Condamnée à mort, libérée après cinq ans

Le témoignage d'Antoinette Chahine, militante libanaise contre la peine capitale.
Antoinette Chanine, militante contre la peine de mort. (Crédit photo : La Provence)
Antoinette Chahine, une femme accusée d'avoir participé à un attentat au Liban dans les années 1990, a été condamnée à mort à seulement 22 ans. Elle a finalement été libérée le 24 juin 1999, après cinq années de torture et d'emprisonnement.
Antoinette Chahine a su capter son auditoire lors de la conférence sur la peine de mort à Caen, où elle s'est présentée comme une militante contre la peine de mort, en racontant son parcours au Forum mondial Normandie pour la Paix.
« C'est avec une grande émotion que je vais témoigner pour vous [...]. Je viens d'un pays malade, blessé, le Liban, la Suisse du Moyen-Orient [...], un pays tellement meurtri par l'explosion qui s'est produite dans la capitale, Beyrouth, le 4 août 2020. Aujourd'hui, des maisons restent brisées, il y a des centaines de martyrs que je pourrais appeler des "martyrs de la négligence" [...] Nous allons nous en sortir, j'en suis sûre, grâce aux pays qui sont autour de nous, comme la France. Pour moi, rien ne pourra arrêter la lutte contre la peine de mort, la torture, l'injustice [...] J'ai vécu tout cela alors que j'étais très jeune. Oui j'ai tout vécu, l'injustice, la présomption d'innocence et en même temps condamnée à mort, accusée de complicité de meurtre, torturée et puis obligée d'attendre cinq ans et demi dans l'obscurité d'une cellule trop étroite avant que justice soit faite. Voilà le pourquoi, et surtout le comment de mon histoire. »
Une histoire
dans l'Histoire du Liban
« J'ai été arrêtée la première fois à la fête des mères au Liban le 21 mars en 1994. J'étais jeune étudiante [...] J'ai été arrêtée simplement parce que mon frère Jean était membre des Forces libanaises et ce parti politique chrétien était persécuté à cette époque. Il avait quitté le Liban comme beaucoup d'autres depuis les années 1990 [...]. Ils m'ont peut-être choisie parce que j'étais très jeune. Ils prévoyaient que j'accepterais tout ce qu'ils voulaient, comme de signer une déclaration selon laquelle mon frère Jean était au Liban au moment de l'attentat de février 1994. »
Antoinette Chahine continue ainsi son histoire, en nous parlant des terribles conditions dans lesquelles elle a vécu. « J'ai été transférée dans une prison pour femmes [...], accusée du meurtre d'un prêtre. Pendant 23 jours, j'ai été dans une cellule seule et je devais garder mes pieds en l'air car la cellule était trop petite pour que je m'y tienne allongée. Jamais je n'oublierai lorsque j'ai été opérée du pied, dangereusement [...], car l'opération a eu lieu sans anesthésie. » Elle a également su émouvoir son auditoire en donnant son ressenti en tant que mère aujourd'hui : « Je ne pouvais recevoir de visites de ma famille, que j'ai vue pour la première fois après un mois et demi [...]. J'ai rêvé pendant cinq ans et demi d'embrasser ma mère, sans pouvoir la toucher, et comme maintenant je suis mère je comprends très bien ce qu'elle a vécu. »
Chloé PIGNE, Jade BARBE.
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