L’école et les rêveurs

L'école prépare-t-elle à une vie réussie ou une vie rêvée ?
Raviver sa lumière. (Crédit photo : Pixabay.com - CDD20)
Depuis toujours, l’école est pensée comme un tremplin vers l’avenir. On y apprend les bases de la vie en société, les savoirs essentiels et les compétences nécessaires pour « réussir ». Mais qu’entend-on par « réussir » ? Et surtout, à quel prix cela se fait-il pour ceux dont l’esprit est peuplé de rêves, d’idées et de créativité débordante ?

Pour certains élèves, l’école devient une boîte où ils doivent entrer, quitte à plier leurs ailes pour s’y glisser. C’est particulièrement vrai à partir du collège et du lycée, lorsque les attentes sociales et professionnelles se font plus pressantes. La voie semble toute tracée : bonnes notes, études supérieures, métier stable et reconnu. Ces objectifs, bien qu’empreints de bon sens, laissent peu de place à d’autres types de trajectoires, celles qui privilégient l’exploration, l’expérimentation, et parfois même l’incertitude.
La créativité La créativité n'est-elle destinée qu'à rester un souvenir d'enfance ? Lorsque nous étions enfants, l’école était un terrain fertile pour la créativité. On nous encourageait à imaginer, à explorer de nouvelles idées, à nous exprimer sans crainte d’être jugés. Les arts, le dessin, la musique, l’expression personnelle faisaient partie intégrante de nos journées. Mais au fur et à mesure que nous grandissons, cette liberté se réduit. L’école, autrefois un espace d’expérimentation, se transforme en un lieu où l’on nous impose des règles strictes et des programmes rigides. L’objectif semble désormais de façonner des individus, laissant peu de place à l’imaginaire et à l’inventivité. Si la créativité est encore valorisée à certains niveaux, elle apparaît souvent comme un luxe réservé à ceux qui peuvent se permettre d’en faire un métier. Pourtant, la créativité est essentielle pour nous distinguer et faire avancer notre société. Alors, où est-elle passée ?

En demandant constamment aux élèves de planifier leur avenir, on les détourne de l’instant présent. L’école prépare pour « plus tard », mais laisse peu de temps pour rêver aujourd’hui. Pourtant, les grands rêveurs, ces esprits libres et inventifs, sont souvent ceux qui apportent de véritables transformations au monde. Ceux qui rêvent d’un monde différent – que ce soit par la peinture, l’écriture, la musique, l’innovation ou une philosophie de vie singulière – doivent souvent résister à l’idée que leur vision est un échec s’ils ne suivent pas un parcours conventionnel.
Tous les mêmes L'uniformité est-elle une obligation ou un choix ?Le système scolaire actuel tend à nous faire croire que pour réussir, il faut suivre un parcours bien défini, tout en restant dans les mêmes cases. La pression exercée pour suivre les mêmes étapes, passer les mêmes examens et choisir des carrières similaires, comme le commerce, la médecine, la psychologie ou l’architecture, est omniprésente. Ces choix sont souvent motivés par des critères de prestige, plutôt que par une véritable passion.

Mais cette uniformité nous prive-t-elle de notre individualité ? Ne devrions-nous pas célébrer la diversité des talents et des aspirations, en offrant à chacun la possibilité de choisir sa propre voie, même si elle semble moins « conventionnelle » ? La véritable richesse d’une société réside dans la diversité des idées et des parcours. Si nous sommes tous poussés à devenir les mêmes, alors où est la place pour l’innovation et la créativité ?
Une école plus inclusive Et si l’école devenait un lieu où les ambitions atypiques étaient accueillies avec autant de sérieux que les projets classiques ? Cela impliquerait de valoriser davantage les compétences créatives, de diversifier les parcours, et d’enseigner aux élèves qu’il n’existe pas qu'une seule manière de réussir sa vie.

L’école pourrait aussi intégrer des moments pour rêver, créer sans objectif précis, ou simplement réfléchir à ce que signifie être heureux. Car au-delà des diplômes et des métiers, la question essentielle reste celle-ci : quel est le rôle de l’école dans la construction de vies épanouies, et pas seulement de carrières réussies ?

Les rêveurs ont autant besoin de l’école que l’école a besoin d’eux. Mais pour cela, il faut repenser le dialogue entre les exigences du système éducatif et les passions individuelles. Une école qui ne bride pas, mais accompagne ; qui ne moule pas, mais inspire. Voilà une école qui pourrait être un véritable tremplin pour les rêves de tous.
Manon LECARPENTIER, T3.
Connexion à la salle de rédaction numérique (SRN)
Se connecter

N'utilisez pas cette fonctionnalité si vous utilisez des postes partagés

 
Mot de passe oublié