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Lycée Sainte-Ursule, Caen, le 21/11/2025.

Jean-Claude Gandur : « L’art doit parler à tout le monde, surtout aux jeunes »

L'art d'apprendre....
JC Gandur avec les élèves du lycée (Crédit photo : E Goetz)
E Goetz
JC Gandur avec les élèves du lycée
Homme d’affaires et grand collectionneur d’art, Jean-Claude Gandur a constitué l’une des plus importantes collections privées d’Europe, allant de l’Antiquité à l’art contemporain. Mais loin de garder ses trésors pour lui, il prépare l’ouverture d’un musée à Caen, qu’il veut ouvert, interactif et tourné vers la jeunesse. Rencontre avec un mécène qui croit au pouvoir de la culture pour relier les générations.
Un collectionneur pas comme les autres À 76 ans, Jean-Claude Gandur a déjà vécu plusieurs vies : juriste, entrepreneur dans le pétrole, puis passionné d’art au point de créer, en 2010, la Fondation Gandur pour l’Art à Genève. Aujourd’hui, il souhaite transmettre cette passion au plus grand nombre.
Monsieur Gandur, comment est née votre passion pour l’art ?
Jean-Claude Gandur : Elle est née très tôt, vers mes 14 ans. Je me souviens encore du premier tableau que j’ai acheté dans une petite galerie. Je n’avais pas beaucoup d’argent, mais j’ai ressenti une émotion immédiate. Ma collection c’est comme un rêve d’enfants.
Vous avez d’abord fait carrière dans le pétrole avant de devenir collectionneur. Qu’est-ce qui vous a poussé à ce changement ?
Ce n’était pas un vrai changement, c’est un prolongement. Les affaires m’ont appris la rigueur, la stratégie ; l’art m’apporte l’émotion, la réflexion. Quand on a les moyens, on a aussi une responsabilité : faire vivre la culture et la partager.
Vous préparez l’ouverture d’un grand musée à Caen. À quoi ressemblera-t-il ?
Ce ne sera pas un musée « classique » où l’on marche en silence. Je veux un lieu vivant, un atrium ouvert à tous. On y verra environ 500 œuvres à la fois, dans des espaces lumineux et interactifs. Je veux que les jeunes s’y sentent aussi libres que dans un parc ou un café.
Beaucoup de jeunes trouvent les musées ennuyeux. Comment leur donner envie d’y aller ?
En leur montrant que l’art parle de leur monde. L’art, c’est la liberté, la peur, la beauté, le pouvoir. Il raconte notre humanité. Dans mon futur musée, il y aura des expériences numériques, des ateliers, des espaces de parole. Et surtout, des médiateurs qui savent dialoguer avec les jeunes, pas leur faire la leçon.
Parmi toutes vos œuvres, laquelle vous touche le plus ?
Une petite statue égyptienne de plus de 3 000 ans représentant un scribe. Elle me rappelle que la connaissance et l’écriture sont les fondations de toute civilisation. C’est aussi un clin d’œil à vous, les lycéens : vous êtes les nouveaux scribes, ceux qui écrivent notre avenir.
Certains s’inquiètent de la provenance des objets anciens. Que leur répondez-vous ?
C’est une préoccupation légitime. Tous mes achats respectent les règles internationales, avec des provenances vérifiées. L’art doit être un bien commun, jamais un butin. Les collectionneurs ont un devoir de transparence.
Pourquoi avoir choisi la France pour votre futur musée ?
Parce que la France incarne une culture universelle. Et Caen, ville marquée par la guerre et la reconstruction, représente la renaissance et l’ouverture. J’aime cette symbolique : de la destruction peut naître la beauté.
Quels conseils donneriez-vous à un lycéen qui veut s’intéresser à l’art ?
Sois curieux ! L’art, ce n’est pas réservé à une élite. Ce n’est pas grave si tu ne comprends pas tout ; ce qui compte, c’est ce que tu ressens. L’art, c’est la vie : dans le dessin, la musique, le cinéma, le street-art… L’important, c’est d’oser regarder.
Si vous pouviez résumer votre rêve en une phrase ?
Que chaque jeune puisse un jour dire : « Cette œuvre me parle, elle m’appartient un peu. » Parce que c’est cela, le vrai sens d’une collection : partager.

De cette rencontre, on retient l’image d’un homme passionné, à la fois entrepreneur, humaniste et pédagogue.
Jean-Claude Gandur ne collectionne pas pour posséder, mais pour transmettre. Son futur musée sera sans doute à son image : exigeant, chaleureux et tourné vers l’avenir.
« L’art n’est pas fait pour impressionner, mais pour relier les gens. »
Lilian Combée-Dutillieux 
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