N. Emeriau : "C'est pour la bonne cause"

Un bol d'air pour décompresser. (Crédit photo : EMERIAU N.)
L'enseignante en Lettres-Histoire raconte son confinement : "Je suis dans ma maison, avec ma fille de 8 ans. Mon mari travaille. De mon bureau, je vois le superbe ciel bleu : j’ai un velux ! Ce confinement est un peu long, j’avoue ! Mais c’est pour la bonne cause : éviter que les soignants de réanimation n’aient à choisir qui doit vivre ou mourir … l’horreur ! Le travail ? Réussir à se concentrer devant l’ordi et rester disponible à son enfant (et encore j’en ai qu’une !) est un véritable grand écart cérébral, et je suis loin d’être une gymnaste.
Ma famille est en forme et c’est l’essentiel. On y arrivera mais il ne faut pas se leurrer, il y aura de sacrées séquelles.
Je m’évade du travail en jouant avec ma fille. Je m’évade de la maison en allant donner à manger à mes poules. Et je m’évade du confinement en prenant le temps, enfin, d’un vrai appel aux amis que je vois rarement.
Heureusement, je reste en contact avec mes collègues ! et j’ai mon propre ordinateur ! Vive les mails et surtout les appels en visio !
En ce moment, je lis « L’arabe du futur » de Riad Sattouf, prêté par une amie (merci !)
Garder l'espoir Ce qui me manque le plus, c'est de ne pas serrer les gens que j’aime dans mes bras. Pour garder l'espoir, je dirais "Faire contre mauvaise fortune, bon cœur". J'ai hâte d'aller trinquer avec les amis, embrasser mes parents, voir la mer, prendre un café en terrasse, aller aux jeux avec ma fille, visiter Chambord avec mon homme, rendre visite à ma famille en Alsace ...
Je ne suis pas pessimiste de nature mais l'après-confinement, je pense que ce sera compliqué.
Idéaux démocratiques La crise économique est inévitable : de nombreuses entreprises risquent de mettre la clé sous la porte, et beaucoup seront au chômage. Cela engendrera forcément une crise sociale qui sera amplifiée par le traumatisme du confinement, et des deuils. J’ai peur d’une crise politique où la population cherchera des boucs émissaires, des fautifs. On critiquera : il aurait fallu faire ci, faire ça. Et je crains sincèrement que cela fasse la part belle aux populistes. Après 1929, et la crise des années 30 en Europe, la France a évité de justesse la dérive extrémiste. J’essaie de croire que les idéaux démocratiques de la République sont bien ancrés chez les citoyens et de ne pas perdre espoir.
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