Ils ont eu leur Baccalauréat sans le passer !

Un bac 2020 au rabais selon certains, un soulagement pour les élèves, beaucoup d'encre a coulé à ce sujet, on décrypte.
Le Gouvernement était dans l'incapacité de garantir le bon déroulement des épreuves aux vues de l'évolution de l'épidémie. (Crédit photo : Pixabay)
En septembre 2019, les élèves de terminale s'attendaient à une année toute tracée : le choix de leur orientation, un travail intense pour avoir le meilleur dossier possible sur Parcoursup et le passage des épreuves du Baccalauréat pour clôturer leurs années dans le secondaire.
Je ne connais pas beaucoup d'élèves qui auraient cru qui que ce soit leur expliquant qu'au début de l'année 2020, une pandémie allait se diffuser sur toute la planète, que nos économies s'arrêteraient brusquement, qu'un décompte des morts serait fait tous les soirs à la télé, que le pays tout entier serait confiné pendant presque deux mois et qu'ils ne goûteraient jamais aux épreuves du Baccalauréat.
Une décision inédite Après de multiples arbitrages, la consultation des partenaires sociaux et un travail de fond pour trouver la meilleure (ou moins pire) des solutions, le ministre de l'Education Nationale et de la Jeunesse, Jean-Michel Blanquer, annonce, le 3 avril, que l'ensemble des épreuves du bac sont annulées et que seul le contrôle continu permettra d'évaluer les élèves. On a alors assisté à des réactions très variées. Certains se réjouissaient de ne pas avoir à se rendre aux épreuves ; d’autres se posaient des questions quant à la valeur de leur diplôme.
Un tel phénomène ne s’était jamais produit, même en juin 1944, deux jours avant le débarquement, les épreuves du bac avaient été maintenues.
Trouver l'alternative
la moins catastrophique
Cette décision était sûrement la plus appropriée. En effet, à cette date, le Gouvernement était dans l'incapacité de garantir le bon déroulement des épreuves au vu de l'évolution de l'épidémie. De plus, un nombre important d’élèves, y compris certains qui n'étaient pas en difficultés avant le confinement, se sont retrouvés livrés à eux-mêmes et ont décroché. Certains professeurs n’ont pas, non plus accordé, le suivi nécessaire à leurs classes. La tenue des épreuves dans ces conditions n’était, en effet, pas souhaitable.
Cependant, le fait de rehausser les moyennes des élèves au point supérieur pouvait avoir l'effet inverse et faire perdre le caractère sélectif du bac.
Des résultats incroyables A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles : après un arrondissement des moyennes des élèves, un jury d'harmonisation était chargé d'étudier le livret scolaire de chaque candidat. Le 7 juillet, les résultats tombent... 91,5 % d'admis avant même les épreuves du second groupe. Jean-Michel Blanquer explique alors que : « Le fait qu’environ neuf élèves sur dix aient le baccalauréat n’est pas choquant en soi ».
Une déclaration discutable.
C'est un fait, certains établissements ont volontairement gonflé les notes de leurs candidats avec pour objectif de booster leur taux de réussite. C'était inévitable et les jurys n'avaient pas leur mot à dire, excepté faire remonter au ministère un écart important entre les notes du livret scolaire et celles obtenues à l'examen.
Un ressenti mitigé Une grande partie des élèves était ravie de ce déroulement qui leur permettait d'obtenir leur diplôme sans travail supplémentaire à fournir. Cependant, beaucoup d'élèves se sont sentis lésés par ce système. Les premiers sont les élèves qui avaient des notes bien en dessous de la moyenne avant le confinement. Ces derniers se sont retrouvés sans possibilité de rattraper leurs lacunes, ils n'avaient plus la main sur leur diplôme. Les seconds sont ceux qui visaient des mentions. Ils ont pris peur de voir la valeur de leur mention baisser, à la vue du nombre d'admis et donc de mentions.
Malgré tous les discours du monde, 91,5 % de taux de réussite fait perdre un peu de prestige au Baccalauréat.
Se tourner vers l'avenir Au-delà des préoccupations purement scolaires de chacun, c'est "l'esprit bac" qui a été affaibli, cette année. Les élèves savaient déjà, pour la plupart, s'ils avaient ou non le bac ou leur mention. Le suspens n'était donc pas au rendez-vous. C'est finalement toute une génération qui ne connaîtra pas ce rite de passage, cette boule au ventre, avant les épreuves et cette libération (ou déception) le jour de l'annonce des résultats, quand les grilles du lycée s'ouvrent. Rares ont été les scènes de liesse cette année, les sourires des quelques lycéens présents étaient dissimulés sous des masques et il était difficile d'assister à des accolades, vivement déconseillées par le ministère.
Pour rassurer, on explique aux terminales que c'est leur travail fourni tout au long de leurs "années lycée" qui est récompensé, mais rien n'y fait et un sentiment d'inachevé prédomine.
Les futurs étudiants que nous sommes doivent tout de même être fiers de leur parcours, regarder vers la continuité de leurs études et, surtout, fêter comme il se doit ce bac 2020 !
Barthélemy BUREAU.
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