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Harcèlement : «  Et si j’en parlais !  »

Comment de simples moqueries peuvent-elles mener à un tel effondrement ? Témoignage.
Concours campagne 2018 (Crédit photo : Ministère éducation nationale)
Aussi loin que je me rappelle, je n'ai jamais été la personne appréciée de tous, je ne suis pas une "meneuse de groupe". J'ai grandi dans une petite école à Nantes. Là-bas, durant toute ma scolarité, je n'ai jamais vraiment ressenti le sentiment d'être harcelée, je trouvais même ça plutôt normal. Il m'arrivait fréquemment d'avoir des remarques des parents des autres élèves, des surveillantes mais principalement des élèves. Je ne me suis jamais plainte avant ma 5e. J'avais déjà vaguement parlé de ces filles qui m'embêtaient, de cette surveillante qui faisait assez facilement des remarques sur le physique ou de la mère qui avait l'habitude de me parler sèchement quand je lui demandais des nouvelles de mon amie. J'avais cette impression que le monde m'en voulait bien que j'en ignorais totalement la cause. A 12 ans j'ai commencé à développer une phobie scolaire. Même si depuis un an, je n'avais pas été harcelée, pour moi, la communication avec les autres était devenue impossible. Je rasais les murs et baissais constamment la tête pour éviter le regards. A 13 ans j'ai développé une anorexie mentale et la même année ma maman développe un second cancer. Je continue à jouer de malchance, à ce moment là je me déteste plus que tout, je n'aime rien, ma couleur de peau me dégoûte, mes cheveux frisés mes répugnent, mon poids devient un ennemi. Je suis hospitalisée en janvier 2019 j'ai alors 14 ans, je ne pèse plus que 45 kilos, je suis atteinte d'une sévère dépression. Je me mutile, c'est le début de 2 longues années d'allers-retours à l'hôpital, de conflits avec mes parents, mais surtout d'angoisse. J'ai peur des autres, de leurs jugements sur ma personnalité, sur mon physique, j'ai l'impression que chaque erreur que je pourrais faire serait un prétexte aux insultes et à la haine. 2020, pandémie, école à la maison etc...D'une bonne élève qui arrive facilement à décrocher des 17/20 et qui adore étudier, je passe à une adolescente perdue qui s'en sort à peine avec des 13, même dans des matières où j'excelle. J'angoisse de plus en plus, je ne supporte plus le moindre contact physique. Le moindre câlin ou autres marques d'affection me répugnent et me font peur. Je suis constamment sous l'effet des médicaments qui m'empêchent simplement de penser. Je ne serai probablement jamais totalement guérie. Je pense que l'on vit avec la maladie, une bonne partie si ce n'est toute sa vie. J'aime penser qu'aujourd'hui les choses changent, on reprend les enfants quand ils font des remarques trop déplacées, non pas en les grondant mais en leurs apprenant les mots et leurs significations. J'aimerai dire à mon moi futur, à moi dans 5 ou 10 ans : "J'espère que tu es heureuse, que tu voyages, que tu apprends et que découvres de nouvelles choses. J'espère que tu vas mieux, je t'aime".
Mwanza Banze-Fabre Seconde F
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