Haut-Karabakh, un « nettoyage ethnique »

L'Azerbaïdjan a abandonné toute idée de paix avec l'Arménie en lançant une offensive sur le Haut-Karabakh le 19 septembre 2023.
Le ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères Djeyhoun Baïramov lors d'une réunion à Téhéran le 23 octobre 2023 (Crédit photo : AFP / ATTA KENARE)
Le 19 septembre 2023, l'Azerbaïdjan a lancé une offensive militaire éclair sur le Haut-Karabakh pour en prendre le contrôle. Depuis des décennies Bakou et Erevan se disputent cette enclave située en Azerbaïdjan, mais presque exclusivement peuplée d’Arméniens.
Vingt-quatre heures seulement après le déclenchement de l'offensive, les séparatistes arméniens ont déposé les armes et annoncé l'auto-dissolution de la République du Karabakh au 1er janvier 2024. Ce tournant historique scelle la victoire de l'Azerbaïdjan et la fin de la présence arménienne sur ce petit territoire.
Un conflit ancien et trois guerres Le Haut-Karabakh, appelé Artsakh par les Arméniens se situe dans le Caucase du Sud. D'une superficie de 4 400 kilomètres carrés, il est peuplé de 120 000 habitants à 99 % d’origine et de langue arménienne et de confession chrétienne. Les Azéris sont, eux, majoritairement musulmans et turcophones. Le territoire a été rattaché à l’Azerbaïdjan par Staline, malgré sa population arménienne. Il a obtenu toutefois l’autonomie en 1923, statut qui restera inchangé pendant soixante-cinq ans. En 1988, le Haut-Karabakh vote son rattachement à l’Arménie. Un premier conflit armé de grande ampleur éclate. Il fera 30 000 morts. Cette première guerre s'achève en 1991 par un cessez-le -eu et la victoire des Arméniens de la république autoproclamée du Karabakh, entité non reconnue par la communauté internationale, pas même par l'Arménie.
Un avenir incertain pour l'Arménie Animé par un fort désir de revanche l'Azerbaïdjan déclenche une deuxième guerre en septembre 2020. Elle s'achève à peine deux mois plus tard par la victoire de Bakou soutenu par la Turquie et la signature d'un accord de cessez-le-feu, le 10 novembre 2020. Cet accord prévoit le déploiement de troupes russes pour maintenir la paix. Depuis, les tensions n'ont jamais cessé jusqu' à l'offensive éclair et victorieuse de l'Azerbaïdjan du 19 septembre 2023.
Depuis la victoire de Bakou plus de 100 000 personnes ont fui le Karabakh et les autorités arméniennes n'hésitent pas à parler de "nettoyage ethnique" de ce territoire. L'Arménie se retrouve dans une position délicate. Elle craint que son voisin plus riche, mieux équipé et qui a le soutien de la Turquie, ne convoite davantage de son territoire. C'est pourquoi, elle cherche à se protéger en se rapprochant de l'Occident et de la France. Paris a annoncé, lundi 23 octobre, la vente à Erevan d'équipements pour sa défense. Ce même jour, l'Iran et la Russie ont dénoncé cet interventionnisme occidental lors d'une réunion à Téhéran.

Camille FLAHAUT.
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