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Ronan Loas, maire de Ploemeur
Rencontre avec l'élu de 40 ans.
Pouvez-vous nous résumer votre parcours, ce qui vous a amené à être maire ?
Je suis né à Ploemeur et j'ai effectué ma scolarité à Lorient, suivi d'un BTS à Brest. J'ai démarré ma carrière professionnelle dans des groupes d'assurance, "chassé", comme on dit, pour devenir directeur financier à Paris jusqu'en 2010. Mais ma société a changé de groupe. J'ai préféré revenir à Ploemeur. J'y ai créé une start-up dans le développement durable avec un associé ingénieur, qui a depuis cessé ses activités. J'envisageais de retourner à Paris. Mais, passionné de politique, de tradition gaulliste, je me suis lancé en étant investi par le groupe divers droite, comme tête de liste aux municipales de Ploemeur en 2014. On m'a prédit que ça serait compliqué. Mais j'ai gagné avec 99 voix d'avance. J'ai été réélu en 2020 au premier tour.
En quoi, en tant que maire, êtes-vous garant de la démocratie ? Le maire ne prend pas de décision tout seul. Certains pouvoirs lui sont délégués, mais il doit rendre des comptes au conseil municipal. Toutes les autres décisions sont soumises au vote. Avant elles font débat. Le maire a toute une équipe autour de lui et doit faire preuve de transparence. Le conseil municipal est public. Tous les documents sont disponibles.
Est-ce difficile ? Un dossier peut être très bien pour l'intérêt général mais pas pour l'intérêt privé de certaines personnes. Sur la question des éoliennes ou des arrêts de bus, il en faut mais personne n'en veut juste devant chez lui. Ces dossiers doivent être débattus avec les riverains. Par exemple, au sujet de l'extension des Kaolins, une démarche consultative a été entreprise, depuis 2014, et une enquête publique va être enclenchée. Les délais sont longs. Le maire doit instruire le dossier et modifier le plan d'urbanisme. Mais les avis sont très partagés. Les gens contre sont souvent plus mobilisés que les gens pour.
Le dialogue fait-il avancer les choses ? Les Kaolins représentent de l'emploi, et les questions environnementales ont été étudiées. Le rôle du maire est de permettre à tout le monde de discuter, malgré les tensions, en organisant des réunions afin d'entendre les opinions. Par ce dialogue, le projet évolue et son acceptabilité augmente. On doit toujours identifier si quelqu'un parle de l'intérêt général ou particulier. Avant, on faisait confiance au maire. Maintenant, avec internet, tout le monde a un avis sur tout et devient spécialiste.
Energie, écologie, quelles sont vos actions ? A l'échelle de la ville, on n'a pas attendu d'être dans le dur, pour agir. Ce fut un des premiers sujets pris en charge en 2014, question de génération ? Cela a mené au plan Ploemeur 2030, pour le renouvellement urbain et la mobilité. Nous avons développé les voies vélo, par exemple vers Quéven ou le Fort Bloqué. Pour structurer sa transition énergétique, la ville s'est engagée dans une démarche à l'échelle européenne : elle est évaluée selon plein de critères. Sa capacité de progression est indiquée. La ville est labellisée "territoire en transition écologique". Deux mesures importantes de cette politique ont été le passage à un éclairage public LED (qui fait aussi baisser les coûts), et une nouvelle cuisine centrale, qui favorise les circuits courts et le bio.
Quant au volet social ? Malgré l'augmentation des coûts, on a augmenté la rémunération des agents de la ville. Cette mesure permet de lutter contre la précarisation de la fonction publique. De plus, aucun impôt n'a été augmenté, malgré plein de projets qui auraient pu être financés ainsi. Mais on doit voter des tarifs (cantine, médiathèque, piscine... ), qui évoluent avec l'inflation. On ne les a augmentés que de 2 %, contre 15 % d'augmentation pour la ville. Le CCAS permet aussi d'aider les Ploemeurois grâce à des fonds solidarité-logement, dont le nombre a augmenté à Ploemeur. On peut aussi réguler les tarifs des sorties avec la maison des jeunes par exemple.
Comment cela se passe avec votre opposition ? Mon rapport avec l'opposition est très différent de mon premier mandat. Avant, les débats étaient plus longs, mais politiquement construits. Aujourd'hui, beaucoup moins. Au niveau local, aller chercher des gens de différents horizons politiques marche très bien, je l'ai fait dans mon équipe. Mais les oppositions s'opposent parfois sur des sujets qu'elles ne comprennent pas. Elles sont censées empêcher la majorité de faire des bêtises, mais on dirait qu'elles sont contre tout. La réflexion est plus difficile, les débats plus compliqués. Il n'y a pas d'écoute, et cela isole l'opposition. Avez-vous déjà remis en question votre engagement politique ? Non : j'ai toujours été engagé en politique, dans des associations ou par du militantisme. Mon voyage récent en Ukraine découle de cette fibre d'aller vers l'engagement. En tant que maire, on se fait parfois un peu engeuler gratuitement : je suis maire, pas souffre-douleur, et je trouve parfois ça un peu ingrat. En plus, je suis l'élu le plus en proximité, personne ne connait la députée. Mais ce sont les réalisations et l'engagement qui permettent d'être heureux. Vos meilleurs souvenirs ? Mon voyage en Ukraine a été un moment fort. La Marianne d'or reçue pour la décarbonation de Ploemeur a été une belle récompense. Le conseil municipal des jeunes a été un projet très enrichissant. Sinon, une réalisation en terme d'habitat sur Larmor : un accueil pour les jeunes adultes ayant des troubles cognitifs.Vous êtes très actif sur les réseaux sociaux. Pourquoi ? Je suis trop addict ! Mine de rien, ça permet d'être au courant des choses, et ça permet une spontanéité et un échange permanent. Les Facebook live sont toujours très suivis, ils ont battu des records pendant la COVID. Ils permettent une démocratie très directe. Envisagez-vous un troisième mandat ? Je ne sais pas encore. Mon premier mandat a été compliqué dans sa construction, mon second a été traversé par trois ans de crises. J'adore ce que je fais, et j'ai une bonne équipe qui m'entoure, mais c'est aussi compliqué pour ma vie personnelle, j'ai besoin de souffler un peu.J'ai toujours dit que je m'arrêterai quand je n'aurai plus envie d'aller vers les gens. C'est une réflexion importante.
Propos recueillis par
Maël LE MESTRE
et Lou-Marine POUILLARD.
En quoi, en tant que maire, êtes-vous garant de la démocratie ? Le maire ne prend pas de décision tout seul. Certains pouvoirs lui sont délégués, mais il doit rendre des comptes au conseil municipal. Toutes les autres décisions sont soumises au vote. Avant elles font débat. Le maire a toute une équipe autour de lui et doit faire preuve de transparence. Le conseil municipal est public. Tous les documents sont disponibles.
Est-ce difficile ? Un dossier peut être très bien pour l'intérêt général mais pas pour l'intérêt privé de certaines personnes. Sur la question des éoliennes ou des arrêts de bus, il en faut mais personne n'en veut juste devant chez lui. Ces dossiers doivent être débattus avec les riverains. Par exemple, au sujet de l'extension des Kaolins, une démarche consultative a été entreprise, depuis 2014, et une enquête publique va être enclenchée. Les délais sont longs. Le maire doit instruire le dossier et modifier le plan d'urbanisme. Mais les avis sont très partagés. Les gens contre sont souvent plus mobilisés que les gens pour.
Le dialogue fait-il avancer les choses ? Les Kaolins représentent de l'emploi, et les questions environnementales ont été étudiées. Le rôle du maire est de permettre à tout le monde de discuter, malgré les tensions, en organisant des réunions afin d'entendre les opinions. Par ce dialogue, le projet évolue et son acceptabilité augmente. On doit toujours identifier si quelqu'un parle de l'intérêt général ou particulier. Avant, on faisait confiance au maire. Maintenant, avec internet, tout le monde a un avis sur tout et devient spécialiste.
Energie, écologie, quelles sont vos actions ? A l'échelle de la ville, on n'a pas attendu d'être dans le dur, pour agir. Ce fut un des premiers sujets pris en charge en 2014, question de génération ? Cela a mené au plan Ploemeur 2030, pour le renouvellement urbain et la mobilité. Nous avons développé les voies vélo, par exemple vers Quéven ou le Fort Bloqué. Pour structurer sa transition énergétique, la ville s'est engagée dans une démarche à l'échelle européenne : elle est évaluée selon plein de critères. Sa capacité de progression est indiquée. La ville est labellisée "territoire en transition écologique". Deux mesures importantes de cette politique ont été le passage à un éclairage public LED (qui fait aussi baisser les coûts), et une nouvelle cuisine centrale, qui favorise les circuits courts et le bio.
Quant au volet social ? Malgré l'augmentation des coûts, on a augmenté la rémunération des agents de la ville. Cette mesure permet de lutter contre la précarisation de la fonction publique. De plus, aucun impôt n'a été augmenté, malgré plein de projets qui auraient pu être financés ainsi. Mais on doit voter des tarifs (cantine, médiathèque, piscine... ), qui évoluent avec l'inflation. On ne les a augmentés que de 2 %, contre 15 % d'augmentation pour la ville. Le CCAS permet aussi d'aider les Ploemeurois grâce à des fonds solidarité-logement, dont le nombre a augmenté à Ploemeur. On peut aussi réguler les tarifs des sorties avec la maison des jeunes par exemple.
Comment cela se passe avec votre opposition ? Mon rapport avec l'opposition est très différent de mon premier mandat. Avant, les débats étaient plus longs, mais politiquement construits. Aujourd'hui, beaucoup moins. Au niveau local, aller chercher des gens de différents horizons politiques marche très bien, je l'ai fait dans mon équipe. Mais les oppositions s'opposent parfois sur des sujets qu'elles ne comprennent pas. Elles sont censées empêcher la majorité de faire des bêtises, mais on dirait qu'elles sont contre tout. La réflexion est plus difficile, les débats plus compliqués. Il n'y a pas d'écoute, et cela isole l'opposition. Avez-vous déjà remis en question votre engagement politique ? Non : j'ai toujours été engagé en politique, dans des associations ou par du militantisme. Mon voyage récent en Ukraine découle de cette fibre d'aller vers l'engagement. En tant que maire, on se fait parfois un peu engeuler gratuitement : je suis maire, pas souffre-douleur, et je trouve parfois ça un peu ingrat. En plus, je suis l'élu le plus en proximité, personne ne connait la députée. Mais ce sont les réalisations et l'engagement qui permettent d'être heureux. Vos meilleurs souvenirs ? Mon voyage en Ukraine a été un moment fort. La Marianne d'or reçue pour la décarbonation de Ploemeur a été une belle récompense. Le conseil municipal des jeunes a été un projet très enrichissant. Sinon, une réalisation en terme d'habitat sur Larmor : un accueil pour les jeunes adultes ayant des troubles cognitifs.Vous êtes très actif sur les réseaux sociaux. Pourquoi ? Je suis trop addict ! Mine de rien, ça permet d'être au courant des choses, et ça permet une spontanéité et un échange permanent. Les Facebook live sont toujours très suivis, ils ont battu des records pendant la COVID. Ils permettent une démocratie très directe. Envisagez-vous un troisième mandat ? Je ne sais pas encore. Mon premier mandat a été compliqué dans sa construction, mon second a été traversé par trois ans de crises. J'adore ce que je fais, et j'ai une bonne équipe qui m'entoure, mais c'est aussi compliqué pour ma vie personnelle, j'ai besoin de souffler un peu.J'ai toujours dit que je m'arrêterai quand je n'aurai plus envie d'aller vers les gens. C'est une réflexion importante.
Propos recueillis par
Maël LE MESTRE
et Lou-Marine POUILLARD.