Au tribunal, entre mythe ou réalité ?

Mardi 12 novembre, une classe de première de littérature est allée au tribunal judiciaire de Coutances afin de concrétiser un travail sur les pouvoirs de la parole.
Palais de Justice de Coutances (Crédit photo : Félix le Canu)
Ce qui nous a marqués est l’absence des prévenus et de certaines victimes, l’ambiance peu solennelle provoquée par la circulation et la discussion des avocats pendant les dossiers, le langage du quotidien utilisé par les professionnels de la justice, même si pour nous la procureure avait une meilleure argumentation que les avocats. Nous avons aussi eu l’impression que les affaires étaient banales pour les professionnels en présence. Nous avons ressenti une vraie séparation entre, la salle (où sont les auditeurs) et le tribunal proprement dit (où sont les vrais acteurs de la justice). Nous avons aussi remarqué de nombreuses différences entre l'imaginaire collectif du Tribunal et sa réalité. Par exemple, le juge n'avait pas de marteau, les objections n'existent pas et il n'y avait pas d'envolées lyriques habituellement présentes dans les films et les séries. La lenteur de la justice est perçue par la date des faits qui remontent à plus d’un an. Cette lenteur est explicable par l’encombrement du Tribunal avec de simples faits divers. Remarque également, les agents stupéfiants et alcool qui aggrave le comportement jusqu'à l'irrationnel des faits à juger.
Deux audiences La première portait sur un Sans Domicile Fixe, anarchiste, alcoolique qui a commis des délits à plusieurs reprises souvent sous emprise d’alcool, notamment le vol d'un vélo électrique d’une factrice, ou encore l’entrée par effraction à deux reprises dans deux maisons différentes. Il aurait volé des clés, des bouteilles d’alcool et déplacé une bouteille de gaz. Par ailleurs il a également poursuivit une famille en étant armé d’une batte de baseball en insultant et menaçant de “défigurer” cette famille toujours sous l’emprise d’alcool. Pour finir il a endommagé et détruit des boites aux lettres à l’aide d’une machette, pour ensuite retirer sa ceinture et fouetter une porte d’immeuble avec celle-ci.
La deuxième affaire concernait un conflit pécunié sous alcool entre deux amis ayant environ trente ans d’écart. Le conflit débute lorsque le plus jeune rentre de faire les courses de l’homme de 68 ans et ce dernier l’accuse de lui voler régulièrement de l’argent sur sa carte. Il a ensuite, saisi un couteau en le menaçant de le tuer. La victime s’est alors réfugiée chez elle tandis que le sexagénaire l’a poursuivi, armé tout en s’acharnant sur les fenêtres de la maison. Ce mardi 12 novembre, l’homme de 68 ans a été jugé coupable et est condamné à 8 mois de prison avec sursis probatoire et devra payer 1521 euro pour les réparations des fenêtres.
Cette immersion a révélé une justice bien différente des clichés : lente mais surchargée, banale pour les professionnels, et souvent confrontée à l'irrationnel. Nous repartons avec une vision plus nuancée de son rôle essentiel dans la société.
Martin Couillard
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