Pour avoir un rendu optimal, mettez votre affichage à 100 % (Ctrl + 0).
Océans et Sécurité : Tout commence sur simulateurs
N° 3 - Décembre 2017 | www.lycee-maritime-saint-malo.fr | 14074 |
Une histoire de piraterie
26 Mars 1997, la Grande Hermine III, bateau-usine de Saint Malo, sillonnait ses zones de pêche favorites de l’Océan Indien.
Au moment de virer le chalut, le Capitaine Jack Daniels était à la passerelle observant les différentes manœuvres des matelots sur le pont.
Il se posait des questions, l’inquiétude creusant son front de rides profondes, ils étaient au large de la Somalie. Cette zone, riche en poissons, était aussi réputée pour la présence de pirates. Il entendit alors son radar signaler un navire non identifié faisant cap sur eux. Il fallait agir vite. Il passa d’abord un message à la radio du bord afin d’alerter les membres d’équipage de la menace imminente et d’indiquer à chacun de rejoindre son poste en cas d’abordage. Ensuite, il lança un SOS ; le zodiac de l’armée qui les escortait encore le matin, avait été rappelé plus tôt dans la journée pour une intervention d’urgence dans un port de la côte. À suivre ...
ORGANISATION SOCIALE
Loin des représentations romantiques, les équipages de l’époque se composent de marins pauvres, mais aussi d’anciens esclaves. En effet, les pirates ont développé en ces temps monarchiques une organisation sociale plus égalitaire que celle des nations européennes.
Une démocratie, même limitée, régnait à bord. Le Capitaine et le Second, le Bosco, étaient élus. Les butins étaient partagés à parts égales, ou presque, le Capitaine bénéficiant, au plus, de deux fois la part. Un système de pensions aux blessés existait ; les violences disciplinaires limitées, dans la mesure où la décision était collective. Les pirates étaient mieux nourris et encourageaient les prisonniers à rejoindre leurs rangs avec cet argument. Néanmoins, ceci ne limitait pas la dureté de la vie à bord.
PIRATES, CONTEURS DES MERS & JOLLY ROGER
Les pirates comme les marins de l’époque étaient de véritables conteurs des mers. De retour à terre, les Capitaines relataient par leurs carnets de bord leurs voyages. Les légendes et les récits circulaient sur les bateaux, à quai, dans les tavernes et contribuaient à façonner des mythes, des personnages.
Barbe Noire par exemple, a marqué l’histoire. Cruel avec ses ennemis, il n’hésitait pas à les trancher en morceaux et les laisser se vider de leur sang ; ou encore les jeter par-dessus bord alors qu’ils ne pouvaient plus bouger. Sa légende s’est en partie construite sur le fait qu’il brûlait des parties de sa barbe afin de faire naître la peur chez ses adversaires. Certains le surnommait le « Diable en personne ». Il était également l’un des pirates les plus intimidants de par son Jolly Roger représentant un squelette avec une lance piquant un cœur.
Le Jolly Roger, le fameux pavillon noir des pirates, lorsqu’il était hissé signifiait au Capitaine du bateau attaqué que s’il ne se rendait pas il serait tué et sa cargaison saisie.
À l’origine de la tête de mort présente sur le drapeau était celle que les capitaines des bateaux marchands dessinaient dans leur journal de bord face au nom du marin décédé. Par la suite, il était enrichi d’autres éléments.
Il y a finalement peu de différences dans le modèle pirate du XVIIème et celui des côtes somaliennes d’aujourd’hui ; il témoigne toujours de l’écart de richesses et des conditions économiques qui se perpétuent.
Classe de 2CGEM
Histoire de la piraterie
« Tenter sa chance à l’aventure », voici ce que le verbe issu du mot grec pirate signifiait. Si la piraterie est une pratique aussi vieille que la navigation, elle a connu son âge d’or au cours du XVIIème et au début du XVIIIème siècle, proposant une organisation sociale innovante et, par certains côtés, plus humaine pour l’époque et laissant ainsi dans l’imaginaire collectif une image romantique du pirate. Qui sont les pirates et quelle est leur histoire ?
UNE HISTOIRE ANCIENNE
La piraterie s’est développée au contact du commerce maritime. C’est un acte d’attaque d’embarcations dans le but de voler son chargement. Le plus souvent les pirates étaient des pauvres, les « Marins prolétaires » selon l’expression de l’historien américain Marcus Rediker qui propose une « histoire vue d’en bas ».
Au cours de l’Antiquité, les Phéniciens tout comme les Mycéniens l’ont pratiquée.
Jules César fut enlevé par des pirates de Cilicie entre -76 av. JC. Libéré sur rançon, il se vengea en capturant ceux-ci avant de les faire exécuter.
Lors de l’Époque Moderne, les marines des différents pays européens se sont développées avec l’exploration maritime et la conquête de nouveaux territoires. C’est d’abord la flotte espagnole et ses cargaisons d’or qui attisèrent les convoitises des pirates anglais, français et hollandais. La couronne britannique encourageait alors ces actes. Mais à partir de 1700, les pirates semblent devenir un frein au commerce maritime mondialisé, Français et Anglais se sont même alliés pendant un temps afin d’enrayer le problème.
Avec l’essor du commerce triangulaire entre l’Europe, l’Afrique et le Nouveau Monde, le commerce d’esclaves et de marchandises dessinent des routes maritimes et des nœuds de communication qui deviennent des cibles idéales. Les navires de commerces sont les plus pillés.
Les guerres entre la France et l’Angleterre, pour les territoires du Canada, le commerce et la domination des routes maritimes offrent également des occasions rêvées pour les pirates.
Simuler, c'est pas jouer
La navigation maritime place les gens de mer dans un environnement qu’il convient de sécuriser.
Les agressions externes que risquent d’affronter les marins sont nombreuses : piraterie, climat, géographie, Nous pouvons par l’acquisition de compétences dédiées réduire la dangerosité des situations rencontrées.
La formation est un facteur objectif de traitement des situations menaçant la sécurité des expéditions maritimes sous réserves qu’elle mesure les compétences acquises et que les autorisations d’exercer les emplois sur les navires ne soient délivrées qu’aux personnes détentrices du titre pertinent. Les lycées professionnels maritimes disposent pour former les marins et avant les mises en pratique réelle, d’outils simulant les scenari possibles et permettant de confirmer que dans un enchaînement de situations le candidat au titre maritime réagit par un enchaînement de décisions et d’attitudes conformes aux attentes internationales normées de l’enseignement maritime.
Dans cet objectif, des outils professionnels d’aide à la navigation sont intégrés dans nos simulateurs « pont » et permettent d’entraîner les jeunes et les adultes avec les mêmes instruments que ceux dont ils disposeront à bord, que la navigation s’opère sur un navire de pêche ou de commerce.
L’entreprise qui construit le simulateur doit mettre en œuvre un environnement géographique et scientifique réaliste, intégrer tous types de bâtiments, les outils de positionnement et de mesure conformes, Le formateur va agir sur la météorologie, les courants, l’environnement, les autres navires. La simulation proposera des exercices dont la complexité augmentera avec la classe fréquentée et le titre de formation préparé.
Le lycée public maritime Florence Arthaud a fait l’acquisition d’un simulateur TRANSAS, équipementier réputé des navires, et dispose des logiciels modernes dédiées (MaxSea, APRA (pointage radar automatique), ECDIS (Electronic Charts Display Information System)) permettant d’envisager y compris la navigation interactive avec les nouvelles balises numériques et les « cartes marines support » appropriées à ces évolutions technologiques.
Nous espérons ainsi concourir à la limitation des accidents, des naufrages et des pollutions marines.
Une passion partagée
« Si l’on est un marin né et qu’on ait goûté à la mer, on ne pourra jamais plus en rester éloigné au cours de son existence. On a le sel dans les os comme dans les narines, et l’appel de l’océan se fait entendre jusqu’à la mort. » Jack London, 1911.
Fort de nos effectifs grandissants, une question simple s’est posée à la rédaction, pourquoi nos élèves ont-ils choisi le milieu maritime ?
Lors des entretiens avec nos élèves pour ce numéro, des remarques reviennent souvent qui témoignent d’un amour inconditionnel de la mer, qui rime avec famille, voyage et liberté, mais aussi avenir.
De nos primo-arrivants à nos plus anciens élèves si un seul terme devait être retenu, il s’agirait de celui de Famille. De la pêche au commerce, nombreux sont ceux à avoir eu l’impulsion dès leur enfance. Comme le disent Malo et Quentin, élèves en Terminale CGEM : « On a toujours vu ça, on est tombé dedans petits », Maxime insiste « Ça doit remonter à l’arrière arrière-grand-père ». Les Cultures Marines ne restent pas en peine, Apolline témoigne : « Pendant des vacances en Bretagne, on a pris le train marin pour faire le tour de la Baie du Mont Saint Michel, j’ai vu les parcs à moules, et là j’ai su ». Jean, élève dans la même classe, exprime son idée plus timidement, la trouvant un peu gauche et qui pourtant dégage une force incroyable : « Je voulais être dans la mer depuis toujours ». Quand on évoque avec eux la difficulté de leur futur métier, ils vous répondent Liberté, Voyages et Aventures à vivre. Paolo, en classe de 1CGEM Pêche, assure spontanément : « La terre, c’est pas pour moi ». Les secondes, qui n’ont pourtant encore jamais fait de stage, vous parle Passion. Marin en classe de 2CGEM Commerce a choisi cette voie pour « continuer à être avec les gens et s’occuper d’eux mais en mer. »
Néanmoins ce côté passionné ne les empêche pas d’entretenir une vision pragmatique de leur future activité professionnelle. Au cours de nos échanges, il apparaît qu’ils sont renseignés sur leur avenir, les débouchés et les choix qu’ils peuvent faire, soulignant l’importance de la polyvalence. Peut-être pour réunir sous une identité tutélaire tous ces jeunes gens de mer faudrait-il employer le mot « Conviction ». La passion de nos élèves est communicative, comme en témoigne leur investissement lors des journées portes ouvertes.
Dans les coulisses de l'Arundel
Construite en 1994 aux Chantiers ACM près de Caen, l'Arundel a rejoint les bancs du lycée en 2015 lors de l'ouverture du nouvel établissement. L'Arundel a tout d'abord été affectée au chenal des Sables d'Olonne avant de rejoindre la brigade de l'ULAM (Unité Littorale des Affaires Maritimes) de Saint-Malo en 2000 jusqu'à sa mise en retrait de service. La vedette est issue d'une série de cinq unités destinées à équiper les brigades de surveillance des Affaires Maritimes.
Le poids de ce navire d'armature côtière est d'environ 11 tonnes. Il mesure 11,82 mètres de long et 3,40 mètres de large. Son tirant d'eau, distance en mètres entre la surface et le point le plus bas du navire, est de 1,10 mètre. Il faut savoir que plus le tirant d'eau est important plus l'approche des côtes devient dangereuse mais le bateau est alors plus stable.
Le navire a été cédé gracieusement au lycée afin de remplir des objectifs pédagogiques. Il permet de répondre à certains référentiels de formation initiale et de formation continue concernant la pratique de la manœuvre et de la navigation. La baie de Saint-Malo est un terrain de jeu propice à cette instruction. Celle-ci comporte de nombreuses spécificités telles que les marées, les courants, le découpage des littoraux qui permettent aux élèves d'apprendre à naviguer avec de réelles contraintes. La promotion de Cultures Marines, accompagnée par des professeurs de pêche, a effectué sa manœuvre obligatoire en fin de seconde. Cet exercice permet aux Cultures Marines d'obtenir le certificat de niveau 1 de Patron de Navire. Celui-ci est utilisé pour piloter des navires armés aux Cultures Marines de moins de 24m. Les élèves apprennent à tenir un cap, suivre un alignement ou encore récupérer un homme à la mer.
L'Arundel est aussi utilisée lors des stages de TIS (Techniques Individuelles de Survie). Le but de cette formation est de donner à chaque élève les réflexes qui pourront lui sauver la vie en cas de péril en mer.
Professeur de matelotage, M. LEDUC est responsable de la vedette depuis cette année mais tous les enseignants pont et pêche sont actuellement désignés patron et/ou second.
En attendant ses visiteurs l'Arundel reste à quai au port de plaisance des Bas Sablons.Classe de 1ère CM & Mme LEBRET
Immersion en salle des machines
Les 2EMM vous livrent leurs premières impressions, lors de la découverte du nouveau simulateur machine Transat :
En tout premier lieu nous sommes impressionnés par la multiplicité des équipements présents. La visite commence par la partie "PC machine" du simulateur, les élèves sont tout de suite immergés dans la réalité et prennent conscience de la présence exclusive de l'anglais (c'est la langue d'usage à bord !) sur les écrans géants.
En continuant la visite, nous arrivons dans la salle de simulation de la machine, et nous sommes fascinés par le réalisme des vues 3D interactives des équipements machines. Nous appréhendons ce qu'il va nous falloir apprendre en cours théorique avant de pouvoir faire fonctionner le simulateur au complet.
Celui-ci permet de reproduire comme en conditions réelles des pannes moteurs, des incidents techniques, entre autres.
La visite se termine par la salle de cours où nous nous entraînerons devant un "poste trois écrans". Nous prenons le temps de découvrir l'interaction des matières du programme de notre bac pro les unes avec les autres.
Les élèves se disent enthousiastes et motivés prêts à relever le défi de faire fonctionner une salle des machines dans sa globalité. À ce stade il y a du travail qui les attend.
Classe de 2EMM
& Mme Perron