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Better Man : dans la peau d'un singe

Micheal Gracey, un réalisateur de talent, nous donne les backstages de son film.
Extrait de la promo de Better Man (Crédit photo : © 2025 Par. Pics.)

Better Man, un film de Michael Gracey, retrace la vie du chanteur britannique pop Robbie Williams, joué par un singe, de son enfance en Angleterre passant par son ascension avec le boys band “Take That” ; on le suit dans sa lutte contre ses démons, ses addictions et son retour avec son hit "Angels". Ce film sorti fin 2024 passe au cinéma de Kerfany à Moëlan-sur-Mer le vendredi 7 mars (VO) et le samedi 8 mars (VF). Entretien avec son réalisateur.
Vous avez déjà réalisé des comédies musicales par le passé, quels nouveaux défis avez-vous rencontrés en travaillant avec une personne vivante comme Robbie Williams, par rapport à un personnage historique comme P. T. Barnum ? Faire un biopic sur quelqu’un de vivant est un défi en soi. Il est difficile d’interpréter et de représenter comment une personne devient qui elle est, surtout quand elle est témoin de ce processus. Il faut constamment équilibrer sa propre vision artistique avec la façon dont le sujet se perçoit lui-même.

Cela dit, travailler avec Robbie Williams a été une chance incroyable. Il a été d’une générosité et d’un courage remarquables dans la manière dont nous l’avons représenté. Il voulait un film brut et sans complaisance, même dans les moments où il n’est pas montré sous son meilleur jour. En fait, ce sont ces scènes plus vulnérables et moins flatteuses qu’il a le plus défendues, ce qui en dit long sur son engagement envers une narration honnête.
Qui a eu l’idée du film, Robbie Williams ou vous ? Ce n’était pas aussi simple que l’un d’entre nous faisant une proposition à l’autre. Nous sommes devenus amis pendant que je réalisais The Greatest Showman, et à cette époque, il me racontait des histoires – des souvenirs personnels, des moments de sa carrière. Au bout d’un an, peut-être un an et demi, j’ai réalisé à quel point ces récits étaient spéciaux. C’est donc moi qui ai suggéré d’en faire un film, mais ce n’était pas une idée préméditée au départ.
Pourquoi avoir choisi de représenter Robbie Williams sous la forme d’un singe ? Est-ce lié aux sentiments complexes qu’on peut avoir à être interprété par quelqu’un d’autre ? Même en étant représenté par un singe, Robbie devait être à l’aise avec un acteur qui incarnait physiquement et émotionnellement son rôle. Les choix de l’acteur – la manière dont le singe bougeait, exprimait des émotions – reflétaient toujours Robbie. Le singe ne l’a donc pas complètement épargné de cette angoisse.

L’idée m’est venue en l’écoutant parler de lui-même. Il se décrivait souvent comme “a performing monkey” (un singe de foire), se sentant comme une marionnette destinée au divertissement des autres, dans sa carrière et dans sa vie sociale. Le singe est devenu un moyen de personnifier ce sentiment – sa lutte avec l’estime de soi et le contrôle. Il crée aussi une distance émotionnelle qui permet au public de se connecter différemment. On ressent plus d’empathie pour un singe que pour un humain dans les mêmes situations – cela adoucit les aspérités, nous rend plus indulgents.
Était-il difficile pour les acteurs de s’immerger dans leur rôle sans qu’il y ait une vraie personne jouant Robbie Williams ? C’est un peu comme dans un film tel qu’Avatar. Ce n’est pas qu’il n’y avait pas de véritable acteur pour incarner Robbie – notre acteur principal, Jonno Davies, était présent chaque jour, jouant aux côtés du reste du casting. Mais sa performance a ensuite été animée pour apparaître sous la forme du singe.

Pendant le tournage, Jonno portait une combinaison de capture de mouvement grise, ce qui, bien sûr, pouvait sembler un peu étrange à côté des autres acteurs en costume. Mais nous avions une équipe si talentueuse que, une fois les scènes en cours, cette différence visuelle disparaissait et l’immersion prenait naturellement le dessus.
Combien de temps a pris la création des effets spéciaux du singe ? Difficile de donner un délai précis, car c’était un processus continu, mais cela a pris plusieurs mois de conception, d’animation et d’améliorations. WētāFX a passé énormément de temps à perfectionner chaque détail – de la texture des poils à la transcription fidèle de la performance de Jonno Davies dans les expressions du singe.
Avec tous les biopics qui sortent en ce moment, comment avez-vous fait pour vous démarquer ? Ce n’était pas une question de se démarquer à tout prix, mais plutôt de se demander : « Pourquoi cette histoire mérite-t-elle d’être racontée ? » et « Y a-t-il une manière plus intéressante de la raconter ? »

Beaucoup de musiciens iconiques ont une esthétique visuelle marquée qui les définit, mais ce n’est pas le cas de Robbie. Ce qui le caractérise, c’est sa personnalité – son humour, son énergie, sa vulnérabilité. J’ai compris que si je parvenais à capturer cela, j’aurais l’essence de son histoire.

Le singe était la clé. Il ne servait pas seulement à différencier le film des autres biopics, mais aussi à montrer Robbie tel qu’il se voyait à l’époque – vulnérable, en représentation, parfois en quête de lui-même. C’était une manière d’aller au fond des choses avec une approche visuellement unique et émotionnellement honnête.
Comment avez-vous choisi l’esthétique du film ? Je voulais que le singe s’intègre totalement à l’univers du film. Après l’animation par WētāFX, nous avons utilisé un procédé appelé "film-out", qui consiste à imprimer les images numériques sur de la pellicule argentique. Cela a donné au film un grain et une texture spécifiques, rendant le singe plus réaliste, comme s’il avait été filmé directement sur le plateau.
Pour renforcer cela, j’ai changé le type de pellicule en fonction des époques représentées. Chaque période avait ainsi sa propre signature visuelle, créant des transitions temporelles subtiles tout en gardant une cohérence d’ensemble. Ce sont ces petits détails qui ajoutent une couche de “cinéma” supplémentaire.
Oscar Esvan,
Phoebe Shephard
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