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Sommaire
Page 2 :
• Visite de Paris : entre démocratie et patrimoine...
Les lycéens ont visité Paris pour découvrir les coulisses de la démocratie.
• Le sénat gardien de la stabilité
Interview d'Yves Bleunven, sénateur du Morbihan.
• Rencontre impromptue au Palais Bourbon
Discussion entre Yaël Braun-Pivet et deux lycéens.
Page 3 :
• Informer pour comprendre
Une élève d'IB nous parle de la Géorgie.
• Citoyens en herbe : apprendre à voter dès les bancs de l'école
Si la démocratie dans le monde semble en danger, qu’en est-il de l’exercice démocratique à l’école ?
• Ouest-France, un média démocratique
L'histoire du média, place du journal dans la société : Rencontre avec François-Xavier Lefranc.
Page 4 :
• Bruno Retailleau : « Notre démocratie est fragilisée »
Bruno Retailleau a répondu à nos questions autour de la démocratie.
• Communiquer une nécessité en politique
Madame Indycki s'est confiée quant à son métier de conseillère en communication.
• Chat GPT, donne nous la recette d'une bonne démocratie
Nous avons demandé à Chat GPT les ingrédients d'une démocratie.

N° 15 - Mars 2025 - La Démocratie | www.saint-francois-xavier.fr |
L'IA un danger pour notre société ?
Aujourd’hui, l'IA s'est imposée dans nos vies quotidiennes et nous interroge quant à son utilité et ses dérives. La première version de ChapGPT date du 30 novembre 2022 et a prouvé son intérêt notamment dans le domaine médical. Ce logiciel est au cœur de débats politiques et c'est dans cette optique que s'est tenu à Paris un sommet sur l'IA les 10 et 11 février derniers, un événement qui a permis à la France et à l'Europe de renforcer leur ambition dans la course à l'IA. Elle présente des inconvénients, écologiques tout d'abord, quand on sait qu'une recherche avec ChatGPT consomme un demi-litre d’eau. De plus,du fait que l’IA se base sur des données déjà présentes, elle accentue le racisme, le sexisme et les discriminations. Cependant, l'utilisation à bon escient de l'IA peut être intéressante et c'est ce que nous avons voulu expérimenter en confiant notre image de Une à ChatGPT. Et quelle surprise ! Cette image a provoqué des débats dans notre rédaction : « bizarre », « moche », « mal faite », « chelou ». Son intérêt a été discuté. On a douté pensant donner l'impression de paresse, comment formuler au mieux notre prompt pour obtenir l'image la plus parlante. « Pourquoi la garder ? ». Justement parce qu'elle est imparfaite, parce qu'elle montre les limites de l'IA, parce qu'elle nous force à apprendre à l'utiliser correctement, et parce qu'elle nous interroge sur son impact sur nos démocraties.
Notre démocratie est vivante. Elle s'exerce au niveau local et national. Rencontrer une députée (p.2) ou un sénateur (p.2) permet de mieux appréhender l'expression des préoccupations locales au niveau national. Quelle chance d'avoir visité l'Assemblée nationale et rencontré la présidente Madame Braun-Pivet qui nous a gentiment accordé quelques minutes ! (p.2)
Les lycéens ont également une opinion sur la démocratie. Ils l'exercent depuis leur plus jeune âge lors des élections des délégués de classe ou des conseils municipaux des jeunes. Ils peuvent se montrer exigeants quant à ces exercices qui s'apparentent parfois à des jeux (p.3). Jeanne Goraguer nous fait part de ses préoccupations au sujet de la Géorgie et nous lui avons volontiers ouvert notre rédaction pour qu'elle puisse s'exprimer. Toujours en page 3, nous parlons liberté d'expression, IA et démocratie dans les médias lors d'un échange captivant avec Monsieur Lefranc, président du directoire de Ouest-France.
Enfin, en page 4, revenons au niveau national et parlons politique avec l'interview de Monsieur le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. La communication est devenue un art en politique, c'est ce que nous explique une ancienne élève de SFX, Tess Indycki, conseillère en communication de Madame Louwagie, la ministre chargée du commerce, de l'artisanat, des PME et de l'économie sociale et solidaire. Et si on donnait le dernier mot à l'IA face à nos interrogations démocratiques et qu'elle nous donne la bonne recette ? (p.4).
Bonne lecture.
Ewenn BROUDIC
Rencontre impromptue au Palais Bourbon
Lors de la visite de l’Assemblée nationale du 22 janvier 2025, 40 élèves du lycée ont eu la chance de croiser la Présidente de l’hémicycle dans les couloirs. L’occasion pour l’équipe journalisme d’interroger Mme Yaël Braun-Pivet au sujet de l’impact des réseaux sociaux sur nos démocraties actuelles.
« Des nouveaux médias qui sont aujourd'hui très influents »
Lors de cette interview improvisée, Madame Braun Pivet remarque que les jeunes d’aujourd’hui ont complètement changé de mode d’information, utilisant majoritairement de nouveaux médias et se détournant ainsi de la presse écrite, de la télévision ou encore de la radio. Les réseaux sociaux ont donc pris une place considérable dans la formation de l’opinion publique. Travailler sur la question de la régulation et de la modération des informations qui y circulent est donc devenu aujourd'hui une nécessité.
La présidente de l'Assemblée nationale déplore aussi l’apparition de bulles d’algorithme, des sortes de boucles qui enferment les gens en ne leur montrant que du contenu en lien avec ce qu’ils consultent. Ces espaces restreints sont problématiques car ils ne permettent pas aux gens de se confronter à des opinions autres que les leurs et les empêchent de développer leur esprit critique, nécessaire à la formation de l’opinion publique.
« Il est nécessaire de travailler sur les émetteurs mais aussi sur les récepteurs »
L’éducation de tous les citoyens à ces problématiques doit être au cœur des politiques actuelles.
La formation à l’esprit critique, savoir lire correctement une information, la décrypter, lire à travers les lignes, tant de choses qui semblent évidentes mais qui sont pourtant cruciales pour s’informer correctement. Il faut aussi être capable de retrouver l’émetteur d’une information, se renseigner à son propos, apprendre à croiser une information pour mieux la comprendre et l’analyser. Surtout il est nécessaire de confronter les informations entre-elles, une manière de soulever des incohérences.
Tout cela est aussi nécessaire pour déceler l’utilisation de l’intelligence artificielle dont l’usage s’est largement popularisé ces dernières années. Cet outil permet aujourd’hui de créer de toute pièce des images, des vidéos ou des documents audios. Il devient donc maintenant indispensable de savoir si l’image qui se trouve face à nous est réelle, si elle correspond à quelque chose de vraisemblable.
La propagation de fausses informations peut-elle réellement fragiliser une démocratie en créant des divisions au sein de nos sociétés ?
Pour la présidente de l’Assemblée nationale, il est primordial de se focaliser sur deux points afin de minimiser la menace des réseaux sociaux sur nos démocraties : d’une part l’émission et la régulation des informations qui circulent sur les réseaux sociaux, et, d’autre part, sur la réception de ces informations et donc l’éducation des citoyens.
La France et l’Union Européenne ont déjà légiféré pour réguler et forcer les plateformes étrangères à s’adapter à nos règles. On peut souligner notamment la mise en place du RGPD en 2018. Le Règlement général sur la protection des données impose des obligations strictes sur la collecte et l’utilisation des données. Mais ce règlement instaure aussi le droit à l’oubli, c’est à dire l’obligation d’informer les utilisateurs du web. Pour protéger les plus jeunes, la loi du 7 juillet 2023 instaure une majorité numérique à 15 ans pour s'inscrire sur les réseaux sociaux.
Madame Braun-Pivet pense qu’il est possible d’aller encore plus loin. La loi est donc importante mais elle n’est pas suffisante. La présidente insiste sur la nécessité d’éduquer un plus grand nombre de citoyens à ces enjeux.
Jeanne MANIC
Le sénat gardien de la stabilité
Le lundi 18 mars, nous avons interviewé Yves Bleunven, sénateur du Morbihan.
Interrogé sur les dangers démocratiques qui menacent aujourd'hui notre société, Monsieur Bleunven évoque les problèmes de représentation de celle-ci. Par exemple, il nous explique que les épisodes récents survenu à l'Assemblée nationale laisseraient penser que des extrêmes pourraient être amenés à gouverner, ce qui mettrait notre démocratie en danger. Selon lui, de nombreuses démocraties sont aujourd'hui mises en péril par certains représentants politiques, comme aux États-Unis récemment l'administration Trump ou encore en Russie avec la « pseudo » démocratie que Monsieur Poutine prétend exercer.
Le sénat, gardien de la démocratie
C'est dans le but de contrer de tels incidents que des institutions existent en France. Elles sont aujourd'hui les gardiennes de la démocratie. Le sénateur affirme qu'il n'y a pas très longtemps, l'utilité du Sénat était remise en cause, notamment par le président de la République. En effet, il songeait en 2019 se questionnait afin de réunir, entre autres, le Sénat et le Conseil Économique Social et Environnemental. Or, aujourd'hui, plus personne ne remet en cause son intérêt puisque c'est un stabilisateur de notre République et donc de notre démocratie. À l'Assemblée nationale, depuis les dernières élections, Yves Bleunven nous décrit une montée en puissance des extrêmes. C'est dans cette optique que le Sénat est nécessaire, puisque son mode d'élection en fait une chambre bien plus modérée que l'Assemblée nationale nous explique-t-il. En effet, le Sénat fait partie des deux membres du parlement mais possède des prérogatives moins étendues que l'Assemblée nationale.
La réglementation de la laïcité
Selon Yves Bleunven, la laïcité est un thème au cœur de tous les débats. Ainsi, aujourd'hui, le plus important est de trouver un juste milieu. En effet, effacer tout signe de religion serait un danger, une atteinte à notre liberté d'expression. Effectivement, pour le sénateur, plus on légifère et moins les lois sont efficaces. Il déplore donc la non-application de certaines lois concernant la laïcité. D'un autre côté, l'absence de règles à ce sujet pourrait déclencher une montée de l'intégrisme religieux ce qui causerait des problèmes au sein de notre société.
Thibault MICHÉ,
Ewenn BROUDIC
Visite de Paris : entre démocratie et patrimoine...
Les équipes Journalisme et Citoyen du Monde, ainsi que des élèves suivant la spécialité HGGSP, se sont rendus à Paris, le 22 janvier dernier.
Grâce à la députée de Vannes Madame Le Hénanff, 40 élèves ont eu l’opportunité de se rendre à Paris le 22 janvier dernier. Avant tout curieux de visiter l'Assemblée Nationale, cette journée fut aussi l'occasion de se rendre dans des lieux emblématiques de la capitale.
Première étape :
rendez-vous
place des Grands Hommes
« Aux grands hommes, la patrie reconnaissante », c'est par cette célèbre phrase du fronton du Panthéon qu'a débuté la journée. La visite a duré une heure et demi et ce fut l'occasion de rendre hommage à Marie Curie, Simone Veil ou encore aux grands auteurs étudiés en classe comme Zola ou Hugo.
Entre 6e et 7e arrondissement, déambulation dans le quartier de la politique
Pour aller à l'Assemblée à pied, le groupe est passé devant Matignon ou le ministère de l’Éducation Nationale après avoir fait une courte halte à l'église Saint-Sulpice actuellement en rénovation.
A l'Assemblée nationale, les lycéens ont reçu un accueil très chaleureux de la part de Madame Le Hénanff (membre de la commission de la défense nationale et des forces armées) et de son assistante Madame Nieuwmunster. Ils ont pu assister à une séance dans l'hémicycle où une autre députée morbihannaise, Madame Le Peih défendait un texte sur la démocratie agricole. En visitant les différentes salles du palais de Lassay, ils ont croisé Madame Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, qui a répondu aux questions des élèves journalistes (voir "Rencontre impromptue au Palais Bourbon" p. 2). Cette visite s'est achevée dans la Cour d’Honneur pour découvrir les statues des dix femmes honorées lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de 2024.
Commencée sur la place des grands hommes et finie devant les statues des femmes emblématiques de notre histoire, cette journée aura marqué les jeunes citoyens et citoyennes par sa richesse culturelle et la découverte des coulisses de la démocratie. Il ne restait qu'à rentrer en Bretagne sous une pluie battante !
Arthur BESNIER,
François LUHERNE,
Tom GAREL
« La règle de droit n'est pas de la censure »
Sortie du réseau social X, Intelligence Artificielle, situation de la démocratie aujourd'hui en France et ailleurs, autant de questions auxquelles François-Xavier Lefranc, président du directoire de Ouest-France, a bien voulu répondre en nous rendant visite le 18 mars dernier.
Fondé sur les cendres de Ouest-Eclair en 1944 par Paul Hutin-Desgrées, le journal Ouest-France a su rapidement s’imposer en tant que média démocratique. Il avait de nombreux objectifs comme construire la paix, mettre fin à la guerre, aider à la reconstruction et bâtir l'Europe. Pour le quotidien, il est important que la démocratie ne soit pas menacée par le pouvoir de l'argent. En 1990, le journal fonde l' « Association pour le soutien des principes de la démocratie humaniste » afin de protéger Ouest-France des menaces liées à l’argent. Cette association à but non lucratif a pour objectif la démocratie et est l’unique propriétaire du journal. En tant que directeur de la publication, F.X. Lefranc est responsable devant la justice de tout ce qui est écrit dans le journal. Il doit appliquer la loi sur la liberté de la presse de 1881 qui encadre les médias sur ce qu’ils diffusent et protége les citoyens d'éventuels débordements. « Le respect de la personne, dire sans nuire, montrer sans choquer, témoigner sans agresser, dénoncer sans condamner », est le rôle du journalisme que défend Ouest-France.
Le divorce avec X
Monsieur Lefranc pensait que les réseaux sociaux étaient de vrais outils démocratiques à leur commencement. Chaque individu peut s'exprimer et donner son avis sur un sujet. Depuis que le milliardaire Elon Musk s'est emparé du réseau social X (anciennement Twitter), il a décidé de supprimer le service de contrôle de diffusion qui, pour lui, entravait la liberté d'expression. Cette absence de modération eu un impact conséquent sur la décision de Ouest-France. Ensuite, Monsieur Musk a diffusé de fausses informations visant à manipuler l'opinion grâce notamment aux algorithmes. Cette « action est extrêmement choquante » en raison du rôle politique que joue Musk dans l' administration américaine actuelle. Ouest-France n'est pas le premier média à quitter X. The Guardian et la Vanguardia avaient déjà auparavant divorcé du réseau social, influençant le média français. François Xavier Lefranc se dit choqué par les responsables politiques qui diffusent des informations sur X tout en connaissant le non-respect des règles de diffusion du réseau. Le rédacteur en chef ajoute aussi qu'il serait capable de quitter les autres réseaux sociaux s'ils venaient à prendre la même direction que X.
L'évolution du journalisme traditionnel et de la démocratie
L’avenir du journalisme traditionnel est à ce jour inconnu. La démocratie est attaquée et l’intelligence artificielle s’impose de plus en plus dans notre quotidien, il est donc difficile de deviner son avenir. « La démocratie, c’est un combat quotidien. », pense F.X Lefranc. Elle est fragile et il faut à tout prix la défendre.
L’objectif du journalisme est avant tout d’informer à l’aide d’informations fiables. « La première qualité d’un journaliste est l’écoute, il doit pouvoir s’adapter à ses lecteurs, être innovant et surtout se sentir utile ». Ces qualités sont requises pour être un bon journaliste, elles ne doivent surtout pas se désagréger au fil du temps. Il est important que le journalisme traditionnel préserve ces compétences à l’avenir. Outre la question de la démocratie, celle de l’intelligence artificielle prend également une place importante sur l’avenir du journalisme. L'intelligence artificielle, ou IA, est un outil fabuleux capable de réaliser des choses extraordinaires. La question concernant sa place dans le journalisme est encore mitigée. Son utilisation est une forme d’aide mais peut aussi devenir une source de danger mortel pour l’avenir du journalisme traditionnel. Selon F.X Lefranc, « quand on utilise l’IA, on contrôle tout. », une phrase qui fait réfléchir sur la puissance et l’efficacité de cette technologie. « Le journalisme, c’est aussi combattre la diffusion de mauvaises informations », d'après M. Lefranc , « la lutte contre le mensonge est essentiel ». Le niveau de méfiance des Français envers les médias est inquiétant. Selon le journal La Croix ce n’est pas moins de 62 % des Français qui n’ont pas confiance dans le traitement de grands sujets d’actualité en 2024. Les critiques se multiplient mais aucune inquiétude pour F.X. Lefranc qui déclare : « Les critiques ça fait grandir ». Celles des lecteurs sont très utiles pour le bon développement de Ouest-France qui va lancer sa chaîne de télévision à la rentrée de septembre.
Jules OLIVIER,
Méwen CHEVALIER

Jeanne veut informer pour comprendre
En bac international, elle s'intéresse à la question géorgienne.
Jeanne Goraguer suit le cursus IB (Bac International). Dans le projet Créativité, Activité, Service (CAS), elle a choisi de sensibiliser les autres lycéens sur les tensions actuelles. C'est tout naturellement que notre journal lui a donné ces lignes pour s'exprimer.
Pourquoi la Géorgie ?
« Les conflits actuels ne nous touchent pas forcément directement, mais il faut quand même se tenir informé » dit Jeanne. D'abord sensible à la situation au Yémen, elle s'est finalement intéressée à un Etat européen, peu connu des lycéens de son entourage, la Géorgie. Ce pays démocratique entre Occident et Asie est entouré par 2 grandes puissances ambitieuses : la Russie et la Chine. Après l'affrontement de 2008 l'opposant à la Russie, elle perd deux Etats séparatistes, situés à la frontière au nord : l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie. Loin de déstabiliser les Géorgiens, cette perte les incite même à vouloir entrer dans l’Union Européenne pour se protéger. Leurs espoirs se sont éteints après le refus de leur adhésion par le Conseil de l’Europe.
Depuis l'élection le 14 décembre 2024 du président pro-russe Mikheïl Kavelashvili, le mécontentement est vif chez les Géorgiens pro-européens et se traduit par de nombreuses manifestations. L’ex-présidente géorgienne Salomé Zourabichvili s’est aussi exprimée, le comparant à une « parodie », pointant du doigt cette élection, la qualifiant d'« illégitime ».
« C’est la première fois dans l’histoire de cette ex-république soviétique du Caucase que le chef de l’État n’est pas élu au suffrage universel direct, mais par un collège d’électeurs, contrôlé par le parti au pouvoir » nous informe Le Monde.
La Géorgie va-t-elle subir le même sort que sa voisine l’Ukraine ?
A l'heure où les intentions du président Poutine sont très claires concernant l'influence de la Russie sur l'Europe centrale, une vague pro-européenne se propage en Géorgie, au Monténégro, en Serbie et en Slovaquie.
Aurore DAVID
Citoyens en herbe : apprendre à voter dès les bancs de l'école
Si la démocratie dans le monde semble en danger, qu’en est-il de l’exercice démocratique à l’école ?
Remplaçant le « chef de classe » choisi par les professeurs depuis 1965, les délégués sont des élèves volontaires élus par leurs camarades. Ainsi, la démocratie est inculquée dès la primaire à travers des élections au suffrage universel direct à la façon des élections présidentielles.
L'opinion des élèves
« Le principe est démocratique mais l’application ne l’est pas », affirme Clémentine, élève de terminale. En effet, des lycéens interrogés considèrent que les élèves ne prennent pas ces élections au sérieux. Certains ne se présentent que pour des questions de popularité ou dans le but d’améliorer leur dossier scolaire. De plus, les élèves votent moins par intérêt du programme que par affinité. Ces problèmes affaiblissent le rôle même des délégués. D’autres trouvent qu’il faudrait valoriser la candidature des élèves en offrant d'avantage qu’un discours de présentation. Connaître mieux la personnalité et le programme des candidats permettrait d’éviter les désillusions.
Du côté des professeurs
Ces derniers peuvent regretter que le « pacte de confiance » existant entre adultes et élèves élus soient rompus par certains puisqu’ils communiquent des informations pourtant confidentielles. Parfois, des délégués rendent compte de propos tenus en conseil de classe à leurs amis. Néanmoins, les élèves peuvent organiser un vote de confiance si celle-ci est perdue.
Malgré les critiques qui peuvent être soulevées, beaucoup d’élèves apprécient ce système et trouvent qu’il participe à une démocratie « scolaire ». Ils conseillent de créer des urnes à l’école et qu’une réelle campagne puisse exister afin que les élèves connaissent un peu mieux la personnalité de ceux qui se présentent.
La démocratie « scolaire » est le lieu dans lequel les élèves appréhendent l'exercice de leur souveraineté à une échelle réduite. Les critiques soulevées par les élèves reflètent les limites de la démocratie actuelle. Les apparences et l'avis de la majorité influencent tout autant les scrutins scolaires que les scrutins politiques.
Anouk TROUSSEL,
Aya CHIBANI
Chat GPT, donne nous la recette d'une bonne démocratie
Recette d'une bonne démocratie
Ingrédients
Une Constitution solide et respectée
Trois branches du pouvoir bien séparées (exécutif, législatif, judiciaire)
Une grande dose de libertés fondamentales (expression, presse, association...)
500 g de transparence et d’honnêteté politique
Deux cuillères à soupe de justice sociale
Un litre de participation citoyenne
Une pincée de tolérance et de respect des opinions adverses
Un soupçon de médias libres et indépendants
Des citoyens bien informés et engagés
Préparation
1) Établir une base solide : Assurez-vous que la Constitution soit bien écrite, claire et respectée pour éviter toute dérive.
2) Séparer soigneusement les pouvoirs . Mélangez délicatement l’exécutif, le législatif et le judiciaire pour éviter les grumeaux d’autoritarisme.
3) Ajouter progressivement les libertés fondamentales : elles garantissent un climat où chacun peut s’exprimer sans crainte.
4) Incorporer la transparence et l’honnêteté politique : cela permet d’éviter la corruption et renforce la confiance des citoyens.
5) Saupoudrer de justice sociale : sans elle, des inégalités trop fortes risquent d’amener des tensions et des contestations.
6) Verser un bon litre de participation citoyenne : plus les citoyens sont impliqués dans la vie politique, plus la démocratie est savoureuse et dynamique.
7) Mélanger avec une dose de tolérance et de respect : cela évite les affrontements inutiles et favorise le dialogue.
8) Laisser mijoter dans un climat de médias libres et indépendants : ils veilleront à ce que les dérives ne prennent pas trop d’ampleur.
9) Goûter régulièrement et ajuster selon les besoins : si des signes d’autoritarisme apparaissent, rajoutez une bonne dose de contestation pacifique et d’éducation civique.
Conseils du chef
> Ne laissez pas la démocratie sans surveillance, elle a besoin d’un entretien constant.
> Si elle devient trop fade, ajoutez un peu de débat d’idées et de culture politique.
> Attention aux ingrédients périmés (populisme, désinformation, corruption), ils peuvent gâcher la recette.
> Servez chaud, accompagné d’un bon échange citoyen !
Bon appétit démocratique !
Jeanne DOAT
Communiquer, une nécessité en politique
Une ancienne élève de SFX, Tess Indycki, répond à nos questions.
En quoi consiste votre métier de « conseillère communication et presse ?
Mon métier consiste, comme son titre l’indique, à exercer un rôle de conseillère, au sens propre du terme auprès de la ministre déléguée chargée du Commerce, de l’Artisanat, des petites et Moyennes entreprises et de l’Économie sociale et solidaire, Véronique Louwagie. Mon rôle est d’élaborer et de mettre en œuvre une stratégie de communication qui corresponde à la ministre et aux messages que l’on souhaite porter. Cela passe par plusieurs choses : la gestion des relations avec la presse et les médias, la coordination des prises de parole, la valorisation de ses actions liées à son portefeuille ministériel (qui est assez large), la communication de crise (par exemple, récemment, j’ai dû gérer la question de la TVA des auto-entrepreneurs liée à l’adoption du Budget 2025), sans oublier bien sûr, la communication numérique via les réseaux sociaux de la ministre. Mon métier consiste aussi et surtout à veiller à ce que les messages portés soient clairs, cohérents et audibles, auprès du grand public comme des parties prenantes.
Selon vous, quel est l’impact de la montée en puissance des réseaux sociaux sur nos démocraties ?
Les réseaux sociaux ont profondément transformé la communication et notamment la communication numérique. Les responsables politiques sont tous très actifs sur les réseaux sociaux. Tout le monde peut y prendre la parole et s’exprimer librement. Ils facilitent les échanges entre les politiques et les citoyens et ils permettent une interaction directe, ce qui est selon moi, une avancée démocratique majeure. Mais ils posent aussi des défis, la viralité des « fake news », de la désinformation, la polarisation des débats qui rend parfois le dialogue difficile. L’instantanéité des réseaux impose aussi aux responsables politiques, une réactivité constante, parfois au détriment d’une réflexion de fond.
Y a-t-il d’autres phénomènes comme celui-ci qui fragilisent notre démocratie ?
Oui, plusieurs tendances peuvent fragiliser nos démocraties. Le recul de la confiance dans nos institutions, l’essor des « fake news » ou encore la multiplication des ingérences étrangères, comme par exemple, les cyberattaques, sont des risques majeurs. L’accélération du temps médiatique et politique contribue aussi parfois à une forme de surenchère qui peut brouiller la lisibilité des enjeux et ainsi éloigner les citoyens de la politique. Je pense aux chaînes d’infos en continu et aux réseaux sociaux qui privilégient bien souvent les réactions à chaud plutôt que l’analyse de fond. Il faut faire très attention à la manière dont on s’informe. J’ajouterai également l’impact de l’Intelligence Artificielle qui peut jouer un rôle dans la diffusion de fausses informations et influencer l’opinion publique, y compris dans les métiers de la communication. Restons vigilants à l’usage que l’on fait de ces différents outils.
Comment pouvons-nous à notre échelle contribuer à la protection de la démocratie ?
Il y a plusieurs façons d’agir. D’abord, en s’informant de manière critique, en croisant les sources et en évitant les pièges de la désinformation. Ensuite, en participant à la vie démocratique de notre pays, que ce soit par le vote, l’engagement associatif ou le débat d’idées. Enfin, en défendant une certaine éthique des débats, notamment sur les réseaux sociaux, en privilégiant le dialogue plutôt que l’invective. Je suis parfois effrayée des commentaires que je peux lire sur les réseaux sociaux. Chacun a un rôle à jouer selon moi pour protéger notre démocratie.
Quel est le rôle de la communication dans notre État, nos institutions, dans notre démocratie aujourd’hui ?
La communication est essentielle pour faire vivre la démocratie. Elle permet d’expliquer les politiques publiques, d’assurer la transparence de l’action du gouvernement et de maintenir un lien entre les citoyens et les représentants. Une communication claire et sincère est aussi un rempart contre la défiance et les manipulations de l’information. Dans un monde où tout va très vite, elle doit être à la fois réactive mais aussi pédagogique pour garantir une juste compréhension par le plus grand nombre. Elle a donc un rôle crucial pour le bon fonctionnement de notre démocratie.
Jeanne DOAT
Bruno Retailleau : « Notre démocratie est fragilisée »
Très présent médiatiquement sur les questions de sécurité ou d'immigration, le ministre de l'Intérieur est également le ministre en charge des élections. Il a accepté de répondre à nos questions sur cet aspect de son ministère.
Que peut faire le ministre de l’Intérieur pour protéger la démocratie ?
L’action du ministre de l’Intérieur est fondamentale pour la protection de notre démocratie. D’abord parce que ce ministère est garant de l’ordre républicain, et que la sécurité est la première des libertés. D’où le rôle essentiel - et courageux – que remplissent nos policiers et nos gendarmes. Ensuite parce que ce ministère est responsable de l’organisation et de la bonne tenue des élections. Enfin, parce qu’en veillant au strict respect de la laïcité, il permet à tous de partager un espace commun.
Pensez-vous que notre démocratie est menacée ?
Elle l’est par des forces qui cherchent à déstabiliser la République, parce qu’elles ne partagent pas ses valeurs. Elles sont nombreuses : les islamistes, les narcotrafiquants, les groupuscules violents qui cassent et agressent, certaines puissances étrangères aussi. Mais notre démocratie est aussi fragilisée par l’individualisme : le fait de faire passer ses désirs personnels avant l’intérêt général. La démocratie, c’est bien sûr la défense des droits individuels mais c’est aussi et surtout la recherche du bien commun. S’ajoute une forme d’impuissance, liée à la complexité de la société, au poids des règles et des normes aussi, qui contraignent l’action des responsables publics et désespèrent parfois les citoyens. Mais il n’y a pas de fatalité : quand on a des convictions et qu’on y reste fidèle, on peut faire bouger les choses. Les convictions : c’est le plus important en politique.
Dans quelle mesure l’absence de majorité à l’Assemblée nationale fragilise la démocratie française ?
L’absence de majorité rend plus difficile l’action gouvernementale, mais elle ne remet pas en cause la démocratie. Le risque, c’est évidemment l’immobilisme. C’est pourquoi il faut savoir dialoguer, essayer de trouver des compromis, en faisant preuve de bonne volonté, pour faire avancer le pays : c’est pour cela que j’ai accepté d’entrer au gouvernement. Vous a-t-elle déjà contrainte dans vos projets ?
Évidemment, ne pas disposer d’une majorité absolue rend l’action plus difficile, et plus lente, alors que sur bien des sujets, comme la sécurité ou l’immigration, il faut agir vite et fort. Mais heureusement, il y a les Français et sur ses sujets, beaucoup soutiennent mon action pour remettre de l’ordre en France. C’est aussi sur eux que je m’appuie, et c’est surtout pour eux que j’agis. Chaque jour je prends des décisions nécessaires à la protection des Français.
Existe-t-il une corrélation entre l’insécurité en France et les limites de la démocratie ?Lorsque l’État n’arrive pas à faire respecter ses lois, cela alimente la défiance, la colère et même les tentatives d’ingérences étrangères. Une démocratie forte est une démocratie qui sait se faire respecter, en imposant l’ordre et en protégeant les citoyens. Un grand écrivain, Charles Péguy, a dit « c’est l’ordre qui fait la liberté ». Et la démocratie, c’est le régime de la liberté. C’est pourquoi je suis fier de tous ceux qui, comme les policiers, les gendarmes, les pompiers, les préfets et leurs agents, veillent à la protection de tous les Français. J’en profite d’ailleurs pour encourager vos jeunes lecteurs à se diriger vers ces métiers, ils y trouveront du sens et aussi de l’aventure !
Avez-vous un livre à conseiller à des lycéens pour en apprendre plus sur la démocratie ?Je conseillerais “La Démocratie en Amérique” d’Alexis de Tocqueville. C’est une œuvre qui permet de comprendre les forces et les fragilités de la démocratie, une lecture précieuse pour ceux qui veulent mieux comprendre les défis de notre époque. Et s’il vous reste du temps, lisez aussi 1984 de Georges Orwell qui plonge le lecteur dans l’enfer des régimes totalitaires, et qui montre ainsi la chance que nous avons de vivre en démocratie.
La rédaction