"Faire reconnaître l'urgence climatique"

Jean-François Sanson brandit l'étendard d'Extinction rébellion (Crédit photo : Edouard Bachelier)
Interview
Jean-François Sanson, membre d'Extinction rébellion

Qu'est-ce qu'Extinction rébellion ?

C'est un mouvement d’interpellation sur l'état de la société, mais surtout sur l’urgence climatique. Les grands principes sont de militer pour faire connaître et reconnaître cette urgence par la désobéissance civile, dans le respect de la non-violence.

Comment est organisé ce mouvement ?
Il n'y a pas de chef, chaque groupe est autonome. Extinction rébellion a développé ses propres réseaux sécurisés sur des logiciels libres, avec des niveaux d'accessibilité. Tout le monde peut y avoir accès. Quand on entre dans l'organisation, on est au niveau 1. Une fois qu'on a fait deux ou trois actions, on accède au niveau 2, on peut collaborer avec d'autres groupes, proches ou à l'autre bout du monde. Si je veux prendre le logo et créer un petit groupe dans mon lycée, dans ma ville, c’est possible, si j'adhère aux valeurs et que je communique avec les autres groupes.

Comment changer la société ?
Le changement de la société, c’est montrer comment chacun peut faire mieux. C'est la légende du colibri qui, quand il y a un incendie dans la forêt, va chercher une petite goutte d'eau pour essayer de l’éteindre. Sauf que face à l'urgence climatique et l'augmentation des températures d’ici 30 ans, la technique du colibri n'est pas suffisante. Il faut aller plus loin. C'est ce qu’a fait Extinction rébellion en bloquant, par exemple, plusieurs grandes places de Londres. Il n’y a que ça que comprennent les gouvernements.

Que veut dire exactement "désobéissance civile" ?
C’est le moment où on se dit qu’il est légitime pour un citoyen d’enfreindre la loi ou d’aller à sa limite quand il y a nécessité. Et comme le climat pour nous correspond à une nécessité, on va désobéir pour des raisons éthiques, de conviction. Par exemple, bloquer l’entrée d’une entreprise polluante en s’attachant à la porte pour empêcher les camions de rentrer, c’est non-violent, mais c’est interdit. Nous on le fait. La désobéissance civile, c’est ça. Enfreindre la loi pour interpeller, tout en étant non-violent. D’ailleurs la non-violence vis-à-vis des personnes est notre limite absolue, y compris vis-à-vis des forces de l'ordre ou du gouvernement.

Quel est le message principal à délivrer ?
Extinction rébellion essaye de convaincre la population que ça va être terrible. 5 degrés en plus, c’est énorme. Ca veut dire que la plus grande partie de l’Europe va devenir l'équivalent du Sahara. Avec la montée des eaux, Le Havre n’existera plus. Il va y avoir des réfugiés climatiques. La société elle-même sera en danger. Sauf que les plus riches se disent que eux survivront, ils arriveront à se construire des zones protégées, et climatiquement, et militairement. Eux savent déjà qu’on va subir le dérèglement climatique de manière catastrophique, qu’il va y avoir des millions de morts. Mais eux s’y préparent, alors que la population n’arrive pas à y croire.
Propos recueillis
par Edouard Bachelier, 2C
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