Journal des Lycées > L'actualité des lycées
> Ille-et-Vilaine > Lycée Frédéric Ozanam > Les articles > Le harcèlement : les nouveautés de la réforme
Le harcèlement : les nouveautés de la réforme
On parle beaucoup du harcèlement. C'est une préoccupation sans cesse réaffirmée. Quelles solutions pour les élèves ?
Qu'est ce que le harcèlement ?
C’est un comportement persistant, souvent agressif, qui vise à causer du tort, de l'anxiété ou des préjudices à une personne ciblée. Il peut se manifester de différentes manières, verbalement, physiquement, socialement ou en ligne et il engendre une mise à l’écart de la victime. Aujourd’hui, il y a environ 800 000 à 1 000 000 de jeunes harcelés, soit environ trois élèves par classe.
Les premiers pays à avoir traité ce sujet sont les pays nordiques, comme le Danemark qui a commencé sa campagne contre le harcèlement dans les années 70. La France, elle, a commencé à s’intéresser au sujet dans les années 2010. Avant cela, le harcèlement était souvent interprété comme des chamailleries de récréation.
L’objectif du gouvernement Il veut détecter tous les cas de harcèlement et offrir à toutes les victimes et à leur famille un parcours clair et balisé.
Dès l'arrivée de Gabriel Attal au poste de Ministre de l’Education Nationale (devenu depuis premier ministre), sa priorité a été d’avoir une « tolérance zéro » à l’égard du harcèlement. Le gouvernement a mis en place des mesures pour pouvoir anticiper au plus vite si un enfant est victime de harcèlement, avant que cela ne prenne de l’ampleur sur son développement. D’autres objectifs sont aussi mis en place comme la formation d’élèves, de professeurs, de policiers, de gendarmes et de magistrats à ce sujet. On peut aussi noter l’instauration de deux numéros verts : le 3018 (cyber-harcèlement) et le 3020 (harcèlement). D’autre part, Elisabeth Borne, alors Première Ministre, écrit : « Nous améliorerons donc le fonctionnement de la chaîne pénale, en rendant systématique la saisine des procureurs en cas de plainte ou de signalement dans les établissements, et nous veillerons à ce que chaque harceleur soit sanctionné. » Le potentiel problème dans cette citation est la fin. Il est dit que le gouvernement veillera à ce que chaque harceleur soit sanctionné. Il s’agit donc de mettre la victime d’un côté et le harceleur de l’autre, comme pour différencier le gentil du méchant. C’est sur ce point que la façon de penser diffère avec celle du Danemark. En effet, il serait plus judicieux d’accompagner le harceleur, car il a souvent déjà été, lui-même, harcelé dans son passé. Toutefois, il existe le « programme pHARe ». Il s’agit d’un programme inspiré du Danemark. Il consiste à former des référents ambassadeurs élèves, à sensibiliser les enfants et les parents et à instaurer des cours d’empathie. Malheureusement, peu d'établissements semblent l'utiliser.
Les réseaux sociaux, quel impact ? Un des plus gros fléaux du harcèlement est les réseaux sociaux. Le gouvernement souhaite réguler et sécuriser l’espace numérique de différentes manières. Notamment sur certains points comme le fait que l’élève auteur de harcèlement pourra être changé d’établissement ou alors que les chefs d’établissement seront tenus d’engager une procédure disciplinaire lorsqu’un élève commet des actes de cyber-harcèlement et de harcèlement, y compris pour un adolescent scolarisé dans un autre établissement. Les chefs d’établissements pourront confisquer les téléphones des harceleurs, ce qui soulève la question du harceleur qui se procurerait un nouveau téléphone immédiatement.
D’autres questions se posent :
- le problème du temps nécessaire pour former des professionnels à la question du harcèlement, du traitement et de l’évaluation individuelle des nombreux signalements de cas de harcèlement.
- le problème de l’évaluation d’un cas de harcèlement dénoncé, dans le cadre des questionnaires transmis aux élèves, dû à l’anonymat rendant quasiment impossible le bon traitement de ce dernier.
Qu'en est-il au lycée Frédéric Ozanam ? Pour cela, nous avons demandé à Ophélie, éducatrice de vie scolaire. Dans l’établissement il y a notamment une équipe formée à la MPP, Méthode de Préoccupation Partagée. Cette méthode vise à mettre fin à des situations de harcèlement. "Lorsque que nous avons écho d’un possible cas de harcèlement un membre de l’équipe rencontre la victime lors d’un entretien. Nous essayons d’avoir le plus d’éléments possible et de connaître le ou les noms des "harceleurs". Cet entretien est très empathique et le but est de rassurer la victime. Dans un deuxième temps d'autres membres de l'équipe vont à la rencontre des élèves nommés par la victime ou des élèves de la classe. Ces entretiens ne doivent pas durer plus de 3 min, on nomme la victime et on demande, si lui, peut trouver une solution pour que cette personne aille mieux. A l'issu de cet entretien on prévient qu'on reviendra vers lui pour connaître ses idées à mettre en place. On se rend compte avec cette méthode qu'entre les deux entretiens avec les intimidateurs la situation est déjà apaisée. Le but est de ne pas arriver à la sanction. Nous avons déjà pratiqué la méthode au lycée et nous avons eu des résultats positifs." L'enjeu est de placer les élèves en position de rechercher par eux-mêmes une issue pacifique aux conflits.
Que faire contre le harcèlement ? Pour conclure, un certain nombre de dispositions prévues dans cette nouvelle loi semble appropriées et aller dans le bon sens, comme la suppression des téléphones des harceleurs ou encore le changement de philosophie, en arrêtant d’exclure le coupable et de davantage chercher des solutions à la non-répétition d’un comportement inadapté. Mais faire reculer durablement le harcèlement suppose, en réalité, et avant tout, une véritable révolution culturelle. Dans son éditorial du 28 septembre, le journal Le Monde écrit d’ailleurs en ce sens : « Les lettres comminatoires adressées aux parents plaignants sont le symptôme des blocages d’une administration fonctionnant en silos séparés, mais aussi d’une longue histoire qui a conduit l’école à privilégier le savoir sur le bien-être des enfants ».Mathis CHANU
Les premiers pays à avoir traité ce sujet sont les pays nordiques, comme le Danemark qui a commencé sa campagne contre le harcèlement dans les années 70. La France, elle, a commencé à s’intéresser au sujet dans les années 2010. Avant cela, le harcèlement était souvent interprété comme des chamailleries de récréation.
L’objectif du gouvernement Il veut détecter tous les cas de harcèlement et offrir à toutes les victimes et à leur famille un parcours clair et balisé.
Dès l'arrivée de Gabriel Attal au poste de Ministre de l’Education Nationale (devenu depuis premier ministre), sa priorité a été d’avoir une « tolérance zéro » à l’égard du harcèlement. Le gouvernement a mis en place des mesures pour pouvoir anticiper au plus vite si un enfant est victime de harcèlement, avant que cela ne prenne de l’ampleur sur son développement. D’autres objectifs sont aussi mis en place comme la formation d’élèves, de professeurs, de policiers, de gendarmes et de magistrats à ce sujet. On peut aussi noter l’instauration de deux numéros verts : le 3018 (cyber-harcèlement) et le 3020 (harcèlement). D’autre part, Elisabeth Borne, alors Première Ministre, écrit : « Nous améliorerons donc le fonctionnement de la chaîne pénale, en rendant systématique la saisine des procureurs en cas de plainte ou de signalement dans les établissements, et nous veillerons à ce que chaque harceleur soit sanctionné. » Le potentiel problème dans cette citation est la fin. Il est dit que le gouvernement veillera à ce que chaque harceleur soit sanctionné. Il s’agit donc de mettre la victime d’un côté et le harceleur de l’autre, comme pour différencier le gentil du méchant. C’est sur ce point que la façon de penser diffère avec celle du Danemark. En effet, il serait plus judicieux d’accompagner le harceleur, car il a souvent déjà été, lui-même, harcelé dans son passé. Toutefois, il existe le « programme pHARe ». Il s’agit d’un programme inspiré du Danemark. Il consiste à former des référents ambassadeurs élèves, à sensibiliser les enfants et les parents et à instaurer des cours d’empathie. Malheureusement, peu d'établissements semblent l'utiliser.
Les réseaux sociaux, quel impact ? Un des plus gros fléaux du harcèlement est les réseaux sociaux. Le gouvernement souhaite réguler et sécuriser l’espace numérique de différentes manières. Notamment sur certains points comme le fait que l’élève auteur de harcèlement pourra être changé d’établissement ou alors que les chefs d’établissement seront tenus d’engager une procédure disciplinaire lorsqu’un élève commet des actes de cyber-harcèlement et de harcèlement, y compris pour un adolescent scolarisé dans un autre établissement. Les chefs d’établissements pourront confisquer les téléphones des harceleurs, ce qui soulève la question du harceleur qui se procurerait un nouveau téléphone immédiatement.
D’autres questions se posent :
- le problème du temps nécessaire pour former des professionnels à la question du harcèlement, du traitement et de l’évaluation individuelle des nombreux signalements de cas de harcèlement.
- le problème de l’évaluation d’un cas de harcèlement dénoncé, dans le cadre des questionnaires transmis aux élèves, dû à l’anonymat rendant quasiment impossible le bon traitement de ce dernier.
Qu'en est-il au lycée Frédéric Ozanam ? Pour cela, nous avons demandé à Ophélie, éducatrice de vie scolaire. Dans l’établissement il y a notamment une équipe formée à la MPP, Méthode de Préoccupation Partagée. Cette méthode vise à mettre fin à des situations de harcèlement. "Lorsque que nous avons écho d’un possible cas de harcèlement un membre de l’équipe rencontre la victime lors d’un entretien. Nous essayons d’avoir le plus d’éléments possible et de connaître le ou les noms des "harceleurs". Cet entretien est très empathique et le but est de rassurer la victime. Dans un deuxième temps d'autres membres de l'équipe vont à la rencontre des élèves nommés par la victime ou des élèves de la classe. Ces entretiens ne doivent pas durer plus de 3 min, on nomme la victime et on demande, si lui, peut trouver une solution pour que cette personne aille mieux. A l'issu de cet entretien on prévient qu'on reviendra vers lui pour connaître ses idées à mettre en place. On se rend compte avec cette méthode qu'entre les deux entretiens avec les intimidateurs la situation est déjà apaisée. Le but est de ne pas arriver à la sanction. Nous avons déjà pratiqué la méthode au lycée et nous avons eu des résultats positifs." L'enjeu est de placer les élèves en position de rechercher par eux-mêmes une issue pacifique aux conflits.
Que faire contre le harcèlement ? Pour conclure, un certain nombre de dispositions prévues dans cette nouvelle loi semble appropriées et aller dans le bon sens, comme la suppression des téléphones des harceleurs ou encore le changement de philosophie, en arrêtant d’exclure le coupable et de davantage chercher des solutions à la non-répétition d’un comportement inadapté. Mais faire reculer durablement le harcèlement suppose, en réalité, et avant tout, une véritable révolution culturelle. Dans son éditorial du 28 septembre, le journal Le Monde écrit d’ailleurs en ce sens : « Les lettres comminatoires adressées aux parents plaignants sont le symptôme des blocages d’une administration fonctionnant en silos séparés, mais aussi d’une longue histoire qui a conduit l’école à privilégier le savoir sur le bien-être des enfants ».Mathis CHANU