"La statue restera pour bien des années"

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Interview
Fabien Mérelle, artiste.

Quel est votre parcours ?

J’ai toujours été un enfant rêveur et un dessinateur. Après mon bac ES, j'ai suivi une prépa, les Ateliers de Sèvres, puis je suis entré aux Beaux Arts de Paris. Je suis parti en échange scolaire aux Beaux Arts de Xi’an où j’ai appris un peu de peinture chinoise. A ma sortie des Beaux Arts, j’ai eu la chance d’avoir une exposition dans un lieu qui se nomme Premier Regard, qui m’a permis de me lancer.

Quelles sont vos inspirations ?
Mon travail est autobiographique. Mon inspiration est donc la vie et ce qui s’y passe. C’est commode de se prendre comme sujet d’étude, parce qu’on peut être sans concession sans blesser personne. J’aime aussi beaucoup le cinéma burlesque du début du siècle dernier : Charlie Chaplin, Buster Keaton… il y a dans leurs manières de décrire le monde quelque chose dont je me sens proche et que je résumerais en deux mots : l’émotion et l’absurde.

Pourquoi êtes-vous en pyjama dans vos œuvres ?
Il n’y avait pas de place pour moi aux Beaux Arts et je travaillais chez moi, en pyjama, la nuit. Mon personnage est né de cette contrainte. Puis j’ai compris que le pyjama véhiculait des choses importantes, le rêve, le cauchemar. Et en rencontrant ma femme, juive, en ayant d’elle des enfants qui eux aussi sont juifs, j’ai dû assumer une autre dimension plus terrible encore de ce costume, celle des camps. Un costume n’est jamais anodin et comme n’importe quel signe il faut pouvoir accepter chacune des interprétations qu’on lui fera revêtir.

Quelle est l’œuvre dont vous êtes le plus fier ?
Sans doute le Bout du Monde, parce que sur les épaules de cet homme, il y a une petite fille que je connais bien et dont je suis fier bien plus qu’aucune oeuvre que j’ai pu réaliser.

Comment avez-vous réagi suite à la dégradation de vos œuvres au Havre ?
J’ai été triste, mais pas abattu, je savais qu’il fallait la reconstruire à la minute même où on m’annonçait sa destruction. Cette oeuvre ne m’appartient pas et les nombreux messages que j'ai reçus m’ont conforté dans l’idée de rebâtir, que mon émotion n’avait pas lieu d’être, qu’il fallait se mettre au service de cette tâche.

Pour un été au Havre 2021, cette œuvre sera réinstallée à la plage. Avec quelles mesures ?
La sculpture sera rebâtie dans un matériau bien plus dur à détruire. C’est ainsi que l’on pourra la sécuriser. Le feu ne pourra pas l’atteindre. La statue restera, je l’espère, pour bien des années, nous la concevons dans ce sens.
Quels sont vos projets ?
Des sculptures en Corée du Sud, à Cergy Pontoise. Des expos de dessins en Belgique et ailleurs.
Propos recueillis par
Fleur Simon, 2EB
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