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Bétharram : soixante ans d’abus révélés

Sanctuaire de Notre-Dame de Bétharram (Crédit photo : Wikimedia - CC BY-SA 4.0 Florent Pécassou)
L’affaire Bétharram, révélée en 2024, concerne des violences physiques, psychologiques et sexuelles commises entre la fin des années 1950 et les années 2010 au sein de l’institution catholique Notre-Dame de Bétharram, située à Lestelle-Bétharram (Pyrénées-Atlantiques). Les abus auraient été perpétrés par des membres de la congrégation des Prêtres du Sacré-Coeur de Jésus de Bétharram, du personnel laïc et des élèves. A ce jour, environ 200 victimes se sont manifestées, et plus de 150 plaintes ont été déposées.
En effet les anciens élèves décrivent un “régime de terreur” : coups, humiliations, viols, agressions sexuelles, et services corporels au titre de sanctions infligées par des prêtres, des superviseurs et des élèves plus âgés. Certains mentionnent des punitions extrêmes, comme des coups de cricket-batte, des fessées à nue, des piqûres sous-cutanées à l’eau ou à l’alcool, et des viols en groupe.
Parmi les figures les plus en vue, un surveillant général, surnommé “Cheval”, est accusé dans 59 réclamations. Et le père Silviet Carricart, ancien directeur, est mentionné dans 16 réclamations. Il s’est suicidé en 2000 après avoir été mis en examen pour viol.
Le Premier ministre François Bayrou est également personnellement impliqué : ses six enfants furent élèves à Bétharram et sa femme y était cathéchiste. Sa fille, Hélène Perlant, a dévoilé avoir été sévèrement frappée à l’âge de 14 ans en colonie de vacances dans les années 1980. Elle déclare n'en avoir parlé à son père que voila peu de temps.
Bayrou soutient ne rien savoir des abus, mais des témoins laissent cependant supposer qu’il en aurait été averti dès les années 1990, en tant que ministre de l’Éducation et député local. Un enquêteur prétend également qu’un juge lui aurait confié qu’il avait tenté de retarder un examen judiciaire, ce qui est démenti formellement par l'intéressé.
L’enquête, lancée par le parquet de Pau en janvier 2024, a abouti à plusieurs mises en examen, bien que la plupart des faits soient prescrits. Une commission de réparation a été instaurée, et certains juristes estiment que les faits pourraient relever de crimes contre l’humanité en raison de leur caractère systémique et institutionnalisé.
La congrégation du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram a exprimé sa « honte » et sa « douleur », tandis que l’évêque du diocèse de Bayonne s’est déclaré « terriblement choqué ». L’établissement affirme vouloir coopérer pleinement avec les autorités.
François Bayrou est confronté à des appels à la démission, notamment de la part de l’opposition, laquelle lui reproche d'avoir menti au Parlement. Il a été amené à témoigner devant une commission parlementaire le 14 mai 2025.
Anaïs Ben Jenec
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