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N° 2 - Mai 2025 | douanier-rousseau.paysdelaloire.e-lyco.fr |
Elisabeth Doineau, élue au service des campagnes oubliées
En mars 2025, à Paris, des élèves du lycée Douanier Rousseau ont rencontré la sénatrice Elisabeth Doineau, membre du groupe Union Centriste (UC). Comment l'élue défend-elle, depuis le Sénat, un département rural comme la Mayenne ?
Dans les débats politiques, on parle souvent des métropoles, concernant les problèmes de transports mais aussi de logement. Mais il est très peu souvent question desdes petits villages, de ces coins de France où la vie ne suit pas le même rythme de vie.
Elisabeth Doineau est sénatrice, élue d’un département rural (la Mayenne) et a été maire de La Rouaudière, un petit village de 300 habitants au sud de ladite Mayenne. Elle fait partie de ceux qui ne les oublient pas. Elle connaît les difficultés des habitants des campagnes et s’engage, chaque jour, pour améliorer leur quotidien.
Au service de la culture et de la santé
Aujourd’hui, beaucoup de villages font face à de sérieux problèmes financiers. Leur budget ne permet plus de lancer de nouveaux projets comme construire un pôle de santé, aménager des lieux de culture et de loisirs, ou même ouvrir un simple supermarché. Pourtant, ces services sont primordiaux pour les habitants. La vie devient plus compliquée et l'isolement s'accentue.
Ces difficultés viennent souvent de décisions prises à des niveaux supérieurs, comme les Régions ou l’État. Les territoires ruraux ne sont pas souvent la priorité. Le manque d’infrastructures culturelles, par exemple, peuvent empêcher les jeunes d’avoir accès à des lieux comme les théâtres, les conservatoires ou les bibliothèques. Cela peut donc conduire les jeunes à avoir moins d’opportunités, moins d’ouverture culturelle et, à long terme, c'est une perte de richesse pour le pays tout entier.
Priorité au Pass culture et à l'accès aux soins
Concernant le Pass culture, Elisabeth Doineau suggère que ce dispositif soit une priorité, parce qu'il touche à l'importance de l'accès à la culture chez les plus jeunes. Elle s'oppose donc à la récente décision de l’Etat et de la région Pays-de-la-Loire, concernant les coupes budgétaires dans ce domaine.
Outre l'accès à la culture, les territoires ruraux sont également très affectés par la question des déserts médicaux. Dans certaines zones rurales, il y a de moins en moins de médecins. Pour consulter un généraliste ou un spécialiste, il faut parfois parcourir de longues distances. Cette situation met en danger les habitants dont les problèmes de santé ne peuvent plus être pris en charge dans des délais suffisants, d'autant que le contexte de vieillissement de la population accroît de plus en plus les besoins en soins.
Un enjeu capital
Face à tout cela, Elisabeth Doineau se bat, au Sénat, pour que les campagnes ne soient plus oubliées. Elle porte la voix des Français qui vivent loin des grandes villes et qui méritent autant d’attention que les autres. Elle rappelle que tous les habitants devraient avoir les mêmes chances, quel que soit l'endroit où ils vivent et où ils travaillent.
Pour la sénatrice, il est urgent de rééquilibrer les choses : il faut plus de moyens pour les villages, plus de médecins dans les campagnes, et plus d’accès à la culture et aux loisirs pour tous. Car « une France où certains territoires sont abandonnésn’est pas une France juste pour tous. »
En agissant près du terrain, Elisabeth Doineau montre que la politique doit être au service de la population toute entiètre, rurale y compris. Elle incarne un engagement fort pour une ruralité vivante, solidaire et respectée.
Ewan MAUBOURGUET
et Kylian BELOEIL
Au cœur des salles de l'Assemblée
Au palais Bourbon, à Paris, les salles de l'Assemblée nationale et leurs décors racontent aussi la République française.
En France, l'Assemblée nationale est le cœur de la démocratie. Plus qu’un simple lieu de débat politique, elle est le reflet de l’histoire de la République française. L'Assemblée, installée dans le Palais Bourbon, à Paris, incarne la continuité et les bouleversements qui ont façonné l'Etat moderne. Au-delà de son rôle législatif, ce sanctuaire de la démocratie est aussi un témoin vivant du patrimoine historique et architectural du pays. Les nombreuses salles du palais Bourbon racontent l'histoire de la France. Tour d'horizon.
La salle de bal
La salle de bal offre un cadre prestigieux pour les réceptions. Elle a vu passer de nombreuses cérémonies notables, telles que des réceptions sous l'Ancien Régime et l'Empire, des dîners et galas officiels, des cérémonies diplomatiques contemporaines. Cette salle brille par son luxe et son élégance. Bien qu'actuellement peu utilisée, elle conserve son éclat d´antan et éblouit quotidiennement les députés et les visiteurs.
La salle des quatre colonnes
La salle des journalistes, encore appelée salle des quatre colonnes, et autrefois utilisée comme salle de réunion, permet aujourd'hui aux journalistes de suivre les activités parlementaires, d'assister à des conférences de presse, de se réunir ou encore d'obtenir des informations directement des porte-paroles et membres du Gouvernement. La transformation de cet espace illustre bien l'évolution du Palais Bourbon. C'est un lieu emblématique, devenu un centre de communication politique moderne, qu'il est d'ailleurs possible de visiter.
L'hémicycle
Autre lieu symbolique : l’hémicycle. Cœur battant de l'Assemblée nationale, c'est là que les lois prennent vie. Dans ce théâtre politique, chaque prise de parole, chaque vote, chaque silence reflète le jeu démocratique et républicain. L'architecture en demi-cercle favorise l'échange, l'affrontement d'idées ainsi que la confrontation des visions. Ce lieu sacré est une scène où s'écrit, jour après jour, l’avenir du pays.
La salle des fêtes
Avec son plafond orné de fresques, ses miroirs majestueux et son architecture grandiose, la salle des fêtes témoigne du faste républicain. Elle accueille aujourd’hui des événements officiels, des remises de distinctions et parfois des expositions temporaires ouvertes au public. Chaque recoin de cette galerie raconte un épisode de l'histoire de France, chaque détail architectural évoque un hommage aux grandes figures de la République et aux valeurs universelles qu'elle défend.
La salle des pas perdus
Enfin, la salle des pas perdus, par son nom évocateur et son immensité solennelle, joue un rôle de carrefour entre les différentes fonctions du Palais. Lieu de passage mais aussi de discussions, elle est le théâtre de négociations discrètes et de rencontres imprévues. Ce vaste espace aux colonnes imposantes et chargé d’histoire a vu défiler de multiples générations de parlementaires. Il rappelle que la politique se joue autant dans les discours officiels que dans les échanges hors micro.
Un lieu fonctionnel
Toutes ces salles montrent que l’Assemblée nationale est bien plus qu’un lieu où l’on vote les lois. C’est un lieu chargé d’histoire, où chaque espace a une fonction et une signification.Le Palais Bourbon est un symbole vivant de notre démocratie, un endroit où passé et présent se rencontrent chaque jour pour faire avancer la République.
Ainsi, le patrimoine de l'Assemblée nationale n´est pas seulement un héritage du passé mais un bien vivant porteur du dialogue, entre histoire et modernité, entre tradition et évolution. C'’est un rappel constant de l’importance de la démocratie dans notre société.
Chayili BREHIN,
Violette GALEY,
Ana Luisa MORENO
et Cécilia BEASSE
Au cœur de la démocratie : plongée dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale
A l'Assemblée nationale, les députés débattent des lois susceptibles d'avoir un impact sur la vie quotidienne des citoyens. Entre prises de parole, votes et échanges parfois animés, chaque séance suit un déroulement précis, dans un lieu chargé d'histoire.
Implantée au Palais Bourbon, au cœur du 7e arrondissement de Paris, l'Assemblée nationale est le lieu où sont débattues et votées les lois par les députés. L’hémicycle, la salle où ont lieu les échanges, est au cœur de l'Assemblée nationale, en forme de demi-cercle. C'est ici que siègent les députés, pour débattre et voter les lois.
Un bâtiment historique et emblématique
Les députés siègent à l'Assemblée, selon leur appartenance à un parti politique. Leur placement sur l'échiquier politique détermine leur emplacement, face à l'actuelle présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (Renaissance). Ainsi, plus un parti est modéré, plus il est proche du centre de l'hémicycle. A l'inverse, plus un parti est radical, que ce soit d’extrême gauche ou d’extrême droite, et plus il est placé vers les extrémités de la salle. Les députés font face à deux statues à forte symbolique, placées de part et d'autre de la tribune de l'Assemblée. Ces statues représentent la Liberté et l’Ordre public et invitent donc les parlementaires à résister à la pression de l’exécutif et à s’opposer à toute insurrection populaire.
Les séances à l'Assemblée nationale
La présidente de l'Assemblée nationale assure la conduite des séances. Elle est une figure importante car elle est la quatrième personne la plus haut placée à la tête de l’État, juste après le Président de la République, le Premier Ministre et le président du Sénat. Elle préside les périodes de débats qui s'organisent en sessions parlementaires.
On distingue les sessions ordinaires (d'octobre à juin) des sessions extraordinaires (convoquées par le Premier Ministre, la majorité des députés ou par décret du Président). Enfin, il y a les réunions dites de pleins droits : ce sont des réunions d'urgence, rendues nécessaires à la suite d'un événement inédit dans le Gouvernement. Ces différentes sessions permettent le bon déroulement des débats. Les sessions ordinaires se déroulent souvent le soir et peuvent durer, jusque très tard dans la nuit. Les visiteurs sont autorisés à observer les séances, qui sont le plus souvent publiques, tant que cela reste dans le respect et le silence, et que cela ne gêne pas les députés présents dans l'hémicycle.
Les députés à l'Assemblée nationale
Les séances en session ordinaire ne nécessitent pas la présence de tous les députés. Et s'ils sont présents, ils peuvent venir et partir quand ils le souhaitent. Quand ils adoptent une loi, ils peuvent, à l'aide de boutons de vote positionnés sur leur bureau, exprimer leur opinion. Ainsi, les élus doivent être à leur place lors des séances de votes.
Néanmoins, quand il n'y a pas de vote, les députés se placent où ils le veulent, tant que ce n'est pas à la place d'un parlementaire déjà présent. En plus de voter, ils peuvent aussi faire un discours sur le débat qu'ils souhaitent, tout en respectant les valeurs de la démocratie.
Chaque député fait partie d'une ou plusieurs commissions et peut ainsi travailler sur quelques sujets en particulier. A la fin d'une séance, les députés sortent de l’hémicycle et passent par la salle des quatre colonnes, où les journalistes pourront leur poser des questions.
Léane TUFFERY,
Violette GERAULT
et Sofiane ABDESLAMI

Le Palais de la Porte Dorée : d’un monument colonial à un lieu de mémoire et d'histoire
Dans le 12e arrondissement de Paris, le Palais de la Porte Dorée, pensé pour glorifier l’Empire colonial, abrite aujourd’hui le Musée de l’histoire de l’immigration. Un changement significatif qui transforme ce lieu en espace de mémoire.
Un monument d’apparat pour une exposition coloniale
Construit en 1931, dans le 12e arrondissement de Paris, pour l’Exposition coloniale internationale, le Palais de la Porte Dorée a été conçu pour célébrer la grandeur de l’Empire colonial français. À cette époque, la France contrôlait de nombreux territoires à travers le monde, en Afrique, en Asie, en Océanie et en Amérique. L’exposition avait pour objectif de montrer la diversité et la richesse de l'Empire, tout en justifiant ce que l’on appelait alors la « mission civilisatrice » de la France. Un projet qui reflétait une vision idéalisée et unilatérale de la colonisation.
L’architecture Art déco et ses symboles
L’architecture du Palais, conçue par Albert Laprade, est un véritable chef-d’œuvre : une tapisserie de pierre sur 1300 m². Sa façade, ornée de bas-reliefs Art déco réalisés par Alfred Janniot, montre la richesse des colonies à travers des scènes exotiques : éléphants, tigres, palmiers, navires et travailleurs indigènes y sont représentés. Bien que grandiose, cette œuvre interroge, aujourd’hui, sur la façon dont les peuples colonisés y sont représentés. En effet, ils sont idéalisés, stéréotypés. Ces représentations reflètent un regard très éloigné des réalités vécues par ces populations, sous domination coloniale.
Un musée désormais dédié à l’histoire de l'immigration
À l’origine, le Palais de la Porte Dorée abritait le Musée permanent des Colonies, créé pour glorifier l’Empire français. Avec le temps, il a changé de nom plusieurs fois : Musée de la France d’Outre-mer, puis Musée des Arts africains et océaniens.
En 2006, ses collections sont transférées au musée du quai Branly. Ce moment marque alors un tournant : on passe d’une célébration de l’Empire colonial à une réflexion plus critique sur ce passé.
En 2007, le bâtiment devient d'abord la Cité de l’immigration, puis en 2014, il prend le nom du Musée de l'histoire de l'immigration. Ce changement est lourd de sens : un lieu pensé pour mettre en avant la colonisation raconte désormais les parcours de celles et ceux venus d’ailleurs, qui font aujourd’hui partie de la société française. Le musée donne vie à leur histoire : départ, espoirs, luttes, réussites, intégration...
À travers des objets du quotidien, des témoignages, des archives et des œuvres d’art, l’exposition permanente montre comment l’immigration a façonné la France moderne. Le musée propose aussi des expositions temporaires, des films, des conférences et des événements culturels, faisant du Palais de la Porte Dorée un lieu vivant, où mémoire et avenir se croisent.
Quand passé et présent se croisent, dans un lieu particulier
Le musée fait le choix de ne pas effacer les traces du passé. Au contraire, il préfère les mettre en contexte, les expliquer, pour susciter une réflexion.
Ainsi, les visiteurs peuvent mieux comprendre ce que ces œuvres racontaient à l'époque et prendre du recul sur l'histoire coloniale. Le musée propose aussi des visites guidées et des expositions pour expliquer ce passé et montrer les histoires des immigrés qui ont participé à construire la France d'aujourd'hui.
Un musée vivant et un lieu de rencontre
Le Palais de la Porte Dorée n’est pas qu’un musée d’histoire : il abrite aussi un aquarium tropical, vestige de l’Exposition coloniale, aujourd'hui réaménagé pour sensibiliser à la biodiversité et aux enjeux environnementaux. Le lieu accueille régulièrement des artistes contemporains, des concerts, des films, des conférences et des événements culturels, pour continuer à faire vivre la mémoire tout en regardant vers l’avenir.
Car le Palais de la Porte Dorée est bien plus qu’un simple monument figé dans l’histoire. Il nous montre que comprendre notre passé, avec ses pages sombres comme ses espoirs, est indispensable pour construire une société plus juste, plus solidaire et plus consciente. En mettant en lumière les mémoires croisées de la colonisation et de l’immigration, ce lieu nous invite à mieux comprendre la France d’aujourd’hui, et à penser celle de demain.
Noa LEPINE
et Lauriane VERGNEAU.
Le Musée de l'histoire de l'immigration, entre histoire et controverse
Installé au Palais de la Porte Dorée, à Paris, ce musée fait l’objet de nombreux débats, depuis sa création.
Le Musée de l’histoire de l’Immigration, situé dans le 12e arrondissement de Paris, en face du bois de Vincennes, fait l’objet de nombreux débats depuis sa création. D’un côté, il est vu comme un outil éducatif pour mieux comprendre l’histoire de la France et la place des immigrés dans le pays, mais de l’autre, il est accusé de simplifier certains aspects fondamentaux de cette histoire.
Un choix discuté
Le Palais de la Porte Dorée, construit en 1931 pour l’exposition coloniale visant à glorifier l’Empire colonial français, suscite des interrogations. Ainsi, l’historien Benjamin Stora considère ce bâtiment comme un « lieu symbolique » qui pourrait « perturber » la compréhension de l’immigration, puisqu’il renvoie aux humiliations coloniales subies par les peuples du Maghreb et d'Afrique noire.
L’historien Gérard Noiriel, spécialiste de l’histoire de l’immigration en France, a quant à lui expliqué que ce musée, créé sous le mandat de Nicolas Sarkozy, visait à lier l’immigration à l’identité nationale de manière positive, mais dans une logique de contrôle de l’histoire. Selon lui, ce type de musée reflète une volonté de « rendre l’immigration acceptable » au sein du récit national, mais sans traiter les aspects plus conflictuels ou critiques de cette histoire.
Une histoire tronquée
Le musée met en avant la contribution des immigrés à la société française, notamment à travers leur travail dans l’industrie, mais également dans les domaines de la culture et de la politique. Toutefois, il est critiqué pour négliger les aspects plus douloureux de cette histoire, tels que le racisme et les discriminations.
L’historien Jean-Luc Einaudi, dans ses travaux sur la répression de la manifestation du 17 octobre 1961, pointe l'absence d'une véritable réflexion sur les violences policières exercées à l’encontre des immigrés, notamment algériens, pendant la guerre d’Algérie. Il estime que « cette histoire tragique aurait dû être abordée de manière plus approfondie dans les expositions ».
L’historienne Nacira Guénif-Souilamas, spécialiste des questions d’immigration et des représentations de l’immigration dans l’espace public, estime que ce musée reste trop « institutionnel » et n’arrive pas à toucher les descendants d'immigrés, ces générations qui ne se reconnaissent pas dans cette histoire lointaine, souvent idéalisée.
Une nouvelle muséographie
Malgré ces critiques, le musée reste un lieu important pour valoriser la contribution des immigrés à la construction de la France. En 2023, après plusieurs années de révision de ses expositions, il a été rénové pour traiter des sujets comme l’esclavage, la colonisation, le racisme et les résistances.
Dans cette nouvelle version de l’exposition permanente, les thèmes de l’histoire coloniale sont désormais plus clairement abordés. Un hommage est aussi rendu aux résistances, comme celle des travailleurs immigrés contre l’exploitation économique, mais aussi aux luttes des Algériens et des autres populations colonisées.
Le musée propose désormais une vision plus complète de l’histoire de l’immigration, en cherchant un équilibre entre la volonté de rendre hommage à la contribution des immigrés et la nécessité de traiter les aspects les plus sombres de leur histoire.
Assia M., Fatima A.,
Leny T. et Ismaël B.
« Road to Exile » s'expose à la Porte Dorée
A Paris, l'œuvre de l'artiste camerounais Barthélémy Toguo sensibilise aux épreuves traversées par les candidats à l'exil.
Road to Exile est une installation, réalisée en 2008 par Barthélémy Toguo, artiste contemporain qui aborde le thème de la migration. Elle est exposée au Musée de l’histoire de l’immigration, à Paris, qui est chargé de rassembler, sauvegarder, valoriser et rendre accessible l’histoire de l’immigration en France.
Un voyageur qui questionne le monde
L’artiste voyageur Barthélémy Toguo est né au Cameroun, en 1967. Il est reconnu pour des œuvres marquées par des thèmes engagés : l’immigration, l’exil, l’injustice sociale, la guerre, la condition humaine. Il utilise son art, à la fois politique et poétique, pour questionner le monde, en explorant ses racines africaines et la modernité.
La traversée au centre de l’œuvre
Road to Exile explore le thème de l’exil. BarthélemyToguo nous immerge dans l’épreuve du voyage des migrants qui tentent la traversée en haute mer. L'embarcation de bois déborde d’énormes baluchons multicolores, sur une mer de bouteilles en verre.
En utilisant des objets du quotidien tels que les ballots, ainsi que des matériaux de récupération comme les bouteilles de verre posées au sol, l’artiste met en évidence la dangerosité du voyage et souligne l'instabilité de la barque qui peut se renverser à tout moment.
Contexte et inspiration
Cette œuvre a été inspirée par le phénomène des jeunes, dans certains pays d’Afrique, qui cherchent à quitter leur continent pour un avenir meilleur.
L’œuvre nous fait ressentir de la compassion. On pense aux personnes qui ont dû quitter leur pays pour des raisons diverses et repartir de zéro dans un pays étranger, dans l’espoir d’un avenir meilleur. Malgré ces souffrances, on ressent également de l’espoir.
Damla O., Maëna L. et Nora H.
Comment le journal Le Monde a couvert les Jeux Olympiques de Paris 2024
Le Monde a suivi de près les Jeux Olympiques de Paris 2024. Avec un traitement bien à lui.
Récit
Dans le cadre de notre projet La République dans tous ses états, nous avons eu la chance de visiter les locaux du journal Le Monde, à Paris. A cette occasion, nous avons rencontrés plusieurs journalistes, dont Clément Martel, spécialisé dans le sport, qui nous a expliqué comment Le Monde aborde des événements d'une aussi grande ampleur que les Jeux Olympiques de Paris.
Une approche différente
Contrairement à des titres comme L'Equipe, Le Monde est un journal qui n'est pas spécialisé dans le sport. L'espace dédié à la rubrique sport est beaucoup plus réduit, de même que le nombre de journalistes qui s'y consacrent. Plutôt que de se concentrer sur les résultats, les performances et les exploits des athlètes, Le Monde choisit de traiter du sport sous un autre angle : celui de la société. Son approche est donc différente : Clément Martel parle du « sport à travers la société, ou de la société à travers le sport ». Au Monde, les Jeux Olympiques ne sont pas seulement un événement sportif, mais aussi un moment social, politique et culturel.
Les JO sous un autre angle
Pour les JO de Paris, les journalistes ne se sont pas limités aux médailles gagnées ou aux records battus. Ils ont aussi traité de l'impact écologique des Jeux, de l'organisation, de l'inclusion, de la place des femmes dans le sport, ou encore des questions économiques et politiques liées à cet événement mondial. En fait, au Monde, le sport se fait le reflet des enjeux et des évolutions de la société.
Cette manière de traiter le sujet montre l'identité particulière du Monde : un journal généraliste qui s'intéresse à la complexité du monde, y compris lorsqu'il parle de sport. L'idée que, derrière chaque événement sportif, se révèlent des problèmes sociaux, des choix politiques, des histoires humaines, montre que leur but est de faire comprendre ce que ces événements disent de notre société.
Grâce à cette visite, nous avons compris qu'il existe différentes manières de parler du sport. Certains médias choisissent de suivre l'actualité sportive de manière précise et détaillée, tandis que d'autres, comme Le Monde, prennent plus de recul pour proposer une réflexion plus large sur son rôle et ses enjeux dans le monde.
Alice B., Lise D. M.,
Léna A. et Carla F.
Joséphine Baker : entre mémoire nationale et récit historique
Une vie entre lumière et résistance, devenue symbole d'une nation attachée à ses valeurs fondatrices.Une vie entre lumière et résistance, devenue symbole d'une nation attachée à ses valeurs fondatrices.
Le 30 novembre 2021, Joséphine Baker entrait au Panthéon, devenant ainsi la première artiste de scène et la sixième femme à rejoindre ce lieu réservé aux « grands Hommes » de la nation. Cette panthéonisation n’était pas seulement un hommage à son immense talent. Elle portait un message profond : celui d’une France qui regarde son histoire en face et célèbre l’universalité, la liberté, l’égalité.
La naissance d'une héroïne
Née le 3 juin 1906, à Saint-Louis, dans le Missouri (Etats-Unis), Joséphine Baker grandit dans une Amérique marquée par la ségrégation raciale. Cette enfance douloureuse forge en elle une volonté inébranlable : lutter pour la liberté, contre le racisme et pour l’unité du genre humain. Elle quitte son pays natal pour trouver en France une terre d’accueil. Naturalisée française en 1937, elle s’engage corps et âme pour sa patrie d’adoption.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Joséphine Baker s’engage pleinement dans la Résistance. Grâce à ses actions courageuses, notamment en tant qu’agent de renseignement, elle est honorée par la France. Elle reçoit la Médaille de la Résistance, la Légion d’honneur, ainsi que la Croix de guerre avec palme, des distinctions qui saluent son dévouement et son courage au service de la liberté.
Une artiste engagée
Au-delà du champ de bataille, Joséphine Baker incarne une vision humaniste du monde. Dès 1938, elle rejoint la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) et s’engage dans la lutte pour les droits civiques, à côté de Martin Luther King, lors de la célèbre Marche sur Washington, en 1963. « Noire défendant les Noirs, mais d’abord femme défendant le genre humain », a souligné Emmanuel Macron, dans son discours au Panthéon, rappelant son engagement universel.
Un parcours d’émancipation
Par son entrée dans ce lieu hautement symbolique, la France rend hommage à bien plus qu’une star. Elle célèbre une femme qui, sans jamais chercher la gloire, a porté ses idéaux avec « liberté, légèreté et gaieté ».
Joséphine Baker est aujourd’hui un pont entre les mémoires : d’un côté, elle évoque les douleurs héritées de la domination coloniale, les séquelles de la traite négrière, et les discriminations raciales ancrées dans des textes juridiques comme le Code noir. Un texte qui a légitimé, pendant des siècles, l’exploitation des corps et des vies.
Elle porte en elle, de par ses origines et son histoire personnelle, la mémoire de tous ceux et celles que l’Histoire a longtemps relégués dans l’ombre. En l'accueillant aujourd’hui au Panthéon, la République française accepte de regarder en face cette part sombre de son passé.
Mais Joséphine Baker est aussi l’incarnation d’un chemin d’émancipation et de lumière. Résistante pendant la Seconde Guerre mondiale, militante pour les droits civiques aux États-Unis, mère d’une famille symboliquement appelée « tribu arc-en-ciel », elle n’a cessé de défendre l’unité dans la diversité, l’égalité entre les peuples, la fraternité au-delà des origines. Elle a lutté, avec une force tranquille, pour un monde plus juste, plus ouvert, plus humain.
Ainsi, en elle, se rejoignent deux mémoires : celle des douleurs et des luttes du passé, et celle des victoires humaines sur l’intolérance et l’oubli. Elle devient un trait d’union entre les blessures de l’histoire et les idéaux universels de liberté et d’espérance. Son entrée au Panthéon symbolise ainsi une volonté nationale de réunifier les récits, de reconnaître toutes les composantes de l’identité française, et de rendre hommage à ceux qui ont élargi le sens de la République.
Un héritage commun
Au Musée de l’histoire de l’immigration, la collection permanente permet de prendre conscience qu’être d’ici et d’ailleurs en même temps, loin d’être incompatible, est avant tout source d’enrichissement personnel et collectif. En témoignent les parcours de plusieurs étrangers venus vivre en France, apportant leur talent et leur savoir-faire, à l’image de la famille Cassini autrefois, ou encore d’artistes plus récents comme Joséphine Baker et Pablo Picasso.
Inhabituel dans un musée, un studio de musique accessible sur demande permet même d’écouter plusieurs playlists thématiques dont les chansons racontent elles aussi l’immigration. Des artistes internationaux, tels que Joséphine Baker, Mike Brant, Charles Aznavour, Abdel Halim Hafez, Enrico Macias ou encore Idir y évoquent ce thème à travers leurs musiques.
La présence de Joséphine Baker au Panthéon et au Musée de l'histoire de l'immigration participe à une volonté politique de réconcilier le pays avec son passé, de valoriser des figures qui racontent une histoire collective plus large : celle d’une France multiple, ouverte et fidèle à ses idéaux Liberté, Égalité, Fraternité.
Joséphine Baker n’est pas seulement un souvenir. Elle est une lumière pour aujourd’hui et pour demain.
Pauline JOUFFLINEAU,
Maëlla KERBELLEC
et Sarah PANNETIER
L'intelligence artificielle : un nouveau défi pour le journal Le Monde
L'IA représente-t-elle une menace pour les rédactions ou une opportunité pour le journalisme ? Récit.
Lors de la conférence au siège du Monde à laquelle nous avons assisté le 13 mars dernier, Clément Martel, directeur adjoint au service des sports, a expliqué comment l'IA intervient dans la couverture des événements sportifs.
Le Monde, une référence face à l'innovation
Fondée en 1944, le journal Le Monde est considéré comme un pilier du paysage médiatique français. Le journal a développé sa version digitale dans les années 2010. Gilles van Kote, directeur délégué aux relations avec les lecteurs, a expliqué que le quotidien du soir compte aujourd'hui 80 000 abonnés papier, pour plus de 400 000 abonnés à sa version numérique.
L'intelligence artificielle au sein des rédactions
Au sein du journal Le Monde, comme dans d'autres rédactions, l'IA est devenu un outil de travail sur lequel s'appuient les 540 journalistes. Elle facilite notamment la correction et la vérification des informations. De plus, elle analyse des données de façon immédiate, là où un être humain mettrait beaucoup plus de temps, ce qui représente un véritable atout dans un métier où le temps est un paramètre essentiel. L'IA peut même réaliser automatiquement des brèves.
Cette automatisation peut s'avérer nécessaire : parmi les rédactions concurrentes, celles qui n'utilisent pas l'IA risquent d'être désavantagées, en terme de rapidité et d'efficacité.
Cependant, l'IA ne remplace pas le travail humain : il est important de garder un regard critique. C'est pourquoi L'IA ne remplace pas le journaliste, elle modifie ses besoins. De nouveaux emplois apparaissent ainsi, comme celui de data-analystes. Les journalistes doivent parvenir à collaborer avec cette nouvelle ère numérique, sans devenir dépendants de celle-ci.
Le journalisme sportif dopé aux algorithmes
Dans le domaine du journalisme sportif, l'IA joue un rôle crucial. Elle permet d'analyser les données en temps réel, ou encore la création automatisée de graphiques ou de résumés de matchs. Par ailleurs, les journalistes, sur le terrain, ont accès à l'information en temps réel puis l'IA prend le relais en recueillant des données plus fiables et directes. Mais ici, le regard du journaliste reste irremplaçable, pour leur donner du sens.
Innover sans trahir : le pari du Monde
Le défi est donc clair : intégrer l'IA tout en respectant les fondements du journalisme. L'IA est un levier et non pas une finalité. Les temps évoluent mais la mission reste la même : informer la population, avec des sources fiables dans un monde en perpétuelle mutation.
Emma LALLAOUI ,
Attoua BENNETT,
Madi MOINAHAMISSI et
Loane PAVIEL MUSSARD
Le « Dictionnaire fou du corps », un ouvrage jeunesse qui questionne
L'ouvrage de Katy Couprie, édité par Thierry Magnier, témoigne des tensions actuelles autour de la liberté d'expression.
En France, la liberté d’expression et de création est garantie par la Constitution. Pourtant, certaines œuvres littéraires continuent d’être mises à l'écart, notamment dans les établissements scolaires. Un exemple récent et révélateur est celui du Dictionnaire fou du corps, de Katy Couprie, un ouvrage artistique et poétique qui explore le corps humain dans toute sa diversité.
Pourquoi le livre fait-il polémique ?
Illustré de manière originale et parfois provocante, le livre a été conçu pour inviter les adolescents, dès l'âge de 12 ans, à mieux comprendre leur corps, en dehors des normes souvent stéréotypées véhiculées par la société. Cependant, certaines illustrations représentant, par exemple, la nudité ou des parties intimes, ont provoqué l’indignation de certains parents d’élèves et leurs associations. Résultat : dans plusieurs établissements, l’ouvrage a été retiré des rayons des bibliothèques, voire interdit à la consultation.
Une question de société
Cette décision soulève une véritable question de société : faut-il protéger les jeunes d’un contenu jugé dérangeant, ou leur donner les outils pour penser par eux-mêmes, avec un accompagnement pédagogique adapté ? Les partisans du retrait invoquent la nécessité de respecter la sensibilité des enfants et des familles, tandis que les défenseurs du livre mettent en avant l'importance d'aborder le corps humain de manière naturelle et décomplexée.
Ce cas illustre bien les tensions entre liberté artistique, rôle de l’école et influence des pressions sociales ou morales. Sont en jeu en effet, les principes démocratiques de la liberté d’expression, du droit à l’éducation et du respect des sensibilités individuelles dans un cadre collectif.
La censure, même partielle, peut-elle être compatible avec les principes démocratiques et l’esprit critique que l’école doit transmettre ?
Le débat reste ouvert, mais il mérite d’être posé avec rigueur et nuance.
Bouhari DIABY,
Taratra RANDRIANASOLO
et Bedran ALAGOZ
Quand Tintin blanchit l'histoire
Dans sa bande-dessinée Tintin au Congo, Hergé nous donne à voir une vision toute personnelle de la colonisation belge.
L'histoire
Publié pour la première fois en 1931, Tintin au Congo raconte les aventures du reporter belge Tintin et de son chien Milou, au Congo, alors colonie belge.
Dès les premières pages, Tintin est accueilli en héros par les colons, puis il se lance dans plusieurs aventures, affrontant braconniers, animaux sauvages, et même un sorcier manipulé par un gangster.
Une mission civilisatrice
À l’époque, l’album visait à divertir. Il ne
choquait pas, il s’inscrivait dans la logique coloniale de l’époque, valorisant ce qu’on appelait la « mission civilisatrice » de la Belgique en Afrique. Hergé, son auteur, s’est plus tard exprimé sur cette période, expliquant que ses œuvres reflétaient simplement la mentalité dominante de son époque, faite de stéréotypes raciaux, d’arrogance coloniale, et de visions caricaturales des populations africaines.
Une œuvre polémique
Ce qui ne posait pas un problème en 1931 est aujourd’hui au cœur de vives critiques. Dans la bande-dessinée, les représentations des Africains sont désormais jugées racistes et offensantes.
Cette relecture moderne s’inscrit dans une dynamique plus large de remise en question des œuvres du passé, à la lumière des valeurs actuelles : c’est ce qu’on appelle la cancel culture. Cette culture de l’annulation consiste à dénoncer publiquement — parfois jusqu’à demander le retrait — des œuvres, propos ou personnalités jugés problématiques.
Dans le cas de Tintin au Congo, cela a mené à des avertissements sur certaines éditions, voire à des interdictions temporaires dans des bibliothèques scolaires, notamment aux États-Unis. En France, cependant, la justice a rejeté la demande d’interdiction faite par plusieurs associations et a estimé, en 2007, que l’album devait être replacé dans son contexte historique.
Censurer ou contextualiser ?
Ainsi, Tintin au Congo reste une œuvre emblématique, non seulement pour ce qu’elle dit de la colonisation belge, mais aussi pour ce qu’elle révèle de l’évolution de nos sensibilités. Elle soulève une question essentielle : faut-il censurer ou contextualiser les œuvres du passé ?
Le cas de ce tome des aventures de Tintin fait écho, récemment, au changement de nom du célèbre livre d'Agatha Christie, sorti en 1939, Les dix petits Nègres, qui a été renommé Ils étaient dix.
Doit-on tout modifier, pour s'adapter, ou doit-on garder l'œuvre originale, pour pouvoir choquer les esprits ? La question est plus que jamais ouverte.
Adrien P., Louison D.,
Mathilde B. et Simon P.
Littérature jeunesse : de la polémique à la censure ?
Le 14 mars 2025, les élèves de Terminale E et STMG3 du lycée Douanier Rousseau (Laval) ont participé à un atelier, à la BNF (Bibliothèque nationale de France), à Paris. Cet atelier portait sur des livres de littérature jeunesse qui ont fait polémique.
Des livres qui dérangent
Si la littérature adulte suscite souvent des débats, la littérature jeunesse, elle aussi, peut créer la polémique. Tintin au Congo (de Hergé, 1931) est aujourd’hui remis en cause, pour son contenu colonialiste et raciste, alors qu'au moment de sa sortie, ce livre n'avait suscité aucune critique. Car cette façon de penser était à l'époque commune à une grande partie de la société.
Tous à poil (Claire Franek et Marc Daniau, 2011) a été violemment attaqué pour son approche décomplexée du corps humain, jugée inappropriée pour les enfants.
Quant à La Guerre des bisous (Vincent Cuvellier et Suzanne Arhex, 2019), cet album a été ciblé pour « une tentative d’imposer une vision non-genrée ou progressiste de la famille ». Ces ouvrages, pourtant conçus pour le jeune public, ont provoqué de véritables controverses, parfois relayées jusqu’aux plus hauts niveaux politiques. Mais faut-il pour autant les interdire ?
Censure ou autocensure ?
Dans aucun des cas suscités, il n'y a eu de censure officielle de l’État. Tintin au Congo n’est pas interdit à la vente, mais certaines librairies le rangent dans les rayons pour adultes. En 2023, les Editions Moulinsart et Casterman ont ressorti l'album avec un avant-propos expliquant la période coloniale de l'époque, et le petit garçon congolais disparaît de la première de couverture.
Tous à poil a été retiré de certaines bibliothèques scolaires après des critiques médiatisées. La Guerre des bisous a même été retiré temporairement d’une école à la suite d'une plainte de parent. Il s’agit donc souvent de censures locales, informelles ou sociales, et non de censure d'État. On parle alors d’autocensure, ou de censure indirecte, plus insidieuse, mais qui touche tout autant la diffusion d’une œuvre.
Quand la polémique sert
Paradoxalement, les livres qui font scandale ne disparaissent pas : ils gagnent en visibilité. Tous à poil est devenu un symbole de liberté pédagogique et a vu ses ventes exploser après les critiques. Tintin au Congo, malgré les critiques (ou à cause d’elles), continue de se vendre dans le monde entier, tout en suscitant des débats sur la représentation coloniale dans les œuvres pour enfants. Même La Guerre des bisous, peu connu à l’origine, a bénéficié d’un regain d’intérêt médiatique. Autrement dit, la polémique agit souvent comme une loupe, et non comme une gomme : elle ne fait pas taire le livre, elle l’expose et en fait un objet de débat et d'analyse.
Romane BOURDEL-TORRES,
Anna BEGHIN-DLOUSSKY,
Jules BAUDOUIN
et Marin BROUSSEY
Panthéon : de Sainte Geneviève à Simone Veil
Le Panthéon est bien plus qu’un vieux bâtiment, il est le reflet de l’histoire de la France, entre ses racines religieuses et ses valeurs de liberté, d’égalité, et de laïcité.
Visiter le Panthéon permet de découvrir un bâtiment impressionnant, dédié aux grands hommes et femmes de la France. Pourtant, au moment de sa construction, au XVIIIᵉ siècle, son but était tout autre.
À l’origine, le roi Louis XV avait promis, s’il guérissait d'une grave maladie, de faire construire une église en l’honneur de Sainte Geneviève, la protectrice de Paris, au Ve siècle. Une fois rétabli, il fit construire ce monument religieux pour la remercier. À l’époque, la monarchie française était encore très liée à l'Église catholique : le pouvoir politique et la religion fonctionnaient ensemble.
La Révolution française : naissance d’un symbole laïc
Mais en 1789, avec l’arrivée de la Révolution française, tout change. Le peuple français renverse alors la monarchie et souhaite fonder une nouvelle société appuyée sur les principes de liberté, d’égalité et de fraternité, sans être confondue à la religion. Dès lors, le Panthéon est très vite transformé : d'un lieu de culte, il devient un temple laïc consacré à honorer ceux qui ont servi la Nation. C’est un symbole fort de la séparation entre la foi et la République.
L’église perd sa fonction de culte pour devenir un lieu de mémoire nationale. À travers cette transformation, on voit toute l’évolution de la France. C’est le passage d’une monarchie fondée sur la religion à une République fondée sur la laïcité.
Aujourd’hui, le Panthéon accueille des figures qui représentent ces idéaux. Voltaire et Rousseau, deux grands penseurs du siècle des Lumières, y reposent. Ils ont défendu la liberté de penser, ce qui correspond parfaitement aux valeurs républicaines. D’autres personnalités sont venues enrichir cette mémoire, comme Jean Moulin, héros de la Résistance, ou Simone Veil, femme politique du XXᵉ siècle, rescapée de la Shoah et défenseure des droits des femmes. À travers ces figures, le Panthéon montre que la République rend hommage à tous ceux qui ont contribué à construire une France plus juste, plus libre et plus égalitaire, peu importe leurs croyances ou leurs origines.
Entre héritage religieux et idéal républicain
Le Panthéon reste un lieu très symbolique : il ressemble à un temple religieux, par son architecture, avec ses colonnes, sa coupole, ou encore la croix qui orne le bâtiment, mais il n’est plus un lieu de culte. Cette juxtaposition, entre son passé cultuel et sa fonction actuelle, rappelle que la France respecte son histoire. Le Panthéon est donc bien plus qu’un monument : c’est un lieu qui incarne la recherche d’harmonie entre l'héritage religieux et les idéaux laïques que la France défend désormais.
En somme, le Panthéon n’est pas juste un monument, c’est un vrai témoin de l’histoire de la France. Il montre comment le pays est passé d’une société où la religion avait beaucoup d’influence à une République qui valorise des valeurs comme la liberté et l’égalité, tout en respectant ses racines chrétiennes. Aujourd'hui, il incarne parfaitement la laïcité, principe qui sépare la religion de l'État, tout en honorant ceux qui ont fait avancer la France, qu’ils soient croyants ou non.
Le Panthéon, qui accueille les héros de l'histoire de France, invite à réfléchir sur l’unité d’un pays qui se construit à travers la diversité et le respect des valeurs communes. C’est un symbole de la façon dont la France, fidèle aux valeurs de liberté et d'égalité, cherche à concilier ses origines chrétiennes avec son avenir laïque.
Jade TREHOUT,
Ilyes CAMUS
et Alizée POTEVIN
Le Panthéon : lieu de mémoire et outil politique français
Situé au cœur du Quartier Latin, à Paris, le Panthéon témoigne de l'histoire politique du pays.
À l’origine, le Panthéon devait être une église, construite au XVIIIᵉ siècle pour honorer Sainte Geneviève, la sainte patronne de Paris. Pourtant, au fil des changements politiques, son rôle a beaucoup évolué.
D'une église à un temple laïque
Sous la Révolution française, le bâtiment est transformé en temple laïque dédié aux « grands Hommes » de la Nation. Dès lors, il devient un symbole républicain, un lieu où l'on célèbre ceux qui ont servi la patrie plutôt que Dieu. Cependant, cette laïcisation n’est pas définitive : au XIXᵉ siècle, entre la monarchie restaurée et les périodes républicaines, le Panthéon oscille sans cesse entre fonction religieuse et fonction civique. Rendu au culte catholique par les rois, il est repris par la République à chaque changement de régime.
Son rôle aujourd'hui
Ainsi, le Panthéon est un véritable témoin des bouleversements politiques français. Chaque gouvernement a cherché à se l’approprier, pour imposer sa vision de l’histoire.
Pourtant, même lorsque la République affirme la laïcité du monument, elle n'efface pas totalement son passé religieux. Au contraire, elle le sédimente : elle construit par-dessus, mais sans détruire. Le Panthéon conserve ainsi les traces de toutes les étapes de son histoire.
Un symbole fort de cette superposition est visible, à l’intérieur même du monument : la statue de Marianne, incarnation de la République, trône directement sous la figure du Christ. Cette image puissante illustre bien comment la République française n'a pas cherché à nier son héritage chrétien, mais plutôt à le dépasser pour forger une mémoire nationale commune.
Finalement, le Panthéon est à la fois un lieu de mémoire et un outil politique. Il raconte l’histoire de ceux que la France a choisi d’honorer, mais aussi l’histoire des régimes qui, chacun à leur manière, ont voulu y inscrire leur marque.
Pierre GOHIER, Maël ROBINET, Kevin HOUDIN et Tom SEITE
Fake news : la nouvelle arme de désinformation
À une époque où l'information circule à la vitesse d'un clic, la frontière entre le vrai et le faux est devenue plus fragile que jamais. Des informations volontairement fausses ou trompeuses prospèrent sur les réseaux sociaux, influençant l'opinion publique et déstabilisant jusqu'au fondement même de la démocratie.
Facebook, Instagram, TikTok… Les plateformes sociales sont devenues le terrain de jeu favori de la désinformation. Leur algorithme favorise les contenus viraux, souvent émotionnels, au détriment des vérifications. Un titre sensationnaliste, une photo truquée, un faux témoignage : il suffit d’une étincelle pour que la rumeur devienne virale.
En quelques heures, une fake news peut atteindre des millions de personnes, sans qu'aucune vérification sérieuse ne soit faite. Les utilisateurs, souvent peu méfiants, partagent rapidement ce qui confirme leur opinion ou suscite de fortes réactions, alimentant ainsi la spirale.
La politique n’échappe pas au phénomène, bien au contraire. Les campagnes électorales deviennent des champs de bataille numériques où rumeurs, montages vidéos et fausses accusations sont utilisés pour discréditer les adversaires.
En manipulant l’information, certains groupes politiques cherchent à orienter les votes, semer le doute sur les institutions ou renforcer des idéologies extrêmes.
Des affaires célèbres, comme celle de l’ingérence russe lors de l’élection présidentielle américaine de 2016, ont démontré à quel point les fake news peuvent influencer des choix politiques majeurs et ébranler la confiance citoyenne.
Au-delà de la politique, les fake news impactent aussi la société en profondeur. Elles nourrissent les théories du complot, exacerbent les divisions, et créent un climat général de méfiance. Santé, environnement, fait divers : aucun domaine n'est épargné. Lorsque la désinformation s'installe durablement, elle fragilise le lien social et rend toute conversation publique plus difficile.
Comment se protéger ? Face à ce fléau, l’éducation aux médias devient une nécessité. Vérifier les sources, croiser les informations, repérer les sites douteux : autant de réflexes à adopter avant de partager une information.
De leur côté, les réseaux sociaux tentent de réagir, en signalant certains contenus ou en supprimant les comptes les plus dangereux, mais les résultats restent encore insuffisants face à l’ampleur du phénomène.
Dans un monde saturé d’informations, croire n’est plus suffisant : il faut savoir vérifier. La lutte contre les fake news n’est pas seulement une affaire de plateformes ou de journalistes, c’est l’affaire de tous : citoyens connectés, acteurs d’une démocratie fragilisée.
Clémence BIGNON, Shannon BESSIERE et Mary BARTLETT (avec l'aide de l'IA).
La censure, à bon escient ?
Certaines choses sont censurées au détriment d'autres, plus violentes, qui heurtent la sensibilité des plus jeunes. La censure est toujours utilisée, mais son utilisation est-elle juste ?