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Les élèves de terminale BacPro enquêtent au présent sur la guerre d’Algérie

La classe de Bac Pro durant la mise en commun des données collectées par sous-groupes. (Crédit photo : MFR Machecoul)
La classe de terminale BacPro Horticole de la MFR de Machecoul se questionne et mène l’enquête sur la guerre d’Algérie. Dans un premier temps, ils avaient pour mission de collecter des données historiques (Plan d’étude) auprès d’un témoin ayant vécu cette période de l’histoire coloniale française. Cela pouvait être un appelé, un militaire de carrière, un soldat du FLN, un Harki, un Pied-Noir...
L’ensemble des vingt-deux témoignages collectés sont issus d’appelés (famille, voisins, associations d’anciens combattants) qui avaient vingt ans durant leur période de mobilisation. On ne leur disait pas qu’ils partaient à la guerre et pour beaucoup, « c’était l’occasion de voir du pays et d’y vivre une expérience de jeunesse durant près de deux ans de leur vie » déclare Coralie qui a échangé près de deux heures avec Fabien, ancien appelé en 1957. Ils se sont vite rendus compte au vu des destructions, des exactions, des inégalités sociales qu’ils étaient bien engagés dans une guerre qui ne disait pas son nom où les rencontres et la camaraderie étaient souvent fragilisées par la violence et la peur des opérations militaires. Bien sûr, certains appelés pouvaient faire de l’instruction, du soin, coiffer mais la plupart était en opérations militaires contre les troupes des soldats Algériens indépendantistes du FLN en plein Djebel. «  Ce qui m’a marqué le plus, c’est cette force intérieure que mon témoin dégageait. A seulement vingt ans, il était déjà prêt à affronter la guerre et aujourd’hui il garde des choses positives de l’Algérie, les paysages, le mode de vie, la culture...  » témoigne Anaë. Cependant, la majorité des élèves ressent chez les témoins des émotions fortes, des traumatismes perceptibles à travers les mots, les tremblements de la voix et parfois les silences. Alexis, Simon, Baptiste, Sulyvann enregistrent chacun de leur côté ces moments difficiles, parfois tus, qui évoquent ou nomment les mots sacrifice, rupture familiale, torture, exaction.
De retour en classe, ils ont dû réaliser un véritable travail d’historien en retranscrivant, triant, classant sur une frise et une carte les données historiques, laissant de côté ce qui pouvait être de l’ordre du ressenti. Ce travail par petits groupes a mené à une mise en commun, l’objectif étant de se questionner sur la concordance ou l’opposition des témoignages et informations collectées afin d’identifier ce qui peut poser problème.
Parce que problème il y a, sur ce sujet qui appartient au passé mais dont le présent questionne encore beaucoup et peut créer des tensions au sein de notre société près de soixante ans plus tard. Cette période est-elle désignée comme une guerre ? Quelle est la reconnaissance de l’État ? L’Histoire comme les témoins peuvent-ils avoir différentes visions de ce passé ? Quel rapport Histoire et Mémoire entretiennent-elles dans notre société ?
Au fur et à mesure de la mise en commun par les élèves, ces questions apparaissent et ils tentent de trouver des réponses à travers des hypothèses. Sékou est marqué par l’implication des Harkis non reconnus par la France après la guerre. Le témoin d’Anaë, vivant à Montaigu, a combattu dans une unité aux côtés de deux cents Harkis. Tous ont ressenti une période de rupture dans la vie de ces appelés qui pour la plupart commençaient à construire leur vie d’adulte. Selon Evan, « ce qui a le plus marqué mon témoin est le fait qu’il a dû abandonner durant deux années sa formation de compagnon en maçonnerie et cela reste encore un sentiment de rancune ».
Les élèves tentent de répondre à ces interrogations en trouvant des indices dans les cours de français et d’histoire. Evan se rend compte que ces histoires qui font l’Histoire restent enfouies dans l’oubli car « la plupart des personnes nous ont raconté leur vécu, certains pour la première fois, et récolter des témoignages permet de garder des traces sur un passé que nous n’avons pas vécu ». Petit-fils d’appelé, de militaire, de pied-noir, de Harki ou d’indépendantiste Algérien, tous sont amenés à comprendre et à vivre au présent avec ce passé si complexe. A leur tour, les élèves deviennent témoins et porteurs de mémoire individuelle et collective au sein de notre société qui tente de faire face à des tensions.
Les élèves de la classe
de Term Bac
MFR de Machecoul
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