Saint-Martin, une île entre deux pays

La situation franco-hollandaise de Saint-Martin entraîne des rivalités, liées notamment à des disparités économiques.
Depuis le 26 mai, un accord a été trouvé sur la frontière. (Crédit photo : CC BY-SA 3.0 Eric Gaba)
Saint-Martin est une île des Caraïbes séparée en deux entre, au Nord, une collectivité d'outre-mer française, et au Sud la partie néerlandaise de Sint-Maarten. La domination coloniale explique cette partition. L'attractivité de l'île en fait son enjeu principal. En effet, située dans une région tropicale, elle est recherchée par les touristes pour ses plages exotiques et son soleil toute l'année.
Une histoire coloniale L’île est découverte le 11 novembre 1493 par Christophe Colomb, jour de la Saint-Martin. Elle entre alors dans la couronne d’Espagne. Décimés par les virus et la famine, les Espagnols l'abandonnent. Dès 1627 des familles hollandaises, puis françaises y sont débarquées. Commencent alors la colonisation et l’exploitation de l’île avec la culture du manioc et le tabac.
Chaque nationalité demande à en prendre possession. Après des affrontements, les deux nations décident de conclure un traité de coopération, le 23 mars 1648, sur le Mont des Accords, partageant l’île en deux parties. Mais son tracé est très incertain.
L'actualisation des frontières S’il y a bien deux territoires, avec deux États, la frontière reste symbolique et imprécise. Les conflits locaux s'y multiplient dans un contexte d'un développement économique inégal. Au point que la France demande en 2017 à l'ONU d'intervenir pour trancher la question frontalière.
La fin d’une querelle franco-néerlandaise Disputée depuis 2014, la frontière de l’île scindée en deux depuis près de quatre siècles, est officialisée le vendredi 26 mai 2023 par la France et les Pays-Bas. Un accord fixant la frontière est signé sur place par le ministre de l'Intérieur français Gérald Darmanin.
Le règlement des litiges frontaliers Mais le nouveau tracé ne définit pas à qui appartient la baie d'Oyster Pond où se trouve la marina du port de plaisance. Elle est désormais divisée en deux parts égales, le nord étant français et le sud néerlandais. Un autre sujet porte sur un « point d'eau », situé à l'ouest de l'île. La frontière traversera « le milieu de l'étang, donnant ainsi une part égale de l'eau aux deux côtés » déclare la Première ministre de Sint Maarten.
Des aménagements qui valorisent Sint-Maarten Le tourisme donne à l'île une économie suffisante et du travail pour la population locale. La partie hollandaise possède une piste d'atterrissage internationale et un port en eau profonde pour les gros paquebots de croisière. La partie française, qui ne possède pas ces infrastructures, est donc désavantagée.
Sint-Maarten en marge du droit européen La partie française reste attachée aux règlements européens, alors que sa voisine qui en 1959, a gagné le statut de territoire des Pays-Bas au sein des Antilles néerlandaises est exonérée des règles européennes. Sint-Maarten applique les principes du laisser-faire à l’anglo-saxonne.
Deux systèmes aux antipodes Les deux parties de l'île présentent aussi deux systèmes socio-économiques antagonistes. Le PIB des 35 000 habitants de la partie française est presque deux fois inférieur à celui de la partie néerlandaise ; le taux de chômage y est en revanche trois fois plus élevé et avoisine les 30 % contre 11 %.
Cependant la contrepartie peut se voir au niveau de leurs couvertures sociales : l'absence de retraite en partie hollandaise, la réglementation du travail, beaucoup moins contraignante, et un problème d'accès à la santé. Les réglementations de protection de l'environnement sont moins exigeantes en partie hollandaise autorisant des tours gigantesques et casinos au bord de mer. La population française de l'île bénéficie des mêmes prestations sociales et des mêmes règlementations que toutes les collectivités territoriales d'outre-mer.
« Pays autonome » Sint-Maarten dispose de sa propre Constitution, d'un parlement local, d'un Premier ministre, et d'un gouvernement. Pourtant le royaume des Pays-Bas y exerce sa représentation par le biais d'un gouverneur. En 2007, Saint-Martin a décidé par référendum de devenir une collectivité d'outre-mer (COM). Saint-Martin est dirigée par le président de sa collectivité, élu par ses habitants qui joue le même rôle qu'un maire. Il y a uniquement un tribunal d'instance à Marigot, seule source de justice sur la partie francaise.
Un développement controversé L'île valorise son principal atout qu'est le tourisme et mise sur ce développement. Sint-Maarten tire une part importante de ses revenus de l'industrie du jeu grâce aux casinos peu réglementés et contrôlés. C'est aussi un important paradis fiscal.
Les solutions pour cette île ? Le président de la collectivité de Saint-Martin, Louis Mussington voit dans « la résolution de ce conflit territorial une ouverture à une relance économique et urbanistique tant attendue par les habitants de ce territoire au taux de pauvreté élevé »
Saint-Martin ne peut être autonome en production agricole à cause d'un sol volcanique, de sa faiblesse en superficie et de son un climat tropical sec. Les solutions pour évoluer sont nombreuses : la création d'une tech center et d'un pôle industriel dans les Caraïbes et un dévelopement plus écologique. C'est de la pluralité et de la diversification économique et professionelle qui permettra un développement économique sur l'île.
Maudez LUCAS.
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