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Qatar, une Coupe de sueur et de milliards

Richissime, le petit pays avait décroché l'organisation du Mondial de football contre toute logique. Investissements massifs, stades énormes aux portes du désert, le Qatar a suscité la polémique, l'appel au boycott. Mais l'intérêt pour la compétition a pris le dessus.
L'équipe allemande a affiché son soutien dans la défense des droits de l'homme au Qatar. (Crédit photo : @TobiasSchwarz, AFP)
On dit sur le tapis vert, les jeux sont faits. A l'heure où paraîtront ces lignes, l'équipe nationale qui aura remporté la précieuse Coupe du monde de football sera connue. Cette 22e édition aura été celle des paradoxes. Pour le moins. C'est la première organisée dans un pays arabe, concentrée sur un territoitre aussi réduit. Elle a été décalée en hiver, à cause de la chaleur.. Même à 27C° en moyenne, à cette période, elle reste trop importante pour l'organisation de compétions sportives. La programmation en fin d'année civile a entraîné l'interruption de la saison des clubs en Europe.
Soupçons de corruption Ce qui peut paraître anecdotique au regard de toutes les controverses extrasportives suscitées depuis l'attribution surprise de 2010. Le Qatar a été préféré aux Etats-Unis, au Japon, à l'Australie et à la Corée du Sud, à l'issue d'un vote intervenu le 2 décembre 2010. Sa nomination a créé la surprise car il était loin d'être le pays favori.

Les enquêtes de plusieurs médias ont pointé des soupçons d'accords secrets entre Nicolas Sarkozy (à l'époque Président de la République française), Michel Platini, membre du comité de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA), l'émir du Qatar, Tamin Bin Hamad Al Thani et son vice-premier ministre Cheikh Hamad Bin Jassim.

En échange du vote de Michel Platini, le Qatar rachetait le PSG, créait une chaîne de télévision sportive en France (BeinSports) et achetait pour 6 milliards de dollars d'avions de chasse, des Rafale, à la France.
Main d'oeuvre immigrée Portée par un budget pharamineux estimé à 200 milliards d'euros, (cent fois le budget de 1998, en France !), la construction des infrastructures et de huit stades sortis des sables a nécessité un large recours à une main d'oeuvre immigrée. Par milliers, ces travailleurs sont venus du Sri Lanka, du Népal, du Bangladesh, du Pakistan et de l'Inde. Dans un rapport intitulé "Echecs du Qatar à prévenir", Amnesty international a accusé le Qatar d'avoir fait travailler ces ouvriers dans des conditions déplorables sous de très fortes chaleurs.

En février 2021, le quotidien britannique The Gardian estimait à 6 500 le nombre de décès causés notamment par des accidents cardiovasculaires. Ce chiffre n'a pas été repris par les ONG, qui n'en ont pas moins retenu la réalité d'une mortalité et dénoncé des atteintes à la sécurité sur les chantiers. Les problèmes d'accès au logement, à de l'eau potable, sans oublier un travail sous-payé, viennent renforcer l'idée d'un esclavage moderne.

Ces accusations ont été vivement rejetées par les autorités qataries qui soulignent avoir réformé les lois sur le travail.
Fait également débat le non-respect des droits humains. Au Qatar, les droits des femmes sont strictement cadenassés. L'homosexualité est bannie. Tout symbole faisant référence à la communauté LGBT est interdit.
En réaction, certaines équipes ont affirmé leur soutien en portant un brassard aux couleurs de l'arc-en-ciel. Les joueurs allemands se sont présentés, main sur la bouche, pour affirmer leur désapprobation de telles censures.L'équipe d'Australie a réalisé une vidéo critiquant l'organisation de la Coupe au Qatar. Certains, mais rares, médias ont boycotté l'évènement en ne le couvrant pas, comme "Le Quotidien de la Réunion".
"Il ne faut politiser le sport", avait déclaré, pour sa part Emmanuel Macron.
Quelles soient climatiques ou attachées aux Droits de l'Homme, ces questions n'auraient-elles pas dû intervenir avant, dans le choix du Qatar ?
Quid de l'après Mondial ?Maintenant que le Mondial est terminé, on peut s'interroger sur le prix du démantèlement programmé de sept des
huit stades où ont eu lieu les matchs. D'autant plus que cette infrastructure ne sera possiblement pas reprise plus tard, car le football n'est pas un élément essentiel de l'identité culturelle du Qatar. Son équipe, qualifiée d'office, n'est pas allée loin dans la compétition.

Maintenant que la compétition est finie, laissant le souvenir de buts magnifiques qui n'ont pu que réjouir les fans de football tout autour de la planète, les questions autour du Mondial reste en l'état. L'émirat gazier a payé, très cher, son désir de prestige. Il en a les moyens. En sort-il grandi ? Même question pour la FIFA et son président, le Suisse Gianni Infantino, qui a qualifié d'hypocrites et profondément injustes les critiques suscitées par ce Mondial.

Arthur DELAPLACE, T4
et Evan HERUBERT, T3.
Sirine AL JAMALI et
Hugo DELALONDRE, T4.
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