ; on y inverse les rôles, les paysans feignent d'être des rois ou les enfants des vieillards à l'aide de masques et de déguisements. L'inversion des classes sociales, des âges et des genres permet ainsi au peuple de ridiculiser les puissants. Rire pour mieux se comprendre
Encore aujourd'hui, ce sont des rendez-vous annuels très attendus par tous, pendant lesquels les catégories de la société, les préjugés et les différences sont mis de côté. Entre caricatures politiques, messages engagés et costumes satiriques, les carnavaliers dénoncent et se moquent, toujours dans la bonne humeur et l'auto dérision.
Souvent fêtes de village, elles rassemblent pauvres et riches, jeunes et vieux, sans distinction autour de chars créés par les locaux et de fanfares défilant dans les rues mais également pour observer brûler le traditionnel bonhomme de carnaval (sculpture en papier mâché recréée chaque année pour l'occasion).
Il existe dans le monde entier de nombreux carnavals très reconnus comme le carnaval de Rio ou celui de Venise mais également, chez nous, en Normandie. Le carnaval de Granville, inscrit au patrimoine immatériel de l'Unesco, a eu lieu pour la 149e fois cette année et a battu le record de la précédente édition, comptant plus de 150 000 personnes. En tout cas que ce soit en France, au Brésil ou en Italie, le carnaval fédère, et l'on y voit les gens chanter, danser et s'embrasser.
Alec BOCHARD
Vivre ensemble sur les réseaux sociaux
Au cours des dernières années, les réseaux sociaux ont réussi à prendre une place importante dans notre quotidien. Réflexion sur cet outil aussi utile que dangereux.
Dans un monde où les gens voyagent et s'absentent de plus en plus, les réseaux sociaux sont devenus le principal outil pour continuer de vivre ensemble malgré la distance. Facebook, avec ses 2,9 milliards d'utilisateurs, TikTok avec ses 1,7 milliards d'utilisateurs, ou encore Instagram avec ses 1,3 milliards d'utilisateurs, sont aujourd'hui les réseaux sociaux les plus répandus. Utilisés avant tout pour partager des moments de notre vie ou communiquer avec des proches éloignés, ils sont un véritable atout pour faciliter et entretenir les relations à travers le monde. Prendre des nouvelles d'une amie partie en voyage, garder contact avec un correspondant étranger, suivre son artiste favori, découvrir de nouveaux centres d’intérêt et ainsi connaître de nouvelles personnes... Toutes ces actions permises grâce aux réseaux sociaux rassemblent les habitants des quatre coins du monde dans un esprit de solidarité et de bienveillance.
Un outil dangereux
Cependant, il ne faut pas oublier que les réseaux sociaux peuvent être un lieu de déversement de haine et de menaces. D'après Ditch the Label, une organisation caritative mondiale pour les jeunes, "7 jeunes sur 10 sont victimes de cyberharcèlement avant d'atteindre l'âge de 18 ans", et ce chiffre ne fait qu'augmenter au fur et à mesure des années. D'une remarque négative sous une publication à une avalanche de messages haineux, les réseaux sociaux sont le reflet d'une société déchirée. La liberté et l'anonymat offerts par les réseaux donnent à chacun l'opportunité de partager des propos offensants, et beaucoup de personnes donnent leur avis sur de nombreux sujets, sans connaître toutes les informations et sans prendre en compte les conséquences que cela peut avoir sur la vie de la personne impliquée.
A partir du moment où il y a un mouvement de cyberharcèlement envers une personne, si vous contribuez à ce mouvement, même si vous n'envoyez qu'un seul message, vous êtes un harceleur.
Léna LE COLLONNIER
A l'internat, on est une équipe soudée
Beaucoup ont peur de l'internat, c'est pourtant un lieu propice à l'épanouissement.
Pour survivre en internat, il faut apprendre à vivre et faire partie d'une communauté. En entrant à l'internat, on accepte de passer toutes ses journées, matin, midi et soir, avec des gens qu'on va apprendre à connaître tout au long des années lycée. On commence à vivre en autonomie loin de sa famille et on acquiert de nouvelles habitudes.
La question de l'intimité
Première chose à laquelle il va falloir s'habituer : partager la chambre ! À La Morandière, ce sont des chambres de quatre ; il va falloir vivre avec un regard permanent en face de soi et deux autres derrière les armoires. À partir de ce moment, c'est une pour toutes et toutes pour une mais au prix de son intimité. Les seuls endroits où on ne croisera personne seront la douche et les toilettes. De ce point de vue, on peut imaginer que cette situation ne soit pas très agréable : plus de vie privée ou de moment pour soi. Mais s'il est difficile de vivre tous les jours entourée d'autres personnes, les week-ends sont là pour vraiment se ressourcer.
La convivialité à tous les étages
C'est toutefois l'endroit parfait pour se faire des amies. Le "vivre ensemble" est vraiment à prendre au sens propre car si à l'origine on cohabite avec des inconnues, l'internat va créer de nouvelles amitiés. Lien beaucoup plus fort qu'avec les autres camarades de lycée puisque ce que l'on partage n'est pas moins que des bribes de vie. Cela apporte un soutien inconditionnel : ces amies seront toujours là si besoin... et c'est réciproque ! Souvent, ces grandes complicités deviennent les amitiés d'une vie.
Se créer des souvenirs communs
L'internat c'est aussi cela : se raconter sa vie, s'épauler mais aussi s'amuser, passer du bon temps : aller au ciné, au resto, faire des activités culturelles. En somme, vivre des moments riches tout en apprenant à s'intégrer, à s'autonomiser et à se préparer aux études supérieures. Un véritable sas vers la vie en société et l'âge adulte.
Camille DODARD
Les autres, un enfer nécessaire ?
Cécile, psychiatre, nous donne son point de vue sur le vivre ensemble.
"L'humain n'a pas le choix du vivre ensemble. Nous ne sommes jamais seuls, et si l'on veut l’être, nous aurons toujours cette petite voix dans notre tête.
Et c'est bénéfique ! Le célèbre philosophe Jung recommandait d'ailleurs d’être cultivé, non pas en lisant tous les philosophes, mais en prenant connaissance de l'existence des autres, à travers le monde. Plus nous sommes cultivés, plus on se rend compte que quelle que soit l'épreuve à traverser, d'autres l'ont vécue et l'ont surmontée, donc c'est humain. D'ailleurs, nous naissons et grandissons entourés de notre famille. La famille est voulue comme un cercle rassurant et chaleureux, et même avec un douloureux passé avec la nôtre, nous éprouvons ce besoin de retrouver cela. C'est aussi pour ça que les cercles d'amis sont appelés comme étant "une grande famille", mais aussi les entreprises, qui sont ici plus un leurre, elles utilisent cette envie à leurs fins. Mieux encore, si nous avons la chance d'avoir gardé notre ami de primaire, un lien spécial se crée, et on se souvient mieux de lui que des amis de collège en règle générale. Nous recherchons aussi les autres car nous sommes plus forts dans un groupe ayant les mêmes buts. Nous avons envie d’être dans une communauté, et parfois cela dégénère, comme avec les sectes par exemple. On s'oublie à travers les autres finalement.
Mais on le sait, la solitude aussi est dangereuse, on peut avoir de graves séquelles ou en mourir. L’expérience de l'orphelinat de Splitz ou encore l'isolement des singes de Harlow en sont des preuves horrifiantes. La chose intéressante du vivre ensemble, c'est de vivre ensemble son projet. Et un projet, ce n'est pas que du loisir comme faire la fête, c'est un projet de sens et d'intérêt. Cela peut être très simple, mais il doit avoir du sens, et ne devrait pas être basé sur une compétitivité entre nous comme les concours du plus bel enfant aux USA. Il faut aussi bien distinguer les relations, connaissances, collègues, potes, amis, meilleurs amis... Ou bien des déceptions viendront de tous les côtés."
Propos recueillis par Arthur GAGNON-LE COUSTUMER
Le « Vivre ensemble » au cinéma
Voici une petite liste de films sur le « Vivre Ensemble ». Notez-les bien !
Stand by me - 1986 Cette comédie dramatique de Rob Reiner est adaptée de la nouvelle "Le corps" de Stephen King. L'histoire se passe à Castle Rock en 1959. On y suit un groupe de quatre garçons d'une douzaine d'années partant à la recherche du corps d'un enfant disparu afin de devenir célèbres. A travers ce périple aventureux, ce voyage initiaque leur permettra d' avoir une toute première vision du monde adulte et d' avoir des premières craintes de la dissolution de leur amitié qui les rend meilleurs .
Micmacs à Tire-Larigot - 2009 Réalisée par Jean-Pierre Jeûnet, cette comédie dramatique française raconte l'histoire de Bazil, recueilli par une bande de chiffonniers vivant sous une montagne d'objets récupérés nommée Tire-Larigot. Il décide de se venger des deux fabricants d'armes responsables de la mort de son père et de la balle fixée dans sa tête pouvant le faire mourir à tout instant. Une histoire à la Jeûnet dénonçant le trafic d'armes et la surconsommation, le casting jouant la nouvelle famille du protagoniste est parfaitement farfelu, inoubliable et hilarant avec une ambiance jubilatoire, poétique au parfum de brocante.
Champions - 2018 C'est une comédie dramatique espagnole de Javier Fesser. L'histoire met en scène Marco Montes, l'adjoint de l'entraîneur de l'équipe de basket Estudiantes Madrid, licencié pour violence sur son supérieur, jugé pour ivresse et rébellion face à la police. Afin d'éviter la prison, Montes devra être l'entraîneur d'une modeste équipe de basketteurs handicapés. Un film montrant à quel point les handicapés sont des personnes rejetées, oubliées des sociétés par leurs différences, écrasées par le mot " normalité" que nous utilisons tous. Une histoire poétiquement philosophique.
Midsommar - 2019Et pour finir, j' aimerais vous parler du deuxième film de Ari Aster"Midsommar",long-métrage d'horreur folklorique suédo-américain. L'histoire prend place en Suède où un groupe d'étudiants aimerait pour leur recherche apprendre les célébrations du solstice d'été dans le village d'Harga. Un voyage au départ ordinaire qui devient un choc culturellement cauchemardesque. Un film d'une lenteur subversivement horrifique. Une oeuvre indescriptiblement déboussolante et sauvage.
Luc PILET
La petite minute British
The quote of the month :
"We British have our own Commonwealth of Nations. These do not weaken, on the contrary they strengthen, the world organisation." Winston Churchill
The Commonwealth of Nations :
Commonwealth Day took place on Monday 13 March, 2023. But what is the Commonwealth ? Created in 1949, they are 56 states, mostly former British colonies, that share a common culture and history. Their principles are based on freedom, equality, liberty and cooperation.
The Commonwealth Games :Every four years, athletes from Commonwealth states gather to compete in the spirit of friendship. These "friendly games", as they are often referred to, highlight the values and principles of their shared community.