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L’avenir pour les médias se dessine


A l’heure qu’il est, bien malin celui qui peut prédire ce que seront la presse et les médias dans dix ans. Et encore moins dans vingt-cinq ans. La manière dont se comporte le public et l’enseignement dispensé dans les écoles de journalisme donne le ton. Précarité du métier, éclatement des formats, nouvelles technologies : le journalisme change. Les habitudes des consommateurs et des internautes citoyens bouleversent sans arrêt le monde de la presse. Des jeunes diplômés l’ont compris. Ils se lancent et innovent pour prendre leur place dans ce grand « souk » de l’information.


Le Quatre Heures : un projet innovant

« Le principe est toujours le même : un reportage chaque mercredi à 16 h, pour le goûter », explique Estelle Faure, co-fondatrice du Quatre Heures, site de reportages multimédias (vidéo, photo, sons, textes) qui se définit comme un média de slow info.
Le format est basé sur l’expérience de lecture multimédia en immersion. En d’autres termes, pas besoin de cliquer, ou de naviguer sur le site. Le reportage se déroule naturellement à mesure que vous scrollez (faire descendre sa souris), et les sons ou vidéos se lancent automatiquement. C’est ce que les professionnels appellent l’effet de parallaxe (link is external).

Les journalistes s’inspirent de mooks – médias mi-magazine, mi-book – ou de nouveaux formats internet comme Snow Fall (link is external) du New York Times. « On voulait faire du long format, mais mis en valeur par ce que le web offre de mieux. L’idée est de ressentir les choses quand tu es devant ton ordi. ».
https://lequatreheures.com/

Les écoles, labos du journalisme

Selon Bruno Patino, « La curiosité, reste la première qualité des journalistes. Ils doivent nous surprendre en voyant ce qu’on n’a pas ou qu’on n’aurait pas vu ». Le directeur de l'école de journalisme de l'Institut d'études politiques de Paris, directeur éditorial d’Arte, estime que les médias de demain seront le fruit d’une révolution numérique dans les rédactions. « Les méthodes et les pratiques changent. Les façons dont les lecteurs s’informent évoluent et ils s’informent différemment. »

Les étudiants en journalisme ont souvent un parcours à l’étranger, ont fait des stages dans différentes rédactions… Ils touchent aussi à plusieurs techniques : écriture, vidéo, photo, prise de son… Ce sont des aventuriers entrepreneurs qui apprennent en faisant et en s’immergeant dans le monde réel, avec la volonté de faire du reportage, de comprendre, et de raconter des histoires.

Révolution

Le nombre de types d’organisation va croissant : petite rédaction, correspondants à l’étranger, réseaux... Les nouveaux journalistes sont salariés de médias traditionnels en place, mais se lancent aussi en petites équipes pluridisciplinaires, et innovent. Ils sont des entrepreneurs de contenus, des journalistes de projets.

Quelle est la meilleure manière de donner une info ? Comment faire pour attraper le lecteur ? Avec quels outils ? En tenant compte du modèle économique : avec pub ou en vendant l’information, comme le fait Mediapart.

Des écoles labos

Jean-Marie Charon, sociologue des médias, rappelle que la 1ère école de journalisme, l’ESJ, a été créée en 1899, la 2e à Lille, en 1924. Durant la seconde moitié du XXe siècle, elles se sont considérablement développées : en plus des 14 écoles reconnues par la profession, on compte de nombreuses formations universitaires et privées.

« Un quart des journalistes ont une formation initiale et 60% une formation continue », note le sociologue. Les écoles de journalisme ont désormais une double mission : former les étudiants aux attentes de la société et du public, et accompagner les mutations en cours. Les écoles sont des laboratoires d’idées et de projets. Dans ce contexte en pleine mutation, les journalistes ont l’obligation de travailler avec d’autres professionnels : développeurs, designers, statisticiens… Les écoles multiplient les échanges avec des écoles d’art, de gestion…

Ecole expérimentale

L’Ecole W a été créée en marge de l’ESJ pour permettre à des bacheliers de se cultiver, d’apprendre le maniement d’outils, et à travailler en mode projets. « On leur apprend à travailler sur le sens. On les forme au métier de conteur. Ces journalistes seront des scénaristes », explique la direction de l’école. Ces jeunes apprennent par exemple à créer une application, s’investissent dans une ONG… En étant polyvalent, ils vont mieux comprendre le monde. Ils le retranscriront au travers de différents sujets, sur différents supports et en différents formats. Le parcours de formation n’est plus unique.

Des rédactions ouvertes

Aujourd’hui presque toutes les rédactions travaillent 24 h/24 sur différents supports (papier, tablettes, ordis, applis). Il reste à choisir le bon support et le bon format. Pour cela, il est conseillé de créer des pôles d’une dizaine de journalistes, autour de la data et du numérique.

Mais aussi d’avoir des rédactions ouvertes sur l’extérieur, de travailler avec des publics divers et de larges réseaux sociaux, ainsi qu’avec des personnes qui ont une expertise. On n’est plus enchaîné à sa table de rédaction.

Cette révolution demande aussi des investissements, car le web a généré la culture du gratuit et une info de qualité se paie, même peu chère. Le Quatre Heures est vendu 1 € 65 par mois, soit 19 € 80 par an.

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