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Elles lancent l'alerte sur les algues vertes

Inès Léraud, Morgan Large ont dénoncé cette pollution sur nos côtes. Non sans risques pour elles.
Morgan Large au lycée Colbert en novembre 2023. (Crédit photo : C. Guillemin)
Les mar­ées vertes sont apparues en 1960 sur les plages bre­tonnes. On leur attribue des décès liés aux émanations toxiques. Des chiens, des sangliers et un cheval en seraient morts aussi. Même si, à ce jour, aucune conclusion dans ce sens n'a abouti de la part des autorités judiciaires, après plaintes déposées par des familles.
Montrés du doigt Les agriculteurs et éleveurs bretons sont montrés du doigt. L'azote, le phosphore contenus dans les aliments pour animaux sont pointés comme responsables de la prolifération des algues vertes, via l'écoulement des lisiers chargés de nitrate vers la mer. En cas d’accumulation importante, la décomposition de ces algues produit des gaz qui seraient dangereux pour l’homme comme pour l’animal.
Inès Léraud a enquêté Inès Léraud, journaliste indépendante, a enquêté sur place. Elle a dénoncé le lobby agroalimentaire breton, responsable, à ses yeux, de ces marées vertes. dans son émission "Jour­nal Bre­ton" en 2016 sur France Culture. Est également parue la bande des­si­née Les algues vertes. L'his­toire inter­dite en 2019. Mais elle ne s'est pas fait que des amis en instruisant ce procès à charge contre l'industrie agroalimentaire bretonne.
Pressions et comités de soutien Certains habitants, des agriculteurs ont très mal pris cette incursion dans leur univers. Et à la sortie de la BD, elle a subi de multiples pressions, déclenchant aussi des comités de soutien à sa cause.
Au-delà du lancement d'alerte, Inès Léraud, qui a engrangé de multiples témoignages en Bretagne, tente de faire bouger les choses. Elle aimerait que les éleveurs adoptent des pratiques plus respectueuses de l'environnement. Un combat long à mener, dans la mesure où la profession affirme ne pas disposer d'alternatives. Des aliments pour bétail, moins polluants sont aussi plus coûteux.
Morgan Large Morgan Large est une journaliste bretonne qui a également travaillé sur les algues vertes. Elle anime l'émission La Petite Lanterne et réalise des reportages pour Radio Kreiz Breizh, une station de radio bretonne bilingue basée à Rostrenen. Avec une quinzaine d’autres journalistes, elle lance en juillet 2020 le collectif Kelaouiñ « Informer » en breton dont l'appel pour la liberté d’informer sur l’agroalimentaire en Bretagne est signé par plus de 500 professionnels de la presse.
Et la justice ? Inès Léraud et Morgan Large, comme tous les lanceurs d'alerte sont protégés juridiquement et pénalement (c'est-à-dire qu'ils ne risquent "aucun danger" à lancer une quelconque alerte), d’après l'article 122-9 du code pénal : « N'est pas non plus pénalement responsable le lanceur d'alerte qui soustrait, détourne ou recèle les documents ou tout autre support contenant les informations dont il a eu connaissance de manière licite ». Mais cela ne fonctionne qu'aux yeux de la justice et ne les empêche pas d'être victimes d'actions d'intimidation et de menaces, jusqu'à voir leur vie mise en danger.
Elles tiennent bon Depuis la sortie de son documentaire sur les dérives agroalimentaires, Morgan Large dénonce l’harcèlement qu'elle subit : contrainte de déménager après plusieurs actes de malveillance : boulons de sa voiture dévissés, violation de domicile, chienne empoisonnée...
Inès Léraud n'anime plus son émission sur France Culture à cause de la polémique que celle-ci a engendré suite à la mise en lumière du problème des algues vertes. Mais ces journalistes tiennent bon.
La rencontre Les deux femmes se sont rencontrées quand Inès Léraud a entamé ses enquêtes sur l'agroalimentaire breton. « Cela a été extraordinaire de croiser nos sources et nos expériences. Elle était la seule à s’intéresser aux mêmes sujets que moi » a indiqué Morgan Large, dans un article du Nouvel Observateur.
Avec Inès Léraud, elle fait partie des quinze membres fondateurs de Splann !. Morgan Large s'en est réjouie : « C’est le média lanceur d’enquêtes bilingue et financé par les citoyens que beaucoup de Bretons attendaient. »
De gros risques Les lanceurs d'alerte en général prennent de gros risques en voulant dénoncer. Il n'y a pas d'âge, ni de statut social ou professionnel. Mais c'est plus facile quand on est dans la communication. Pour Inès Léraud et Morgan Large qui sont journalistes, la médiatisation de leurs propos était beaucoup plus facile que pour Greta Thunberg, qui elle, n'était qu'une adolescente quand elle a lancé ses alertes sur le climat et l'environnement.
Chanelle NANDELEC et
Maelly CROSNIER-ALANIQUE.
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