Une brève explication de la situation en Birmanie

L'armée birmane a mis un terme à ses dix années de flirt avec la démocratie par un coup d'État contre le parti politique le plus populaire du pays et sa dirigeante, l'ancienne lauréate du prix Nobel de la paix.
Chars de l'armée birmane bloquant un axe de communication (Crédit photo : Stringer/Anadolu Agency)
Le parti pro-démocratie gagnant en force,
les militaires ont lancé
un coup d'État
Le lundi 1er février 2021, les forces armées du pays ont pris le contrôle total du gouvernement, après avoir arrêté Aung San Suu Kyi - la dirigeante civile du pays - et les principaux membres de son parti, la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND), lors d'un raid.
L'armée a ensuite annoncé sur sa chaîne de télévision qu'elle resterait au pouvoir pendant un an, le pouvoir ultime revenant au généralissime, Min Aung Hlaing.
Les militaires ont dirigé le pays pendant des décennies jusqu'en 2011, date à laquelle ils ont procédé à de modestes réformes pro-démocratiques. Et elle n'a cédé une partie de son contrôle qu'après des années de pression politique et économique de la part des États-Unis et d'autres pays.
Mais ce système quasi-démocratique ne convenait plus aux généraux. Ils craignaient de voir leur autorité réduite. Ainsi, au lieu de laisser la démocratie naissante de la Birmanie continuer à se développer, les forces armées ont choisi de l'étouffer.
Le peuple birman semble inquiet, mais pas paniqué.
En effet, le pays a connu deux coups d'État avant ce jour - en 1962 et 1988 - et beaucoup ont donc pris les mêmes précautions que par le passé, en achetant des provisions supplémentaires et en retirant de l'argent aux distributeurs automatiques. Mais ils doivent encore faire face aux scènes choquantes de soldats armés patrouillant dans les rues et à la disparition soudaine des drapeaux de la LND, autrefois omniprésents.
Le coup d'État met fin
au dernier flirt de la Birmanie avec la démocratie
Pour comprendre le dernier coup d'État en Birmanie, il faut d'abord comprendre deux scénarios étroitement liés : la lutte que mène le pays depuis des décennies entre la démocratie et le régime militaire et, plus récemment, l'ascension de la LND sous la direction de Suu Kyi.
Depuis 1948, la Birmanie passe d'un régime militaire à un régime civil, même si le Tatmadaw, nom officiel des forces armées du pays, est resté l'institution la plus puissante pendant toute cette période. À la fin des années 1980, un mouvement civil pro-démocratie a pris de l'ampleur, avec Suu Kyi à sa tête.
En raison de ses efforts, la junte militaire au pouvoir l'a placée en résidence surveillée en 1989. Le comité Nobel lui a décerné le prix de la paix en 1991 pour son combat en faveur de la démocratie et son attachement à la non-violence. La communauté internationale n'était pas satisfaite de la direction autocratique de Birmanie. Les États-Unis, par exemple, ont imposé des sanctions au pays pendant des décennies, dans l'espoir que ces punitions obligeraient les généraux à adopter des réformes pro-démocratiques et à cesser de violer les droits de l'homme.
Dans l'espoir de mettre fin à cet isolement économique et politique, les hauts gradés birmans ont décidé de prendre quelques mesures modestes en faveur d'un système plus démocratique.
Avec de nouvelles règles en place, la junte a libéré Suu Kyi de son assignation à résidence en 2010, à la condition qu'elle ne puisse jamais être présidente. Mais les Tatmadaw ont ensuite perdu progressivement le contrôle.
Dès lors, loin de s'être stabilisée, la situation en Birmanie a pris une toute autre tournure. En effet, le dimanche 2 mai 2021, un nombre important de jeunes birmans ont manifesté leur mécontentement, appelant à se rebeller face aux militaires. Des rassemblement se sont donc formés partout dans le pays, mais ils ont été rapidement dispersés par l'armée de façon violente.

L'usage d'armes à feu par les militaires à causé la mort de 760 manifestants depuis ces 3 derniers mois. Cette situation brulante n'augure rien de bon pour l'avenir de la Birmanie, qui va devoir composer avec les différentes forces politiques afin de trouver une issue pacifique à ce conflit.
Jean MOUSSEAU. T4
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