L'IVG, libertés en conflit

"Le droit des femmes à vivre leur sexualité sans procréer, à être enceinte ou pas, à poursuivre ou non une grossesse, à avoir ou non un enfant est la condition première de leur égalité avec les hommes", première phrase que vous pouvez lire sur le site du planning familial.
Des partisans de la loi texane devant la Cour suprême des Etats-Unis, à Washington, le 1er novembre 2021 (Crédit photo : AFP / MANDEL NGAN)
L'IVG, ou interruption volontaire de grossesse, c'est un droit acquis en France depuis le 7 janvier 1975, date de promulgation de la loi Veil. Pratique autorisée dans une partie du monde, avec plus ou moins de restrictions, mais qui peut être totalement interdite ailleurs sur le globe. On peut le dire, l'avortement est présent dans bien des débats et est très loin de faire l'unanimité parmi les voix qui s'élèvent à ce sujet.
Les États-Unis divisés Depuis l'arrêt Roe v. Wade de1973, la justice américaine fédérale considère que le droit d'une femme à l'avortement concerne le droit à la vie privée, protégé par le IVe amendement. L'IVG est rendu légal. *
Avancée à première vue ! Cela n'empêche pourtant pas des militants et des responsables politiques de se mobiliser afin de faire annuler cette décision. De plus, au moment où la loi est passée, la Cour suprême a reconnu aux États le droit d'apporter des restrictions "raisonnables" aux modalités d'avortement. L'opposition s'est intensifiée pendant le mandat de Donald Trump, qui avait nommé deux juges à la Cour suprême s'étant montré hostiles à l'avortement.
Le droit au recours à l'IVG est donc très inégalement réparti selon les États. Dans des États comme le Mississippi, le Nebraska, le Missouri, plus de 95 % des comtés ne compteraient plus aucune clinique pratiquant l'IVG. Bien que l'interdiction pure et dure se fasse beaucoup plus rare, il existe de nombreuses manières de créer des limites pour qu'en pratique ça ne soit qu'une infime fraction des personnes concernées qui puissent être libres d'aller avorter . Par exemple, depuis 2017, au Texas, pour des raisons de lecture stricte de la Bible, les avortements sont exclus des assurances maladie. Par ailleurs, l'Alabama a voté une loi en 2019 faisant encourir la perpétuité aux médecins pratiquant l'IVG. Enfin, en 2021, l'Arkansas a voté l'interdiction de l'avortement, même en cas de viol ou d'inceste. Il existe encore d'autres exemples de lois ou de projets de lois dans d'autres États, témoignant de la montée en puissance de ceux que l'on nomme "pro-vie", opposés aux "pro-choix".

Le cas de la France "En France, l'avortement n'est pas menacé en droit, mais il l'est dans la pratique, souligne Christophe Castaner, ancien ministre de l'Intérieur, dans un entretien accordé au Parisien le 6 octobre. Il y a de vraies inégalités territoriales et sociales. Si on veut garantir un droit réel et égal à celles qui doivent être protégées, il est nécessaire d'allonger les délais".
Pendant la crise sanitaire, l'IVG est très clairement passée au second plan, les blocs opératoires étant, comme on le sait, déjà fortement occupés. Ainsi, il est difficile pour beaucoup de femmes de respecter le délai légal actuel de 12 semaines. De là est partie la proposition, à la fois d'associations et de parlementaires, de prolonger ce délai légal à 14 semaines. Cependant, les choses ne se sont pas faites si facilement. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a expliqué durant l'été 2020, que l'avortement réalisé au delà de 12 semaines pourrait désormais être pratiqué, les médecins pouvant utiliser le motif de "détresse psychosociale". Du jamais vu en France !
Cependant, le combat pour le rallongement ne s'arrête pas là, et une proposition de loi a été discutée le 8 octobre 2020. L'examen de cette loi a été rendu impossible à cause d'amendements déposés par la droite. Mais le 6 otobre 2021, Christophe Castaner, assurait qu'une loi allongeant le délai d'interruption volontaire de grossesse de 12 à 14 semaines serait inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale d'ici fin novembre 2021. Nous voilà fin novembre au moment de l'écriture de cet article et on attend de savoir le résultat de cette mise en attente...
Lena TONNERRE T08 Valentin MARTINOT T04
Connexion à la salle de rédaction numérique (SRN)
Se connecter

N'utilisez pas cette fonctionnalité si vous utilisez des postes partagés

 
Mot de passe oublié