Journal des Lycées > L'actualité des lycées > Côtes-d'Armor > Lycée Saint-Joseph > Les articles > Pierre-Alain Lévêque, ingénieur en low-tech

Pierre-Alain Lévêque, ingénieur en low-tech

Ancien élève du lycée, Pierre-Alain a obtenu son bac S en 2007. Voici son parcours.
Fablab de Dakar au Sénégal : réalisation d'un prototype d'éolienne. (Crédit photo : Pierre-Alain Lévêque)
Quels sont vos souvenirs du lycée ? C’est tout d'abord la rencontre de tout un groupe de copains avec qui j'ai passé de très bons moments. J'en revois d'ailleurs la plupart régulièrement. Côté cours, d'un naturel assez curieux, j’ai plutôt un bon souvenir de l’ensemble des matières avec une préférence pour les sciences-physiques et l'histoire. J’ai aussi en mémoire la fête que nous avions organisée après l’obtention du bac. C’était l’euphorie et en même temps un « au revoir » car chacun partait tracer sa route.
Qu'avez-vous préféré au lycée ? J’aimais bien les cours où les profs nous demandaient de chercher l’information à partir d'un sujet qui nous motivait. Je me souviens de travaux pratiques en sciences-physiques où nous modulions des fréquences pour faire une radio ou encore de la préparation d’un voyage sur la thématique des camps de concentration, sujet sombre mais passionnant.
Vous souvenez-vous de certains professeurs ? Je me rappelle de M. et Mme Bouédo, en physique-chimie et en histoire-géographie, l’un calme, l’autre très dynamique ! J’ai le souvenir de M. Jan en physique-chimie, de Mme Raymond-Lemée, qui associait ses cours d'anglais à la découverte de l’Inde et de l’Asie et de M. Pécheur, professeur d'histoire-géographie qui m'a donné le goût de la géopolitique.
Quelles études avez-vous suivies ? Bon élève en technique et en sciences-physiques, j'ai opté pour une école d’ingénieur généraliste, l’ICAM de Nantes. J'ai choisi cette école car en troisième année, j'avais la possibilité de partir quatre mois où je voulais dans le monde. J'ai apprécié l'aspect « formation humaine » développé par l’école en plus des aspects techniques.
Pouvez-vous décrire votre carrière professionnelle ? Mon diplôme en poche, je souhaitais trouver un juste milieu entre ma passion pour le travail manuel, des actions en faveur du social, de l’écologie, l’usage de mes compétences d’ingénieur et l’attrait pour la découverte d’autres cultures.
Un ancien étudiant de mon école avait besoin d'aide pour construire des bateaux à base de fibres naturelles au Bangladesh dans une ONG. C’était un stage parfait répondant à mes attentes. J’ai pu le faire dans le cadre d’un service civique, via un organisme qui accompagne de nombreux jeunes dans ce type d’action : La Guilde européenne du raid.
Ce stage a été pour moi un tournant où j’ai compris que les études ne nous cantonnent pas à un métier mais viennent enrichir « une caisse à outils » dans laquelle puiser pour mener les projets qui nous motivent, qui nous font rêver.
En vivant au Bangladesh, nous avons été frappés par les dégâts générés par nos sociétés dans certains pays : pollution, misère sociale.... A l’inverse, nous avons été attirés par la façon dont certaines populations développaient des pratiques et des techniques simples, accessibles et durables pour répondre à leurs besoins de base : réchauds à bois efficaces pour faire la cuisine, filtre à eau en poterie... On appelle ces techniques des low-tech. Nous avons eu envie de contribuer à mettre en lumière ces low-tech pour participer à la construction d’un monde plus durable.
Nous avons donc créé une association : le low-tech lab, puis avons monté une expédition en bateau qui nous permet de faire le tour du monde depuis 2016 à la rencontre de dizaines d’initiatives low-tech dans de nombreux pays : Sénégal, Cap-vert, Brésil, Inde, Thaïlande… Nous avons fait de nombreuses rencontres qui nous ont prouvé qu’on peut vivre mieux avec moins.

Au retour d'une année passée sur le bateau, nous avons fait un travail d’exploration similaire en France et avons construit une petite maison labo que nous avons rendu autonome grâce au low-tech (une Tiny house) pour montrer qu’en Occident aussi, nous pouvons vivre en consommant moins sans perdre en confort. Suite à cette expérience, mon collègue Clément Chabot et moi avons publié un ouvrage "Low tech : repenser nos technologies pour un monde durable", destiné au grand public. Sur la base de témoignages, il livre une première approche de la démarche low-tech et, on l'espère, donne envie d'agir.
Depuis bientôt huit ans, notre travail consiste à expérimenter puis réaliser des tutoriels et retours d’expériences sur ces techniques, de les diffuser au maximum et de mener de nombreuses actions de sensibilisation notamment via des vidéos sur notre chaine Youtube (https://www.youtube.com/channel/UCu6mFdACj_quODcUujiT62Q) ou des documentaires réalisés avec ARTE.
En quoi consiste votre métier actuel ? Je suis tout récemment de retour à Lamballe pour monter un centre d’activités autour des low-tech : la base low-tech, qui permettra de poursuivre le travail de recherche et de partage autour des thématiques de low-tech, d’écologie et de mode de vie durable. Au quotidien, je fais du prototypage de différents systèmes (chauffe-eau solaire, outils agricoles, etc) pour les expérimenter et je donne des conférences et formations sur cette thématique dans des entreprises, des écoles, des collectivités, sans oublier une partie non-négligeable de « gestion de projet » avec tout ce que cela implique (administratif, gestion financière, gestion d’équipe...).
Quels conseils donneriez-vous à un lycéen intéressé par votre parcours ? Il n’y a pas de parcours « officiel » pour se former à la low-tech. La meilleure école, c’est d’aller sur le terrain (d’ailleurs peu importe le domaine d’activité). J'estime qu’à l’école, on manque de temps dédié pour aller tester, expérimenter, échouer, recommencer, faire des choses concrètes. Donc il ne faut pas hésiter à créer soi-même des opportunités pour faire des choses qui nous inspirent, pendant les vacances par exemple. On dit que la curiosité est un vilain défaut, je pense que c’est une des meilleures qualités !
Propos de Pierre-Alain LEVEQUE
recueillis par Valérie HERAULT.
Connexion à la salle de rédaction numérique (SRN)
Se connecter

N'utilisez pas cette fonctionnalité si vous utilisez des postes partagés

 
Mot de passe oublié