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Le Voyage à Nantes créateur de « vivre ensemble » : Jean Blaise s'en explique

Le Voyage à Nantes, société publique locale dirigée par Jean Blaise, affiche une obsession depuis sa création : rendre la culture accessible à tous les publics.
Jean Blaise, directeur général du Voyage à Nantes (Crédit photo : Agence Brunet-Monié)
Comment définiriez-vous le Voyage à Nantes ? Le voyage à Nantes est spécifique à la ville de Nantes. Cela est issu de l’histoire contemporaine de la ville et de son origine. A partir de la fin des années 80, la ville de Nantes perd ses principaux atouts : fin des chantiers navals, abandon de la zone qui devient une friche industrielle. C’est tout un port qui disparaît, Nantes perd ses valeurs, son ADN. Il y a donc une dévalorisation de la ville. Quand Jean-Marc Ayrault est élu maire, il pense qu’il va lui falloir 30 ans pour reconstruire une ville qui ressemble à une ville, qui montre de l’énergie et de la créativité.Et là, il décide de redonner une identité à la ville de Nantes à travers la culture.
On a créé plusieurs petit évènements, comme « Les Allumées » en 1990 … puis le voyage à Nantes qui est dans la suite de ces évènements. La ville est de nouveau animée, elle retrouve une âme. De grands artistes et architectes, comme Tadachi Kowata et Patrick Bouchain, redonnent une nouvelle image à la ville qui était éteinte. Par la suite, la mise en place de nombreux lieux spécifiques comme l’usine LU, le Château des ducs de Bretagne, les Machines de l’Ile en 2007, contribuent aussi au réveil de la ville. Mais en même temps, on réfléchit déjà énormément au vivre ensemble et à l’accessibilité pour tout le monde dans les nouveaux lieux inaugurés, comme le Lieu unique qui est un lieu de spectacle mais également un lieu de vie fort. On a réussi à communiquer cette force culturelle diverse et variée pour attirer des publics différents.
Comment vous est venu l’idée du Voyage à Nantes ? Elle est venue par l’histoire et l’origine de la ville, de manière progressive. Au début on ne pensait pas au tourisme, on pensait d’abord aux Nantais, pour l’attractivité de leur ville. Puis l’idée est venue toute seule, le Voyage à Nantes s’est imposé au fil des décennies.
Quel est l’objectif premier du Voyage à Nantes ? C’est la création d’un tourisme d’agrément, une ville qui n’a pas d’attractivité et qui en crée une à partir de sa culture. 30 ans après la création de travaux et de réaménagements pour la ville, puis la création du ‘’Voyage à Nantes’’, ces créations sont reconnues à l’international. On a un tourisme international. On a prospecté à l’international. Cependant, le covid à changé la donne, a fait réfléchir sur le Voyage à Nantes. Aujourd’hui on a une démarche RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises, qui se définit comme la contribution volontaire des entreprises aux enjeux du développement durable), une démarche écologique, priorité à un tourisme plus sobre. Créer un Voyage à Nantes permanent. Quel lien feriez-vous entre le Voyage à Nantes et le vivre ensemble ? Le lien fort c’est l’accessibilité, l’obsession à sa création c’est de le rendre accessible au plus grand nombre. On a réussi à faire un pass musée à 15 euros à l’année, cela n’existe nulle part ailleurs. De plus, créer des œuvres dans l’espace public, c’est créer des œuvres pour tout le monde en disant ‘’c’est à vous’’. Tous les artistes peuvent exposer leur œuvres. C’est donc aussi accepter que toutes les œuvres ne soient pas comprises, les gens sont amenés à essayer de les comprendre en leur expliquant dans un langage courant. Est-ce que vous vous attendiez à un tel succès du Voyage à Nantes ? Non quand on a créé le Voyage a Nantes, et c’est mieux, car si on l’avait fait, on se serait planté. Cela s’est fait au-delà de nos espérances. On était simplement optimistes car on croyait aux capacités de l’art qui fait bouger les esprits. Les gens découvrent à Nantes des choses peu communes par leur singularité, ce qui est unique. Nantes est unique, le Voyage à Nantes est unique. Traduite par sa créativité et son originalité, cette recette est toujours gagnante. Mais on sait jamais si on va réussir ou non, il vaut mieux pas se poser la question, il vaut mieux y aller.
Quels sont selon vous les atouts du Voyage à Nantes ? Les atouts se traduisent tout d’abord par la capacité à accepter le risque de la création. Et, grâce à l’évolution et l’histoire de la ville qui a pu imposer ses idées, ses démarches, de favoriser les activités économiques et culturelles… De plus on est crédible, c’est notre force aujourd’hui, cela se fait par le discours avec le politique mais aussi avec l’espace public. Quand on crée une œuvre sur un lieu, on va voir tous les voisins aux alentours pour discuter, parler, expliquer les œuvres qui vont être installées. C’est également faire une assemblée générale, voter le projet. Pour que tous les voisins soient d’accord pour le faire, il faut réussir à convaincre. Ce sont toutes ces actions qui font l’attractivité et la valeur de Nantes. Quand on vient de l’extérieur, on se dit "elle a du culot cette ville" ; et cette spécificité, seuls les artistes et les créateurs peuvent l’amener.
Pour vous, comment fait-on pour ouvrir le patrimoine au grand public ? Tout simplement en travaillant avec l’espace public. Il faut s’adapter en fonction des différentes classes sociales. Il faut ouvrir la culture dans l’espace public qui, lui, est ouvert à tout le monde. Dans cet espace, toutes les classes se mélangent. De plus, cela se fait aussi par la communication avec les citoyens, discuter avec les citoyens pour, et avec les citoyens pas forcément d’accord pour le Voyage à Nantes.
Comment avez-vous réussi à mettre en lien l’espace public et les lieux du patrimoine ? D'abord par la création de la ligne verte, la création d’un parcours. Mais également par la création du Pass musée qui est accessible pour tous et met ainsi en lien tous les musées de Nantes. Cela se joue aussi par une communication simple et claire, au service de la population. La dimension culturelle de la ville, on la retrouve partout. Par exemple, on a des promoteurs immobiliers qui veulent avoir une intégration de la culture et de l’art dans les futurs immeubles en construction.
Dorian BALLANGER Terminale D
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