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L'élégance à la française est-elle vouée à disparaître ?

La France, pays de la mode, est aujourd'hui sujette à nombre de discussions concernant les règles de style vestimentaire.
Costume français (Crédit photo : pxhere.com)
Durant les derniers mois, le sujet de l'uniforme scolaire a beaucoup été débattu, autant par le gouvernement que par les sphères populaires. Plus largement ces débats mènent à remettre en question le thème du port du costume en France.

En effet, l'on observe durant les récentes décennies une raréfaction voire une disparition presque totale de la cravate et autres éléments emblématiques du style à la française, notament à l'Assemblée, mais aussi dans les sphères supérieures et générales de la société contemporaine.

Ces changements peuvent s'expliquer par de multiples causes telles que l'américanisation de notre société moderne, visant une glorification du confort en dépit de l'esthétisme. On peut observer cela, par exemple, avec le slogan phare de Mac Donald "Venez comme vous êtes", ou encore le fait que plusieurs entreprises discréditent aujourd'hui le port d'une tenue jugée "trop classe" afin de s'affranchir d'une image prétentieuse et inabordable.

Cette mouvance s'explique également par une volonté de détachement des valeurs antérieures principalement vue lors des événements de Mai 1968 où nombre de citoyens ont cherché à briser les codes des anciennes générations, jugés obsolètes. Plus récemment, on continue de faire quotidiennement l'expérience d'une volonté du peuple de rompre avec les valeurs ancestrales.

Ces initiateurs ont par conséquent participé au développement de la culture de la fast-fashion, primant la productivité au détriment d'une certaine qualité de production. Ce rendement, monopolisé par les grandes firmes de la mode, s'est créé en opposition avec l'artisanat traditionnel et les valeurs écologiques.

Cette surproduction, peu chère, presque instantanée et bien souvent délocalisée, reflète le peu d'intérêt porté à l'élégance par ces marques et leurs consommateurs qui bien souvent se vêtissent par contrainte plutôt qu'en accord avec leur volonté propre.

En effet, cette culture est le reflet d'une volonté d’acquérir du prêt à porter rapidement et simplement, sans se soucier des détails tels que la qualité de tissu ; sont remplacés la laine, le lin ou autre coton artisanal par diverses matières premières synthétiques autrement appelées par certains adeptes des belles matières "des toiles de pétrole". Une des figures actuelles du mouvement sartorial moderne français dira d'ailleurs "On nous vends du plastique au prix de l'or" sur un plateau de CNEWS.

Couplées aux raisons précédemment énoncées, la nouvelle génération se retrouve donc en l'absence de connaissance des codes traditionnels, accentuant l'envie de vêtements simples et peu chronophages dans leur conception. Cela a pour effet de réduire encore plus le marché du sur-mesure, qui demande un effort à la fois financier et de patience, en plus d'une réelle vision d'ensemble de sa tenue, souvent considérée comme complexe en comparaison avec ce que les gens sont prêts à accorder à leur habillement en règle générale.

Au fil des années, on remarquera même que le style dit traditionel devient sujet aux moqueries voire aux jugements. S'étant raréfiée, cette manière de s'accoutrer est forcément vouée à subir de multiples critiques de la part de la majorité, l'une des plus prédominantes étant qu'elle serait le reflet d'une absence de profondeur, d'une superficialité inhérente à ses porteurs.

Cette critique, bien que semblant dévalorisante, n'est cependant pas entièrement fausse ; en effet le style sartorial repose beaucoup sur la notion de beauté et sur le rapport à l'esthétisme. Cependant, cette élégance n'est pas vide de sens, au contraire, elle existe principalement en complémentarité d'une bienséance, d'une bonté qu'elle a pour objectif d'accentuer.

Un costume sans une maîtrise des règles de bonne conduite est effectivement preuve de superficialité, mais cela est aussi intrinsèquement contradictoire car la tenue cherche justement à habiller le comportement en mettant en avant le charisme de son porteur.

Cette prestance se retrouve justement dans plusieurs contextes tels que les concours d'éloquence au cours desquels on remarque bien souvent des efforts vestimentaires de la part des participants. Cela leur permet non seulement d'accorder l'image renvoyée à leur pensée, mais aussi de refléter un professionnalisme plus important.

On remarque par ailleurs, récemment, un certain retour de ces valeurs de style à la française, opéré par nombre de jeunes cherchant à retrouver ce savoir-faire non pas par contrainte mais bien par choix, par plaisir. Cette nouvelle mouvance sartoriale, terme d'ailleurs issu de l'italien pour désigner le métier de tailleur, est plus que jamais en recherche d'une éminence de qualité, mais restant tout de même accessible, en développant le marché de la seconde main par exemple.

Une justesse de l'habillement accrue se fait donc ressentir, symbole non pas d'un élitisme mais d'un effort sincère et commun de redorer la qualité et les codes de cette élégance pour ceux prêts à s'y investir. Bien qu'étant vouée à se raréfier, l'élégance à la française semble tendre vers une pratique plus avertie lui conférant donc une amélioration notoire.
Rodrigue NICOLEAU, T02
Teddy SIGONNEY , T05
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