La réforme des retraites

Le Gouvernement a présenté en ce début d'année un projet de loi concernant les retraites qui a beaucoup fait parler de lui... On décrypte !
Manifestation contre la réforme des retraites à Paris le 16 février 2023 (Crédit photo : AFP / Emmanuel DUNAND)
Cette réforme est une promesse de longue date du Gouvernement qui souhaitait déjà la mener en 2019 durant son premier mandat. Cependant, face aux protestations et à la crise sanitaire due au covid 19, le projet fut reporté.
Le système actuel : obligatoire et par répartition Afin de mieux comprendre en quoi consiste ce projet, il faut déjà maîtriser les bases du fonctionnement du système actuel. Pour le moment, tout le monde finance les retraites grâce à un prélèvement effectué sur le salaire des travailleurs, cet argent transite par les caisses de retraite pour ensuite être redistribué. Les cotisations sont versées sous forme de pension. Elles varient en fonction du temps travaillé mais aussi du niveau de revenu passé. A titre d'exemple, la pension moyenne en 2020 était de 1400 € net par mois.
Pourquoi proposer un nouveau système ? Comme pour tout changement, il faut des raisons de vouloir modifier ce système qui fonctionnait jusqu'alors. Or, de multiples arguments sont avancés par le Gouvernement. Tout d'abord, le déséquilibre entre le nombre d'actifs et le nombre de retraités est mis en évidence. On dénombre de plus en plus de retraités pour de moins en moins de travailleurs en raison d'un vieillissement de la population. Ensuite, l'Élysée souhaite une simplification du système des retraites. Aujourd'hui, 42 régimes de retraite différents existent, dont 11 régimes spéciaux qui procurent certains avantages aux personnes qui en bénéficient, comme un abaissement de l’âge de départ.
Que prévoit cette réforme ? A présent, expliquons le contenu de cette réforme qui provoque tant de controverses. Pour commencer, l'âge légal de départ sera relevé à 64 ans d’ici 2030 (il est à 62 ans aujourd'hui). Il sera aussi nécessaire d'avoir travaillé une durée minimum obligatoire pour avoir droit au montant maximal de la pension. Ainsi, dans la mesure où la personne concernée est entrée tardivement sur le marché du travail, alors elle fera face à un potentiel besoin de travailler au-delà de l’âge légal de départ pour toucher la pension maximale. En outre, à partir de l'âge de 67 ans, l'intégralité de la pension sera touchée sans décote, indépendamment du nombre de trimestres travaillés. Ensuite, le Gouvernement pense qu'allonger la durée minimum de travail pour toucher la pension maximale en reculant l’âge de départ permettra un retour de l'équilibre entre travailleurs qui cotisent et retraités. De plus, afin de réduire les inégalités, le chef de l’État veut supprimer les régimes spéciaux (les métiers concernés seront affiliés aux régimes classiques). Enfin, la réforme comprend la mise en place du minimum retraite à 1200 € brut par mois, cette pension serait appliquée y compris pour les retraités actuels.
De nombreuses oppositions Cette réforme a été largement contestée au cours des dernières semaines. En effet, la fin des régimes spéciaux est probablement la plus controversée car elle signe la disparition de régimes souvent largement avantageux pour les salariés. De plus, les syndicats avancent qu'en raison du report de l’âge de départ, il devient très difficile de trouver un emploi après 60 ans ou de poursuivre un travail trop épuisant physiquement. En 2021 par exemple, seul un tiers des personnes âgées de 60 à 64 ans travaillaient. Les opposants jugent donc que ce report est inutile : les gens ne travailleront pas davantage, mettant donc plus de seniors au chômage, ce qui fera baisser le montant de leur pension. Puisqu'il est inutile de contester sans disposer d'une solution, les principaux syndicats proposent de multiples alternatives. L'une d'entre elles est l'augmentation des cotisations de retraite ; le gouvernement s’y oppose cependant fermement. Une autre proposition est de demander un effort financier aux retraités. On remarque en effet qu’aujourd’hui le niveau de vie de certains retraités est parfois supérieur à celui des travailleurs actifs ! En 2017, le Président de la République Emmanuel Macron se disait y être favorable. Il affirme maintenant qu'il serait injuste de taxer les retraités qui ont travaillé toute leur vie. Une dernière proposition serait de faire contribuer les riches en les taxant davantage, permettant ainsi de combler le déficit sans créer d'inégalité ou d'injustice.
Si l'on dresse un bilan de cette réforme, elle permettrait de dégager jusqu’à 18 milliards d’euros, de quoi compenser le déficit des retraites de 13 milliards d’euros. De plus, deux tiers des Français se disent opposés à la réforme perçue comme injuste, car elle présente une mise à contribution unique des salariés et non des entreprises.
Teddy SIGONNEY, P02
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