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Lycée Charles-François Lebrun, Coutances, le 25/11/2025.
Aux États-Unis, le nombre de livres censurés explose
Qu'ont en commun, le journal d’Anne Frank, La Servante Écarlate de Margaret Atwood et 1984 de Georges Orwell ? Tous ces ouvrages sont interdits aujourd’hui dans les écoles et les bibliothèques publiques de nombreux états américains.
Aux États-Unis pour l’année 2023-2024, 10 000 livres ont été censurés dans les cursus scolaires et de nombreuses bibliothèques publiques du pays. Un bilan qui alarme les associations de défense de la liberté d’expression comme PEN America, qui nous rapporte des chiffres. Et ce, malgré le premier amendement de la Constitution américaine qui assoit la liberté d’expression et la liberté académique. Au vu des données collectées et avec le décret présidentiel, signé par Donald Trump, le jour même de son investiture le 20 janvier, décrivant des initiatives D.E.I. (diversité, équité, inclusion) et le « délire transgenre » qu’il a condamné durant sa campagne électorale. 2024-2025, saison déjà comme une nouvelle année record.
Puisque, au-delà de ces titres phares, ce sont d’abord des ouvrages sur la sexualité, l’identité de genre ou traitant de la lutte contre les discriminations qui se retrouvent dans le viseur.
Obscène ou pornographique Les groupes ultra-conservateurs derrière cette campagne de censure sans précédent sortent une image, un mot, une expression de leur contexte et décrètent que le livre est obscène ou pornographique. Ce ne sont que des prétextes pour interdire les contenus qui ne correspondent pas à l’idéologie de ces formations, qui reprennent largement les thèses portées par le nationalisme chrétien, un nouveau extrémisme qui prône, jusqu’à la violence, la suprématie blanche et chrétienne. C’est une guerre culturelle à visage découvert contre tous les totalitarismes.Qu'on en commun n commun « le journal d’Anne Frank », « la servante écarlate » de Margaret Atwood et « 1984 » de George Orwell, c’est l’arrivée au pouvoir du fascisme, d’une dictature, c’est une perte de liberté », nous explique Estelle Libère à l’OCEP de Coutances.
Ces classiques qui ne sont plus enseignés dans les écoles, plus particulièrement celles destinées aux familles de militaires américains, permettent pourtant d’éveiller un esprit critique et apprennent « à se méfier au quotidien et à rester vigilant », continue de nous préciser Estelle.
Intimidés et licenciés Sur les réseaux sociaux, des bibliothèques sont menacées, injuriées, harcelées pour n’avoir fait que leur travail. Il arrive même qu’elles soient traînées devant les tribunaux pour le crime d’avoir diffusé des livres pornographiques ou soient licenciées en cas de refus de retirer ces livres des étagères dans l’état, l’Oklahoma, ou encore l’Arizona. Conseiller un livre sur la puberté à un jeune américain devient désormais un geste militant.
Stigmatiser l’accès à certaines œuvres, les interdire ou forcer les bibliothèques à les ranger dans un rayon spécifique a également un coût. Craignant que leur diffusion soit compromise par les attaques des associations conservatrices, certains éditeurs renoncent tout simplement à les publier.
« Dans certains pays, les conservateurs ont plus peur des mots et des livres qu’ils n’ont peur des armes à feu, parce qu’à 16 ans, vous avez le droit d’acheter un revolver, mais vous n’avez pas le droit de lire “Le Journal d’Anne Frank” ou des romans de Toni Morrison » Comme l’a dit Marc Levy dans l’émission « C à vous » à l’occasion de la sortie de son dernier roman, « La librairie des livres interdits ».
La part des réseaux sociaux D’ailleurs, selon Estelle, les réseaux sociaux ne jouent pas un rôle anodin dans cette perte de vigilance. « Je pense que l’on s’est un peu déconnecté du monde réel, peut-être éloigné de ces récits-là. » Elle confie : « On a l’impression qu’avec mes collègues, il y a beaucoup de gens qui lisent les mêmes choses. C’est un peu effrayant, on le voit avec l’engouement de « La femme de ménage ». Par exemple, perdant de la même manière cette flânerie, où vous vous laissez tenter par un livre ». Elle s’interroge sur une certaine « norme » dans l’action de se déplacer en librairie pour lire exactement la même chose qu’une nana sur TikTok ou Instagram, que l’on n’a jamais vue, et s’inquiète de ce biais, « par lequel, justement, les gens peuvent se faire avoir ». Et ce, « tout en ayant l’impression d’être ouverts sur le monde, alors qu’en fait on consomme tous les mêmes choses », finit-elle par conclure.
L’union fait la force Malgré tout, même dans l’état très conservateur de Floride, 76 % de la population est hostile à la censure de livres, hormis une minorité très bruyante. Les Américains souhaitent que leurs enfants aient un large accès aux savoirs. C’est quand on vous interdit tout ça que l’on se rend compte de l’importance des livres, de la culture et que ça prouve bien à quel point c’est une force de mouvement, d’engagement, et que c’est une grosse perte de liberté », pense Estelle. La résistance existe. Tout dernièrement, des lois : Freedom Ride, conçues pour empêcher l’action des censeurs, ont été votées dans le New Jersey, dans les états de New York, de l’Illinois, ou encore du Michigan.
Emma Boivin, Océane Lavollo
Puisque, au-delà de ces titres phares, ce sont d’abord des ouvrages sur la sexualité, l’identité de genre ou traitant de la lutte contre les discriminations qui se retrouvent dans le viseur.
Obscène ou pornographique Les groupes ultra-conservateurs derrière cette campagne de censure sans précédent sortent une image, un mot, une expression de leur contexte et décrètent que le livre est obscène ou pornographique. Ce ne sont que des prétextes pour interdire les contenus qui ne correspondent pas à l’idéologie de ces formations, qui reprennent largement les thèses portées par le nationalisme chrétien, un nouveau extrémisme qui prône, jusqu’à la violence, la suprématie blanche et chrétienne. C’est une guerre culturelle à visage découvert contre tous les totalitarismes.Qu'on en commun n commun « le journal d’Anne Frank », « la servante écarlate » de Margaret Atwood et « 1984 » de George Orwell, c’est l’arrivée au pouvoir du fascisme, d’une dictature, c’est une perte de liberté », nous explique Estelle Libère à l’OCEP de Coutances.
Ces classiques qui ne sont plus enseignés dans les écoles, plus particulièrement celles destinées aux familles de militaires américains, permettent pourtant d’éveiller un esprit critique et apprennent « à se méfier au quotidien et à rester vigilant », continue de nous préciser Estelle.
Intimidés et licenciés Sur les réseaux sociaux, des bibliothèques sont menacées, injuriées, harcelées pour n’avoir fait que leur travail. Il arrive même qu’elles soient traînées devant les tribunaux pour le crime d’avoir diffusé des livres pornographiques ou soient licenciées en cas de refus de retirer ces livres des étagères dans l’état, l’Oklahoma, ou encore l’Arizona. Conseiller un livre sur la puberté à un jeune américain devient désormais un geste militant.
Stigmatiser l’accès à certaines œuvres, les interdire ou forcer les bibliothèques à les ranger dans un rayon spécifique a également un coût. Craignant que leur diffusion soit compromise par les attaques des associations conservatrices, certains éditeurs renoncent tout simplement à les publier.
« Dans certains pays, les conservateurs ont plus peur des mots et des livres qu’ils n’ont peur des armes à feu, parce qu’à 16 ans, vous avez le droit d’acheter un revolver, mais vous n’avez pas le droit de lire “Le Journal d’Anne Frank” ou des romans de Toni Morrison » Comme l’a dit Marc Levy dans l’émission « C à vous » à l’occasion de la sortie de son dernier roman, « La librairie des livres interdits ».
La part des réseaux sociaux D’ailleurs, selon Estelle, les réseaux sociaux ne jouent pas un rôle anodin dans cette perte de vigilance. « Je pense que l’on s’est un peu déconnecté du monde réel, peut-être éloigné de ces récits-là. » Elle confie : « On a l’impression qu’avec mes collègues, il y a beaucoup de gens qui lisent les mêmes choses. C’est un peu effrayant, on le voit avec l’engouement de « La femme de ménage ». Par exemple, perdant de la même manière cette flânerie, où vous vous laissez tenter par un livre ». Elle s’interroge sur une certaine « norme » dans l’action de se déplacer en librairie pour lire exactement la même chose qu’une nana sur TikTok ou Instagram, que l’on n’a jamais vue, et s’inquiète de ce biais, « par lequel, justement, les gens peuvent se faire avoir ». Et ce, « tout en ayant l’impression d’être ouverts sur le monde, alors qu’en fait on consomme tous les mêmes choses », finit-elle par conclure.
L’union fait la force Malgré tout, même dans l’état très conservateur de Floride, 76 % de la population est hostile à la censure de livres, hormis une minorité très bruyante. Les Américains souhaitent que leurs enfants aient un large accès aux savoirs. C’est quand on vous interdit tout ça que l’on se rend compte de l’importance des livres, de la culture et que ça prouve bien à quel point c’est une force de mouvement, d’engagement, et que c’est une grosse perte de liberté », pense Estelle. La résistance existe. Tout dernièrement, des lois : Freedom Ride, conçues pour empêcher l’action des censeurs, ont été votées dans le New Jersey, dans les états de New York, de l’Illinois, ou encore du Michigan.
Emma Boivin, Océane Lavollo

