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La guerre d'au-dessus : les cartes, des armes redoutables

Les cartes n'étaient pas seulement utilisées sur terre pour l'infanterie. Pendant la Première Guerre Mondiale, elles sont devenues la plus puissante arme des pilotes dans le ciel.
Carte d'Etat-Major au 80.000e  grossie 4 fois (devenue ainsi au 20.000e). Supplément du Manuel de topographie pour le brevet par J. Boulanger (Crédit photo : Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France)
Durant la Première Guerre Mondiale, les stratégies militaires ont évolué, avec la création de guerres de tranchées, le développement des cartes topographiques ou des stratégies aériennes. L'évolution des cartes topographiques a été à l'origine d'un grand changement dans la guerre : le relief, les rivières, forêts et routes. Ces informations ont aidé dans la décision des emplacements des tranchées et des positions de l'artillerie.
La guerre d'en haut La naissance des stratégies aériennes militaires a été révolutionnaire. Au début de la guerre, l'aviation servait encore à la reconnaissance aérienne. Les pilotes utilisaient des cartes dessinées à la main pour survoler les tranchées ennemies, les dépôts d'approvisionnement et collecter des renseignements. Progressivement, des appareils photographiques ont été installés sur les avions pour repérer les positions ennemies. Les avions de reconnaissance guidaient les tirs de l'artillerie, comme lors de la bataille de la Marne de 1914. En 1915, des mitrailleuses ont été installées sur les avions, permettant la création d'escadrons de chasse pour protéger les avions de reconnaissance et perturber les opérations aériennes ennemies. Par exemple, Roland Garros a mis au point une technique de blocage de l'hélice de son avion pour éviter de tirer dedans avec une mitraillette embarquée. Aux débuts de la guerre, les bombardements étaient encore expérimentaux, mais en 1917, les bombardements stratégiques visaient les lignes d'approvisionnements, usines et villes ennemies. Comme l'Allemagne utilisait des Zeppelins pour des bombardements nocturnes sur Paris et Londres, l'anti-aérien et la défense par des avions de combat se sont développés. Après ça, les villes devenaient des cibles. Ces bombardements montraient l'importance naissante de la puissance aérienne dans la guerre moderne. En 1918, la création du soutien aérien rapproché permettait aux avions d'effectuer des attaques au sol en visant les tranchées, les nids de mitrailleuses et les convois de ravitaillement ennemis. Les avions étaient fortement armés et transportaient des petites bombes et des mitrailleuses à leur bord.
Le développement des cartes militaires Avec la guerre de position de 1914 à 1918, les cartes ont connu une expansion importante avec environ 14 000 cartes de la Première Guerre Mondiale aujourd'hui conservées au Service historique de la Défense. Les cartes produites étaient diverses. Les cartes géographiques "traditionnelles" comprenaient les cartes topographiques, générales et chorographiques. Le développement des cartes spéciales était important : les cartes hypsométriques (illustrant les reliefs), aéronautiques, marines et bathymétriques (illustrant les profondeurs marines). Et enfin, les cartes de synthèse combinaient les informations géologiques, agronomiques et topographiques. Celles-ci permettaient de mieux comprendre le terrain. Par exemple, la carte de la région de Reims à Craonne, achevée en 1917, a été réalisée pour mieux comprendre la nature du terrain ennemi et faciliter les aménagements militaires. Considérée comme la carte emblématique du conflit, le caneva du tir était un quadrillage détaillé montrant les positions des armées, des tranchées et des dispositifs de défense. Ces cartes étaient produites à plusieurs échelles. Pour l'artillerie, elles étaient sur une échelle de 1/20 000. Pour l'infanterie, celle-ci était de 1/10 000. Et enfin pour les opérations spécifiques, celles-ci atteignaient une échelle de 1/5 000, comme la carte d'État-Major. Pour l'époque, ces documents apportaient des détails absents des cartes traditionnelles d'échelle 1/8 000. En somme, la cartographie de la Première Guerre Mondiale offre une richesse documentaire précieuse pour les chercheurs et professionnels, permettant une meilleure compréhension des stratégies militaires et des conditions géographiques de l'époque.
L'importance du RFC Au Royaume-Uni, le Royal Flying Corps (RFC) était le corps aérien fondé en 1912 et actif durant la Première Guerre Mondiale. Il a été divisé en deux branches : une militaire sous le contrôle de l'armée et une civile, dévouée à la recherche et au développement. Le RFC était un support. Son rôle principal était la photographie et la reconnaissance aériennes. Petit à petit, les avions de combats se sont développés, et les bombardements également. Dès 1915, les affrontements d'avions devenaient fréquents et des as de l'aviation comme le major James McCuden ou le capitaine George McElroy sont devenus célèbres. En effet, le RFC a amélioré la fiabilité des avions de l'époque et introduit des mitrailleuses synchronisées. Celles-ci ont permis la perfection des tactiques de combat aérien et la supériorité aérienne britannique en 1918. Sa devise était "Per ardua ad astra" signifiant "A travers l'adversité, jusqu'aux étoiles". Aujourd'hui encore, elle perdure dans la Royal Air Force et dans diverses unités aériennes des forces du Commonwealth.
L'Ordnance Survey L'Ordnance Survey est le service cartographique de l'Etat britannique. C'est une agence exécutive et un département non-ministériel du gouvernement. Celle-ci est chargée de la cartographie de la Grande Bretagne. Sous la direction de Charles Close de 1911 à 1922, elle produit des cartes très détaillées qui ont été ensuite utilisées pendant le conflit. Ses méthodes et son souci du détail lui ont permis de créer des cartes approfondies et travaillées. Osbert Guy Stanhope Crawford a été un archéologue officier à l'Ordnance Survey où il est reconnu comme un pionnier dans les recherches archéologiques aériennes. Cela lui a permis de réaliser le potentiel de la photographie aérienne pour identifier des caractéristiques archéologiques sur le terrain. Il a été observateur au sein du Royal Flying Corps en 1917 puis a rejoint l'Ordnance Survey en 1920 en tant qu'officier jusqu'en 1946. L'archéologie aérienne, en utilisant des photographies du Royal Flying Corps, a permis de comprendre par exemple l'étendue de l'avenue de Stonehenge et de la retracer en 1923. Ceci marque une avancée significative de l'utilisation de la photographie aérienne en archéologie. L'experience de O.G.S Crawford pendant la Première Guerre Mondiale a été déterminante dans le développement de l'archéologie aérienne.
La carte d'État-Major La carte d'État-Major est une représentation cartographique détaillée de la France. Elle a été principalement élaborée au XIXe siècle. Elle succède à la carte de Cassini, offrant alors une mise à jour indispensable face aux évolutions du territoire français de l'époque. Elle utilise l'échelle de 1/80 000 et une représentation des reliefs et de bâti. Elle suit plusieurs modifications au cours du temps, mais notamment en 1898 où l'échelle passe du 1/80 000 au 1/50 000, visant la précision et l'utilité de la carte. Durant la Première Guerre Mondiale, elle a été adaptée pour répondre à certaines exigences militaires. Par exemple, le "canevas de conflit" en est sa version la plus détaillée possible. L'utilisation de la photographie aérienne a révolutionné la cartographie militaire. Les avions de reconnaissance survolaient les lignes ennemies, capturant des images détaillées du terrain. Cela permettait une mise à jour rapide des cartes et une meilleure compréhension des avancées ennemies. La carte d'État-Major a joué un rôle crucial dans les stratégies militaires en offrant aux commandants des outils précis et détaillés pour planifier et exécuter des opérations complexes. La bataille de la Marne La Première Bataille de la Marne se déroule du 6 au 12 septembre 1914. Son but était de stopper l'avancée allemande et d'éviter la chute de Paris. Face à la progression rapide des troupes allemandes en août 1914, les forces britanniques et françaises se replient. Alors, le commandant en chef des armées françaises, le général Joseph Joffre, prépare une contre-offensive. C'est donc le 5 septembre 1914 qu'il adresse un ordre du jour exhortant ses troupes à attaquer et repousser l'ennemi. La bataille s'étend sur un front d'environ 300km, allant de Senlis (Oise) à Verdun. Elle implique plusieurs affrontements simultanés notamment à l'ouest, au centre et à l'est. Durant cette bataille, la carte permettait aux commandants de visualiser les positions ennemies, de planifier le mouvement des troupes ennemies, des mouvements stratégiques et de coordonner les offensives. Nous pouvons donc dire que la première bataille de la Marne est une illustration de l'importance de la stratégie, de la coordination et de l'utilisation efficace de ressources (dont la cartographie), dans le succès des opérations militaires de la Première Guerre Mondiale.
L'aviation pendant la Première Guerre Mondiale : entre tactiques et stratégies Pendant la Première Guerre Mondiale, l'aviation servait à la stratégie. La technologie et l'expertise étaient encore limitées. L'aviation a majoritairement contribué au développement de l'artillerie en rendant les tirs plus précis et efficaces grâce à l'observation aérienne. Elle a aussi servi à effectuer des bombardements. L'aviation surveillait également les mouvements ennemis, élément essentiel pour rendre efficace les opérations militaires. La mission principale des avions était de repérer les concentrations des troupes, les positions de l'ennemi et ses mouvements sur terre : c'était un avantage tactique. Suite à ces repérages, les pilotes transmettaient les informations en temps réel aux commandants du sol, facilitant la prise de décision. Grâce à ça, les troupes du sol pouvaient anticiper les attaques ennemies et organiser des contre-attaques. Mais en 1917, la météo étant défavorable, cela a limité la précision de l'artillerie. Malgré ces défis, l'aviation a montré son importance stratégique .
La Première Guerre Mondiale fut donc un tournant majeur dans les stratégies militaires. Le développement de la cartographie et de l'aviation ont amélioré les opérations au sol. Les cartes ont facilité la planification des tranchées et de l'artillerie, tandis que celles de l'aviation ont facilité les tirs en les rendant plus précis. L'observation depuis les avions a permis d'améliorer les stratégies en temps réel, comme en témoigne la bataille de Marne. Ces innovations étaient le début du développement des nouvelles tactiques militaires encore utilisées aujourd'hui.
Shanelle Ly,
Sara Saad
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