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Ksenia Yablonskaya, Biélorusse, raconte son exil
Rencontre avec Ksenia Yablonskaya, 33 ans, artiste, photographe. Elle explique son parcours jusqu'en France.
Comment était votre vie en Biélorussie avant votre exil ?
J'ai quitté la Biélorussie pour la Russie à l'âge de 18 ans. Même si j'ai eu une enfance heureuse et choyée, en grandissant, je me suis rendue compte que le régime biélorusse était omniprésent et contrôlait la liberté des citoyens. Par exemple, je me souviens que les programmes télévisés étaient interrompus quand le président Loukachenko prenait la parole. Cela me mettait en colère de voir comment il mentait et manipulait la population, en s'adressant à la nation "comme un père et un sauveur".
Qu'est-ce qui a déclenché votre exil et comment s'est-il déroulé ? En 2010, la réélection de Loukachenko a créé des manifestations auxquelles j'ai participé. C'était une première pour le pays : elles étaient silencieuses, des marches pacifiques sans scander de slogans, mais en applaudissant. Les autorités les dispersaient et les manifestants étaient embarqués et emprisonnés. Le régime faisait pression sur les opposants, comme les expulser des universités, les licencier, ainsi que sanctionner les parents ayant des enfants mineurs opposés à Loukachenko. Pour ma part, j'ai vu ma photo sur Internet et j'étais anxieuse de ne pouvoir poursuivre mes études. Mais heureusement, je suis passée au travers des mailles du filet. La répression violente du 19 décembre 2010, qui a conduit à l'arrestation de centaines d'opposants, et l'attentat terroriste du métro de Minsk m'ont incitée à réfléchir sur mon avenir dans ce pays. Loukachenko est, selon moi, le symbole ultime de l'injustice, de l'horreur et du dégoût. Après mon année universitaire, j'ai décidé de déménager à Moscou. Et 12 ans plus tard, en 2023, j'ai déménagé en France, suite à mon désaccord avec les actions du régime russe et la politique de Poutine.
Comment s'est passée votre intégration en France et avez-vous senti une hostilité en tant que Biélorusse ? Toute migration est un processus difficile, notamment quand on ne maîtrise pas la langue et qu'on n'a pas de point de repère. Avant mon arrivée en France en 2023, j'avais noué des liens avec des photojournalistes français et je m'étais rendue en France plusieurs fois. Comme dit le diction : "Il ne faut pas confondre tourisme et immigration." C'est exactement ce que j'ai vécu. La bureaucratie française n'a pas facilité mon intégration, tout comme les sanctions envers les Biélorusses. À ce jour, je ne suis toujours pas autorisée à ouvrir un compte bancaire. De même, en raison d'une erreur, il m'a fallu neuf mois pour recevoir mon permis de séjour contre quatre mois normalement.
Comment luttez-vous contre le régime dictatorial biélorusse ? La révolution de 2020 en Biélorussie a démontré que l'opposition représente 97 % de la population. Récemment, j'ai rejoint plusieurs organisations de défense des droits de l'homme. Nous organisons de petites actions qui ont pour objectif d'aider à insuffler la paix et la démocratie en Biélorussie. Je suis reconnaissante de partager l'histoire de mon pays avec vous. J'espère que c'est un petit pas vers la liberté et la démocratie. Votre pratique artistique permet-elle de dénoncer la violence et l'injustice en Biélorussie ? J'ai passé presque toute ma vie d'adulte, de 18 ans à 31 ans, à Moscou et j'ai trouvé ma voie comme photographe et artiste. Pendant 12 ans, j'ai effectué une introspection et analysé la société dans laquelle je vivais, réfléchissant aux réalités russes à travers mon travail. Mon déménagement en Europe m'a permis de comprendre que la voix du peuple biélorusse était inexistante, ce qui me remplit de colère et de douleur. La voix des Biélorusses n'a pas été entendue aux élections de 2020 et aujourd'hui, à cause des crimes de Loukachenko et de Poutine, elle n'est plus du tout entendue. Dans ce contexte, je recentre ma pratique artistique sur la Biélorussie.
La Biélorussie vous manque-t-elle ? Je n'ai jamais le mal du pays, mais ma famille et mes amis me manquent profondément. Cela me fait mal qu'à cause d'un groupe de criminels au pouvoir, je ne puisse pas rendre visite à mes proches et les embrasser librement.
Elisa Lepresle Le Moigne,
Louise Osouf
Qu'est-ce qui a déclenché votre exil et comment s'est-il déroulé ? En 2010, la réélection de Loukachenko a créé des manifestations auxquelles j'ai participé. C'était une première pour le pays : elles étaient silencieuses, des marches pacifiques sans scander de slogans, mais en applaudissant. Les autorités les dispersaient et les manifestants étaient embarqués et emprisonnés. Le régime faisait pression sur les opposants, comme les expulser des universités, les licencier, ainsi que sanctionner les parents ayant des enfants mineurs opposés à Loukachenko. Pour ma part, j'ai vu ma photo sur Internet et j'étais anxieuse de ne pouvoir poursuivre mes études. Mais heureusement, je suis passée au travers des mailles du filet. La répression violente du 19 décembre 2010, qui a conduit à l'arrestation de centaines d'opposants, et l'attentat terroriste du métro de Minsk m'ont incitée à réfléchir sur mon avenir dans ce pays. Loukachenko est, selon moi, le symbole ultime de l'injustice, de l'horreur et du dégoût. Après mon année universitaire, j'ai décidé de déménager à Moscou. Et 12 ans plus tard, en 2023, j'ai déménagé en France, suite à mon désaccord avec les actions du régime russe et la politique de Poutine.
Comment s'est passée votre intégration en France et avez-vous senti une hostilité en tant que Biélorusse ? Toute migration est un processus difficile, notamment quand on ne maîtrise pas la langue et qu'on n'a pas de point de repère. Avant mon arrivée en France en 2023, j'avais noué des liens avec des photojournalistes français et je m'étais rendue en France plusieurs fois. Comme dit le diction : "Il ne faut pas confondre tourisme et immigration." C'est exactement ce que j'ai vécu. La bureaucratie française n'a pas facilité mon intégration, tout comme les sanctions envers les Biélorusses. À ce jour, je ne suis toujours pas autorisée à ouvrir un compte bancaire. De même, en raison d'une erreur, il m'a fallu neuf mois pour recevoir mon permis de séjour contre quatre mois normalement.
Comment luttez-vous contre le régime dictatorial biélorusse ? La révolution de 2020 en Biélorussie a démontré que l'opposition représente 97 % de la population. Récemment, j'ai rejoint plusieurs organisations de défense des droits de l'homme. Nous organisons de petites actions qui ont pour objectif d'aider à insuffler la paix et la démocratie en Biélorussie. Je suis reconnaissante de partager l'histoire de mon pays avec vous. J'espère que c'est un petit pas vers la liberté et la démocratie. Votre pratique artistique permet-elle de dénoncer la violence et l'injustice en Biélorussie ? J'ai passé presque toute ma vie d'adulte, de 18 ans à 31 ans, à Moscou et j'ai trouvé ma voie comme photographe et artiste. Pendant 12 ans, j'ai effectué une introspection et analysé la société dans laquelle je vivais, réfléchissant aux réalités russes à travers mon travail. Mon déménagement en Europe m'a permis de comprendre que la voix du peuple biélorusse était inexistante, ce qui me remplit de colère et de douleur. La voix des Biélorusses n'a pas été entendue aux élections de 2020 et aujourd'hui, à cause des crimes de Loukachenko et de Poutine, elle n'est plus du tout entendue. Dans ce contexte, je recentre ma pratique artistique sur la Biélorussie.
La Biélorussie vous manque-t-elle ? Je n'ai jamais le mal du pays, mais ma famille et mes amis me manquent profondément. Cela me fait mal qu'à cause d'un groupe de criminels au pouvoir, je ne puisse pas rendre visite à mes proches et les embrasser librement.
Elisa Lepresle Le Moigne,
Louise Osouf