Les jeunes et le numérique

Les outils numériques : plutôt avantage ou inconvénient ?
  (Crédit photo : Pixabay - Erik_Lucatero)

Depuis quelque temps, une nouvelle tendance du nom de “maillot challenge” ou “zizi challenge” est apparue sur les réseaux sociaux. Ce challenge s’adresse notamment aux jeunes enfants de 7 à 10 ans, et outre sa pratique inappropriée voire illégale, ces enfants exposés deviennent aussi des cibles de choix des pédocriminels. Le concept ? Diffuser des vidéos et des images de ses parties intimes en ligne, le plus souvent sur Youtube ou TikTok. Dans cet univers numérique, ce "challenge" est loin d'être le seul en son genre, dans un bain d'autres tendances, les unes plus dangereuses que les autres, mais aussi et surtout plus attirantes pour les jeunes utilisateurs d'internet.
Quels problèmes ça soulève ? Dans un monde de plus en plus connecté, où l'on ne peut plus se passer des outils du numérique, est née une génération qui dès le plus jeune âge, est habituée à un usage de plus en plus inquiétant de ces outils. Un plus pour les uns, un problème pour les autres, on accuse cet univers numérique de bien des choses comme la dépendance, la surexposition aux informations parfois fausses ou fournir des terrains propices au harcèlement et aux escroqueries. Dans le cadre scolaire, la place de ces ressources numériques est ambigue, avec une limite de plus en plus infime entre un usage juste et un usage abusif… Malgré ces inconvénients, il se révèle très utile pour fournir des sources d’informations en un rien de temps, pour communiquer avec l’autre bout du monde en direct et permet aussi diverses formes de divertissements.
Alors, quelles influences le numérique a-t-il sur la santé mentale des jeunes ?
Quel usage en font-ils au quotidien ? Comme en toute chose, il y a de bons usages et des abus de ces outils. Certains considèrent l’espace numérique comme une zone de non-droit par leur anonymat et une implication qui n’est pas physique. De ce fait, on observe de plus en plus de cas de cyber-harcèlements et de désinformation. Selon une enquête de l’association e-Enfance en 2022, 60 % des 18-25 ans sont victimes de cyberharcèlement. Le plus souvent, les harceleurs procèdent par Twitter, Snapchat ou Instagram, qui sont d’ailleurs sources récurrentes de fake news.
Aujourd’hui, les jeunes ont accès à internet de plus en plus tôt et de plus en plus librement. Parmi les 71 % de jeunes allant de 15 à 24 ans, on compte 95 % qui possèdent un smartphone dès l’entrée au lycée. Une étude menée par le gouvernement Français dévoile que le temps passé sur Internet augmente d’année en année. En 2017, on comptait 15 heures en moyenne par semaine chez les 13-19 ans.
Chez les jeunes, les usages les plus réguliers de ces outils numériques sont dédiés aux jeux, aux réseaux sociaux, au scrolling et au streaming, souvent accompagnés de boissons sucrées et d'aliments trop caloriques. Nous pouvons par exemple citer Twitch, TikTok et Netflix.
Le sentiment factice de contrôle de ces outils Malgré une parfaite prise de conscience et une sensibilisation sur les risques d’addiction, la plupart des jeunes ne sont pas prêts à changer ces habitudes d’utilisation car ils sont déjà addictes. Parfois, les connaisseurs s’aventurent même dans des eaux plus profondes sur des forums tels que 4Chan et Reddit. Grâce à un anonymat presque complet, des communautés douteuses y trouvent refuge pour propager leurs idéologies, voire faire l’apologie de concepts préexistants telle que le terrorisme, le nazisme, l'esclavagisme ou encore la pédophilie.
Par dessus tout, un nouvel arrivant fait son apparition dans le domaine : L’intelligence artificielle. Cette dernière permet de discuter, poser des questions, et dans certains cas va même remplacer un véritable compagnon de conversation. Dans un cadre scolaire, les intelligences artificielles, outil intéressant pour enrichir son travail ou le développer, sont devenues les compices des élèves qui sombrent dans la simplicité. Un enseignant du lycée Emile Zola à Rennes explique que comme outil c'est presque bien de savoir utiliser les IA, mais de pousser cet usage à la triche et donc à en abuser, c'est dommage et ça n'aide absoluement pas les élèves, bien au contraire... Il y a de cas plus graves, avec des conséquences sur la santé dû à un mauvais usage de cette ressource numérique, le plus souvent de la dépendance, qui peut être émotionnelle comme le cas de l’adolescent américain Sewell Setzer et de l'application C.ai (Character AI). Ce dernier avait 14 ans et éprouvait des sentiments pour une IA, au cours d'une conversation ou il demanda : "Et si je te disais que je peux rentrer à la maison tout de suite ?" à sa compagne artificielle, elle lui répondit : "Fais donc, mon doux roi". L'adolescent mit fin à sa vie peu de temps après.
Quelles sont les conséquences sur les jeunes ? Cette “drogue” a des effets tant physiques que mentaux : toutes les formes d’utilisation de ces outils numériques sont sources plus ou moins élevées de dopamine. On observe d’ailleurs des comportements plus agressifs quand on prive les jeunes. La surexposition aux écrans est également susceptible de provoquer chez les nouveaux nés et enfants en bas âge le développement de retard langagier ou encore des troubles de l’attention, avec un format d'informations de plus en plus condensés et courts tel que Youtube short. De même pour des individus plus âgés, qui peuvent avoir des difficultés à sociabiliser menant à l’isolement, parfois complet comme les Hikikomoris au Japon. Enfin, les individus ayant grandi avec les réseaux sociaux sont souvent inconsciemment formatés dans l’idée de privilégier l’apparence à l’authenticité. Par exemple, accorder plus de crédibilité à une publication que les faits qui s’y rapportent. Ce phénomène est parfois appelé “culture du vide”, et sans prise de recul suffisant, favorise le développement de complexes physiques. "La culture du vide c’est l’art de ne rien dire" dit J.Ouellette, experte culture et management. Ainsi, lorsqu’il est couplé à l’addiction aux réseaux, il devient un véritable gouffre pour ses jeunes victimes.
Milo Canezza, Claire Hameury,
Iris Doucet-Royer, Zoé Herzin,
Camille Desert
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