Petits commerces, bientôt un souvenir...

Zoom sur la désertification des campagnes françaises : le déclin de l'âme des villages.
Commerce à l'abandon dans un village de campagne. (Crédit photo : Lou-Marine Pouillard)
Victimes de la désertification : les commerces de proximité disparaissent et entraînent le déclin en milieu rural. Au retour des vacances, en sortant des autoroutes, on peut parcourir des centaines de kilomètres en traversant des villages fantomatiques.
Un phénomène omniprésent Près de 20 000 villages ne comptent aucun ou un seul commerce, sur les 34 945 communes françaises.
Entre 1980 et 1990, selon une étude parue en 2002, 25 à 30 % des petits commerces alimentaires ont disparu.
Selon Alberte Pesné, commerçante dans un petit village du bocage ornais, cela a commencé "quand les femmes se sont mises à conduire. Ça s'est dégradé gentiment." On trouvait à l'époque de nombreux services de proximité : épicerie, mercerie... "C'était extraordinaire" décrit-elle. Malheureusement, "avec le temps, ce n’était plus viable de reprendre un commerce dans un petit village". Beaucoup de commerçants ont depuis mis la clé sous la porte, sans espoir de repreneur. "En 1957, quand je suis arrivée, on comptait 68 commerces et services dans le village contre seulement 17 aujourd'hui." Les commerces de proximité sont pourtant loin d’être seulement des lieux de ravitaillement : ils favorisent les échanges, la marche, créent des emplois et participent à la vie locale. Le contraste est frappant entre milieu urbain et rural : l'un possède un accès privilégié aux services, aux équipements et à la culture, l’autre peine à subvenir à ses besoins. Les villages n'attirent plus. Pas de remplaçant pour le médecin qui part en retraite, pas de jeune couple à s'installer, pas d'enfants dans les écoles, c'est un cercle vicieux !
"Une émancipation vers les villes" Et c'est lourd de conséquences : cela profite aux grandes surfaces, toutefois de petits supermarchés s'implantent au sein même des villages : une progression très probablement liée à la fermeture des épiceries. Il existe de nombreux inconvénients à ces fermetures. "A présent on n'a plus rien, on doit se déplacer pour n’importe quoi, il faut conduire. Sinon, on est condamné à rester chez soi ou être dépendant des autres." Au-delà du sentiment d'isolement, il y a le coût économique et écologique lié à l'usage de la voiture. Résultat, les bourgades se vident faute d’attractivité et de dynamisme, au profit des villes.
Remédier à ce phénomène ? Des aides ont été mises en place pour aider les commerçants à s’installer en milieu rural, mais cela ne suffit pas. Que faire ? Mettre en avant le charme de la vie rurale ? Lors de la crise Covid de nombreux citadins ont posé leurs valises à la campagne. La progression sera lente mais il faut garder espoir. Lorsque vivre en ville deviendra trop étouffant, le retour à la nature s'avèrera alors évident.
Lou-Marine POUILLARD.
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